C'est entendu.
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vendredi 23 décembre 2011

[Tip Top] Le fin du fin : les chouchous de la Rédaction en 2011

Vous avez pu vérifier votre taux de compatibilité avec le Top 2011 des Lecteurs de C'est Entendu. Voici le moment venu de vous signifier nos chouchous ultimes toutes catégories confondues, puis de préciser aux plus curieux d'entre vous le détail de nos choix, afin que vous puissiez nous cerner individuellement. Découvrez aussi les artistes que nous avons trouvés les plus convaincants sur les scènes de France et d'ailleurs, nos chansons et nos vidéos préférées.



Nous avons choisi


Les Meilleurs Albums de 2011, le vote de la Rédaction :



#1 Ex Æquo
PJ Harvey - Let England Shake
Duck Feeling - Die Ewigkeit Lieder




#3 Tim Hecker - Ravedeath, 1972





#4 Ex Æquo
Bill Callahan - Apocalypse
EMA - Past Life Martyred Saints


Attendez jusqu'à Janvier pour lire nos sentiments vis à vis de l'"Apocalypse"
Lisez le coup de poing dans le plexus reçu par Joe Gonzalez à l'écoute de "Past Life Martyred Saints"





#7 Ex Æquo
Handsome Furs - Sound Kapital
Radiohead - The King of Limbs





#9 St Vincent - Strange Mercy


Encore quelques jours avant la parution d'une critique de "Strange Mercy"



#10 Master Musicians of Bukkake – Totem III


Lisez l'étude clinique de l'aspect "populaire" de "Totem 3" par Joe Gonzalez



Avec l'installation à des postes stratégiques de fins gourmets du bruit, du silence, de l'expérimentation et de la désolation chez C'est Entendu, la Rédaction a naturellement développé une symbiose surprenante entre les sons agréables des sirènes pop et les tortures sonores de l'intellect ou des entrailles par des artistes peut-être plus en phase avec leur temps, que nous appelions de nos vœux depuis des mois déjà, et qui se partagent sans surprise les belles places de ce classement avec les attendus coups de cœur(s) de l'année. Ne soyons pas pour autant réducteurs car rien n'est bien léger de ceux que l'on rangerait dans les rayons pop/rock du mégastore : EMA nous a tiraillé et tiré des larmes, PJ, Bill et le duo Handsome Furs ont vivement teinté leurs disques d'une saveur politique et Annie, oh, Annie, on sait tous fort bien que sous le vernis blanc de sa pochette se cachent les crocs d'une guitariste au propos mordant et aux notes qui caressent à rebrousse-poil. Pas de Metronomy, pas de Gaga et en dehors du plaisir coupable de Radiohead, l'année 2011 a produit exactement ce que nous en attendions : critique, réflexions et hypertension.



Les Meilleurs Albums de 2011 selon chacun :
(et les pires choses survenues, tant qu'on y est)

Certains membres de la rédaction ont tenu à exprimer dans le détail leur point de vue sur l'année écoulée, de façon à vous aider à mieux les cerner. Avec des tops albums regroupant 5 disques qui nous ont particulièrement touchés (ce ne sont pas forcément les 5 pour lesquels nous avons votés pour le top général) et un état des pires trucs de l'année, voici à quoi ressemble la rédaction, dans le détail !


  1. Rome - Die Aesthetik der Herrschaftsfreiheit
  2. Grails - Deep Politics
  3. Nick Storring - Rife
  4. Yu Miyashita - Noble Niche
  5. Rain Drinkers - Springtide
Les Rain Drinkers (n°11 de mon top) m'ont séduit avec leur musique belle, secrète, inclassable et intemporelle… Inspirée par des esprits et des fantômes ? J'y croirais presque. Par des rêves, des souvenirs et des environnements loin des villes ? Je n'en doute pas une seconde. Yu Miyashita (n°5), c'est par son équilibre parfait entre sons électroniques "sauvages" et maîtrisés, ses nappes et formes musicales belles, nouvelles, étonnantes et séduisantes qu'il m'a conquis. Nick Storring (n°4) m'a convaincu par son travail fascinant sur des sons agressifs, tactiles et cristallins, et ses mélodies inattendues venues des quatre coins du monde musical.
J'ai aimé Grails (
n°3) pour leur pot-pourri de genres et d'influences rétro assumées, leur son qui va au-delà de tout ce que le post-rock avait en réserve, et surtout leurs mélodies qui font de l'album un "classique immédiat". Enfin, Rome est mon n°1 parce que c'est le seul album de l'année qui peut vraiment prétendre au titre de chef-d'œuvre ; une odyssée en trois volumes qui va au-delà de ce que tous les autres disques de 2011 ont proposé en termes d'ambition, à la fois très politique et très personnelle, superbe que ce soit dans les chansons ou les "scènes" plus abstraites.

