J'organise un blindtest géant tous les deux ou trois jours, chez moi. C'est un truc que je fais. Pour éviter de tourner en rond et de définitivement paumer tous mes copains, j'ai développé toutes sortes de variantes allant du simple «Je veux le nom de l'artiste et la chanson, vous n'avez que 50 secondes pour trouver» au plus sournois «Je ne veux que l'année de sortie du disque.» Et c'est avec cette règle du jeu-ci, justement, que je prévois de foutre en l'air la soirée de pas mal de mes "teupos" lors de la prochaine session, en leur passant des extraits du premier EP de The Drums.
Le quidam doté de bon sens ne pourra qu'enrager lorsque, narquois, je secouerai la tête à chacune de ses tentatives :
– 1982 !
– Non...
– 1985 !
– Presque... mais complètement faux.
– Je déteste tes soirées blindtest !
– Ca n'est pas une année du Calendrier Solaire, tu es viré du jeu.
Et pourtant il faut bien avouer que les sons de synthés, les boites à rythme et le chant, chez The Drums, fait invariablement penser au Commonwealth d'il y a 25 ans. On pense à Orange Juice en 82, The Smiths en 84 ou aux Hoodoo Gurus en 85, et à toute la vague pop Océanienne de cette époque, en fait. Et pourtant, "Summertime !" est le premier EP d'un quatuor de Brooklyn, et il sort cet Automne 2009.
Le premier single, Let's go surfing, que vous pouvez télécharger ici.
Mais alors pourquoi vous bassiner avec un groupe qui n'a même pas encore sorti d'album et qui, non content de sonner vieillot, sonne aussi "comme tout le monde" puisque les 80's sont à la mode ? Tout simplement parce que, comme vous le répèterez vous-même autour de vous après l'avoir écouté : «The Drums sont les plus forts et leur EP est le meilleur.»
Outre le bon gros charisme adulescent de Jonathan Pierce et son talent pour écrire des chansons (sur les six chansons que compte ce disque, aucune n'est moins bonne, et on compte quatre tubes en puissance), sa façon de chanter, toute en décontraction estivale et son timbre de petit branquignole, notamment sur Don't be a jerk, Jonny, rappelle le timbre et la fragilité de Christopher Owens, de Girls. Cependant, là où les Californiens, sur leur "Album" se permettent de revisiter de multiples sous genres (le shoegaze, par exemple) et de prendre leur temps, les Drums vont eux droit au but. Cet EP est une profession de foi, sans détour. Une déclaration d'amour inconditionnelle à la Pop avec un grand P, dans toute la naïveté que les années 80 de Ferris Bueller et Marty Mc Fly impliquaient.
Pas de temps à perdre, donc, et si de bonnes idées pullulent (le clip de Let's go surfing, la balade Down by the water en conclusion, les accroches dans le style du "And I'll always miss you" vers 2:08 sur Submarine, etc), l'humour et la légèreté sont la clé, comme avec les paroles de Don't be a jerk, Jonny, où l'on suit le dialogue entre Jonny et Jenny, le premier reprochant à la seconde d'être devenue stupide à coups de "You used to be so pretty / But now you're just tragic /Believe in something / You're full of horseshit," le tout dans une ambiance détendue, bon enfant, voire enfantine. Le concept même de la pochette du disque, de son titre, et de ce Let's go surfing qui rappelle forcément les Beach Boys, est selon moi un gros coup de pied dans l'eau destiné à éclabousser un peu une scène Brooklynienne qui tend à voir ses chevilles enfler depuis quelques mois (Grizzly Bear, Telepathe, Yeasayer, MGMT, Vivian Girls et taaaant d'autres, dont mes chouchous Dirty Projectors et Chairlift). Bon, je vous l'accorde, c'est peut-être moi qui divague. Présumer d'intentions aussi mesquines de la part d'un groupe aussi COOL et SYMPA que les Drums n'est peut-être pas logique, mais si l'on occulte le fait que le groupe est né en Floride, pensez-y, l'idée d'aller surfer à Brooklyn (de nuit, si l'on en croit le clip) ne semble tout de même pas couler de source, si ?
