art par Jarvis Glasses
Joe Gonzalez
(*1) Photo du groupe Irony is Sexy, surtout connu pour sa reprise d'une chanson de Miley Cirus (sic)
(*2) in My body is a cage, "Neon Bible," 2007
La critique est aisée, en un sens comme en l'autre, et vous allez probablement me (et donc nous) trouver une nouvelle fois bien rabat-joie, comme chaque Été - à croire que les ultraviolets ont sur nous un effet néfaste mais je vous assure qu'il n'en est rien - lorsque je vais vous annoncer, deux semaines seulement après la double page de mon collègue Émilien Villeroy faisant l'épitaphe du shitgaze, que l'indie rock est mort, cliniquement, et ce depuis bien trois mois.
Tentative d'épuisement d'un genre américain
Ça n'est pas une autre de mes embardées alarmistes saisonnières, déclenchée par l'absence quasi totale de nouveaux disques intéressants depuis fin Avril ni non plus par le manque d'actualité relatif aux Grandes Vacances, ni même une nouvelle conséquence de la pré-retraite appelant un encore de l'ami Beck Hansen, non non, juré craché, c'est un constat que j'ai établi (et suis-je vraiment le seul ?) il y a désormais trois mois, que d'autres avaient du établir bien avant, mais qui ne m'est apparu comme une évidence qu'à ce moment précis à la fin du mois de Mai, lorsque des extraits de deux nouvelles chansons d'Arcade Fire ont fait surface, dont cette Month of May, terrible et pourtant si à propos, qui résumait à elle seule le manque de motivation, d'originalité, d'énergie et d'intérêt qu'avait pu susciter l'indie rock depuis des mois.
Par indie rock, il est important de le préciser, j'entends "rock américain indépendant - ou presque - au sens large." Pourquoi américain et pas finlandais ou même anglais ? Tout simplement parce que la majorité de la production actuelle dans ce genre-ci provient du continent Nord Américain (Canada inclus, évidemment) et s'il existe des scènes qui ne tarissent jamais dans un pays ou l'autre (la Suède, notamment), il faut bien dire qu'on n'a pas vu l'ombre d'un véritable mouvement ni la queue d'un genre musical (outre le dubstep mais on s'éloigne drôlement du rock) pointer en Grande Bretagne depuis un bon bout de temps. Depuis des mois, on a parlé de genres tels que le shitgaze, la chillwave, et même le shoegaze (britannique d'origine), trois genres musicaux aux frontières de l'indie rock, et leurs représentants étaient américains. Les mastodontes d'aujourd'hui, les U2/Rolling Stones/ACDC d'aujourd'hui, s'appellent Arcade Fire, The National, Broken Social Scene et c'est déprimant. La "musique de stades" en 2010 est certes plus soniquement correcte, certes plus "indé," et certes plus propre sur elle que ne pouvait l'être celle des années 80 (Simple Minds, The Police, U2...) ou 90 (Rage Against The Machine, Soundgarden, Smashing Pumpkins...), mais Diable, elle me fait beaucoup moins bander que ses ainées. L'indie rock est devenu, comme d'autres genres avant lui, une musique de trentenaires pour des trentenaires, et lorsque ce genre de chose arrive, il ne peut plus y avoir de vie et le genre musical devient aussi mort que le latin ou le grec ancien : une langue réservée à un cadre précis ou à une frange réactionnaire de la population. Que la mort de l'indie rock intervienne au moment précis de son climax public est un paradoxe sans trop de mystère, et cela avait déjà été le cas avec d'autres genres musicaux pendant les années 00 (le post rock, notamment) : plus nous allons et moins les choses vont vite. Ça n'est pas un constat rétrograde mais une vérité liée à l'évolution de notre société occidentale vers toujours plus de confort (matériel comme politique - où naissent les révolutions lorsque tout le monde a chez lui un tube de dentifrice, une téloche et un bulletin de vote ?) et toujours plus de liberté (celle d'écouter ce que bon semble à chacun). Il n'y a aucune raison dans la conjoncture actuelle pour que les choses se passent à fond la caisse comme cela a pu être le cas entre 1976 et 1983 où un genre musical et une scène naissaient chaque mois. Pourquoi se casser de toute façon ? L'indie rock triomphe et dans "indie rock" il y a indie (indépendant), alors si eux y arrivent pourquoi pas nous autres, jeunes groupes signés sur des labels indépendants, et puis si on veut être heureux (confort matériel et donc oseille), ne vivons pas cachés et pour que tout le monde nous voie, autant s'inspirer des mastodontes indie et ça nous mène directement à aujourd'hui et à ce cadavre encore tiède dans lequel aucun coup de botte ne provoquera plus, j'en ai bien peur, aucune réaction post mortem.
