C'est entendu.
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mardi 1 mars 2011

[They Live] Trois frissons et un entêtement (Owen Pallett et compagnie au Café de la Danse)

Ça n'est pas parce que l'on se devait d'y être que ça donnait d'air à une corvée. Aller voir Owen Pallett (Album de l'année 2010 pour C'est Entendu et élu dauphin par les lecteurs) au Café de la Danse, surtout pour ceux qui ne l'avaient encore jamais vu sur scène (l'auteur de ces lignes y compris), provoquait même des remous d'impatience chez les fans. Une impatience que l'on dut mettre en sourdine puisqu'avant l'arrivée d'Owen, deux autres groupes étaient programmés.

Placides, certes, mais pas livides

Karaocake a sorti son premier album en 2010. C'est un trio français composé de Domotic (qui produit par ailleurs une electronica molle et pépère plutôt réussie, je vous conseille au passage Cyclatron, la première chanson de son album de 2002, "Bye Bye") à la basse, de Charlotte Sampling (qui est un homme) au clavier et d'une chanteuse, Camille Chambon, qui joue aussi du clavier.


(It doesn't take a whole week)

La découverte sur le tard (quelques jours avant le concert) du premier album de Karaocake était plutôt réjouissante car, si de l'EP sorti auparavant n'était pas resté grand souvenir (peut-être à tort, il faudra s'y repencher), les chansons de "Rows and Stitches" nous avaient donné envie de voir le groupe sur scène, sans pour autant nous préparer à leur apparence. A l'écoute d'un premier album si réussi et plein de fraicheur (dont je vous reparlerai bientôt d'ailleurs), nous avions en effet stupidement pensé voir sur scène soit un duo soit un quintet de jeunes gens au look de hipsters assumé quand que nenni, ce sont trois trentenaires aux visages fermés et aux looks a-criards qui firent le "spectacle". Malgré le manque de communication, la rapidité d'exécution du trio et son envie de bien faire prirent le dessus et avec une majeure partie de l'album proposée, le public put se faire une idée des bricolages pop dont Karaocake a le secret, sans avoir le temps de s'ennuyer, avec au passage de très bons moments passés sur les singles It doesn't take a whole week et Medication mais aussi l'aérienne Brooklyn Bridge. Ce que l'on en retiendra tient en une phrase : Karocake sait jouer ses chansons mais pas les vendre, ça n'est pas grave puisqu'elles sont bonnes. On préfèrera tout de même l'écoute de l'album qui offre des sonorités et une ambiance un brin plus légères.


Assis certes, mais pas immobiles, ça non.

Il m'a fallu attendre de jeter un œil au stand de merchandising pour comprendre le nom du second groupe, qui n'était pas "puke and gas" (vomi et essence) mais bien Buke and Gass (deux mots qui ne signifient pas grand chose). Le duo apparait de prime abord comme potentiellement ennuyeux : une fille, un garçon, tous deux assis sur des chaises, tiennent respectivement une petite guitare sèche et une basse, et même si l'une a, fixés aux chevilles, des grelots et des tambourins et l'autre a le pied posé sur la pédale d'une grosse caisse, quelles sont les chances pour qu'avec leurs gentilles trognes d'américains indés et leurs sourires ils nous jouent autre chose qu'une folk traditionnelle ou, AU MIEUX, un indie rock rasoir ? Quelles sont les chances ?


(Medulla Oblongata, la chanson qui ouvre "Riposte", le premier album de Buke and Gass, paru en 2010)

Évidemment, la surprise fut de taille puisque dès la première chanson (Medulla Oblongata) et son riff agressif, le duo rompit abruptement avec toutes les attentes heureusement déçues que je plaçais en eux. Rythmiquement, le set fut parfois incompréhensible (une pensée me vint à la fin : "je n'ai rien compris : j'ai adoré", où les deux points équivalent un donc), tandis que la furie sonore emportait tout sur son passage (la majorité du public y compris). Je dis "furie" mais ça n'était pas violent et je dis "sonore" mais Buke and Gass ne nous a jamais brisé les tympans. C'est davantage l'énergie déployée de deux musiciens faisant le boulot de quatre, la toute petite guitare utilisée comme une arme de guerre, les gouttes de sueur coulant du front d'Arone Dryer, la jolie chanteuse, jusque sur son sourire éclatant, tandis qu'Aron Sanchez, impassible, créait le rythme instable, c'est de cette énergie dont je parle.