Les pires trucs de l'année :
J'ignore facilement tous les trucs qui me gonflent dans l'actualité. Ce qui m'a le plus déplu au niveau musical cette année, je crois que c'est les horreurs qui passent au supermarché quand j'achète mes paquets de céréales… En 2012, si on garde cette question je répondrai peut-être "la décision qu'ont pris les majors d'arrêter de produire des CD". Mais ils ont encore le temps de revenir dessus.

lamuya-zimina
Comité Rédactionnel



  1. Mondkopf - Rising Doom
  2. Hauschka & Hildur Gudnadottir - Pan Tone
  3. Landscape - Landscape
  4. Stendeck - Scintilla
  5. Active Child - You are all I see

L'album de Mondkopf est celui qui m'a laissé le plus bel hématome de l'année. Construits autour de montées en tension, d'une rage inouïe puisant dans le métal, les titres se succèdent et écorchent le corps pris au piège dans cette noirceur. J'ai aussi trouvé mon bonheur dans la rencontre entre la violloncelliste islandaise Hildur Gudnadottir et le pianiste allemand Volker Bertelmann (Hauschka) qui improvisaient autour du thème de l'eau. Les albums que j'ai aimés m'ont accompagné toute l'année pour leur douceur et/ou les improbables rencontres des genres qu'ils ont occasionnées.

Les pires trucs de l'année : Le décès de Dj Mehdi.


Aurélie Scouarnec
la petite nouvelle spécialiste en électronique



  1. Little Dragon- Ritual Union
  2. DuckFeeling - Die Ewigkeit Lieder
  3. St Vincent - Strange Mercy
  4. EMA - Past Life Martyred Saints
  5. Handsome Furs - Sound Kapital
Année Orgasmique.

Les pires trucs de l'année : La disparition de Trish Keenan.

MLE
graphiste



  1. Radiohead - The King Of Limbs
  2. Sea Oleena - Sleeplessness
  3. Shabazz Palaces - Black Up
  4. Grouper - A I A
  5. The Dø - Both Ways Open Jaws
J'ai écouté du hip hop pour indie kidz avec Shabazz Palaces, dormi (ça n'est pas péjoratif) et accompagné mes trajets de bus avec Grouper, j'ai été estomaqué que cet EP de Sea Oleena n'ait pas suscité autant d'attention que le premier, car il le surpasse en tous points, j'ai VRAIMENT aimé cet album de The Dø et quant au Radiohead, aaaaah... Le Radiohead est un numéro un obligatoire parce que quoi que j'en dise ou que j'en pense, c'est l'album que j'ai le plus écouté cette année sous toutes ses formes. Pas vraiment réussi, avec un gros goût d'inachevé c'est vrai, mais au moins Radiohead sait encore faire ça, pondre un album qui ne satisfait personne. Cela prouve à mes yeux qu'ils sont encore dans la course, que leur U2isation n'est pas pour demain. (Cela dit, quand Björk fait la même chose, ma réaction est tout autre).

Les pires choses de l'année :
La sénilité. Lou Reed, David Lynch.


Joseph Karloff
Comité rédactionnel



  1. The Sea and Cake - Moonlight Butterfly
  2. The Flaming Lips - Strobo Trip
  3. Youth Lagoon - The Year of Hibernation
  4. EMA - Past Life Martyred Saints
  5. Chad VanGaalen - Diaper Island
Tout en haut de mon top personnel trônent deux disques qui attestent de la vivacité créatrice rassurante et même rafraichissante de deux groupes vétérans. Il faut écouter avec attention le neuvième album des chicagoans menés par Sam Prekop et Archer Prewitt, peut-être le plus abouti du groupe ; et il serait fort dommage d'être seulement agacé par les nouvelles expériences de la bande à Wayne Coyne, sans y abandonner ses deux écoutilles. On retrouve ensuite l'album de Youth Lagoon dont je n'attendais rien de spécial et qui fut une agréable découverte, la meilleure de l'année en ce qui me concerne, d'où sa présence ici. Un disque un brin emo, où je suis apparemment le seul à entendre les plus beaux restes de la non-regrettée chillwave. Enfin, pour clore mon top, deux albums qui prouvent que le rock indé n'est pas tout à fait mort et que si on veut encore en trouver la preuve, il vaut mieux s'intéresser à des œuvres personnelles, d'où émanent une sincérité forte et un propos infiniment plus pertinent que chez des groupes de plagieurs opportunistes et sans saveur tels que Yuck, Cymbals Eat Guitars, WY Lyf et consorts.

Les pires trucs de l'année : Je suis pas trop du genre à être dégouté des hypes, car je sais m'en tenir éloigné, j'évoquerai donc seulement la déception suscitée par le "sophomore effort" de Real Estate, groupe sur lequel j'avais placé quelques espoirs et dont j'avais bien plus apprécié le premier album. Ils ont l'air de s'être engagé dans une bien triste voie. L'album de Girls fait partie des pires trucs que j'ai écoutés cette année, aux côtés de certains morceaux de la BO de Fifa 12.

Félix
pigiste indie



  1. Mehdi Zannad - Fugue
  2. Proper Ornaments - Who Thought?
  3. Triptides - Psychic Summer
  4. Vivian Girls - Share the Joy
  5. Dreamdate - Melody Walk
Cet album (en français) de Medhi est plus assumé, plus frais, léger et vivant, il est superbe et se conclue sur le magnifique Paresse dans lequel on ressent presque l'esprit d'un Big Star ou d'un Emitt Rhodes. Alors parfois certains morceaux ne sont pas aussi parfait que cela, mais globalement ce disque a une fière allure, et c'est comme si un rêve se réalisait pour moi : de la pop de qualité chantée en français. Un disque que je n'attendais pas, et qui m'a conquis, tout comme l'EP des Proper Orniaments, et surtout la chanson Who Thought qui va à l'essentiel sans s'encombrer de gênantes parures. Les Triptides me font l'effet de Real Estate qui s'énerverait un peu mais ce disque mérite mieux qu'une suite de comparaison, c'est un plaisir simple frais et enjoué, et dans un registre encombré (les trucs un peu surf) il tire son épingle du jeu. Les Vivian Girls, elles, ont su cette fois-ci se mettre en danger: une qualité que trop rare de nos jours. On sent qu'elles essaient des trucs, parfois ça ne passe pas, mais quand ça fonctionne ça a quelque chose de grandiose. Quant à Dreamdate, c'est un disque "indie-pop" tout ce qu'il y a de plus classique a priori, mais sans que je sache au juste pourquoi, il a quelque chose en plus, une sorte de justesse et de sincérité qui en font un beau disque tout simplement, attachant et authentique.