Tout cela ne date évidemment pas du mois de Mai 2010, c'était dans l'air depuis des mois. Cette vaine (mais un temps distrayante) recherche de nouveauté (resucée) auprès de la triade lo-fi (chill, shit, shoe) l'année dernière avait déjà quelque chose de désespéré et si vous voulez tout savoir, la plupart des experts que j'ai consultés s'accordent à penser que les compilations "all star" sorties en 2009 avec grand bruit étaient un symptôme que trop peu ont réellement pris au sérieux. Souvenez-vous, en Février sortait "Dark was the night," une sorte de "best of de l'indie rock américain des années zéro" sur lequel on trouvait quelques bonnes surprises (le terme est quasiment un lapsus tant il implique qu'on ne s'attendait pas à entendre de bonnes choses) mais aussi énormément de bêtises, comme par exemple la très mauvaise chanson d'Arcade Fire, encore eux, et puis en Juin paraissait (sous le manteau) une sorte de double maléfique, "Dark night of the soul" (même les titres se faisaient écho !) où l'on pouvait retrouver les boudeurs qui n'avaient pas été appelés en équipe première pour chanter leurs mièvreries à eux. Ah et ne me tannez pas avec l'intérêt caritatif de ces objets, la question n'est pas là. Le problème est qu'on n'était pas loin de ces atrocités caritato-débilitantes qui ont fait les mauvais jours du rock depuis des décennies et que ces compilations étaient mauvaises, ni plus ni moins, et qu'elles étaient déjà représentatives de la chienlit générale dans laquelle toute la scène Montréalo-Brooklynienne (majoritairement) s'était enlisée.
Arcade Fire - Lenin ("Dark Was the Night")
En 2010, exit les garages, on répète dans la salle de jeux
Tout cela ne date évidemment pas du mois de Mai 2010, c'était dans l'air depuis des mois. Cette vaine (mais un temps distrayante) recherche de nouveauté (resucée) auprès de la triade lo-fi (chill, shit, shoe) l'année dernière avait déjà quelque chose de désespéré et si vous voulez tout savoir, la plupart des experts que j'ai consultés s'accordent à penser que les compilations "all star" sorties en 2009 avec grand bruit étaient un symptôme que trop peu ont réellement pris au sérieux. Souvenez-vous, en Février sortait "Dark was the night," une sorte de "best of de l'indie rock américain des années zéro" sur lequel on trouvait quelques bonnes surprises (le terme est quasiment un lapsus tant il implique qu'on ne s'attendait pas à entendre de bonnes choses) mais aussi énormément de bêtises, comme par exemple la très mauvaise chanson d'Arcade Fire, encore eux, et puis en Juin paraissait (sous le manteau) une sorte de double maléfique, "Dark night of the soul" (même les titres se faisaient écho !) où l'on pouvait retrouver les boudeurs qui n'avaient pas été appelés en équipe première pour chanter leurs mièvreries à eux. Ah et ne me tannez pas avec l'intérêt caritatif de ces objets, la question n'est pas là. Le problème est qu'on n'était pas loin de ces atrocités caritato-débilitantes qui ont fait les mauvais jours du rock depuis des décennies et que ces compilations étaient mauvaises, ni plus ni moins, et qu'elles étaient déjà représentatives de la chienlit générale dans laquelle toute la scène Montréalo-Brooklynienne (majoritairement) s'était enlisée.