(Your face left before you, jouée un mois et demi plus tôt à New York)


Par certains aspects (l'énergie, les particularités rythmiques, l'utilisation des guitares), le "rock" de Buke and Gass rappelle Deerhoof, c'est incontestable. Et pourtant, leur duo, sa simplicité et les instruments utilisés (ainsi que la voix d'Arone, évidemment) m'ont sans cesse rappelé la façon qu'a Big Blood de pervertir la musique traditionnelle américaine depuis des années. Quoi qu'il en soit, après un EP en 2008 et un premier album en 2010 ("Riposte"), Buke and Gass s'est posé là, après ce tonitruant et inattendu passage par le Café de la Danse, comme une affaire à suivre et un nouveau grand espoir de la musique underground (*) américaine.


Seul mais définitivement multiple

Béret et marcel, Owen Pallett était très France ce soir-là, et accompagné de ses seuls instruments (violon, synthé et séquenceur), il a une nouvelle fois prouvé deux choses. La première est qu'il peut sans aucune difficulté assurer seul le boulot d'un groupe entier et que la confiance placée en lui après l'album et l'EP sortis en 2010 n'étaient pas vains. La seconde est que le concept-même de l'auto-sampling n'est pas mort avec les disparitions successives (dans l'oubli, la ringardise et/ou la disparition de pertinence) d'entre autres Andrew Bird, Joseph Arthur, -M- ou Nosfell (tapons large). Cette technique consistant à enregistrer des boucles et à les empiler afin de jouer seul ce qui auparavant nécessitait d'être plusieurs a connu un boum il y a quelques années (première moitié des années zéro) et comme tout boum, celui-ci fut paradoxalement suivi par un bada(boum) décadent, à tel point que l'on pouvait se demander s'il était encore intelligent de fonctionner ainsi. Cependant, lorsque la construction n'est pas un automatisme, lorsque le musicien ne produit pas ses boucles tel un automate, sans vie, alors le spectacle est encore passionnant. Owen l'a compris et son approche de la construction est tordue de sorte que l'on ne sait jamais aisément en le voyant préparer une chanson de laquelle il va s'agir, pas avant deux ou trois couches en tout cas. Plutôt que d'aller droit au but, et quitte à se perdre dans un faux rythme (cela arrivera deux ou trois fois, autant d'occasions de rire AVEC le public), il choisit les méthodes les plus compliquées et fait de ce jeu un atout que la beauté de sa musique finit de magnifier. Au menu du soir, j'ai commandé le plat de résistance et Owen Pallett m'a servi trois frissons.


(Midnight directives, le second frisson)

Owen a certes enregistré beaucoup de bonnes chansons en 2010 (et la plupart furent d'ailleurs jouées) mais le premier frisson intervint avec l'une de ses toutes premières réussites, sous le pseudonyme Final Fantasy, à savoir This is the dream of Win & Regine. La naïveté des chansons plus anciennes (comme l'épique Many lives 49 MP, tirée du second LP de Final Fantasy et pour laquelle Owen hurle dans le micro de son violon) et l'émotion qu'elles contiennent, c'est après tout pour ça que l'on avait aimé Owen en premier lieu, alors lorsque les affaires deviennent sérieuses et que le canadien grimpe l'échelle lyrique en chantant "I tried and tried and tried and tried to keep the crowds away", l'effet inverse se produit et la foule dont je me faisais le représentant se sentit pour la première fois aussi proche de l'artiste que possible. Et très vite, après une reprise bien vue de l'Odessa de Caribou, lorsque les hauteurs de "Heartland" se révélèrent, la cavalcade de la chair de poule reprit de plus belle, avec la beauté stridente de Midnight directives et, en guise de rappel, la sublime explosion de cœur qu'est Lewis takes off his shirt et sa fameuse ligne "I'm never gonna give it to you".


(la reprise d'Odessa)

A travers cette soirée, non seulement Owen Pallett a terminé de ma confirmer son talent, mais il m'a convaincu que les séquenceurs n'étaient pas voués à tomber en désuétude. Quant aux autres, ils m'ont délivré de mon entêtement de ces derniers mois : il y a, oui, encore, de très très belles découvertes à faire en première partie, et parfois plusieurs dans la même soirée.


Joe Gonzalez
photos et vidéo de Midnight Directives par Emilie B.


