C'est entendu.
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dimanche 7 février 2010

[Alors quoi ?] Un Bilan Théorique post 31 Décembre 2009




I - La Nausée

J'aime par-dessus tout ce genre d'exercice, je dois l'avouer. Les tops de fin d'année, c'est chouette, et intéressant par-dessus le marché, mais après deux, trois, dix, trente liste d'albums, chansons, vidéos, l'effet s'estompe et on commence à développer le "mal de l'année." En tout cas c'est mon cas. Aux alentours du 25 Décembre, Internet n'était plus qu'un Grand Portail sur Tops de Fin D'année, et j'en ai eu ma claque. Il m'a fallu presque deux semaines pour me remettre de la Nausée profonde qui m'envahissait à l'idée-même d'un mp3, d'un disque, d'une pochette d'album, et qui plus est s'il s'agissait d'un truc sorti en 2009. C'est quelque chose que je ressens chaque année, à la même période, et pour les mêmes raisons : cette abondance de tops, certes, mais aussi et surtout un ras-le-bol général vis à vis du concept de "l'année presque écoulée, épuisée jusqu'au dernier recoin de chanson." Je me demande si vous ressentez, vous aussi, ce sentiment très fort de rejet.

Pour cela, encore faut-il que, comme moi, vous considériez les années civiles comme des bornes kilométriques jalonnant le cours de la Grande Histoire de la Musique, et que vous envisagiez une année comme un tout, idée stupide au possible j'en conviens, mais communément reconnue comme populairement PRATIQUE, tant il est vrai que sans cela, pas de tops annuels et sans tops récurrents OU EST LE FUN ? Les grognons peuvent toujours lancer des arguments du genre "Alors pour toi, un disque sorti le 15 Décembre d'une année ne peut être comparé à un autre sorti le 12 Janvier de l'année suivante?" mais ça n'empêchera pas que leur système, s'il est plus logique, est aussi beaucoup moins marrant, et tant pis pour eux.
Il faut aussi, pour ressentir un tel sentiment, que comme moi vous soyez obsessionnels compulsifs, complètement obnubilés à l'idée d'écouter toujours plus de nouveaux disques, de choses nouvelles, et que vous ayez donc écouté trois cent cinquante albums ou davantage (qui compte?) sortis en 2009, pour évidemment n'en retenir qu'une petite part.
Si vous vous retrouvez là-dedans, alors peut-être ressentez-vous la même nausée de fin d'année, et si tel est le cas, faites m'en part dans les commentaires, ne me laissez pas me sentir aussi seul.





II - En 2009, il s'est passé quoi finalement ?

Des disques sont sortis, de bons et de mauvais moments ont été passés lorsque nous les avons écoutés, et tout ça c'est très bien, mais que peut-on retenir comme gros titres? Quels évènements et quels courants seront perpétuellement associés à la page Wiki consacrée à 2009? Voici ce que j'en retiens.

Les années 80 sont revenues et Shoegaze, Shitgaze et Chillwave se sont partagé le grand gâteau du lo-fi. Après quinze ans de status quo, Oasis a finalement perdu la bagarre britpop commencée au début des années 90, au profit de Blur qui s'est reformé avec succès pour amasser un gros paquet de livres sterling et qui a laissé dans son sillage un certain nombre d'adeptes plutôt malins (Esser, Golden Silvers), MJ a paumé sa couronne de King par KO et malgré mes lubies, personne ne l'a ramassée. Animal Collective a une fois de plus été sacré meilleur groupe indépendant du Monde de la Terre pendant qu'un nouveau chef d'œuvre de Jim O'Rourke passait plus ou moins inaperçu. Warp a fêté ses 20 ans avec plus ou moins de succès, La Roux et Little Boots ont relancé la machine Europop et Muse s'est enfoncé sous des draps toujours plus peinturlurés. Alain Bashung s'est éteint trop tôt, alors que Sliimy envahissait les plateaux télé. Julian Casablancas est revenu avec des synthétiseurs, et C'est Entendu est né. Le reste, ce qui a compté pour moi, et pour mes collègues, vous le savez, c'est ici et qu'il faut le chercher.

Et vous quel est l'évènement, le disque, l'artiste, ou le "truc" qui vous a le plus marqué en 2009 ?





III - De l'envie de tuer relative au crépi tapissant les boîtes crâniennes de tout un tas de plagiaires en strings et mini shorts :

Mon intention n'est nullement de tirer sur l'ambulance, loin s'en faut. Vous dire tout le mal que je pense de, disons, 95% de ce qui est passé en radio (ce qui "marche") n'aurait pas grand intérêt. D'abord parce que la plupart d'entre vous partagera mon opinion et à quoi bon nous caresser les roupettes dans le sens du poil en souriant, mais aussi parce que c'est trop facile. Ce que je veux démontrer ici c'est qu'il y a pire que d'enregistrer et de promouvoir des disques vides de sens et d'intérêt, il y a des gens pires que Coeur de Pirate, et son single au refrain horriblement bête (Comme des enfants) ou Empire of the Sun et leurs artworks redéfinissant le concept même du tout-à-l'égout. Il y a les plagiaires éhontés se vautrant dans la fange vomitoire de leur succès (ou espoir de succès) et traînant les Grands à qui ils ont fauché leurs larfeuilles dans la gadoue d'un non-sens sans équivoque. J'en ai deux en tête, et je m'en vais vous brosser leurs portraits :

Il en est des punkettes sans cervelles et court-vêtues qui cherchent à squatter les college charts américaines, et celle qui passe le plus sur les ondes chez nous est sans doute Katie Perry, mais la plus détestable à mon goût est tout de même Amanda Blank.

