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(Qu'est-ce que ça veut dire)
Se perdre de vue, perdre la mémoire, dès le début, Qu'est ce que ça veut dire, où jamais l'écriture cryptique de Murat n'aura autant trouvé sa justification. Et sa voix trafiquée au refrain, comme implorant des réponses à son cerveau qui l'abandonne, donne le ton d'un voyage bien sombre. La mémoire, celle des guerres et de ses cadavres, la Grande Guerre de 14-18, où un autre Jean-Louis Bergheaud trouve la mort, Sans pitié pour le cheval. Murat l'évoque, cet autre lui au milieu du chaos, chanson ramassée et concise à laquelle des harmonie vocales inattendues viennent mettre un point final dramatique.
Autre mémoire, autre héros de guerre, plus antique, Alexandrie, lente complainte où les chœurs (grecs) invoquent l'esprit du fils de Philippe de Macédoine, autre grand cavalier, mais aussi et surtout d'Alex, jeune femme fauchée par la Camarde, dans un mélange étrange de sensualité et d'oraison aux morts. Rémi est mort ainsi, toujours la mémoire du passé qui remonte, l'enfance à la sortie de la guerre, ballade caressante comme du temps où Murat était en plein air. Car il n'appuie jamais ses effets, modèle des formes agréables pour faire passer la pilule empoisonnée, comme les délicieux Rouges Souliers, légèrement pop comme on n'en attendait pas au milieu de ces litanies, aussi belles fussent-elles. Mais sa vérité est ailleurs, dans la terre, celle qu'on vend et qu'on quitte, Vendre les prés, ode aux exils ruraux, façon Depardon, portrait d'un monde qui se délite; et Haut Arverne, plus spécifiquement auvergnate, la montagne qu'il foule et qui se couvre d'une mélancolie magnifique. La montagne aussi comme terre des héros, on y revient toujours, à cheval ou à vélo, Le champion espagnol, évocation de Bahamontes, grimpeur épique, où quand la mélodie s'interrompt, c'est aux bords de la route du col pour y trouver des accents enfantins d'admiration. Aucun doute, Murat n'est vraiment bien que dans les altitudes, lui qui rêve à s'élever au dessus du bourbier, il s'écrit une lettre comme une déclaration d'intention, La lettre de la pampa, pour calmer l'incendie qui le ronge il n'a que le travail, ce travail incessant qui lui fait produire quasiment un album par an, dont ce Grand Lièvre qui trouve une place parmi ses meilleurs. Qu'il continue le brenoï, sans changer de braquet. Qu'il ne s'arrête jamais, en attendant l'hiver, et l'hibernation.
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D.E.L.
CONTROVERSY
RépondreSupprimerCa va, j'ai assez poussé les meubles ou je continue ?
RépondreSupprimerC'est de l'Ikéa mec, si tu pousses ça s'écroule direct ! J'essaie d'écouter mais putain, Murat quoi.
RépondreSupprimerAccroche toi à tes balloches, Joseph, je vais bientôt dire du bien de Frànçois & the Atlas Mountains.
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