(*) : Underground, jusqu'à quand ? Au début du mois de Février, Lou Reed et Laurie Anderson avaient invité le duo Buke and Gass à jouer avec eux lors d'une représentation spéciale à New York.

jeudi 27 janvier 2011

[Quitte ou Double] Election de la POPsonnalité de l'Année 2010

Il parait qu'on a jusqu'à la fin du mois de Janvier pour souhaiter la bonne année et du coup je me permets une certaine translation de cette tradition vers quelque chose d'un peu plus glamour et de davantage lié à ce qui nous intéresse ici : l'élection de la POPsonnalité de l'année 2010. Les nommés sont :


Kanye West

Franchement, ai-je vraiment besoin de vous faire la liste ? Tout a commencé en 2009, de toute façon, lorsque Michael Jackson a laissé le trône de King of Pop vacant, puis avec les déclarations de Jay-Z à propos du hip hop sur le déclin et du futur représenté par des artistes indépendants tels que Grizzly Bear ou Dirty Projectors. Kanye n'a pas inventé la poudre, mais c'est un homme d'affaires et il a fait le lien : s'il voulait devenir le roi de la pop, il fallait copiner avec les indépendants et abandonner le hip hop pur et dur (son album de 2008 était déjà une tentative en ce sens, d'ailleurs). Ergo "My beautiful dark twisted fantasy" qui, même en paraissant si tard (le 22 Novembre), a remporté suffisamment de suffrages pour être élu album de l'année par tout un tas de blogs, de magazines et de journaux, récoltant des notes ahurissantes et un accueil très largement favorable. S'il rappe sur l'album, il y chante beaucoup, et en samplant majoritairement des dinosaures de "l'autre monde" (King Crimson, Aphex Twin...), il s'attire un nouveau public, et sa conversion en Roi est accomplie, mais en bon businessman il n'a pas attendu de savoir si son coup de dé serait fructueux. L'année durant, on n'a fait qu'entendre parler de lui. Inutile de vous rappeler son coup de maître en Septembre 2009 aux MTV Awards lorsqu'il vola la vedette à Taylor Swift en l'interrompant pour déclarer que le clip de Beyonce méritait de gagner (le président Obama l'a d'ailleurs traité de "jackass" à ce sujet). Avez-vous par contre suivi le chassé-croisé de déclarations vis à vis de l'attitude de George Bush après l'ouragan Katrina ? Suivez-vous le compte Twitter de Kanye ? Si oui, vous aurez remarqué les mini-buzz autour de la photo de son pénis... Vous avez peut-être vu le clip/court-métrage de 35 minutes réalisé autour du single Runaway ? Saviez-vous qu'il était apparu sur une dizaine d'albums autres que le sien en 2010 (notamment chez Kid Cudi, T.I. ou GLC) et que la pochette de son album avait été sujette à controverse (on y voit une caricature d'homme noir effrayant surmonté d'une femme sans bras, munies d'ailes et nue de surcroit) et que les grandes chaines de magasins culturels américains l'avaient obligé à choisir une pochette alternative sous peine de ne pas proposer l'album aux clients ? Kanye a posé un pied dans le Palais de la Noblesse Pop et il ne compte pas en rester là puisque sont déjà prévus un album avec Jay-Z pour Mars et un autre album solo pour cet été. Il part largement favori de cette élection et va être difficile à battre.




Michael Gira

Leader de l'emblématique formation américaine Swans, Gira a prouvé en 2010 qu'une bande de dinosaures pouvait revenir sur le devant de la scène avec du bagage. Pas de re-formation au programme mais bien une réunion, avec les membres originaux du groupe de post punk et de no wave. Gira a démarré l'année en enregistrant et publiant un CD/DVD solo ("I am not insane") dont les ventes ont permis le financement d'un nouvel album de Swans, l'excellent "My father will guide me up a rope to the sky", emmené en tournée à travers le monde durant les mois qui suivirent. Pour l'anecdote, Gira, dont le charisme sur scène s'approche du monolithe mystique, a pour habitude de retrouver les spectateurs après le concert au stand de merchandising où il dédicace tout ce que vous voulez et discute avec le sourire aux lèvres. Un modèle d'intégrité, en somme.





M.I.A.