Cette fille tout droit sortie d'une photographie de Merlin Bronques n'a rien pour elle, et pourtant elle a sans doute plus tourné en 2009 que Frànçois, Ros et Morning Star réunis. Le problème n'est pas tant qu'elle s'habille comme une trainée, qu'elle aime que ses partenaires scéniques simulent l'acte sexuel avec elle, ou que son faible QI ne soit même pas compensé par une gueule d'amour. Ce qui lui fait défaut avant tout, c'est le talent. Alors pour passer outre ce léger accroc à son méticuleux plan pour devenir une punkette crado de plus, elle cite les Grands Noms qu'il faut (Richard Hell à qui elle pique son blason pour en faire un blase), porte des t-shirts "Sex Pistols" et plagie Romeo Void comme pas possible.

En guise de single, Amanda pompe le Never say Never du groupe new wave texan (on parle du début des années 80, donc) dont la chanteuse préfigurait (et enterrait) Beth Ditto à grands coups de popotin, et ça donne Might Like you Better, affreux pastiche fluo de M.I.A., ultra vulgos, et pour lequel Amanda reprend le refrain de Romeo Void "I might like you better if we slept together," qui était à l'origine d'une ironie teintée de malveillance, et qui ne semble plus être ici qu'une invitation au sexe, pure et simple, lancée par ce boudin sans cervelle qui aurait mieux fait de rester la groupie qu'elle était.

Malheureusement, elle n'est pas la seule dans son genre à me donner des boutons, et celle qui porte la couronne au Royaume du Punk Rock Américain Dégénéré, c'est P!nk.

L'affaire P!nk contre Osterberg se soldera-t-elle par un non-lieu ?
Cette sale petite pute vénale veut voler mon âme, tu vois ? Elle croit faire partie de l'espèce humaine, mais je crois qu'elle a tort. Et si elle n'a pas tort, alors considère moi comme le fléau de l'humanité, mec !

Trop masculine pour réellement pouvoir concourir face à des filles comme Katie Perry, Gwen Stefani ou Christina Aguilera, le crédo de P!nk (dont le nom sonnait mieux quand elle avait encore les cheveux roses) c'est de ruer dans les brancards, braillant à qui veut l'entendre que c'est l'heure de "commencer à faire la fête." Malheureusement, une voix rauque ne suffit pas à réussir et avec ce genre d'éternelles gamines de seize ans, prônant la débandade et l'amusement mais "jouant" la musique la plus aseptisée et commerciale possible, on aurait presque envie de retourner le principe établi par les premiers freaks (du Velvet Underground à Richard Hell), par lesquels on vivait la déchéance, à bonne distance. Dans le cas présent, il nous faudrait nous vautrer nous-même dans la fange pour le bon plaisir d'une P!nk faussement dévergondée, qui ne nous demande que ça, puisqu'elle ne peut s'en charger elle-même. Lou se droguait pour la cause, et P!nk nous donnerait presque envie de nous droguer pour elle.

Mais le bat blesse lorsque, non contente de nous infliger sa fausse bonne humeur et ses ballades mielleuses, P!nk défroque les Stooges et OSE intituler son dernier album "Funhouse," certainement (je l'espère malgré tout) en guise d'hommage au deuxième LP des Stooges, chef d'œuvre de violence mêlant punk rock et free jazz en une orgie explosive. Tout comme Amanda Blank n'ouvre le Grand Livre Pop que pour en regarder les images, P!nk ne parvient pas à dépasser le titre accrocheur d'un chapitre dont le contenu historico-musical n'a pas l'air de l'intéresser une seule seconde. Cela fait d'elle une triste personne.





IV - Un Moodswing comme celui-là ne peut pas être dû qu'à Obama :

J'ai une théorie bien fumeuse concernant la décennie tout juste écoulée, et j'aimerais bien avoir vos réactions là-dessus : il me semble qu'en l'espace de quelques années, l'humeur générale a changé du tout au tout. Je m'explique...

IV - 1) La Grande Dépression

Entre la seconde moitié des années 90 et, disons 2004 pour situer, j'ai l'impression qu'il régnait sur la musique indépendante et ses artistes une pesante mélancolie, un sacré spleen, voire même chez certains une bonne vieille dépression suicidaire. Souvenez-vous. En 1997, Radiohead (qui n'est pas vraiment un groupe indé, mais qui en a le statut malgré tout) dominait tous les propos avec "Ok Computer," un album que l'on ne se vanterait pas de pouvoir passer lors d'une Bar Mitzvah, et qui fut suivi par le rockumentaire "Meeting People is Easy" à savoir le plus déprimant des regards sur un groupe de rock (alors) jamais filmé. La même année, Damon Albarn se faisait plaquer et commençait à bouder, avec le clip de Beetlebum. En 1998, Cat Power sortait "Moon Pix," qui devait être l'un des premiers disques fondateurs de la folk en accords mineurs, genre majeur qui allait s'insinuer de façon prolongée et étendue au sein des années 00, pendant que Eels se mettait carrément au Prozac et au traitement par électrochocs ("Electro-Shock Blues"). Cette même-année, Gospeed You! Black Emperor inventait le Post Rock moderne (par opposition à celui touché du doigt par Talk Talk ou Bark Psychosis, quelques années plus tôt) entrevu l'année précédente par (les bien moins bons) Mogwai, en enregistrant "F#A#oo" et ouvrait la porte à quelques années d'occupation intensive des charts indés par de nombreux suiveurs (presque) tous plus rasoirs les uns que les autres. En 1998, toujours, Anton Newcombe, du Brian Jonestown Massacre, sombrait définitivement dans son addiction à l'héroïne, et c'est son acolyte Matt Hollywood qui devait s'occuper d'enregistrer le successeur de "Give it Back" pendant que Jeff Mangum sabordait Neutral Milk Hotel après la sortie de "In The Aeroplane Over The Sea," un disque de folk lo fi parmi les plus adulés par la critique indépendante (et le public) et parlant de Seconde Guerre Mondiale, de Camps, sur un ton émotionnel au possible. En 1999, pendant que Will Oldham voyait une ombre et le faisait savoir, Jason Molina et Trent Reznor continuaient leur psychanalyse, Low gagnait en notoriété avec "Secret Name" et The Black Heart Procession avec "2."