Les pires trucs de l'année : Il y en a eu beaucoup, mais globalement je regrette que la musique soit chaque jour plus dématérialisée. Il ne s'agit pas de faire dans le "rétro" mais simplement du plaisir d'apprécier un disque, de la quête pour le trouver, du désir que l'on peut éprouver pour la musique. La dématérialisation est une démarche pragmatique et raisonnée mais la musique a besoin de passion et de fantaisie.

Alex Twist
spécialiste "rétropop à guitares"



  1. Handsome Furs - Sound Kapital
  2. PJ Harvey - Let England Shake
  3. Metronomy - The English Riviera
  4. Moon Duo - Mazes
  5. Born Bad Records (Cheveu, The Feeling of Love, Frustration, Magnetix...)
Handsome Furs mérite toute votre attention pour sa pertinence en 2011. J'ai été globalement déçu par le manque criant de lien entre la musique et la situation politique et sociale dans laquelle nous sommes plongés qu'on le veuille ou non, déçu aussi par la vacuité abyssale de ce qu'est devenu une grande partie de l'Indie-Rock. Face à ça Dan Boeckner et Alexei Perry ont la décence de s'attaquer de front à toute la merde qui nous étouffe et l'élégance de noyer le bon gout sous plusieurs couches de punk synthétique et franchement dégueulasse. La vulgarité plutôt que la reddition: enfin une vision crédible de notre époque. PJ Harvey reste dans le haut du panier avec un album exceptionnel et moderne, réappropriation de tout le folklore anglais pour une ode mélancolique à une Grande Bretagne fantasmée, vieil archipel isolé au large de l'Europe. Inégalé en 2011. Metronomy a publié un exemple rare et salvateur d'album pop intelligent parvenant à atteindre un niveau de popularité qu'auraient mérités beaucoup d'autres en leur temps. Moon Duo et son avatar Wooden Shijps ont été cette année les meilleurs représentant de l'alternative Indie-Rock psyché-heavy-shoegaze actuelle, ce qui justifie leur présence ici et enfin je tire mon chapeau au label Born Bad Records qui fut mon disquaire attitré avant de se s'affirmer comme l'un des meilleurs label de l'année avec notamment The feeling Of Love (écouté sur le tard) et les superbes Cheveu.

Les pires choses de l'année : Longtemps je voulais écrire ici "Animal Collective en 2009" (groupe que j'aime profondément) pour toute l'étendue de la médiocrité de ses suiveurs. Depuis j'ai trouvé pire: Le rayon musique de "l'espace culturel" Leclerc à Montceau-les-Mines. On ne se rend pas compte de la merde qui est encore de nos jours fourguée à nous autres masses prolétaires . Absolument affligeant.

Arthur Graffard
rédacteur



  1. Duck Feeling - Die Ewigkeit Lieder
  2. Bill Callahan - Apocalypse
  3. The Flaming Lips - Strobo Trip
  4. Handsome Furs - Sound Kapital
  5. Gang Gang Dance - Eye Contact
J'ai vécu une belle année musicale puisque tout ce que j'aspirais de mes vœux est arrivé. Des disques excitants, touchants, personnels certes, d'autres novateurs dans leur forme et leus structures (les Lips et Gang Gang Dance, notamment), et puis les musiciens se sont enfin remis à parler du Monde dans lequel ils vivent et j'ai aimé être d'accord avec certains textes, en trouver d'autres simplistes et d'autres encore complètement irritants, j'ai adoré. Et surtout, quelqu'un m'a demandé l'autre jour "mais en 2011, y'a-t-il eu des disques plus grands que nature ?" et je suis heureux de dire oui, il y en a eu. Les trois premiers de mon top sont d'ailleurs pour moi des classiques instantanés et je pense que je les écouterai toujours dans trente ans, si je ne suis pas clamsé à cause des mayas.

Les pires choses de l'année : Lana Del Rey, Bon Iver, WU LYF et le décès de Trish Keenan.

Joe Gonzalez
rédacteur en chef



  1. Jean Louis Murat - Grand Lièvre
  2. Philippe Poirier - Les Triangles Allongés
  3. Arnaud Rebotini - Someone Gave Me Religion
  4. Timber Timbre - Keep on Creeping On
  5. Daphné - Bleu Venise
La chanson française, les enfants, oui oui oui. Géométrie des sentiments, images surréalistes, envoutement des mots. C'est beau, ça nous occupe. Des merveilles, cette année. Des qui rappellent le premier album de Goldfrapp et l'essai de Beth Gibbons & Rustin Man ou les forêts sombres et immémoriales du rock, de celle dans lesquelles aime se perdrent les Laura Palmer. Bien plus qu'elles n'évoquent une chanson française familière Et puis Arnaud Rebotini, qui ne fait pas de chanson, mais qui creuse son sillon analogique et fait chanter ses vieilles machines. Techno rêveuse, mélancolique, sexuelle, menaçante, en rupture avec toute l'électro pour grosbills qui a pollué la dernière décennie. Organique (tiens donc…).