Si l'élection concernait uniquement "L'artiste le mieux adapté à Internet en 2010", il n'y aurait de toute façon que M.I.A. pour s'opposer à Kanye. Une autre machine de guerre douée pour garder vive la flamme du feu de camp médiatique. Dans les faits, en Avril paraissait le controversé clip de Born Free, dans lequel des rouquins étaient massacrés devant la caméra de Romain Gavras. En Mai, alors que paraissait le single XXXO et son clip, un article du New York Times, écrit par une rouquine, faisait péter les plombs à M.I.A. qui, usant de son compte Twitter (très actif toute l'année) lançait une mini-flamewar des familles. En Juin, "/\/\/\Y/\", son troisième album, paraissait au Japon, d'abord, puis partout ailleurs, et en Juillet, un album de remixes sortait. Dans les mois qui suivirent, M.I.A. fit aussi des apparitions sur les disques d'autres artistes, et notamment sa protégée, Rye Rye, et le clip de Sunshine. Enfin, le 31 Décembre, une mixtape (sa seconde), "Vicki Leekx", partiellement inspirée par le buzz autour de Julian Assange et Wikileaks, était annoncée et publiée via son compte Twitter. Fatiguée en début d'année de ne pas avoir autant de succès médiatique que Lady Gaga, M.I.A. a remué ciel et web pour se refaire une place à l'avant-scène du monde artistico-bling bling, et elle a réussi.





Sufjan Stevens

Plus ou moins porté disparu depuis cinq ans (soyons sérieux, combien de personnes avaient écouté/regardé "The BQE" ? Pas plus de cinq cents à tout casser...), 2010 fut l'occasion d'un retour fracassant puisqu'outre une apparition (peu remarquée) sur le dernier disque de Clogs, Sufjan s'est débrouillé pour en finir avec son ancienne image en publiant gratuitement l'EP (aussi long qu'un album) "All delighted people" avant de sortir son chef d'œuvre post-moderne à lui, le fourmillant "The Age of Adz", l'occasion pour lui de dévoiler son goût pour les garçons, de critiquer la société présente tout en réinventant son chant et sa musique. Et puis vous en connaissez-beaucoup des "artistes folk" qui oseraient utiliser de l'autotune sur une chanson de plus de 25 minutes... sans se planter ?





Laetitia Sadier

Elle a certainement connu des années plus fastes mais 2010 fut celle de sa libération. Fini Monade, tout comme Owen Pallett, Lætitia n'a plus besoin d'avatar pour s'exprimer et son premier album, personnel, touchant, est une réussite. La sortie quasi simultanée d'une nouvelle collection de chansons de Stereolab (un album qui, avec le temps, gagne des points dans nos cœurs) n'aura pas voilé la sortie publique de Lætitia et ses concerts timides n'auront fait qu'augmenter le quotient de sympathie que nous avions déjà pour elle. Si Stereolab venait à mourir (souhaitons que non !), nous savons au moins que la relève serait assurée.





Bradford Cox

Lui aurait pu se contenter du succès du petit dernier de son groupe, Deerhunter, l'inégal-mais-réussi-quand-même "Halcyon Digest" qui fut l'occasion pour les plus réticents de finalement tendre l'oreille. Mais non, outre son remix pour l'album de Stereolab, il lui en fallait plus, alors c'est tout naturellement que vers la fin du mois de Novembre il a publié dans la foulée, à quelques jours d'intervalle, pas moins de quatre albums d'Atlas Sound, son alias, et ce gratuitement, via internet. Que l'on aime ou pas le bonhomme, sa musique ou celle de son groupe (et j'avoue avoir encore un pied dans le camps des réticents), il faut admettre que Cox est l'un des piliers de rock indépendant actuel, sans lequel le monde musical que nous aimons n'aurait pas exactement la même gueule (de traviole) et qui donne énormément de sa personne POUR la musique.





Owen Pallett

Il était déjà productif avec le pseudonyme Final Fantasy mais c'est comme si retrouver sa véritable identité l'avait rendu d'autant plus sûr de lui. Les puristes critiqueront sa transition vers une popmusic plus grandiloquente et moins à fleur de peau, mais il faut reconnaitre qu'avec "Heartland", Owen a enregistré un grand album, reconnu par une majorité des amateurs (il figurait au sommet d'énormément de tops de fin d'année) et que l'on écoutera encore longtemps. Et puis le bougre ne s'est pas arrêté là puisque dès le Printemps, il passait en studio pour enregistrer les violons de l'album d'Arcade Fire (soit les parties les plus réussies du disque) avant de publier à la rentrée un EP loin d'être inintéressant. Il est actuellement en tournée, encore et toujours, et on se demande s'il compte se reposer en 2011 ou bien nous en remettre une couche.