Arcade Fire - Lenin ("Dark Was the Night")
Je dois sembler amer mais ça n'est pas le trépas de l'indie rock que je déplore ; rien n'est éternel et encore moins lorsqu'il s'agit de musique pop. Ce qui me chagrine en fait est qu'il n'y a rien pour remplacer ce genre qui n'en est pas un. L'indie rock, c'est vaste, vague et ça englobe beaucoup de groupes, d'artistes, de musiques très différents les uns des autres, mais ce terme générique semble être la meilleure façon de résumer "tout ce qu'il s'est passé depuis 2004" et depuis six ans, aucune tendance nouvelle, aucun groupement de penseurs, jeunes ou moins jeunes (je ne voudrais pas avoir l'air de prôner une dictature du jeunisme en matière de pop, mais il est tout de même évident que le renouveau est toujours venu et viendra toujours plus logiquement d'une bande de gamins de dix sept ans avec des "problèmes" que de quelques cinquantenaires pleins de sagesse mais dépourvus d'énergie), aucune scène musicale digne de ce nom n'a vu le jour et c'est précisément pourquoi l'indie rock a survécu si longtemps et continuera de donner le change encore un ou deux ans (espérons que l'euthanasie ne prenne pas plus longtemps) sous assistance respiratoire : parce que tout le monde s'en contente. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, pas question d'antidater la dernière étincelle de passion à avoir traversé mes/nos oreilles ! Le premier album d'Arcade Fire était fait de ce bois-là et leurs bêlements désespérément euphorisants, s'ils ont fait long feu, étaient encore d'actualité il y a trois ans lorsque Win Butler, très lucide chantait
En 1977, Richard Hell disait à Lester Bangs que les paroles de sa chanson, Blank Generation, ne signifiaient pas que sa génération était définissable par un gros paquet de vide, de rien, mais bien que les jeunes de ces années-là avaient un espace vide en guise d'adjectif qualificatif et qu'il ne tenait qu'à eux de se définir et de remplir cet espace. Le soucis de notre génération est qu'elle est tellement remplie à ras bord de culture, d'idées, de tolérance et de paresse qu'il est impossible de la définir avec un mot, un seul, de la qualifier d'une seule façon. Cette génération trop-plein, cette génération Internet en somme, n'a rien à prouver à personne et certainement pas à elle-même, et prendre les armes pour s'affirmer ne lui viendrait jamais à l'esprit. L'autre jour, un type lambda voit passer un couple de jeunes et me dit "De mon temps, il y a 25 ans, on n'aurait jamais imaginé voir pareille chose : un bonhomme portant un t-shirt Metallica et sa copine arborant un t-shirt à l'effigie des Sex Pistols !" J'ai répondu à cette personne qu'aujourd'hui, avec Google, Wikipédia et Deezer, plus rien n'était impossible, qu'il n'y avait plus lieu d'appartenir à une communauté musicale spécifique lorsque toutes les voies étaient ouvertes à tout le monde. L'opportunité-même de pouvoir écouter rapidement et gratuitement tout ce qu'autrefois il fallait acheter au jugé pour le découvrir amène nécessairement moins de sectarisme et si je partage l'avis de mon interlocuteur ("c'est certainement mieux comme ça") d'un point de vue éthique, je ne peux que maudire l'effet dévastateur de cette démocratisation sur la créativité et la fougue de ma génération et de la suivante.
Les faits sont là : tant qu'il n'y aura pas de nécessité, tant que les kids se contenteront de leur confort, de leur daube radiophonique, et que les trentenaires seront heureux d'écouter The National, il n'y aura rien de neuf à se mettre sous la dent. Rien de passionnant. Il y a peu de chances, alors que le continent Américain a enfanté l'indie rock et qu'il s'en nourrit comme d'une vache à lait (à l'heure qu'il est, le nouvel album d'Arcade Fire vient de dépasser Eminem et de prendre la première place des charts), pour que le salut vienne de là-bas. Je vous l'avoue, j'ai les yeux rivés sur la Grande Bretagne depuis le 11 Mai. Vous le savez sans doute, Gordon Brown a perdu les législatives anglaises et a démissionné au profit de David Cameron, qui est devenu le plus jeune chef d'état Anglais de l'Histoire certes, mais qui est surtout un leader conservateur et ceci devrait évoquer chez vous l'un ou l'autre de ces deux sentiments (voire les deux à la fois) : soit de la peur (si vous êtes citoyen britannique plutôt orienté à gauche) soit comme chez moi le souvenir ému du règne de Margaret Thatcher (pour laquelle Cameron écrivait des discours, d'ailleurs), à savoir la période la plus rude socio-politiquement parlant de l'Angleterre d'après-guerre, mais aussi l'Eldorado de tout bon pop-fan-des-eighties qui se respecte, une époque où chaque ville anglaise avait son identité, sa ou ses scènes bouillonnantes, où sur les cendres du punk naissaient Gang of Four, Wire, les Slits et tellement d'autres. Il n'y a pas de secret. S'il doit y avoir une nouvelle révolution, ou quelque chose de similaire, elle viendra du Royaume Uni, et si la politique de Cameron s'inspire un minimum de celle de Thatcher, lorsque les lads en auront assez de subir ce que le conservatisme anglais a de pire à offrir à de jeunes gauchos, lorsque les gamins de Liverpool, Leeds ou Manchester rêveront moins leur vie en regardant Skins que devant les infos télévisuelles du soir, alors la passion reviendra.