Tout aurait pu s'arrêter là, mais évidemment ces trois années pesèrent lourd en terme d'influence sur le début de la décennie suivante, et dans les années qui suivirent, le propos de la musique indépendante se vit embourbé dans une déprime passive assez fatigante (avec le recul). Il y avait alors la "folk tristoune" comme j'aime à l'appeler, cette variante mélancolique à souhait d'une musique folk américaine qui se voyait dépouillée de tout arrangement pouvant l'égayer, et qui n'avait d'yeux que pour les accords mineurs. On peut citer Cat Power, Smog, Cass McCombs, pour les plus intéressants du lot, mais c'est par dizaines que les suiveurs pathétiquement plats débarquèrent. Même Johnny Cash, sur sa série d'enregistrements "American" ne donnait pas vraiment dans la rengaine country singalong, et faisait aisément verser la larme à qui s'y laissait prendre.
Dans le même temps, Godspeed! You Black Emperor ayant splitté après quatre disques fondateurs, Constellation Records se nourrissait des multiples rejetons de la bête, parmi lesquels Thee Silver Mount Zion, Hrsta et bien d'autres, mais le label Montréalais n'était pas le seul à récolter le fruit de l'heure de gloire d'un genre devenu très vite auto-parodique (les longues plages instrumentales en accords mineurs, garnies de double-croches explosives après une montée en puissance très progressive : la recette miracle). De leur côté, Mogwai, Explosions in the Sky ou (surtout) Magyar Posse et de nombreux autres tiraient sur la même corde (reliant directement le nerf auditif à la fibre du souhissaïde).
Du côté de la pop, la même. Venus de Scandinavie, Sigur Ros, Under Byen et Mùm avaient amené avec eux un spleen glacé dont n'avaient pas vraiment besoin Radiohead, plus cafardeux que jamais avec le diptyque "Kid A / Amnesiac." On s'en souvient peut-être moins que de leurs cavalcades rouges et bleues mais avant de chanter "Viva la Vida," Coldplay s'était lancé avec un premier album beaucoup moins enthousiaste ("Parachutes" sorti en 2000) et un single pas franchement optimiste (Trouble). Ils n'étaient pas les seuls à avoir le bourdon à l'orée du siècle puisque Grandaddy pleurait Jed sur "The Sophtware Slump" alors que Yo la Tengo voyait la nuit tomber sur Hoboken où ils enregistraient "And then nothing turned itself inside out."

IV - 2) Interlude : Des Raisons à l'Aube du Millénaire

Pourquoi ne pas arrêter de tirer la tronche et manger un bon pain au chocolat, se mettre au taekwondo, je ne sais pas et on s'en fiche un peu, même si j'ai une autre théorie là-dessus, que je vous présente tout de suite, dans une parenthèse pas piquée des hannetons. Vous souvenez-vous des premières années des 00's ? Moi si. Et lorsque j'y repense, avant même de me représenter le spleen géant de l'indie, je me figure la probable cause d'un si puissant mal-être chez autant de musiciens, et ça n'est pas l'image des Deux Tours du World Trade Center qui me vient, mais celle des charts de l'époque. Vous souvenez-vous de ce que l'on y trouvait ? Le Nü Metal de Limp Bizkit, Korn, Nikelback et Pleymo (si vous vous souvenez de ces derniers, mes condoléances), qui devait s'éteindre en l'espace d'un an, aussi vite qu'il avait été créé, en fusionnant avec l'Emo Pop (Fallout Boy, The Calling), elle-même bâtarde du punk rock californien de Blink 182, Sum 41 et autres Alien Ant Farm. Voilà ce qui nous parvenait depuis l'autre côté de l'Atlantique. Ça et Britney Spears.
De ce côté de l'Océan, les choses n'étaient pas plus roses puisque le "rock" français faisait triompher Calogero et Gerald de Palmas pendant que le Plus Grand Revival Français de tous les temps était celui des comédies musicales, de Notre Dame à Roméo et Juliette en passant par Le Roi Soleil. Et alors que l'on ne soupçonnait pas encore l'affreuse vague fluo à venir (Yelle, TTC, Sébastien Tellier, Sliimy), on devait déjà supporter Grand Corps Malade, Abd Al Malik et toute la compagnie française de Slam.
Mais surtout, surtout, cette période a vu la naissance (1997), et la démocratisation de l'autotune, à savoir la pire chose qui soit jamais arrivée à la musique. Vous pouvez choisir de n'y voir qu'une coïncidence, de penser que des raisons socio-politiques sont davantage responsables de l'état maladif dans lequel une majorité d'artistes se complaisaient pendant ces années, mais pour moi c'est tout net : c'est l'autotune.