Madlib

Nous n'avons pas pris le temps de tout traiter, mea culpa, mais on vous avait prévenus. Madlib avait annoncé qu'il publierait un album par mois en 2010. Si sa collection de mixtapes "Madlib Medicine Show", dont les numéros pairs étaient des mixes de genres musicaux divers (reggae, jazz, funk...) et les impairs des créations originales plus personnelles, n'a connu que 10 numéros cette année-là (excusez du peu, et ça n'est pas fini, le numéro 11 est sorti en Janvier 2011), il a plus que moins tenu parole puisqu'on a pu le retrouver sur le second LP de Strong Arm Steady aux manettes de producteur, mais aussi en duo avec Guilty Simpson sur le très bon album publié sous l'avatar OJ Simpson, ou encore planqué derrière son alias jazz (Young Jazz Rebels) avec lequel il a sorti un album ("Slave Riot"). Si vous comptez bien on est à treize disques, et j'en oublie certainement. Vous n'avez peut-être pas énormément entendu parler d'Otis Jackson (son véritable nom) cette année, certainement moins que vous n'avez entendu parler de Kanye, mais cet homme de l'ombre a sans doute fait plus pour le hip hop en une année que beaucoup en une entière vie. Il est toujours temps de découvrir son œuvre et de l'élire homme de l'année.





Bethany Cosentino (Best Coast)

Qu'on l'aime ou qu'on la déteste, il faut reconnaitre qu'on n'avait pas DU TOUT vu venir Bethany Cosentino, une fille qui avait commencé par officier au sein du groupe expérimental Pocahuanted, avant de publier en 2009 une série de singles et d'EPs proches de la vague shitgaze, sales et rock'n roll et qui, en 2010 est devenue... la nouvelle égérie de MTV. Son premier album, le très simple et ensoleillé "Crazy for You" lui aura ouvert les portes du mainstream américain, de tournées intercontinentales et d'une palanquée de clips démontrant par l'absurde que MTV n'a pas dépassé le stade "post-grunge" et n'est jamais sorti des années 90. Ajoutez à cela quelques collaborations (un single avec Jeans Wilder, notamment) et deux ou trois "trucs médiatiques" (ses copinages avec Wavves), et la voilà en une du Net toutes les deux semaines depuis un an. L'a-t-elle cherché depuis le début ? Est-ce un choix tardif pour la célébrité ? Aucune idée mais le résultat est là : vous pouvez entendre Best Coast, entre Shakira et Cocoon, sortir des hauts-parleurs de H&M alors que vous pratiquez "les soldes".





Quelqu'un d'autre

Si aucun des artistes proposés ci-dessus ne vous semble être la POPsonnalité de l'année, c'est peut-être qu'un candidat a échappé à notre œil et alors, je vous encourage à nous signaler qui est selon vous cette usine médiatico-artistique et à nous expliquer pourquoi vous l'avez choisie.






Les votes sont ouverts et vous êtes invités à donner votre opinion, via le sondage présent dans la barre latérale, sur votre gauche, mais aussi en détaillant votre point de vue à travers les commentaires. Dites nous qui et pourquoi a dominé l'année 2010 et filons-lui un trophée virtuel qui clôturera définitivement la période des tops et l'année 2010. J'attends vos avis !


Joe Gonzalez

mardi 9 novembre 2010

[Vise un peu] Owen Pallett - A swedish love story EP

Cet homme est une machine. Il s'autoproclamait Dieu-Créateur du Royaume de Heartland en Janvier dernier (et sortait au passage un chef d'oeuvre et l'un des disques de l'année), puis s'occupait d'enregistrer les cordes du troisième Arcade Fire (le sauvant ainsi d'un gouffre musical abyssal) et le voilà de retour moins de dix mois après son chef d'oeuvre avec quatre nouvelles chansons et pas des chutes ou des ratés mais bien quatre originales formant une fois de plus un ensemble compact relatant une histoire d'amour suédoise.

Inspiré par le film éponyme de Roy Andersson sorti en 1970, "A swedish love story" est à prendre comme un bonus, une oeuvre mineure mais pas pour autant ridicule, baclée ou ratée. On y trouve ce qui, musicalement, faisait les beaux jours de "Heartland", à savoir de somptueux arrangements (de violons, notamment) et au moins une bonne idée (mélodique ou sonore) par chanson : la descente de violons depuis des hauteurs mélodiques jusqu'à racler le sol à la fin de A man with no ankles, les pizzicati délicats superposés aux coups d'archers nerveux de Scandal at the parkade, l’ascension vocale sur le refrain de Honour the dead or else et évidemment les somptueux violons ululant à la fin de Don't Stop.