J'ai l'air horrible à me réjouir de l'éventualité d'une nouvelle crise sociale outre-Manche, et en vérité je le suis, horrible, mais enfin bon on trouve son bonheur là où on peut et puis Gordon Brown en martyr de la cause Pop, ça serait un étonnant rôle de composition en même temps qu'une sacré bonne vanne à raconter à nos petits enfants. Et puis vous espérez quoi ? Sous un Obama trop cool pour emmerder qui que ce soit, rien de dément ne naitra, la messe est dite. Si vous en avez autant ras le bol que moi de vous envoyer toujours plus de mièvreries, scrutez Albion et croisez les doigts pour que des foyers naissent dans ses rues et qu'une clameur s'en élève. Alors, et seulement alors, peut-être nous amuserons-nous à nouveau.
I'm living in an age
Whose name I don't know
Though the fear keeps me moving
Still my heart beats so slow (*)
Je vis dans un âge
Dont je ne connais pas le nom
Même si la peur me tient debout
Mon cœur bat si lentement
Whose name I don't know
Though the fear keeps me moving
Still my heart beats so slow (*)
Je vis dans un âge
Dont je ne connais pas le nom
Même si la peur me tient debout
Mon cœur bat si lentement
En 1977, Richard Hell disait à Lester Bangs que les paroles de sa chanson, Blank Generation, ne signifiaient pas que sa génération était définissable par un gros paquet de vide, de rien, mais bien que les jeunes de ces années-là avaient un espace vide en guise d'adjectif qualificatif et qu'il ne tenait qu'à eux de se définir et de remplir cet espace. Le soucis de notre génération est qu'elle est tellement remplie à ras bord de culture, d'idées, de tolérance et de paresse qu'il est impossible de la définir avec un mot, un seul, de la qualifier d'une seule façon. Cette génération trop-plein, cette génération Internet en somme, n'a rien à prouver à personne et certainement pas à elle-même, et prendre les armes pour s'affirmer ne lui viendrait jamais à l'esprit. L'autre jour, un type lambda voit passer un couple de jeunes et me dit "De mon temps, il y a 25 ans, on n'aurait jamais imaginé voir pareille chose : un bonhomme portant un t-shirt Metallica et sa copine arborant un t-shirt à l'effigie des Sex Pistols !" J'ai répondu à cette personne qu'aujourd'hui, avec Google, Wikipédia et Deezer, plus rien n'était impossible, qu'il n'y avait plus lieu d'appartenir à une communauté musicale spécifique lorsque toutes les voies étaient ouvertes à tout le monde. L'opportunité-même de pouvoir écouter rapidement et gratuitement tout ce qu'autrefois il fallait acheter au jugé pour le découvrir amène nécessairement moins de sectarisme et si je partage l'avis de mon interlocuteur ("c'est certainement mieux comme ça") d'un point de vue éthique, je ne peux que maudire l'effet dévastateur de cette démocratisation sur la créativité et la fougue de ma génération et de la suivante.
Richard Hell : "I belong to the blank generation"
Régine Chassagne : "These days my life, I feel it has no purpose"
Régine Chassagne : "These days my life, I feel it has no purpose"
Les faits sont là : tant qu'il n'y aura pas de nécessité, tant que les kids se contenteront de leur confort, de leur daube radiophonique, et que les trentenaires seront heureux d'écouter The National, il n'y aura rien de neuf à se mettre sous la dent. Rien de passionnant. Il y a peu de chances, alors que le continent Américain a enfanté l'indie rock et qu'il s'en nourrit comme d'une vache à lait (à l'heure qu'il est, le nouvel album d'Arcade Fire vient de dépasser Eminem et de prendre la première place des charts), pour que le salut vienne de là-bas. Je vous l'avoue, j'ai les yeux rivés sur la Grande Bretagne depuis le 11 Mai. Vous le savez sans doute, Gordon Brown a perdu les législatives anglaises et a démissionné au profit de David Cameron, qui est devenu le plus jeune chef d'état Anglais de l'Histoire certes, mais qui est surtout un leader conservateur et ceci devrait évoquer chez vous l'un ou l'autre de ces deux sentiments (voire les deux à la fois) : soit de la peur (si vous êtes citoyen britannique plutôt orienté à gauche) soit comme chez moi le souvenir ému du règne de Margaret Thatcher (pour laquelle Cameron écrivait des discours, d'ailleurs), à savoir la période la plus rude socio-politiquement parlant de l'Angleterre d'après-guerre, mais aussi l'Eldorado de tout bon pop-fan-des-eighties qui se respecte, une époque où chaque ville anglaise avait son identité, sa ou ses scènes bouillonnantes, où sur les cendres du punk naissaient Gang of Four, Wire, les Slits et tellement d'autres. Il n'y a pas de secret. S'il doit y avoir une nouvelle révolution, ou quelque chose de similaire, elle viendra du Royaume Uni, et si la politique de Cameron s'inspire un minimum de celle de Thatcher, lorsque les lads en auront assez de subir ce que le conservatisme anglais a de pire à offrir à de jeunes gauchos, lorsque les gamins de Liverpool, Leeds ou Manchester rêveront moins leur vie en regardant Skins que devant les infos télévisuelles du soir, alors la passion reviendra.
