C'est entendu.

jeudi 14 janvier 2010

[Tip Top] Grand Cru Classé, notre cuvée d'albums en 2009

Amis lecteurs, vous avez eu votre tribune, voici la nôtre. Il est temps de compter les points et de dresser le tableau de ce à quoi 2009 a pu ressembler pour la Rédaction de C'est Entendu. Voici 20 albums qui ont marqué une très bonne année :



1. The Snobs - Albatross

Forcément. Il va en falloir du temps pour faire le tour de cet album si particulier, si puissant. Il va en falloir des écoutes pour que s'érode le pouvoir hypnotisant de ce voyage sonique venu de nulle part, si jamais cela arrive. Il va en falloir des efforts pour qu'un autre groupe arrive à un tel niveau de maitrise et sorte un album de cette trempe. Chef d'œuvre, "Albatross" l'est totalement, on ne le dira jamais assez.








2. Grizzly Bear - Veckatimest

Vous l'avez encensé et nous approuvons. Mais en même temps, que pouvait-on faire d'autre devant un album qui s'ouvrait sur un morceau aussi puissant et contrôlé que l'imparable Southern Point et qui, en cinquante-deux très denses minutes, tout en nuances et en ménageant ses effets, prenait d'emblée de beaux airs de monolithe, d'objet fini irréprochable ? "Veckatimest" ne cesse jamais de dévoiler sa richesse écoute après écoute, et ressemble bien à un classique instantané, ni plus ni moins.







3. St. Vincent - Actor

Annie Clark, héroïne absolue de 2009. Avec "Actor," elle a créé un monstre, un album étrange et addictif aux influences concassées, où les guitares (très) distordues croisent des claviers doux sans vergogne dans un grand bazar au charme qui ne s'explique pas, et ne se comprend pas très bien non plus. Non contente d'offrir une musique totalement unique, elle est aussi responsable de quelques uns des meilleurs tubes de l'année, Actor Out Of Work en tête. La plus belle surprise de l'année.









4. DM Stith - Heavy Ghost

Au lieu de se satisfaire de tous les clichés les plus affreux liés à la folk indie des années 2000, c'est à dire des accords mineurs, un rythme ultra lent, des paroles émo (pensez Cat Power sur "You are Free" mais en nul : des dizaines, des centaines de disques comme ça sont sortis pendant dix ans), David Michael Stith a écrit de bonnes chansons, c'est un fait, mais il ne s'est pas contenté de les enregistrer en guitare/voix en espérant que ça passe et que l'on oublie les 200 autres enregistrements identiques sortis depuis dix ans, non, il les a arrangées avec classe, les hantant de bruits étranges, de cordes somptueuses. Il les a inter-connectées, leur donnant VIE, et par cette approche a réalisé l'un des disques les plus fourmillant de détails (à découvrir à chaque écoute) que l'on pouvait espérer voir surgir des méandres de la "folk tristoune".


5. SunJ - Bash Hurricane!

Il ne suffit pas d'apprendre des meilleurs (John Fahey, Jim O'Rourke, Blur...) pour faire un grand disque. Il faut aussi savoir écrire des chansons (Bash Hurricane), savoir surprendre l'auditeur (A Harsh Teatime), glisser un single évident (Blind Jack Attack), bien s'entourer (Le Aids), savoir doser humour et talent (Jim & Mary Cheers) et sortir le disque au bon moment (juste avant l'Été). En somme, "Bash Hurricane" est l'un des meilleurs disques de l'année, celui qui aura marqué l'Été 2009, et la révélation d'un artiste (français) à ne pas manquer !









6. Girls - Album

Est-ce que cet "Album" passera l'hiver? L'écouterons-nous encore dans quelques mois? La question reste entière, mais nous ne regrettons rien de l'enthousiasme avec lequel nous avons pu parler de Girls cette année, quoiqu'en disent les détracteurs face auxquels nous serions d'ailleurs bien incapables de nous défendre. Il y a un sentiment adolescent si particulier dans cet album qui fait qu'on y est bien, très bien. Un genre de "Comment la musique sauve des vies, en 12 morceaux pop."








7. Fever Ray - Fever Ray

Déjà la meilleure dans sa catégorie avec The Knife, le premier essai solo de Karin Dreijer Andersson est une nouvelle réussite. Sorte de pop sombre et intimiste, portée par des claviers entre Vangelis et Kate Bush et des beats malins et discrets, sa musique est une bien meilleure "folk" que Bon Iver n'en jouera jamais. Bienvenue dans le 21ème siècle, les enfants.









8. Jim O'Rourke - The Visitor

A l'issue de la semaine Jim O'Rourke que nous avions organisée il y a quelques mois, nous aurions voulu publier une review de "The Visitor." Mais les mots nous ont manqué. Comment décrire ce long morceau (46 minutes !) passionnant, dense, mystérieux dans lequel Jim s'est résumé tout en offrant des pistes musicales passionnantes pour l'avenir ? Nous avons jeté l'éponge face à l'ouvrage. Reste cette Americana déconstruite dans laquelle on cherche toujours avec joie un sens, chose que l'on ne trouve jamais vraiment.








9. Ray Rumours - Le Pont Suspendu

Aimer cet album, c'est pas juste l'apprécier vaguement comme un essai folk sympathique, non, c'est en tomber littéralement amoureux, ni plus ni moins, il n'y a pas d'autre choix possible. Sincérité désarmante et chansons d'une douceur infinie, la musique de Ray Rumours vous touche directement au cœur. Et l'album de devenir quelque chose comme un refuge musical où l'on est bercé par la voix timide de Ros Murray.