Les pires choses de l'année : Trop de hype toutes les semaines. Trop de nouveaux courants aux appellations débiles "Witch house ta mère". Trop de "rénovateurs de la pop" tous les deux mois.

D.E.L.
rédacteur



Les meilleurs vidéos musicales en 2011 :


#1 Radiohead - "The King of Limbs" Live From the Basement



Si Radiohead n'avait du donner qu'un seul concert autour de cet album, ça aurait été celui-ci. D'ailleurs, on préfèrera le visionner encore et encore que d'aller souffrir des cris fanatiques de leur horde de suiveurs dans une quelconque salle trop grande pour que s'exprime vraiment leur art.



#2 Connan Mockasin - Forever Dolphin Love



Pas de surprise, on l'a revu hier soir et les six premières minutes de cette vidéo phantasmagorique avec sa basse hypnotique et ses très belles images, est l'une des plus belles choses que l'on ait vidéodimanché en 2011.



#3 Ex Æquo
Colin Stetson en concert à emporter
"Better Than Something"
"The Ballad of Genesis and Lady Jaye"









On a découvert Colin Stetson avec ce concert à emporter de la Blogothèque et depuis, même s'il ne figure pas dans le tout haut de notre panier, on lui voue un amour sans faille, à lui, à son cuivre et à son souffle, tout comme on a appris à redécouvrir feu-Jay Reatard avec le documentaire présenté en avant-première cette année à la Gaité Lyrique et qui nous a littéralement rendus amoureux de l'artiste, qui était bien plus qu'un simple punk mort trop tôt. Tout comme Lady Jaye, dont le portrait touchant, accompagné d'une belle introduction posthume à Throbbing Gristle et Psychic TV dans ce très beau-car-laid-car-beau film de cinéma difficilement soutenable et difficile à oublier.



Les meilleures chansons/tracks/remixes de 2011, dans le désordre :

Voici les meilleurs one-shots musicaux de l'année, choisis par la rédaction et représentant donc forcément un très large panel de la musique pop, électronique, punk voire folk de cette année.

Radiohead - Separator



La Femme - Sur la planche



Ben Klock - Compression



The Sea and Cake - Inn Keeping



The War on Drugs - Best Night



The Feeling of Love - I am the Road



Thundercat - Fleer Ultra



Len Faki - Kraft und licht



Real Estate - It's real



tUnE-yArDs - Bizness



Tropic of Cancer - a color



Bill Callahan - One fine Morning



The Dø - Gonna Be Sick



Kurt Vile - Jesus Fever



Radiohead - Codex



CANT - Too late, too far



SBTRKT - Wildfire



The Field - Looping State of Mind



Chairlift - Met Before



Charlotte Gainsbourg - White Telephone



Handsome Furs - Serve the people



Martyn - Masks



Proper Ornaments - Who Thought?



Kangding Ray - Or




Nos espoirs pour 2012 :

Il y en a eu suffisamment de nouveaux groupes intéressants, cette année, pour que nous ne parvenions pas à nous mettre d'accord pour en élire un, ou deux, ou trois en particulier à qui décerner notre pouce levé en direction d'une future élévation artistique. Pour cette raison, nous vous proposons une liste des groupes ou artistes qui nous semblent les plus à même de produire du bon son en 2012 :


La Femme, Elephant (ceux qui ont publié l'EP "Assembly"), Django Django (en espérant qu'ils publient ENFIN un album), Alligator, Sandwell District (des gens qui bossent honnêtement mais qui sont lourds à ne publier que des "limited 100 vinyl edit"), EMA (dont on espère très vite un second LP), Factory Floor (s'ils évitent de se faire bouffer par leur nouveau label DFA, et qu'ils conservent un peu du danger de leurs débuts)



Les Meilleurs concerts vus en 2011 :



Les concerts qui auront le plus fait l'unanimité ont été ceux de Handsome Furs (à la Flèche d'Or puis au Point Éphémère, à Paris), tels qu'ils vous ont d'ailleurs été racontés ici. L'énergie communicative du duo, les mimiques et les jambes levées d'Alexei Perry et la sueur dégoulinante de son mari, ça nous a donné des palpitations comme pas possible, croyez-nous. En 2012, vous n'aurez aucune excuse pour rater une telle occasion de vous défouler.


On a aussi aimé voir : Mondkopf à l'ouverture de la Gaîté Lyrique, Kyuss Lives (Bataclan 25/06), St Vincent (au Café de la Danse), Tim Hecker, Low, l'Avènement du label l'Oeil Sourd, anbb, Patti Smith & Lenny Kaye à l'Olympia le 21 novembre, Electrelane à la Route du Rock, etc...



/////


N'hésitez pas à commenter nos choix, et à nous demander pourquoi diable tel ou tel album ne figure pas dans cette liste ou à nous dire pourquoi vous avez trouvé le concert de Handsome Furs à Tartempion-lès-Flots complètement naze. On vous donnera des raisons absurdes et des arguments indéfendables, et après on ira manger une glace, tous ensemble.