J'ai l'air horrible à me réjouir de l'éventualité d'une nouvelle crise sociale outre-Manche, et en vérité je le suis, horrible, mais enfin bon on trouve son bonheur là où on peut et puis Gordon Brown en martyr de la cause Pop, ça serait un étonnant rôle de composition en même temps qu'une sacré bonne vanne à raconter à nos petits enfants. Et puis vous espérez quoi ? Sous un Obama trop cool pour emmerder qui que ce soit, rien de dément ne naitra, la messe est dite. Si vous en avez autant ras le bol que moi de vous envoyer toujours plus de mièvreries, scrutez Albion et croisez les doigts pour que des foyers naissent dans ses rues et qu'une clameur s'en élève. Alors, et seulement alors, peut-être nous amuserons-nous à nouveau.
Joe Gonzalez
(*1) Photo du groupe Irony is Sexy, surtout connu pour sa reprise d'une chanson de Miley Cirus (sic)
(*2) in My body is a cage, "Neon Bible," 2007
> "Les mastodontes d'aujourd'hui, les U2/Rolling Stones/ACDC d'aujourd'hui, s'appellent Arcade Fire, The National, Broken Social Scene"
RépondreSupprimerEuh, non non non. Plutôt Coldplay, Muse, Radiohead... Je ne sais pas si vous vous en rendez compte mais les groupes que vous citez sont absolument méconnus du grand public. A la limite "Wake Up" dit quelque chose aux gens, mais demandez-leur de citer le nom du groupe.
> "Souvenez-vous, en Février sortait 'Dark was the night', une sorte de 'best of de l'indie rock américain des années zéro'"
Tournure légèrement perverse de votre part car Dark Was The Night ne contient que des chansons originales : et on sait comment ça fonctionne... (cf vos compil "We're only in it for...", niark niark niark), certains se cassent le tronc (la fantastique reprise "You Are The Blood" par Sufjan Stevens) et la plupart refourguent une B-Side qui trainait (certainement le cas d'Arcade Fire, "Lenin" n'ayant jamais été jouée en live).
Joseph tu es un brin pas assez sérieux dans ton interprétation. Soyons-le (sérieux) une minute et rendons-nous compte d'une chose : on (nous, mais toi aussi) parle de musique ici qui ne touche en général pas (jamais en fait) le "grand public" (celui qui n'écoute pas beaucoup de musique anglophone, ou en tout cas qui n'a pas d'autre occasion d'écouter de la pop anglophone que lorsqu'il l'entend passer à la radio).
RépondreSupprimerA aucun moment il ne s'agit de dire qu'Arcade Fire et The National sont connus d'une majorité des français. Nous parlons ici à et de et avec ce que j'appellerais "la frange anglophile de la population francophone accroc à la pop music" et pas aux, de et avec les autres, tout simplement parce que tout notre discours les désintéresse(rait) s'ils savaient que nous le tenions.
En cela, je t'invite à jeter un oeil aux programmations des festivals américains (Lollapallooza, Coachella, Pitchfork, Sxssw...), danois (Roskilde), anglais (Reading...), et même français (Rock en Seine...) pour te rendre compte que... si. Ce sont bien les ténors de l'indie rock américain qui tiennent le haut du pavé aux côtés des vieilles gloires du genre Rage Against The machine, Massive Attack ou (parfois) Radiohead.
Et si Arcade Fire est numéro 1 aux Etats Unis (ça n'est pas rien !), ils ne pourront et ne pourraient jamais l'être ici MAIS la frange de population à laquelle nous nous adressons et dont tu (et je) fais partie connait Arcade Fire sur le bout des doigts.