IV - 3) Climax et compagnie : Le désespoir dans la joie

Les années suivantes, un regain de forme morale commençait alors à se faire sentir, mais n'empêchait pas Beck de se sentir abattu ("Sea Change" en 2002), ni à The Notwist d'être les plus cools des boudeurs ou à Xiu Xiu de carrément se rêver en schizophrènes dépressifs... jusqu'à "Funeral."


Évidemment, les choses se sont faites de manière progressive, mais je ne peux m'empêcher de voir "Funeral" (le premier album d'Arcade Fire, sorti en 2004) comme l'ultime frontière entre l'indie tristoune des années précédentes et ce que ce pan de la musique populaire allait devenir par la suite. C'est selon moi le disque qui est parvenu à cristalliser l'angoisse de toute une génération d'artistes et à la transformer en énergie pure, faisant exploser une joie de vivre éclatante à partir d'un désespoir profond (lié à l'époque certes, mais aussi et surtout aux décès de plusieurs parents des membres du groupe). Surtout, il ne faut pas oublier que cet album est l'un des deux ou trois disques indépendants les plus appréciés (critique/public) de la décennie, et qui dit succès dit influence (et suiveurs, mais ça c'est une autre histoire). Si "Funeral" n'est pas particulièrement guilleret dans son propos, il n'est pas pour autant replié sur lui-même, avachi dans une mélancolie passive et contagieuse. Je reste convaincu que s'il n'est pas le seul responsable du changement d'humeur chez les musiciens indie, il n'en reste pas moins une sorte de détonateur ultime.

IV- 4) Le Village Joyeux Joyeux

Après cela, la musique indépendante devint "cool" et commença lentement à se démocratiser, avec l'essor d'Internet et le succès de plusieurs autres blockbusters dans le genre d'Arcade Fire. On en entend aujourd'hui partout, à la téloche, à la radio, au cinéma, dans les magasins. Et c'est un fait que si certains artistes de l'ère du spleen ont évolué en même temps que les mœurs (pensez à Cat Power et sa reconversion éclair, fichtre même Alan Sparhawk a retourné sa veste, et Thee Silver Mount Zion s'essaient aux accords majeurs depuis 2008), la reconversion ne s'est pas faite pour tous, et beaucoup de folkeux maussades sont retournés aux oubliettes, ou ont continué à produire la même musique pour les quelques-uns parmi vous qui ont besoin de leur dose. Peut-être bien que s'ils faisaient tous autant la gueule il y a dix ans, c'était parce que la musique indé n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui. Toujours est-il que depuis les choses ont bien changé, vous ne trouvez pas ? En lieu et place de clips en noir et blanc, ultra lents, nous montrant des visages fatigués et démoralisés, on a droit aujourd'hui à des clips hédonistes, toujours plus hardcores, où les corps dénudés sont légions et la musique fait la part belle au psychédélisme.



L'italo-disco est revenue, les Flaming Lips ont enfin acquis un statut de généraux, la chillwave n'est qu'une forme de trip supplémentaire, le shitgaze une envie adolescente de beugler dans son garage, et si l'on excepte le retour de quelques géants de l'époque, un brin anachroniques (Portishead, notamment), les Temps sont à la détente, à l'exploration, à un psychédélisme propret qui privilégie le sexe entre genres musicaux sans aucune concession. En 2000, Radiohead dominait le Monde Indé par sa popularité sans égale. En 2010, Animal Collective semble avoir pris la place, et là-dessus, tout est dit.


Joe

avec l'aide de Jarvis (portraits d'Amanda Blank et de P!nk) et Elaxis P. (top albums et mandarines)

jeudi 14 janvier 2010

[Tip Top] Grand Cru Classé, notre cuvée d'albums en 2009

Amis lecteurs, vous avez eu votre tribune, voici la nôtre. Il est temps de compter les points et de dresser le tableau de ce à quoi 2009 a pu ressembler pour la Rédaction de C'est Entendu. Voici 20 albums qui ont marqué une très bonne année :



1. The Snobs - Albatross

Forcément. Il va en falloir du temps pour faire le tour de cet album si particulier, si puissant. Il va en falloir des écoutes pour que s'érode le pouvoir hypnotisant de ce voyage sonique venu de nulle part, si jamais cela arrive. Il va en falloir des efforts pour qu'un autre groupe arrive à un tel niveau de maitrise et sorte un album de cette trempe. Chef d'œuvre, "Albatross" l'est totalement, on ne le dira jamais assez.








2. Grizzly Bear - Veckatimest

Vous l'avez encensé et nous approuvons. Mais en même temps, que pouvait-on faire d'autre devant un album qui s'ouvrait sur un morceau aussi puissant et contrôlé que l'imparable Southern Point et qui, en cinquante-deux très denses minutes, tout en nuances et en ménageant ses effets, prenait d'emblée de beaux airs de monolithe, d'objet fini irréprochable ? "Veckatimest" ne cesse jamais de dévoiler sa richesse écoute après écoute, et ressemble bien à un classique instantané, ni plus ni moins.







3. St. Vincent - Actor

Annie Clark, héroïne absolue de 2009. Avec "Actor," elle a créé un monstre, un album étrange et addictif aux influences concassées, où les guitares (très) distordues croisent des claviers doux sans vergogne dans un grand bazar au charme qui ne s'explique pas, et ne se comprend pas très bien non plus. Non contente d'offrir une musique totalement unique, elle est aussi responsable de quelques uns des meilleurs tubes de l'année, Actor Out Of Work en tête. La plus belle surprise de l'année.