La Rédaction

jeudi 29 septembre 2011

Page Blanche #7


par Joe Gonzalez
art par Jarvis Glasses

Dichotomie d'une passion, à travers l'exemple du Totem des Master Musicians of Bukkake


Notes, mélodies, rythmes et dissonances ne représentent que l'aspect superficiel de notre appréciation de la musique. Ou en tout cas de la mienne. Ce n'est que la surface, la première impression. Si l'on prétend aimer vraiment l'art musical, il est implicite d'entretenir une relation plus ténue, plus profonde avec la musique qu'un simple amour des notes jouées. Pour ma part, cette seconde strate passionnelle est de nature bidimensionnelle (*1). Une part de moi réagit particulièrement aux émotions extrêmes et aux idées fortes, qu'elles soient artistiques (comme le dandysme post-industriel de Duck Feeling ou l’extrémisme de "Metal Machine Music") ou politiques (des contestations rebelles du punk hardcore aux propos sociaux de Public Enemy en passant par les considérations néo-conservatrices de PJ Harvey, par exemple) et c'est pourquoi j'accorde une importance toute particulière aux discours idéologiques, au bruit punk et à la notion d'histoire de la musique (souvenez-vous de mes innombrables babillages autour de la mort de l'indie rock). Parallèlement, l'éternel adolescent qui régit la moitié de ma cervelle ne peut s'empêcher de conserver un attachement particulier à la nature populaire (au sens "pop culture") qui entoure la musique et que certains artistes exacerbent d'une façon ou d'une autre. Le troisième album de LCD Soundsystem n'a beau apporter rien de très intéressant à l'art musical, ni artistiquement ni politiquement, il n'en reste pas moins un fabuleux objet d'artisanat populaire. Une preuve d'amour léguée par James Murphy à la pop culture et une pierre supplémentaire à l'édifice de celle-ci. De le même façon, il m'est arrivé de considérer l'aspect visuel d'un disque comme aussi important que la musique qu'il renfermait et notamment dans le cas de Handsome Furs, dont le troisième album expose le corps nu d'une femme se tenant droite dans la nuit et dont l'album précédent était à la fois très laid et incroyablement séduisant si on l'envisageait comme repoussoir-à-nazes. C'est justement de ce point de vue-là que j'ai abordé les Master Musicians of Bukkake. Je ne savais rien d'eux lorsque j'ai appris que leur disque le plus récent, "Totem 3", se voulait la suite directe des numéros 1 et 2 publiés respectivement en 2009 et 2010. Surtout, "Totem 3" était le dernier volet d'une trilogie annoncée et sa pochette constituait le pied d'un totem géant que l'on pouvait reconstituer en plaçant les pochettes des trois disques les unes au-dessus des autres.



L'esthétique est certes osée, mais d'un calibre idéal pour séduire collectionneurs, geeks musicaux et autres tordus dans mon genre, fétichistes de bouts de cartons colorés. Découvrir le concept avec le volume 3 est d'ailleurs violemment frustrant puisque s'il est encore possible de dénicher le "Totem 2" au format 33 tours, il en va autrement du premier volet, plus ou moins introuvable, ou bien en le commandant à l'étranger pour un prix peu attrayant. Je ne désespère pas cependant de pouvoir un jour afficher mon amour pour le carton et profite en attendant de la musique et d'elle seule.



(Prophecy of the White Camel / Namoutarre, sur "Totem 3")

Clin d’œil irrévérencieux (*2) aux Master Musicians of Joujouka, un orchestre de musique soufiste marocaine actif depuis les années 50 (que William Burroughs avait décrit comme un groupe de rock vieux de 4000 ans) et célèbre pour avoir collaboré avec des artistes aussi variés que Lee Ranaldo, Brian Jones ou Ornette Coleman, MMOB est aussi un hommage à la musique traditionnelle en tant que telle. Dans la droite lignée des activistes "world" qu'étaient les Sun City Girls (*3) , ce collectif de Seattle partage certains de ses musiciens (Eyvind Kang et Timb Harris) avec d'autres amoureux des traditions, les étranges Secret Chiefs 3 de Trey Spruance, qui distillent leur rock expérimental et cinématique avec une attitude plus proche d'un groupe de musique traditionnelle que les MMOB, lesquels se considèrent avant tout comme un groupe de rock. Évidemment, difficile de prendre le mot rock au sérieux pour qualifier une musique sans parole autant influencée par l'immensité sublime des éléments (et notamment par la musique des touaregs) que par la transe du krautrock de Can ou Neu, et que l'on surprend même sur le terrain de prédilection synthétique de John Carpenter (Failed Future).



(Failed Future, sur "Totem 3")


Cela n'est pas de la world music (ou "musique du monde", terme bâtard inventé en 1906 par un musicologue allemand et popularisé à partir des années 60 pour décrire les musiques populaires traditionnelles, en général non-occidentales) puisque les musiciens ne transmettent pas leur tradition et elle seule. Cela n'est pas du rock non plus puisque ni la forme ni le style ne s'y apparentent. Le terme le plus approprié est sans doute "post-rock". Les maîtres musiciens du Bukkake sont des descendants directs de la vague qui a secoué l'indiesphere de 1998 à disons 2007 (pour être polis). De leur propre aveu, MMOB s'envisagent comme un groupe de rock, et pourtant leur musique ne repose pas sur la sempiternelle formule basse-batterie-deux-guitares-chant, ni sur des paroles ou des accroches. Cependant, de par leur (ré)interprétation avec des instruments rock (auxquels sont associés des tas de raretés traditionnelles d'un peu partout) de thèmes sinon pré-existants en tout cas préjugés d'après l'imagerie inconsciemment collectée par tout un chacun, le groupe s'implique de façon plus poussée dans une interprétation post-moderne et pluri-culturelle des patrimoines rock et traditionnels, à la façon des représentants les plus intéressants et consistants de la vague post-rock. On pense notamment à l'écurie du label canadien Constellation Records, et plus particulièrement au fantastique travail du collectif d'Efrim Menuck : A Silver Mt. Zion.