(Don't stop)

L'histoire d'amour ici contée ne vous prendra pas aux tripes. A aucun moment ne devriez-vous ressentir le moindre frisson d'excitation, ça n'est pas l'ambition d'Owen, qui ne fait ici que vous conter l'une de ses histoires préférées, à sa façon (et si vous n'aimiez pas ses précédents enregistrements, passez votre chemin), sans se renouveler et sans y aspirer. Il n'est pas question ici d'autre chose que d'un plaisir éphémère propre à ravir les amateurs hardcore des violons d'Owen Pallett, quitte à en décevoir certains qui s'attendraient à le voir signer un sans faute à chaque nouvel essai, et en attendant un quatrième album (qui s'annonce d'ores et déjà difficile à concevoir pour Owen, après deux LPs aussi réussis), c'est avec ces douces suédoiseries que nous patienterons.


Joe Gonzalez

samedi 6 mars 2010

[C'est Tout Vu] Les vidéos de la semaine !

Si vous étiez trop occupés à vous péter une jambe à Luchon, à secourir des haïtiens ou à gagner votre croûte cette semaine, ou tout simplement si vous n'êtes pas de fins limiers du net et que vous n'avez pas encore adhéré à notre "Gazette de Twitter," véritable source d'information musicale (clips, sorties, évènements, etc) en temps réel, alors voici pour vous, chers lecteurs, un petit récapitulatif de ce qui s'est passé cette semaine, en vidéo :


Le clip de la semaine, c'est bien sûr celui de Stylo, premier single de Gorillaz, dont on vous a déjà causé, et qui est plutôt très bon dans son genre :



Moi qui n'ai jamais été un fanatique de l'univers visuel de Jamie Hewlett (exception faite du clip de Clint Eastwood), je dois avouer que je trouve les images de synthèse très réussies (et qu'on ne vienne pas ensuite me dire qu'Avatar révolutionne le truc, fin de la parenthèse) et l'apparition auto-parodique de Bruce Willis plutôt chouette.

L'autre gros évènement fut la révélation du nouveau single de Foals (l'un des groupes "sensation" en 2008 rappelons-le), Spanish Sahara :



Quoi que l'on ait pensé de Foals en 2008, une chose est certaine, le single est surprenant tant il diffère de ce que jouait le groupe il y a deux ans. Il est cependant dommage que la révolution de leur style ne donne pas quelque chose de plus intéressant que cette chanson très ennuyeuse.

Vous connaissez Love is All ? Depuis quelques années ces gentils suédois donnent dans une pop ultra dynamique de fort bon goût. En 2008, leur précédent album nous avait déjà enchantés et les voilà qui reviennent (cf "Hot Shit") avec un premier single, Kungen, dont voici le clip :




Vous le savez, "Heartland" est pour l'instant notre grand chouchou en 2010, et nous vous conseillons de toutes nos forces de vous le procurer et d'aller voir Owen Pallett lorsqu'il passera près de chez vous. Nonobstant notre enthousiasme, nous vous déconseillons le clip de Lewis Takes off his Shirt, premier single (et meilleure chanson de l'album), qui est une horreur dans laquelle se côtoient mauvais acteurs, schizophrénie, coutelas et de nombreux culs d'hommes, nus et tous plus glabres les uns que les autres. Ne vous gâchez pas la chanson avec ce clip horrifique et préférez-lui la fantastique vidéo live qui nous avait fait attendre "Heartland" comme le Messie qu'il est presque :


(les frissons !)


Si vous aviez aimé The Drums, les garçons les plus chauds cet hiver, et si d'une manière générale, vous n'avez rien contre la pop des années 80, vous serez heureux de retrouver ces jeunes gens dans leur nouveau clip, Best Friend :




En ce qui concerne JJ, il y a peu de chances que nous vous parlions de leur second LP, "n°3," qui sort ces jours-ci et qui fait sensation auprès des médias mais qui nous laisse aussi froids que le slip de Dark Vador. Malgré tout, voici pour le principe (et pour les curieux parmi vous) le clip de leur nouveau single, Let Go :




Et ce sera tout pour cette semaine. Bon weekend !


Joe