4. DM Stith - Heavy Ghost

Au lieu de se satisfaire de tous les clichés les plus affreux liés à la folk indie des années 2000, c'est à dire des accords mineurs, un rythme ultra lent, des paroles émo (pensez Cat Power sur "You are Free" mais en nul : des dizaines, des centaines de disques comme ça sont sortis pendant dix ans), David Michael Stith a écrit de bonnes chansons, c'est un fait, mais il ne s'est pas contenté de les enregistrer en guitare/voix en espérant que ça passe et que l'on oublie les 200 autres enregistrements identiques sortis depuis dix ans, non, il les a arrangées avec classe, les hantant de bruits étranges, de cordes somptueuses. Il les a inter-connectées, leur donnant VIE, et par cette approche a réalisé l'un des disques les plus fourmillant de détails (à découvrir à chaque écoute) que l'on pouvait espérer voir surgir des méandres de la "folk tristoune".


5. SunJ - Bash Hurricane!

Il ne suffit pas d'apprendre des meilleurs (John Fahey, Jim O'Rourke, Blur...) pour faire un grand disque. Il faut aussi savoir écrire des chansons (Bash Hurricane), savoir surprendre l'auditeur (A Harsh Teatime), glisser un single évident (Blind Jack Attack), bien s'entourer (Le Aids), savoir doser humour et talent (Jim & Mary Cheers) et sortir le disque au bon moment (juste avant l'Été). En somme, "Bash Hurricane" est l'un des meilleurs disques de l'année, celui qui aura marqué l'Été 2009, et la révélation d'un artiste (français) à ne pas manquer !









6. Girls - Album

Est-ce que cet "Album" passera l'hiver? L'écouterons-nous encore dans quelques mois? La question reste entière, mais nous ne regrettons rien de l'enthousiasme avec lequel nous avons pu parler de Girls cette année, quoiqu'en disent les détracteurs face auxquels nous serions d'ailleurs bien incapables de nous défendre. Il y a un sentiment adolescent si particulier dans cet album qui fait qu'on y est bien, très bien. Un genre de "Comment la musique sauve des vies, en 12 morceaux pop."








7. Fever Ray - Fever Ray

Déjà la meilleure dans sa catégorie avec The Knife, le premier essai solo de Karin Dreijer Andersson est une nouvelle réussite. Sorte de pop sombre et intimiste, portée par des claviers entre Vangelis et Kate Bush et des beats malins et discrets, sa musique est une bien meilleure "folk" que Bon Iver n'en jouera jamais. Bienvenue dans le 21ème siècle, les enfants.









8. Jim O'Rourke - The Visitor

A l'issue de la semaine Jim O'Rourke que nous avions organisée il y a quelques mois, nous aurions voulu publier une review de "The Visitor." Mais les mots nous ont manqué. Comment décrire ce long morceau (46 minutes !) passionnant, dense, mystérieux dans lequel Jim s'est résumé tout en offrant des pistes musicales passionnantes pour l'avenir ? Nous avons jeté l'éponge face à l'ouvrage. Reste cette Americana déconstruite dans laquelle on cherche toujours avec joie un sens, chose que l'on ne trouve jamais vraiment.








9. Ray Rumours - Le Pont Suspendu

Aimer cet album, c'est pas juste l'apprécier vaguement comme un essai folk sympathique, non, c'est en tomber littéralement amoureux, ni plus ni moins, il n'y a pas d'autre choix possible. Sincérité désarmante et chansons d'une douceur infinie, la musique de Ray Rumours vous touche directement au cœur. Et l'album de devenir quelque chose comme un refuge musical où l'on est bercé par la voix timide de Ros Murray.








10. Handsome Furs - Face Control

Dan Boeckner est l'un des deux songwriters de Wolf Parade, mais ce duo (avec sa femme) est en quelque sorte la rencontre entre les beats dansants de New Order, le gros son de U2, mais ROCK. Vous ne comprenez pas ? Vous ne pouvez pas comprendre la pochette non plus ? C'est dommage parce que personne n'a aussi bien rocké en 2009 que ces deux-là, leur guitare et leurs machines.








11. Golden Silvers - True Romance

Si l'on devait définir les bases communes à tous les rédacteurs ici présents, on serait bien embêté, tant nos goûts et nos couleurs, pourtant issus de la même souche pop (disons les Beatles pour résumer), divergent considérablement passé un certain point. Cependant, il y a des groupes qui rassemblent une majorité d'entre nous, et parmi eux Blur.
Partant de là, un disque de pop britannique aussi bon que celui-là, un accent anglais aussi (impeccablement) prononcé que celui de Gwylim Gold ne peuvent que nous convaincre.









12. Times New Viking - Born Again Revisited

Dans le livret de "Born Again Revisited," il est écrit "Fuck Your Blog". Et pourtant, on ne peut pas s'empêcher d'aimer ce trio. Donnant enfin au shitgaze ses lettres de noblesse, Times New Viking a réussi avec cet album a offrir un album insidieusement pop rempli de bruit blanc et de fureur mélancolique et molle. Avec de surcroit Move To California en grand hymne défaitiste de l'année.








13. Le Aids - Cum To Get Her

Le Aids est l'un des nôtres, certes, cela n'empêchera pas l'ensemble (Rédacteurs - Le Aids) de discuter de sa musique, laquelle, toujours influencée par Blur, mais récemment éprise de rock des 90 et de shitgaze, crache sur ce second LP une giga dose de décibels sous forme de mélodies mémorables, de refrains sing-alongs, de guitares porteuses-du-grand-Boucan et d'arrangements minutieux. On en redemande.









