C'est entendu.

mardi 31 mai 2011

[Vise un peu] Metronomy - The English Riviera

Je me suis souvent demandé quel serait l'album idéal pour accompagner une relation amoureuse estivale, et puis pourquoi pas un coït langoureux tant qu'à faire ? En gros, avec quelles chansons allais-je expirer et enlacer, à quel son allais-je me prélasser au soleil... La réponse m'est venue d'Angleterre.

Metronomy est un groupe qui n'a cessé de se chercher. Depuis 2006 et leur premier album "Pipe Paine (Pay back The £5000 You Owe)", ils se sont petit à petit imposés comme singuliers au milieu d'une scène électropop qui peinait à offrir du neuf. Et c'est principalement grâce à de nombreux remixes (de Charlotte Gainsbourg à Klaxons en passant par Goldfrapp) que le groupe a acquis une reconnaissance.


Pourtant, on décelait dans leurs albums quelques faux pas et maladresses voire, carrément des choix de mauvais gout. La pop qu'ils offraient ressemblait parfois davantage à un pastiche mal négocié de la musique qui les environnait. Les craintes se confirmaient avec "Nights Out" (2008), certes plus percutant mais bien moins audacieux que sont prédécesseur. L'année qui suivit, on enterrait presque le groupe avec un EP sans grand intérêt, "Not Made For Love" (quoique le groupe y abandonnait plus ou moins l'électronique). Metronomy avait des idées (et tout de même de bonnes chansons) mais voulait probablement trop imiter, singer l'électropop accrocheuse qui cartonnait alors.

En 2011, le groupe annonce un nouvel album et un remaniement des membres qui le composent. Gabriel Stebbing (pourtant crédité sur l'album) laisse sa basse à Gbenga Adelekan et Anna Prior s'installe à la batterie qui remplacera désormais la boite à rythme d'antan. Ce changement l'annonce, le groupe adopte une position plus classique.

(The Look)

The Look est le single central de l'album et probablement l'une des plus belles réussites du groupe. Les mélodies pop atteignent un certain climax de très bon goût : rien n'y est grossier, tout se développe en finesse et c'est un terreau à partir duquel les autres chansons n'ont plus qu'à se laisser pousser dans une ambiance décomplexée. Le groupe conserve malgré cette aisance pop ses caractéristiques, en les sublimant, comme par exemple des lignes de basse étranges (celle de She Wants, dont le son rappelle On dancefloors sur l'album précédent) ou des mélodies inattendues (les synthés de The Bay partent dans des directions pas vraiment prévisibles).

(The Bay)

Sur Corinne, la progression est assez incroyable, depuis les miaulements de Joseph Mount à la fameuse Corinne "Oh Corinne, I've got a pain in my heart / I think it's because of you / Cause they put me out of the forces / When I laid a hand on you" (drôle de chanson d'amour qui commence par la tristesse d'un type d'avoir été viré de l'armée après avoir cogné sa zouze) jusqu'à l'arrivée des refrains de plus en plus excitants, lorsque la voix déjà haut perchée de Mount est rejointe par son écho féminin inattendu. Une merveille de popsong, et ce sans classicisme aucun. Après ça, terminer l'album sur Love underlined, la chanson la plus proche du Metronomy de 2007 (et donc du Metronomy plus dancefloor-friendly), est une très bonne idée, et même si on ne danse pas VRAIMENT quand une chanson met si longtemps à se lancer, quel régal que de voir se développer ces étranges lignes mélodiques superposées, que de se dandiner au son de cette basse rebondie et de chanter avec Mount "Our love is underlined / Cause she wants it all the time" avant de l'aider à faire monter la sauce avec des "Abalam" qui semblent mystiques !

(Corinne)

Ce dernier opus marque une transition dans la carrière du groupe. Un changement, aussi bien au niveau de sa mentalité que dans sa façon de créer de la musique. Leurs envies sont revenues vers quelque chose de plus naturel et aboutissent à un album personnel et touchant. "The English Riviera" est pop, sexy, mélodieux et harmonieux, l'album d'un groupe qui a su se réinventer et apprendre de ses erreurs. Voici tout simplement l'album de l'été (mais pas que).


Julien Masure


9 commentaires:

  1. pour le coup ce single semblerait directement sortir d'un générateur automatique de coming next du grand journal

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  2. Je comprend ton petit éloge Julien mais j'ai un problème avec ce disque. Je le trouve, certes, sexy est pop à souhait mais j'ai trop souvent une impression de redite : le 'This is Happening' de LCD Soundsystem en plus sucré et moins abrupte sur un format de 4 minutes au lieu de 6 ou 7.
    Vous voyez ce que je veux dire ?

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  3. Kevin : tout à fait, mais The Look est de loin la chanson la plus simple du disque. Je te conseille Corinne et Love underlined pour te faire une meilleure idée. Ou même le single She Wants. Et puis de toute façon, ça confirme encore une fois que nous ne dénigrons absolument pas les coming next du GJ.

    Lucien : Ah ben la comparaison ne m'a jamais traversé l'esprit et à part sur le concept de "troisième album plus fastoche, plus pop, parfait pour l'été", je ne vois pas trop de ressemblance entre les chansons des uns et des autres. Joseph Mount est l'antithèse de James Murphy (vocalement, sur scène), et les chansons de Metronomy sont beaucoup moins répétitives, beaucoup moins inspirées par Bowie et les scènes allemandes et new yorkaises de la fin des 70's.

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  4. Est-ce que Murray (de C'est Entendu) est un lecteur assidu de Philippe Muray ?

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  5. pour moi le meilleur morceau de cet album c'est bien 'everything goes my way', je trouve aussi que c'est leur premier album vraiment réussi, il offre vraiment une finesse dans les sons et dans la composition (rien que les violons sur 'Trouble'!)

    et sinon, c'est drôle de voir qu'un homme blanc est été remplacé par une femme et un noir.

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  6. Stavros > Oui, il l'est !

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  7. Non stune ville chiante.

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