(A Silver Mt Zion - God bless our dead marines, sur "Horses in the Sky", 2005)


Les montréalais, au sommet de leur art en 2005, avaient su démontrer qu'il ne suffisait pas de se contenter d'allonger des compositions lourdes, dépourvues de chant comme de sens (Mogwai) ou des tricotages mélodico-guitaristiques expressionnistes (Explosions in the Sky) pour aller véritablement au-delà du rock. Sur "Horses in the Sky", Menuck et sa fratrie de hippunks contestataires déclamaient en chœur, en canon et en beauté leur désobéissance morale à l'Ordre Mondial post-11 Septembre, et pour ce faire, usaient de contrebasses, violons et voix, empruntant une partie de leur style au folklore musical d'Europe de l'Est et à la musique juive.



(Bardo Chonyd / Master of all visible shapes, sur "Totem 2", une ouverture évoquant la réunion d'un culte maléfique autour d'un feu dans le désert, en guise d'annonce de la Fin du Monde, par exemple...)

De façon similaire, les Master Musicians of Bukkake insufflent à leur musique une mystique (souvent énoncée dès l'ouverture, comme avec l'inquiétant suspense du Bardo Sidpa ouvrant "Totem 3") et un decorum (ils sont vêtus sur scène de tenues à connotation orientale, longues robes colorées en bazin et un chèche) qui ne leur appartiennent pas forcément à l'origine mais auxquels ils font honneur en ne se contentant pas de les honorer par la répétition mais en choisissant plutôt de les transcender par l'adaptation.



(People of the Drifting Houses, sur "Totem 1", le disque le moins abouti de la trilogie, avec un début laborieux et un peu cliché mais qui dérive de plus en plus vers un eden doucement psychédélique, avant le final hippie Eaglewolf)

Mais là où A Silver Mt. Zion jouait un post rock tendu, empruntant au folklore pour mieux servir son propos idéologique, MMOB amène ce mash-up de musique internationale vers autre chose, vers la Musique elle-même, à vrai dire. En avant, pour le meilleur, avec en tête la mélodie, l'orchestration, l'harmonie, les chœurs, et si possible la transe ; et la création de a à z d'un sentiment, d'une idée musicale et humaine a-politique (ou en tout cas, sa dimension politique ne se maintient-elle qu'en marge du propos). Auteurs de deux albums hors-Totem (dont le très bon "Elogia de la Sombra" paru en 2010) et annonçant déjà une nouvelle œuvre pour les prochains mois, les Master Musicians of Bukkake semblent avoir accompli leur premier travail significatif avec cette trilogie, tant valable pour la singularité de son concept et de son esthétique qu'honorable pour sa direction musicale, fière descendante de deux groupuscules activistes parmi les plus importants de l'histoire contemporaine de la musique. En défendant à la fois le métissage, le conservatisme progressiste, ce respect irrévérencieux de la tradition, et en s'inscrivant dans les pas d'un anticonformisme nécessaire, MMOB revêt l'aura d'un représentant majeur du courant post-rock (que l'on croyait mort) en même temps que celle d'une source ambivalente de nectar sonore avant-gardiste pour fanatiques pop-culturels désinhibés.



(*1) : Ça ne vaut d'ailleurs pas que pour la musique et cette dichotomie s'applique chez moi à de nombreux domaines, comme le cinéma où au début du mois de Juin 2011, j'avais le désir simultané d'aller voir le "Pater" d'Alain Cavalier et le prequel de la franchise X-Men.

(*2) : Ne me forcez pas à vous décrire ce qu'est un bukkake, faites vous violence, allons !

(*3) : La trilogie des "Totem" est d'ailleurs dédiée à cet étrange collectif souterrain, mené par les frères Alan et Richard Bishop, qui sévit pendant près de trente ans dans un registre très large incluant des éléments "rock" ou "free-folk" très américains, de la poésie, des instruments traditionnels exotiques et un perpétuel désir de transmission des sons, techniques et mœurs musicales des ethnies orientales. Alan Bishop devait d'ailleurs fonder le label Sublime Frequencies, une source indispensable d'enregistrements locaux, de l'Iraq au Myanmar en passant par l'Algérie ou le Cambodge.

mercredi 29 juin 2011

[Vise un peu] Handsome Furs - Sound Kapital

Mon ami Arthur Graffard me disait l'autre jour "pour moi c'est le dernier groupe punk qu'il reste". C'est un peu excessif, nous avions bu, mais ça n'est pas parce qu'une phrase est exacerbée qu'elle est à rejeter en bloc. Les Furs ne sont pas le seul groupe à proposer sur scène une énergie digne de ce que le mot "punk" peut encore pouvoir signifier, mais ils sont par contre le dernier que j'ai eu la chance de voir en action.