14. The Fiery Furnaces - I'm Going Away

Après avoir fait un prog-rock post-moderne incompréhensible avec claviers, les Fiery Furnaces - groupe malade - se sont lancés avec "I'm Going Away" dans une formidable perversion du classic rock 70's pour un résultat aussi addictif que jouissif. Et au milieu de morceaux toujours aussi tordus, la voix impériale d'Eleanor qui éructe des kilomètres de mots avec une classe ultime qui laisse pantois.








15. The Dirty Projectors - Bitte Orcca

Cet album divise autant que les prestations live du groupe (j'ai vu de mes yeux vu la moitié d'un auditoire littéralement s'enfuir après trois chansons jouées par le groupe) alors qu'il justifie le R&B commercial par la réutilisation expérimentalement POPPY qu'ils en font. D'abord, Dave Longstreth est l'un des grands guitaristes de la décennie écoulée (son aisance, et ses influences africaines), et ses notes éparses de guitare claire, sa voix (toujours quasi fausse), ses meufs (et leurs vocalises incroyables) et son batteur (sous-estimé mais très très bon) en font la découverte de 2009 dans la catégorie "incroyablement NOUVEAU".







16. Frànçois & The Atlas Moutains - Plaine Inondable

Peu de gens le savent mais le meilleur album chanté (à moitié) en Français sorti en 2009, on ne le doit ni à Dominique A, ni à Coeur de Pirate, mais bien à Frànçois Marry et ses Atlas Mountains. En faisant appel à une chorale polyphonique basque, Frànçois a élargi son univers pop timide et sympathique (la présence que dégage le groupe sur scène lorsqu'il interprète de tels morceaux est proprement surprenante).









17. Bibio - Ambivalence Avenue

Moins aventureux peut-être que son collègue Hudson Mohawke, moins classique que Clark, Bibio a mené sa barque plus loin que l'on aurait pu l'espérer. De "post-Boards of Canada" sa musique est devenue plus personnelle et à la fois plus éclatée, empruntant autant au hip-hop qu'à l'Idm, au DJing et à la pop.
Un disque qui regarde le futur dans le blanc des yeux, sans sourciller.








18. Animal Collective - Merriweather Post Pavilion

Vous vous doutez bien que c'est un miracle de trouver cet album dans notre top tant il divise ici. Et pourtant, ceux qui ont vu la lumière à travers cet incroyable maelström sonore organique y ont découvert des sommets de pureté psychédélique qui alterne contemplations rêveuses, transes païennes et pop mélancolique, voire même les trois ensemble.








19. The Drums - Summertime ! EP

Une bouffée d'air chaud a soufflé sur l'Automne 2009. Les Drums, de Brooklyn, ont déboulé pour emmener tout le monde surfer, tout un programme. Ils sont jeunes, ils ont écouté Morrissey et les Hoodoo Gurus, ils ont de l'humour et des refrains, et leur pop est d'une fraîcheur pas possible : résultat, on attend leur premier album comme Léo Messi.








20. Morning Star - A Sign For The Stranger

L'air de rien et les mains dans les poches, Morning Star a sorti l'album le plus sympathique de l'année, rempli de ritournelles pop aussi simples que chaleureuses qui bercent n'importe quelles saisons. Et s'il semble malheureusement que Jesse D. Vernon ne deviendra pas maître de la musique moderne avec cet album, il reste pour nous un favori, un chouchou, qu'on ne se lasse pas d'écouter et de soutenir.






N'hésitez pas à commenter nos choix, et à nous demander pourquoi diable tel ou tel album ne figure pas dans cette liste. On vous donnera des raisons absurdes et des arguments indéfendables, et après on ira manger une glace, tous ensemble.


La Rédaction

vendredi 8 janvier 2010

[Tip Top] Le Choix des Lecteurs pour l'année 2009

Chers lecteurs, nous vous remercions.

Tout d'abord pour le soutien que vous avez apporté à C'est Entendu depuis ses débuts en Février 2009, mais aussi pour votre feedback, vos commentaires et vos avis fascinants sans lesquels nous aurions l'air de nous adresser à quatre murs. Et enfin, nous vous remercions d'avoir été si nombreux à répondre au Référendum 2009, avec parfois des remarques amusantes pour illustrer vos choix. Il est grand temps que nous vous livrions le résultat de cette prise de pouls, avec force commentaire :

Vous avez choisi



Le Meilleur Album de 2009 :

#1 The Snobs - Albatross

Nombre d'entre vous étant initiés à la scène underground française, point d'Animal Collective ici mais bien le septième album du duo de Milly-la-Forêt. Un album mêlant folie krautrock, raffinements pop et modernité pleine d'humour dont on vous avait parlé avec enthousiasme.

C'est un véritable plébiscite qui voit ainsi "Albatross" atteindre le sommet de vos charts. Et pour ceux qui n'auraient pas encore écouté le disque, il est toujours temps puisque les Snobs le laissent à disposition de tout un chacun en téléchargement gratuit.



#2 Grizzly Bear - Veckatimest

Un choix plus classique, mais néanmoins judicieux puisqu'une fois de plus, c'est celui d'un album à la fois accessible et ambitieux, un disque pointu de folk chorale. Moins barbu que Fleet Foxes, moins hanté que DM Stith, le penchant acoustique d'Animal Collective... avec des chansons, cependant.





