En 2009, le premier essai de Ganglians, un quatuor lo-fi de Sacramento, avait convaincu les plus fouineurs des accrocs aux mp3blogs par sa capacité à mêler une énergie pop ensoleillée et un son suffisamment sale et psychédélique pour que les chansons correctes qui le composaient en sortent grandies. La formule n'était non seulement pas originale pour un sou mais elle surfait aussi sur la vague du moment (où se mêlaient pêle-mêle le retour aux mélodies de GrizBear, la tendance lo-fo de Washed Out et Wavves et le revival réverbéré de Pains of Being pure at Heart). Difficile pour un tel groupe de sortir la tête de l'eau une fois la vague écrasée sur les rochers.
(Jungle)
Le constat à l'écoute des douze chansons de "Still living" est ambigu. Ganglians se bat, il faut l'admettre, et comme un lion, pour rester en vie et leur seule chance de survie à l'heure actuelle réside dans leur écriture. De ce côté, les meubles sont plus ou moins sauvés puisque quelques enchainements mélodiques dament même le pion à leur précédent disque (sur Drop the Act, Evil Weave ou Jungle), même s'il faut pour cela piocher du côté de Grizzly Bear ou Fleet Foxes (sur Jungle, justement) et malgré de nombreux faux-pas rythmiques (Bradley, qui se traine trop longtemps avant de décoller) et mélodiques (on entend la naïveté lassante de Pains of Being Pure at Heart et consorts un peu partout, et le chant de Ryan Grubbs semble parfois directement issu de l'Angleterre jangle pop de la fin des années 80). C'est stylistiquement que le groupe se voit inlassablement tiré vers le bas. Le cliché inutile de la réverbération omniprésente mis à part, le groupe semble ne pas progresser suffisamment vite depuis leur son précédent vers autre chose et si l'absence d'idées esthétiques pouvait faire l'affaire des moins regardants parmi nous le temps d'un album, il manque cette fois-ci quelque chose de plus à Ganglians, qui les rende inoubliables, uniques ou au moins vraiment attachants. Sans ça, ils ne seront jamais que des seconds couteaux, des artisans sans vista, des "assistant TO the regional manager".
(Jungle)
Le constat à l'écoute des douze chansons de "Still living" est ambigu. Ganglians se bat, il faut l'admettre, et comme un lion, pour rester en vie et leur seule chance de survie à l'heure actuelle réside dans leur écriture. De ce côté, les meubles sont plus ou moins sauvés puisque quelques enchainements mélodiques dament même le pion à leur précédent disque (sur Drop the Act, Evil Weave ou Jungle), même s'il faut pour cela piocher du côté de Grizzly Bear ou Fleet Foxes (sur Jungle, justement) et malgré de nombreux faux-pas rythmiques (Bradley, qui se traine trop longtemps avant de décoller) et mélodiques (on entend la naïveté lassante de Pains of Being Pure at Heart et consorts un peu partout, et le chant de Ryan Grubbs semble parfois directement issu de l'Angleterre jangle pop de la fin des années 80). C'est stylistiquement que le groupe se voit inlassablement tiré vers le bas. Le cliché inutile de la réverbération omniprésente mis à part, le groupe semble ne pas progresser suffisamment vite depuis leur son précédent vers autre chose et si l'absence d'idées esthétiques pouvait faire l'affaire des moins regardants parmi nous le temps d'un album, il manque cette fois-ci quelque chose de plus à Ganglians, qui les rende inoubliables, uniques ou au moins vraiment attachants. Sans ça, ils ne seront jamais que des seconds couteaux, des artisans sans vista, des "assistant TO the regional manager".
Forcément, après avoir participé à un album de Gorillaz, le quartet suédois déjà auteur de deux albums en 2007 et 2009 a fait plus de vagues avec son troisième essai. La participation de la chanteuse Yukimi Nagano au retentissant premier album de SBTRKT, un mois avant la publication de "Ritual Union" aura sans doute aidé mais enfin voilà ce groupe exposé et quitte à le découvrir, autant que ça soit au meilleur moment, à l'occasion d'une sortie de qualité de la stature de "Ritual Union", un album d'électropop totalement réussi !