J'ai toujours préféré, et de loin, Handsome Furs à Wolf Parade, le groupe dans lequel Dan Boeckner officiait jusqu'à il y a quelques semaines en tant que co-songwriter. Il y avait dans les chansons qu'il écrivait pour WP (et pour Atlas Strategic avant ça, au début des 00's) trop de compromis et pas assez d'exubérance émotionnelle pour me convaincre totalement. Ce qui n'a commencé que comme un side-project de couple en 2007 (avec un album certes charmant mais trop timide, "Plague Park") était déjà devenu bien plus qu'une passade avec l'album suivant, que j'avais porté aux nues en 2009. Wolf Parade s'est désormais retiré de la scène et plus rien ne peut s'opposer à l'épanouissement définitif des Furs.


(Cheap music)


En somme, "Sound Kapital" ne surprendra pas énormément les amateurs de "Face control" puisque la thématique s'en rapproche. En 2009, Boeckner et Perry publiaient un LP nourri de leurs tournées à petit budget tout autour du monde, et notamment en ex-URSS où l'étouffement des libertés avait forcément titillé la fibre contestataire de Boeckner. Cette fois c'est une excursion en Birmanie (soyons modernes et appelons ça le Royaume du Myanmar) qui l'a inspiré. Les difficiles conditions auxquelles sont confrontées les scènes locales (échapper à la vigilance des autorités, trouver du matériel, obtenir du courant électrique) aura donné à réfléchir à un américain se désirant punk et s'imaginant le retour au pays et le regard nouveau porté aux conforts matériels (When I get back). La description passionnée du boucan produit par les jeunes birmans, telle qu'elle est jouée par les Furs sur Cheap Music (sur le même schéma : rock lo-fi à tendance bruyante) vaut à elle seule les dix John Peel qui ne nous diffusent pas de musique underground birmane puisque de toute façon là-bas... "there's no radio". Comme pour rendre hommage à ce son underground, l'album est bien moins propre que "Face control" et réclame de toutes ses forces que vous poussiez votre jauge de volume vers le haut, histoire de faire résonner un peu plus la musique de ce peuple, couplée ici avec l'esthétique vulgaire, vulgarisante des synthés dance très 80's qu'Alexei Perry couple à des drum machines minimalistes à des fins d'efficacité propagandiste.


(Serve the people)

N'ayons pas peur de nous l'avouer, Serve the people est une protest song, un hymne à la libération du joug des forces de "sécurité", aussi utopiste, beau et rassembleur qu'un Blowin in the wind ou un We shall overcome, mais moins naïf, avec une violence émotionnelle contenue (dans la voix de Boeckner et dans ce beat implacable) évoquant plus subtilement les grandes heures de Public Enemy. Le genre de chanson où l'on sent Boeckner bien dans ses baskets (sur scène il semble habité en la chantant), au point d'abandonner sa guitare pour accompagner sa femme au synthétiseur analogique.

L'affirmation cette fois entièrement assumée d'Alexei Perry n'est pas étrangère d'ailleurs à la réussite des chansons. Son apport à la musique des Furs ne sonne désormais plus comme des arrangements aux chansons écrites par Boeckner à la guitare. C'est presque l'inverse qui se produit (sur le single What about us, par exemple) et cette touche synthétique supplémentaire ne fait qu'aider plus encore les chansons à atteindre leur but : toucher l'auditeur, se faire entendre, et le bousculer (le corps ne peut rester insensible à une telle démonstration de beats, de toute façon).

Il en résulte l'avènement de tubes dancepunk aux thématiques improbables. Neuf, en fait, soit autant de chansons que compte l'album, lequel peut ainsi espérer atteindre sa cible en convertissant un nombre plus large d'auditeurs, s'il ne les repousse pas d'emblée avec sa pochette, que je me permettrai de qualifier de somptueuse, dans la lignée de celle de "Face control". En moins rentre-dedans, certes, mais ceux qui n'écouteront pas un disque parce qu'une femme nue en orne la pochette, ceux-là ne méritent que mépris, Lorie et Katy Perry.



(Bury me standing)


Si les Furs n'atteignent pas une véritable notoriété avec "Sound Kapital" (rien que la pochette pourrait leur attirer les faveurs des amateurs de phénomènes internet - même si je ne suis pas certain que ces gens-là soient le public à convaincre), on ne pourra pas dire qu'ils n'auront pas essayé. Pas de convaincre pour convaincre, pas pour le succès. Plutôt pour faire entendre des voix qui sans eux seraient moins audibles. Gageons que de toute façon, leur statut actuel permet aux Furs de faire à peu près ce qu'ils veulent artistiquement parlant et d'enchainer ces longues tournées peu lucratives dans des pays d'Asie orientale sans le sou. Là où naissent leurs albums. Si c'est le prix à payer pour qu'une telle musique continue d'affluer à nos oreilles, alors il vaut peut-être mieux que personne ne découvre le trésor de ces pirates-là.


Joe Gonzalez


P.S. : Les belles photos live sont tirées de la très chouette review. qu'a compilée Rory O'Connor (en anglais) du concert des Furs au Lincoln Hall de Chicago le 28 Janvier 2011.

jeudi 26 mai 2011

[They Live] Lettre ouverte à Tania Bruna-Rosso ou "De la création d'une hype nécessaire autour de Handsome Furs"

Il est impensable après ce que nombre de témoins (dont je fais partie) ont vu sur la scène de la Flèche d'Or le 20 Mai 2011 que Dan Boeckner et Alexei Perry ne figurent pas encore sur toutes les couvertures de magazines, de Modzik à Rock&Folk en passant par Chronicart et même Télérama. Il est honteux du point de vue de la déontologie de la profession qui est la vôtre, Mademoiselle Bruna-Rosso, et ceci concerne tous vos confrères, aussi coupables que vous, il est je le répète honteux que le duo Handsome Furs n'ait pas à ce jour été invité à se produire sur la plateau du Grand Journal de Canal+. Il est même impensable que l'une de leurs chansons n'ait pas encore été choisie pour orner le jingle de l'émission, où l'on vous voit, vous et vos collègues, vous dandiner sur fond bleu ou vert.