La Meilleure Chanson de 2009 :

Il a été assez difficile de vous départager dans cette catégorie, tant nous aurions certainement dû vous faire choisir au sein d'une liste pré-établie (peut-être parmi de réels "singles" plutôt que de vous laisser choisir n'importe quelle chanson issue d'un album sorti en 2009) afin de ne pas nous retrouver avec des dizaines de chansons différentes proposées. Cependant, nous avons quand même isolé une demi douzaine de chansons que vous avez été plusieurs à citer, et ce sont ces six-là, sans ordre particulier, qui resteront comme vos favorites de 2009 :



Papercuts - Future Primitive


Sa simplicité (étonnante au milieu du brouillard psychédélique de l'album dont elle est tirée) vous a séduits. Sa présence sur le Peu Importe Volume 1 n'était pas un hasard : Future Primitive est l'une des chansons les plus accrocheuses de l'année. Et voici le clip.



La Roux - Quicksand


On dira ce qu'on voudra, et ses détracteurs n'ont pas forcément tort, mais les trois ou quatre singles issus du premier album de cette jeune anglaise coiffée comme Sangoku ont été autant d'occasions de chanter très haut et de se dandiner l'été dernier. Mauvais goût ? Certes, mais (plus) efficace (que Lady Gaga). Voici le clip.



Jeffrey Lewis - Roll, bus, roll


Peut-être la plus surprenante des chansons dans ce top, la très chouette balade signée par l'increvable Jeffrey Lewis (dont on n'a effectivement pas suffisamment parlé ici) ne dénote pas avec le reste de vos choix. Parfois les choses les plus simples triomphent. Regardez le Concert à Emporter.



Le Aids - Pockets full of acetone


Sorti tardivement, le second album de Le Aids n'a pas eu le temps de grimper au sommet des podiums dans les autres catégories mais l'une de ses chansons a tout de même réussi à vous choper au point qu'elle apparaisse ici.
Contient un refrain ultra cool et un humour débordant des paroles jusqu'au chant (le passage de goofy bossa au milieu a du en surprendre plus d'un). Téléchargez gratuitement l'album ici.



Grizzly Bear - Southern Point


Ca n'est pas le tube (Two Weeks) de Grizzly Bear que vous avez choisi mais la chanson qui ouvre "Veckatimest." Folk ingénieuse, maline, expérimentale et confortable comme une vieille paire de pantoufles rapiécées, Southern Point est un régal labyrinthique, dont voici une chouette version live.



Handsome Furs - Evangeline


Le rock le plus sexy de l'année, probablement, puisque plusieurs parmi vous ont trouvé l'intro d'Evangeline aussi bandante que le couple Boeckner/Perry. L'efficacité du beat électronique et du son de guitare couillu ne sont plus à prouver. Regardez cette version live pour vous en assurer.




Le Meilleur groupe de 2009 :

#1 Grizzly Bear

Depuis 2006 et le succès de "Yellow House," le statut de Grizzly Bear aux yeux de la presse est allé crescendo. La très bonne surprise que fut le second album de Department of Eagles en 2008 et la sortie de "Veckatimest" en 2009, avec en guise de single un véritable "tube" (utilisé pour illustrer une publicité TV en France, tout de même !), Two Weeks, n'ont fait que conforter l'envergure qu'ont pris les quatre meneurs de la scène de Brooklyn, qui ont été jusqu'à attirer Beyonce et Jay-Z à leurs concerts.



#2 The Snobs

Depuis leurs débuts en 2003, chacun de leurs sept albums (et multiples autres sorties) a récolté un public plus grand et de plus vives louanges. En partant du noise rock et en passant par le krautrock, la pop bizarre et le post rock, ils sont arrivés cette année à rallier tout le monde en enregistrant un album follement ambitieux mêlant toutes leurs influences. Probablement le groupe français le plus important de la décennie, vous les avez clairement hissés à la place qui leur revient en les mettant au coude à coude avec Grizzly Bear.




Le Meilleur Concert vu en 2009 :

#1 Grizzly Bear

Soigneusement alignés au milieu de lampions spectraux, les quatre de Brooklyn semblent encore un peu surpris de trouver un tel public venu faire trembler les murs sur leur folk d'orfèvre de laquelle naissent des hymnes improbables. La narration en tremolo et guitares frustrées par le delay de Daniel Rossen, la basse plombante de Chris Taylor, les envolées lyriques sous reverb d'Edward Droste et les respirations rythmiques du batteur Christopher Bear : chacun à sa place, méticuleusement, ils reconstruisent les sons et les structures amenant à des climax aussi prenants que While You Wait For the Others, qui prend tout son sens en live. Et alors on ne peut que constater que la hype qui les entoure depuis "Veckatimest" (ou depuis la tournée avec Radiohead, par extension) est bien méritée.


#2 St Vincent

Annie Clark sur scène, c'est la classe absolue de ses chansons mise dans un corps humain, et vous l'avez très bien compris, lecteurs. Il faut la voir se tordre en faisant des solos absolument dégoutants et épiques au milieu de morceaux qui semblaient, comme nous, ne jamais s'attendre à ça (elle a même dit en interview que quitte à ce que l'on se souvienne d'elle pour quelque chose, elle préfèrerait que ce soit pour son jeu de guitare). Et même si cette année on n'a pu la voir que toute seule sur scène en Europe avec des boucles pré-enregistrées, on ose espérer un retour prochain avec un saxophoniste pour balancer les gros riffs tordus de Marrow ou Actor Out Of Work.


