Pour ceux d'entre vous qui seraient passés à travers le tsunami Animal Collective, depuis une dizaine d'années, sachez qu'il s'agit de l'un des groupes indépendants américains les plus quotés, en passe de devenir aussi populaires qu'Arcade Fire dans les milieux indés, et formé par quatre jeunes musiciens de Baltimore, rebaptisés Avey Tare, Panda Bear, Geoglogist et Deakin (guitariste absent sur cet album), se partageant chant(s), électronique, et boites à rythme...
Les précédents enregistrements du groupe, tous plus ou moins emprunts de néo-psychédélisme semi-hippie expérimental, ne m'ont jamais chopé. Je ne suis pas quelqu'un qui chavire pour des sons en premier lieu. Il me faut des chansons, il me faut de la violence, et je trouve d'avantage de violence dans un album de Belle & Sebastian que chez Animal Collective, c'est dire. Cependant, il y a bien une chose qui m'a toujours fait penser que mon avis sur ce groupe pourrait prendre un U-turn: les harmonies vocales, rappelant la pop des Beach Boys, parfois, mais malgré tout toujours très originales et entêtantes, comme sur Peacebone ou Leaf House, probablement les deux seules chansons que j'ai pu réécouter sans m'ennuyer.
Pour ce nouvel album, sans guitariste, et donc beaucoup plus électronique que Sung Tongs, par exemple, il me semble que le groupe s'est retrouvé dans une position les obligeant à mettre encore plus d'énergie dans le chant et les harmonies vocales, ce qui en fait le meilleur album d'Animal Collective à ce jour, parce que des harmonies comme celles de My Girls, le single (cf. le clip), ou des mélodies comme celle de Lion in a coma, sont de gros atouts pop et occupent très rapidement le subconscient et l'on se met à fredonner ces mélodies comme si elles étaient des tubes entendus à la radio.
Je reconnais au groupe ces deux qualités indéniables: le sens de la mélodie et l'expérimentation.
Malgré tout cela, je ne peux m'empêcher de m'ennuyer sur la majorité des titres de l'album, pétri de longueurs (l'intro de My Girls, l'intro de Summertime Clothes...) gâchant inlassablement le plaisir des mélodies, et n'allant parfois nulle part (Brothersport, c'était bien essayé, les mecs, mais ça reste la chanson la plus goofy du mois, comme si un clown sous acide était raccompagné en ambulance après avoir ouvert son impair devant des kids). Comme certains l'ont dit avant moi, j'ai parfois l'impression que lorsqu'Animal Collective réussit une chanson, ils font quasiment du Akron/Family (et inversement, on dit parfois qu'Akron/Family est un Animal Collective qui saurait écrire des chansons, libre à vous de maudire cet avis), et sur Lion in a coma, la meilleure chanson du lot, j'ai clairement cette impression. Si le groupe parvenait d'avantage à libérer la folie qui l'habite, comme sur ce morceau, il en serait bien meilleur. Comme le disent les paroles:
This wilderness up in my head,Qu'ajouter à cela ? C'est un besoin applicable à une énorme majorité de musiciens actuels, d'ailleurs. Arrêtez de porter des t-shirts "Punk's not dead" et agissez en tant que tels, dans votre musique comme dans votre chambre à coucher.
This wilderness up in my head,
This wilderness needs to get right out of my clothes and get into my bedroom.
Animal Collective est sur la bonne route, mais ses membres ont encore un long chemin devant eux avant de me convaincre qu'ils sont autre chose qu'un groupe indé à peine au-dessus de la moyenne.
je peux pas faire confiance à un groupe qui n'utilise que des synthétiseurs. je peux pas. album chiant comme la pluie et d'une vulgarité pop qui semble n'étonner que moi. les beach boys? j'entend surtout un vague machin horriblement catchy à tout bout de chant qui se traine en longueur. "Brothersport (...) comme si un clown sous acide était raccompagné en ambulance après avoir ouvert son impair devant des kids" : meilleure comparaison.
RépondreSupprimerJe commence à vraiment aimer cet album et à y voir plus clair. Derrière la production bordélique remplie de toutes sortes de textures, du synthétiseur le plus ringard de Bluish au piano classe de Guy's Eyes, il y a de véritables chansons. Brothersport est certainement le morceau le plus faible avec Daily Routine dans son écriture. Mais My Girls, Guy's Eyes ou l'immense In The Flowers font preuve d'une réelle invention dans la superposition des voix et les structures. Le groupe parvient à être répétitif tout en restant profondément pop. Les suites d'accords réussissent souvent le pari d'être rassembleuses et majestueuses à la fois. Et c'est ce qui fait que j'aime cet album alors que je n'aime pas les albums précédents, parce qu'il est pop et qu'il est rempli de mélodies mélancoliques, pas si éloignées des United States of America ou de White Noise, ce genre de pop américaine sixties underground qui a ce parfum caractéristique de paradis perdu mais écrasé avec talent par des bizarreries sonores. Bien sûr je n'irai jamais jusqu'à dire qu'il s'agit d'un groupe révolutionnaire parce que tous les éléments pour lesquels ils sont salués (harmonies vocales et textures riches) ont déjà développées par le passé et parfois avec plus de réussite. Il faut avouer que Animal Collective a un côté un peu désincarné dans le son qui est difficile à appréhender pour le fan de rock.
RépondreSupprimerAutant le groupe n'est pas très fin en live, autant je crois que l'album est tout sauf vulgaire. Il a un côté un peu gentillet et mignon dans ses mélodies qui peut énerver, mais là encore, je trouve que c'est leur album le plus profond. Il y a un côté rêverie nostalgique dans certaines chansons, Also Frightened ou In The Running, qui est proprement unique et pas démonstratif. J'y entends une collection de très belles chansons, inventives et uniques. Ça n'en fait pas le meilleur groupe du monde, c'est certain mais c'est déjà pas mal.
Duck.
Je te remercie pour ce chouette contrepoint, avec lequel je ne suis pas vraiment en désaccord, parce qu'une bonne part de mon attitude mitigée face à ce groupe est en rapport avec mes goûts et mon ressenti, c'est certain.
RépondreSupprimer"No More Running" m'emmène quelque part très loin dans l'espace. C'est extraordinaire.
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