10. Handsome Furs - Face Control

Dan Boeckner est l'un des deux songwriters de Wolf Parade, mais ce duo (avec sa femme) est en quelque sorte la rencontre entre les beats dansants de New Order, le gros son de U2, mais ROCK. Vous ne comprenez pas ? Vous ne pouvez pas comprendre la pochette non plus ? C'est dommage parce que personne n'a aussi bien rocké en 2009 que ces deux-là, leur guitare et leurs machines.








11. Golden Silvers - True Romance

Si l'on devait définir les bases communes à tous les rédacteurs ici présents, on serait bien embêté, tant nos goûts et nos couleurs, pourtant issus de la même souche pop (disons les Beatles pour résumer), divergent considérablement passé un certain point. Cependant, il y a des groupes qui rassemblent une majorité d'entre nous, et parmi eux Blur.
Partant de là, un disque de pop britannique aussi bon que celui-là, un accent anglais aussi (impeccablement) prononcé que celui de Gwylim Gold ne peuvent que nous convaincre.









12. Times New Viking - Born Again Revisited

Dans le livret de "Born Again Revisited," il est écrit "Fuck Your Blog". Et pourtant, on ne peut pas s'empêcher d'aimer ce trio. Donnant enfin au shitgaze ses lettres de noblesse, Times New Viking a réussi avec cet album a offrir un album insidieusement pop rempli de bruit blanc et de fureur mélancolique et molle. Avec de surcroit Move To California en grand hymne défaitiste de l'année.








13. Le Aids - Cum To Get Her

Le Aids est l'un des nôtres, certes, cela n'empêchera pas l'ensemble (Rédacteurs - Le Aids) de discuter de sa musique, laquelle, toujours influencée par Blur, mais récemment éprise de rock des 90 et de shitgaze, crache sur ce second LP une giga dose de décibels sous forme de mélodies mémorables, de refrains sing-alongs, de guitares porteuses-du-grand-Boucan et d'arrangements minutieux. On en redemande.









14. The Fiery Furnaces - I'm Going Away

Après avoir fait un prog-rock post-moderne incompréhensible avec claviers, les Fiery Furnaces - groupe malade - se sont lancés avec "I'm Going Away" dans une formidable perversion du classic rock 70's pour un résultat aussi addictif que jouissif. Et au milieu de morceaux toujours aussi tordus, la voix impériale d'Eleanor qui éructe des kilomètres de mots avec une classe ultime qui laisse pantois.








15. The Dirty Projectors - Bitte Orcca

Cet album divise autant que les prestations live du groupe (j'ai vu de mes yeux vu la moitié d'un auditoire littéralement s'enfuir après trois chansons jouées par le groupe) alors qu'il justifie le R&B commercial par la réutilisation expérimentalement POPPY qu'ils en font. D'abord, Dave Longstreth est l'un des grands guitaristes de la décennie écoulée (son aisance, et ses influences africaines), et ses notes éparses de guitare claire, sa voix (toujours quasi fausse), ses meufs (et leurs vocalises incroyables) et son batteur (sous-estimé mais très très bon) en font la découverte de 2009 dans la catégorie "incroyablement NOUVEAU".







16. Frànçois & The Atlas Moutains - Plaine Inondable

Peu de gens le savent mais le meilleur album chanté (à moitié) en Français sorti en 2009, on ne le doit ni à Dominique A, ni à Coeur de Pirate, mais bien à Frànçois Marry et ses Atlas Mountains. En faisant appel à une chorale polyphonique basque, Frànçois a élargi son univers pop timide et sympathique (la présence que dégage le groupe sur scène lorsqu'il interprète de tels morceaux est proprement surprenante).









17. Bibio - Ambivalence Avenue

Moins aventureux peut-être que son collègue Hudson Mohawke, moins classique que Clark, Bibio a mené sa barque plus loin que l'on aurait pu l'espérer. De "post-Boards of Canada" sa musique est devenue plus personnelle et à la fois plus éclatée, empruntant autant au hip-hop qu'à l'Idm, au DJing et à la pop.
Un disque qui regarde le futur dans le blanc des yeux, sans sourciller.








18. Animal Collective - Merriweather Post Pavilion

Vous vous doutez bien que c'est un miracle de trouver cet album dans notre top tant il divise ici. Et pourtant, ceux qui ont vu la lumière à travers cet incroyable maelström sonore organique y ont découvert des sommets de pureté psychédélique qui alterne contemplations rêveuses, transes païennes et pop mélancolique, voire même les trois ensemble.








19. The Drums - Summertime ! EP

Une bouffée d'air chaud a soufflé sur l'Automne 2009. Les Drums, de Brooklyn, ont déboulé pour emmener tout le monde surfer, tout un programme. Ils sont jeunes, ils ont écouté Morrissey et les Hoodoo Gurus, ils ont de l'humour et des refrains, et leur pop est d'une fraîcheur pas possible : résultat, on attend leur premier album comme Léo Messi.








20. Morning Star - A Sign For The Stranger

L'air de rien et les mains dans les poches, Morning Star a sorti l'album le plus sympathique de l'année, rempli de ritournelles pop aussi simples que chaleureuses qui bercent n'importe quelles saisons. Et s'il semble malheureusement que Jesse D. Vernon ne deviendra pas maître de la musique moderne avec cet album, il reste pour nous un favori, un chouchou, qu'on ne se lasse pas d'écouter et de soutenir.






N'hésitez pas à commenter nos choix, et à nous demander pourquoi diable tel ou tel album ne figure pas dans cette liste. On vous donnera des raisons absurdes et des arguments indéfendables, et après on ira manger une glace, tous ensemble.


La Rédaction

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