#3 Dirty Projectors

Encore plus convaincante sur scène, la formule de Dave Longstreth est on ne peut plus efficace : alors qu'il tricote sur sa guitare (un motif ressemblant à un Stephen Malkmus ghanéen), la batterie tape fort et les trois demoiselles qui l'accompagnent réinventent le concept même de chorale en l'adaptant à une sorte de pop autant influencée par Mariah Carey que par la musique expérimentale. Les malins chantent en chœur, les autres fuient la salle.




La Révélation de 2009 :

#1 Girls

C'était à prévoir, avouez-le. Ils étaient notre grand espoir en 2008, ils sont votre révélation de 2009. A force de hype, de talent et du seul article écrit à quatre mains en 2009 sur C'est Entendu, ils se sont fait une place de choix dans vos cœurs. Leur "Album" n'est peut-être pas le plus parfait ou le plus original de l'année, mais il aura été le plus attachant, tout comme l'ont été leurs lives et l'abondance de singles et de clips avec lesquels Christopher Owens et Chet Jr. White ont occupé l'année comme si (ou puisque) elle était la leur.



#2 St Vincent

Annie n'a pas été découverte cette année, certes, mais son second album aura eu le mérite de lui offrir un plus large public, lequel ne s'est pas contenté de craquer sur ses yeux et ses jolies bouclettes, mais aussi sur ses douces chansons bourrées de guitares bruyantes comme on les aime. En 2009, St Vincent aura partagé la rédaction autant que vous, lecteurs, mais il semblerait que le "pour" l'ait emporté sur le "contre."





#3 SunJ

Dernier né de la scène underground Essonne/Seine St Denis, SunJ a enregistré avec la collaboration de Le Aids l'un des meilleurs disques de (l'été) 2009 et vous avez été nombreux à trouver votre compte avec sa pop acoustique aussi rafraichissante qu'une brise légère sur une plage des Caraïbes. On attend impatiemment le second album, prévu pour 2010.





Le Pire Truc de 2009 :

#1 Animal Collective

Évidemment les avis ici ont été très partagés et vous n'êtes pas une écrasante majorité à avoir élu Animal Collective "pire truc de l'année," mais leur élection soulève deux points importants :

- Tout d'abord ce n'est pas réellement Animal Collective, le groupe, que vous avez détesté, mais plutôt la hype démesurée et débilitante autour d'eux ou les "fans inconditionnels" trouvant que leur musique est "dansante et accessible" et ayant choisi "Merriweather Post Pavillion" comme leur disque de l'année à sa sortie en... Janvier 2009 (!!). Voilà plutôt ce qui a eu le don d'irriter nombre d'entre vous. A ce propos, si vous lisez l'anglais, ceci vous éclairera.
- Nous savons que vous avez du goût et que vous lisez et comprenez ce qui se passe ici, mais qu'Animal Collective se retrouve "pire truc de l'année" (même si le groupe lui-même ne mérite pas ça) et ne tire le gros lot dans aucune des autres catégories (album de l'année, groupe de l'année...) comme cela a été le cas dans bien 90% des tops à travers le net, c'est pour nous une petite victoire, un étendard que l'on pourrait déployer sur la bannière de C'est Entendu : "Animal Collective n'est PAS le groupe de 2009."

Chers lecteurs, merci.


#2 Muse

Un choix plus évident, tant il est vrai que depuis "Origin of Symetry" (ou depuis le début en fait), Muse n'a fait que dégringoler les innombrables étages de l'escalier en colimaçon du ridicule, jusqu'à atteindre cette année le rez-de-chaussée minable auquel sont installés tous les sosies de Freddie Mercury et autres animateurs de radio sans cervelle. "The Resistance" est le pire disque de prog rock symphonique sorti depuis longtemps, et les paroles niaises de Matthew Bellamy rivalisent de laideur avec la pochette de l'album. N'en parlons plus.






Le Plus chouette article paru sur C'est Entendu en 2009 :

Avec cette catégorie, un brin narcissique, nous souhaitions avant tout savoir comment vous plaire en 2010, comment décrocher vos faveurs, ce qui vous fait grimper au rideau, et nous n'avons pas été déçus puisque vous avez cité bon nombre d'articles desquels nous étions plutôt satisfaits. Le trio de tête est pourtant ex-aequo sur la ligne d'arrivée et il se compose de (dans l'ordre de parution) :



par Joe

Une grande rétrospective en deux parties sur le plus fameux des rock critics, et l'une des influences majeures de la Rédaction de C'est Entendu. L'occasion pour vous de découvrir ou redécouvrir l'homme, sa prose, ses frasques... et sa musique !







La plus complète des encyclopédies consacrées sur Internet aux Desperate Bicycles, ce groupe oublié de la fin des années 70. Avec la possibilité de télécharger gratuitement l'intégralité de leur discographie, en cliquant ici.




La chronique de disque que vous avez préférée cette année est consacrée à Ray Rumours, alias Ros Murray, alias la bassiste d'Electrelane, qui a sorti un album de folk/pop doux et personnel, que nous vous conseillons encore une fois d'écouter... et d'acheter.










Il nous reste à vous remercier encore une fois, à vous encourager à commenter ces choix (qui ne sont pas forcément les vôtres, mais sachez que chacune de vos réponses, si éloignés qu'aient été vos choix de ceux de la majorité, a été lue par nous avec plaisir et intérêt), et à vous informer que les tops albums de la rédaction ("2009" et "de la décennie") seront bientot publiés, avec moult commentaires. A dans douze mois pour un nouveau référendum.


La Rédaction