Concernant le terme "best of", il désigne avant tout le line up de ces compilations, et pas les chansons elles-mêmes. Et j'ai bien dit qu'il y avait quelques bonnes surprises (Sufjan mais aussi les Dirty Projectors par exemple).
S'il faut être sérieux alors, soyons-le jusqu'au bout : et si tu parlais alors d'une frange particulière du public et non du "tout public", alors ma question est la suivante : les U2/ACDC/Rolling Stones faisaient-ils "bander" cette frange-là à leur époque, pour reprendre l'expression très moche que tu utilises ? J'en doute... Et si c'est le cas alors ces vieux cons avaient vraiment des goûts de chiotte.
RépondreSupprimerPour revenir au sujet de l'article, globalement j'irais plutôt dans le sens inverse. Bon déjà j'aime beacoup le dernier The National et j'adore le dernier Arcade Fire, honte sur moi. Mais cela est affaire de goût alors allons vers un territoire plus objectif.
L'an dernier, un groupe nommé Animal Collective a littéralement cartonné avec son Merriweather Post Pavilion. Or, en dehors de tout jugement sur la qualité de leur musique, qui osera contester que la musique d'Animal Collective n'est pas exactement de l'easy listening ? C'est bien un disque de pop assez barré et expérimental qui a réussi à faire la quasi-unanimité l'an dernier.
Mais vous n'aimez pas Animal Collective, pas vrai ? Finalement c'est peut-être ça votre problème : est-ce l'indie rock ou C'est Entendu qui s'encroûte ? ;) (et ne profitez pas de cette dernière pique pour vous défiler !)
Je ne comprends pas bien ta première question. Crois-tu vraiment que les hipsters accrocs des festivals d'alors (les 80's, les 70's) n'aimaient pas ces groupes là ? Crois-tu que leur succès n'était alors dû qu'au "grand public" ? Evidemment, il est plus aisé de trouver aujourd'hui, en 2010, un "grand nombre" de gens pour citer plus d'une (mais combien ? deux, trois ?) chansons de U2, AC/DC ou Simple minds, et cela sera certainement la même chose pour Arcade Fire dans vingt ou trente ans s'ils continuent sur leur lancée stadière, mais bon, enfin, à l'époque, j'aurais aimé que tu me dégottes un passant lambda dans la rue et que tu lui demandes de te dire quels étaient les derniers disques qu'ils avaient achetés, et tu aurais à mon avis eu plus de "Jean Ferrat" et de "Lio" que de "Style Council" ou de "Creedence Clearwater Revival".
RépondreSupprimerEnsuite, je te trouve un brin vénère pour rien. Je ne t'ai pas accusé d'être de mauvais goût, et je n'ai même pas encore donné mon avis sur le nouvel Arcade Fire (ça viendra bientôt). Je n'ai certes pas du tout aimé le dernier The National et je ne suis pas un fanatique d'Animal Collective (que je ne considère cependant pas comme de la merde et puis d'ailleurs une bonne moitié de l'équipe adore ce groupe). Pourquoi te braquer au lieu de simplement dialoguer ? Enfin bref, tu ouvres sur AnCo et je te réponds facilement qu'AnCo est certes un groupe expérimental, qui a certes eu un certain succès (d'estime plus que commercial, je crois) l'année dernière, après quatre albums (il était temps) mais en quoi le succès d'AnCo pourrait satisfaire mon envie de neuf, mon envie de sang frais, de folie, de furie, d'ébullition créative, mon envie d'un "mouvement" (dans le sens "groupement de pensée" comme dans celui de "action d'aller dans un sens défini") ? Si tu perçois une émulation autour d'Animal Collective autre que celle qui anime des groupes aussi chiants et sans parole que Yeasayer ou autres hédonistes insupportables, je t'en prie éclaire-moi ! Et puis je n'ai rien contre AnCo, crois-moi, mais le jour où leur musique portera en elle une révolution, une contestation ou la moindre trace de violence spirituelle, en clair le jour où ils chanteront autre chose que "There isn't much that I feel I need " ou I just want four walls and adobe slats for my girls", je te promets que mon enthousiasme sera décuplé.
Joseph n'a quand même pas tort. L'association The National/ACDC est théoriquement infructueuse. On ne peut pas comparer la discrétion de trentenaires rangés avec le rock tape-à-l'œil d'ACDC. Le public concerné n'est pas le même. Parlons plutôt de Mgmt et des Klaxons. Eux ont le potentiel pour remplir un stade, à part égale avec Arcade Fire.