Ce qu'il faut pour être un grand groupe de scène, de l'énergie, aucune barrière ou retenue, l'envie primordiale de suer sang, eau et salive et non pas "d'assurer", au risque de louper un set, tout ça, les Furs l'ont et le liant de ce duo, la touche glamour que les Stripes se plaisaient à falsifier et dont The Do sont jaloux dans leurs rêves les plus fous, c'est la véritable complicité entre la femme et l'homme, véritable couple (ils se sont mariés il y a quelques années) dont l'entente est aussi remarquable que leurs baisers sauvages sont sincères. Dan et Alexei jouent tels des partenaires et pas comme des collègues.

Ce qu'il faut pour être star, c'est une personnalité, une surhumanité en plus du talent, et si les chansons des Furs sont bonnes depuis 2007, ils avaient aussi dès le début cette présence physique extravertie à laquelle je ne parviens pas à trouver d'égal aujourd'hui. Disons les choses clairement : Alexei et Dan ne sont pas jolis, ils ne sont pas beaux. Leurs visages imparfaits et leurs corps maigres et tatoués agités de spasmes violents n'en restent pas moins les deux plus marquants exemples de sex-appeal qu'il m'ait été donné de voir sur une scène depuis quelques années.

Lorsqu'Alexei martèle son synthétiseur, elle remue les fesses en chœur avec la boite à rythme minimaliste (dont les sons eux-mêmes ont quelque chose de sexuel, dans leur simplicité et leur primitivisme) et lève la jambe très haut sur le côté, comme un toutou sorti pisser, avant de s'affaler au sol après avoir culbuté la dernière note, laissant entrevoir sous sa jupe serrée ce que ses collants dissimulent encore un peu. Maquillée comme une voiture volée, ses sourires carnassiers lui donnent un air vulgaire que sa façon de réagir face à un public conquis nie violemment : elle est mignonne et lorsqu'elle embrasse Boeckner après un morceau particulièrement réussi, on murmurerait bien un "oooooooh" en sympathie, comme lorsqu'elle prend son cœur à deux mains et s'approche du micro pour doubler les refrains de son mari, d'une voix fausse et mal assurée mais qu'importe si ça participe d'un effort jusqu'au-boutiste d'interprétation ?



(What about us)


Boeckner, lui, n'est pas beau non plus. Son visage sec et sa coiffure improbable ornent une machoire pas possible, mais c'est en le regardant... que dis-je ? En l'admirant !.. que j'ai compris qu'il me faisait encore plus d'effet (sexuel) que sa compagne. Quel charme ! Quel charisme ! Affublé d'une grande veste blanche en V façon disco, suant très vite et s'égosillant sur des hymnes (à fond politisé, forme humaine et habillage émo-rock, electrodancisé par Alexei) en lesquels il croit profondément, il est une star qui s'ignore et son aura saute pourtant aux yeux de qui l'a simplement vu bouger, sourire, chanter et remuer en permanence, sans économie. Et ce qui faisait la réussite du deuxième LP des Furs (le meilleur à ce jour) est toujours présent avec les nouvelles chansons, qui paraitront en Juin sur un troisième album à la pochette encore plus osée que celle de "Face Control", simplement plus abouti dans la recherche d'un son électro-rock et l'on se sent parfois prêts à danser en beuglant des paroles anti-conformistes ou contestataires, comme si New Order avait un jour donné à quelqu'un envie de baiser sauvagement en défendant (ou pour défendre) ses droits.



(Repatriated)

Si le public de la Flèche d'Or du 20 Mai 2011 (ou, déjà, celui du Cri de la Mouette à Toulouse, le 16 Octobre 2007) est ne serait-ce qu'un minimum représentatif de ce que les Furs peuvent créer comme communion, comme engouement, comme sauvagerie et comme enthousiasme, il est d'une importance capitale que les hipsters du Monde entier cessent de les snobber et se rendent enfin compte que tout le monde se fout de U2, que Barney Sumner a raccroché les gants et que des groupes comme Thieves like us et même Crystal Castles ne sont qu'inoffensives et asexuées tentatives sans cervelle de montrer les crocs.

C'est pourquoi j'en appelle, Mademoiselle Bruna-Rosso, à votre bon sens, à votre déontologie et à votre goût (que certains disent douteux, détrompez-les dès aujourd'hui !). Faites le nécessaire pour rétablir un semblant d'ordre naturel des choses dans cette affaire. Établissez la vérité culturelle, rattrapez le retard et créez, car c'est de votre ressort, la hype qui fera de Handsome Furs les rockstars planétaires alternatives qu'ils sont déjà sans que personne ne soit (encore) au courant.


Joe Gonzalez

P.S. : Le concert des Crookes n'était pas intéressant le moins du monde, mais les hurlements et les coups de tambours du duo mal-nommé PS I love you méritaient le déplacement (pas forcément une écoute approfondie, cependant).
P.P.S. : La photo du concert de Londres est signée John Gleeson.