Quoi qu'il en soit, certaines des meilleures chansons de l'année sont sur ce disque, alors écoutez-le.
Outre le bon gros charisme adulescent de Jonathan Pierce et son talent pour écrire des chansons (sur les six chansons que compte ce disque, aucune n'est moins bonne, et on compte quatre tubes en puissance), sa façon de chanter, toute en décontraction estivale et son timbre de petit branquignole, notamment sur Don't be a jerk, Jonny, rappelle le timbre et la fragilité de Christopher Owens, de Girls. Cependant, là où les Californiens, sur leur "Album" se permettent de revisiter de multiples sous genres (le shoegaze, par exemple) et de prendre leur temps, les Drums vont eux droit au but. Cet EP est une profession de foi, sans détour. Une déclaration d'amour inconditionnelle à la Pop avec un grand P, dans toute la naïveté que les années 80 de Ferris Bueller et Marty Mc Fly impliquaient.
Pas de temps à perdre, donc, et si de bonnes idées pullulent (le clip de Let's go surfing, la balade Down by the water en conclusion, les accroches dans le style du "And I'll always miss you" vers 2:08 sur Submarine, etc), l'humour et la légèreté sont la clé, comme avec les paroles de Don't be a jerk, Jonny, où l'on suit le dialogue entre Jonny et Jenny, le premier reprochant à la seconde d'être devenue stupide à coups de "You used to be so pretty / But now you're just tragic /Believe in something / You're full of horseshit," le tout dans une ambiance détendue, bon enfant, voire enfantine. Le concept même de la pochette du disque, de son titre, et de ce Let's go surfing qui rappelle forcément les Beach Boys, est selon moi un gros coup de pied dans l'eau destiné à éclabousser un peu une scène Brooklynienne qui tend à voir ses chevilles enfler depuis quelques mois (Grizzly Bear, Telepathe, Yeasayer, MGMT, Vivian Girls et taaaant d'autres, dont mes chouchous Dirty Projectors et Chairlift). Bon, je vous l'accorde, c'est peut-être moi qui divague. Présumer d'intentions aussi mesquines de la part d'un groupe aussi COOL et SYMPA que les Drums n'est peut-être pas logique, mais si l'on occulte le fait que le groupe est né en Floride, pensez-y, l'idée d'aller surfer à Brooklyn (de nuit, si l'on en croit le clip) ne semble tout de même pas couler de source, si ?
Quoi qu'il en soit, certaines des meilleures chansons de l'année sont sur ce disque, alors écoutez-le.
Joe
toi tu lis Genevan Heathen c'est certain
RépondreSupprimerPourquoi ?
RépondreSupprimerAlors tu mets de meilleures notes sur ton blog que sur RYM pour donner plus envie aux lecteurs quand il s'agit de groupes encore pas trop connus ? :D
RépondreSupprimerJe reposte un comm's tout en écoutant l'EP et tout ce que je peux dire c'est "bien vu José !". C'est méga cool comme disque et ton article est impec.
RépondreSupprimerMerci Félix ! Et la note que je lui avais initialement donné à changé au fil des écoutes eheh.
RépondreSupprimerJ'essayais de me faire un récapitulatif des groupes "branchés" ces deux dernières années et j'ai réalisé : où sont passés les mecs virils ?
RépondreSupprimerPourquoi des années 80 on n'a récupéré que le style androgyne? (voire carrément fillette si on voit leur façon de courir à ceux là).
Même Morrissey était vachement viril (en un sens). Pourquoi pas un revival de mecs solides et durs comme Springsteen? Pourquoi les chemises à carreaux sont passées de Johnny Cash à des mecs aux voix fluettes ?
Qu'est-ce que ça dit de notre époque ? si vous avez des idées...
Pas faux. D'ailleurs, ça rejoint mon dernier quitte ou double (celui un peu chiant sur les voix de fausset).
RépondreSupprimerMAIS, si tu veux de la virilité et un homme un vrai, je te renvoie au réveille matin de la semaine dernière sur Nine Inch Nails. Là.
Je découvre ce blog qui est superbe vraiment avec comme summum cette critique très bien écrite chapeau!
RépondreSupprimerMerci beaucoup cher Panda ! Vous me ravissez.
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