RépondreSupprimerThe National, avec sa musique trop sage, me fait davantage penser à l'évolution de Wilco. Le phénomène que tu déplores est fréquent et pas du tout spécifique à notre époque: Yankee Hotel Foxtrot, en 2003, souffrait des mêmes défauts soniques que The National et représente ce fameux syndrome des trentenaires qui depuis un certain temps en prennent pour leur grade. La réaction ne tardera peut-être pas.
Enfin, qu'est-ce que l'indie-rock? Si Arcade Fire s'éloigne d'une certaine intégrité alternative, c'est qu'il prend le même chemin que R.e.m en 1990. Cela n'a pas tué le genre, qui a connu quelques fières heures avec, par exemple, Pj Harvey.
Pour ce qui est du volet politique de ton exposé, il me semble que tu es un fieffé romantique. Aimer les groupements de pensée et les mouvements radicaux en soi n'apporte aucune directive claire; c'est s'ouvrir à n'importe quel vent sous prétexte de prendre part à l'effervescence du monde. Si vraiment, TOUS les hommes profitaient de la liberté et du confort, ce serait un crime de faire le nietzschéen et de déplorer l'absence d'intensité dans la vie. Ce qui peut nous sembler triste, c'est que, justement, alors que ce n'est pas le cas, la musique indé a tendance à promouvoir le fun, sans grande profondeur émotionnelle. Les Drums sont bien sympathiques, par exemple, mais quand ils chantent la mort d'un ami, on n'y croit pas un instant.
@ Joe Gonzalez : Ah mais je ne me braque pas du tout, ni ne me suis énervé ni senti accusé de quoi que ce soit, rassurez-vous ! Si vous m'avez lu en pensant ça je vous invite à me relire. Merde, j'ai même mis un ;) ! J'aime bien vouvoyer mais ça n'a rien d'aggressif. (d'ailleurs je viens de voir que dans mon message précédent j'ai navigué entre tutoiement et vouvoiement... oups. D'où peut-être la confusion sur mon "ton")
RépondreSupprimerCela dit, je ne sais pas vers quoi va nous mener Animal Collective. Peut-être qu'à de la merde en barre, qui sait ; comme Radiohead a naguère "créé" les Coldplay et Keane et centaines d'autres suiveurs, médiocres dans le meilleur des cas. Toujours est-il qu'ils apportent quelque chose de neuf tout en rencontrant un succès critique unanime.
(et puis si vous ne voulez pas que je sache à l'avance votre avis général sur tel ou tel disque, cachez un peu mieux vos RYM et last.fm :) )
RYM c'est une chose (mais sache que les disques que j'y note sont susceptibles de se voir reconsidérés) mais je ne vois pas en quoi nos LastFM peuvent t'aiguiller sur notre avis !
RépondreSupprimerBah, 34 écoutes de Arcade Fire chez Emilien dans les 12 derniers mois, 43 écoutes chez vous, et ce tous albums confondus, ça donne comme qui dirait une indication. Bien sur qu'on écoute pas toujours de la musique sur son PC et tout et tout et blablabla le Ipod le lecteur mp3 la platine CD, mais bon quand même.
RépondreSupprimerj'avais envie de réagir à cet article mais en fait Joseph a tout dit à ma place ^^
RépondreSupprimerEt puis, j'oubliais une chose. Le métissage et la tolérance ne sont-ils pas les voies vers un renouvellement musical au long cours? Puisqu'il est déjà avéré qu'il ne ressort rien d'un enfermement sectaire dans une esthétique (le retour du rock tourne en rond), pourquoi ne pas avoir confiance dans le devenir de certaines fusions jusqu'alors inconcevables? C'est la conviction d'Ebony Bones: lorsque les jeunes anglais auront digéré les Arctic Monkeys et Fela Kuti, il pourrait y avoir du mouvement. Il faut juste attendre quelques années. D'ici là, il n'est pas impossible non plus qu'une génération réécrive l'histoire du rock, un peu trop linéaire, en faisant des rapprochements impensés entre des groupes qu'en général tout oppose.
RépondreSupprimerta chronique est très rabat-joie, on est finalement resté à l'éternelle rengaine rock'n'roll is dead, tu kiffes plus, c'est juste dommage et j'ai aucuns médocs à te proposer, désolé.
RépondreSupprimerExcellent texte gros, difficile de nier en tant que 'rabat-joie de service (tm)' que c'est ce que je ressens depuis un bon moment, après je suis forcement biaisé dans ma position de mec que le rock ne satisfait plus (entièrement). Mais venant de toi qui kiffe plus que moi, ca fait un peu étrange. Je dis pas que j'aurais pu écrire un truc comme ca un soir d'amertume, non en fait j'aurais écrit nettement pire je crois.