(Ritual Union)
(Ritual Union)
Tantôt proches de l'esthétique de feu le trip-hop (on pense parfois à Tricky ou Morcheeba) ou rappelant la collaboration avec SBTRKT, les (bonnes) chansons composant le disque revêtent néanmoins une (fausse) homogénéité très personnelle qui doit avant tout à la voix de Yukimi Nagano, mise en avant sur chaque piste. Une très bonne idée qui donne un aspect plus intime et humain à des compositions qui, si elles reposent toutes sur une base rythmique gentiment remuante, n'ont pas souvent grand chose en commun. Synthés parfois osés, électronique astucieuse et des sons hors du commun (comme celui qui clôt les rimes du refrain sur Ritual Union ou le clavecin électronique qui ouvre Shuffle a dream) permettent à Little Dragon de rendre imparables des morceaux déjà bien bâtis et bien menés (impossible de ne pas remuer sur le rythme de Little Man ou de PRESQUE avoir envie de ré-envisager Goldfrapp en écoutant Please turn). Little Dragon ne pousse jamais plus loin que les limites de son enceinte stylistique électropop mais semble résigné à explorer chaque recoin de cette forteresse, imaginant de nouvelles façon de faire danser l'humain avec des machines, d'une façon très moderne (et donc un minimum rétromaniaque), avec suffisamment de courage (il en fallait pour choisir la très bonne mais aussi très dépouillée Brush the heat comme single) pour que l'aventure vaille la peine d'être partagée par un grand nombre d'entre nous. Souhaitons-leur de profiter de leur petit succès naissant pour produire d'autres perles mélodiques de cet acabit.
Si Roger Tellier-Craig a enterré Pas Chic Chic en 2010 avec un (somptueux) EP en guise de salut, il n'avait pas dit adieu à la musique et publiait dans la foulée son premier album sous le pseudonyme charmant du Révélateur. La bonne parole nouvelle est arrivée inopinément via le tout petit label de Cleveland Gneiss Things (il est disponible ici), et déjà se reprend-on à voyager au son des synthétiseurs vintage du Révélateur. Si ses premières compositions illuminatrices étaient du domaine de l'ambient-kosmische sans prétention autre que d'occasionner la plénitude trans-psychique, cette fois-ci Tellier-Craig a décidé de calquer son éthique sur celle de Tangerine Dream circa 1974.
(Bleu nuit)
Le long de trois longues hallucinations hypnagogiques au tempo lent et au déroulement progressif, des nappes-vagues créent un ressac synthétique caressant les rails d'une avancée tantôt saccadée, tantôt expansive. Les synthés vivent et meurent tandis que d'autres les remplacent et le cycle de se poursuivre inlassablement. Comme beaucoup de descendants de l'école allemande des années 70 (Zombi en tête), Le Révélateur joue avec ses machines, sur la répétition, le détournement et un immobilisme branlant, une avancée statique, dont les propriétés psychédéliques sont à la fois infinies et diablement réduites en cela que le concept ne peut pas aisément corrompre la psyché d'auditeurs dont l'oxymore définit l'existence. C'est là tout le paradoxe de ce système musical qui, appliqué avec brio par un Révélateur inspiré et inspirant ou pas, ne peut que se traduire par un non-lieu. Le Révélateur donne à rêver mais ne révèle rien cette fois-ci et c'est bien dommage mais on se contentera de cette étude de cas en attendant la prochaine sortie de cet activiste souterrain.
Joe Gonzalez
D'accord avec toi sur le Ganglians. Y'a quelques morceaux/moments sympas, bien à l'image de ce qu'on trouve sur leur premier disque, mais je n'y retrouve pas la même façon de gérer et de bien répartir les temps morts/calmes et les temps forts/excités. C'est bien dommage, car c'est à mon sens surtout ça qui fait que leur premier album est réussi et que je l'aime vraiment bien.
RépondreSupprimerDéçu donc !