RépondreSupprimerAprès si on voit rien à l'horizon, ce n'est pas forcement parce qu'il n'y a rien qui arrive, je pense que tu seras d'accord là dessus. S'il y a bien une chose plus impénétrable que les voies du seigneur, c'est bien celles de la création. Ceci dit je mets aussi 10 dolls sur Albion, et pas que pour le rock et la pop.
Ah oui j'ai oublié de faire rager Matador en disant que tant que Deerhoof existe, je serais toujours un minimum client de l'indie rock ;° (no offense, j'ai vu un tes chro sur rym)
RépondreSupprimer@ Joseph : je ne vois toujours pas en quoi le nombre d'écoutes d'un artiste comptabilisées sur lastFM pourraient indiquer l'opinion de la personne qui écoute cet artiste...
RépondreSupprimer@ Thomas : Merci !
@ Djeep : ce n'est pas une chronique de l'album d'Arcade Fire au cas où ça serait ambigu et si tu prends l'article comme un "c'était mieux avant" tu n'as rien compris, crois moi ! C'est même le contraire.
ok c'est cool man, moi Arcade Fire m'en fout un peu, je suis le 1er a dire qu'il est pas parfait, mais bon il est très loin d'être mauvais non plus, après il est très facile aussi d'appuyer sur le contexte promotionnel qui entoure ce genre de disque, et c'est aussi une partie de leur succès et de leur notoriété "faké" par les médias, avant c'était l'underground qui créait les courants musicaux novateurs et ça prenait au moins 5 ans pour que la presse s'en rende compte, désormais c'est Pitchfork qui décide pour les milliard de moutons que nous sommes, moi ça me dérange pas,je suis un mouton noir, je m'en fiche mais ça me fait juste chiez que l'album de Camélia Jordana* soit a ce point ignoré, oh pis non en même temps ça m'arrange. moi je kiffe pendant que elle mange des patates, that's la dure réalité du business underground man, all is business and all you need is love !
RépondreSupprimer(*juste un exemple satirique hein ? j'aurai pu mettre aussi Owen palett ou beach House)
Tu as signé là le commentaire le plus mindfuck de,toute l'histoire de C'est Entendu........
RépondreSupprimerEt pourtant il y a de la concurrence !
RépondreSupprimer@ Joe Gonzalez : Il faut VRAIMENT que j'explique que quand on aime un disque sorti il y a 1 mois, en pratique on l'écoute un peu plus que une ou deux fois durant ce mois ? Surtout quand on s'apprête à rédiger un papier dessus... à moins que la première écoute ait été suffisemment repoussante, plus encore que, par exemple, un bon Metal Music Machine. Il faut vraiment que j'explique ça ?
“Back in the early days when I started to discover music, go to shows and find out about new bands, there were ‘filters’ from various circumstances – geography, economic status, etc - which deeply affected how a band sounded and what they stood for. Now, everyone is going through the same filter—namely computers and the internet—and everyone has the same circumstances: Everybody’s seeing the same thing for the first time at the very same time, simultaneously all over the world. That very system is negatively affecting art and has created a situation where everything is influencing itself and art is not based on struggle, personal scarcity or unique and personal inspiration.”
RépondreSupprimer— Ben Weinman (The Dillinger Escape Plan)
"There isn't really such a thing as mainstream rock anymore. There are a lot of bands who shouldn't be considered indie rock, like Modest Mouse, but they still are because you can't hear them on commercial radio."
— Scott Plagenhoef (éditeur de Pitchfork, via Time)
...Très bon article sinon!
Chouettes références. Je préfère celle de Weinman parce que Plagenhoef a bon dos de dire ce genre de chose quand il lance Altered Zones en parallèle de Pitchfork (j'y reviendrai).
RépondreSupprimer"puis si on veut être heureux (confort matériel et donc oseille)" Merde alors.
RépondreSupprimerPersonnellement quand je m'ennuie de la scène musicale actuelle, bah je fouille dans les 40 décennies qui m'ont précédées.
Merci de ce débat de haut vol...
RépondreSupprimer@Anonyme : pardon pour mon cynisme mais nous ne vivons plus une époque idéalisto-utopique depuis longtemps, il faut être sérieux un instant.
RépondreSupprimer@mmarsupilami : Développe :D
"Modest Mouse are one of the only bands to have successfully stayed "indie" when they turned mainstream."
RépondreSupprimer"Brian is in the kitchen."
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