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(Ceci est le coeur)
C'est d'une façon très saine et très humble que Lætitia se livre, sans chichis, sans fioritures et cela s'entend dès que retentit le son de sa guitare, qui semble enregistrée sans aucun travail sur le son, simplement branchée sur un pré-ampli et laissée tranquille, du début à la fin de l'album, vierge de toute expérimentation sonore ("laissons cela au Lab'" semble-t-elle dire). Cette constance dans la simplicité se retrouve dans des arrangements sobres (quelques chœurs, parfois un clavier, une basse et une batterie, quand guitare et voix ne sont pas laissées entre elles) qui pourrait en faire fuir plus d'un, surtout parmi les fanatiques des arrangements de Sean O'Hagan pour Stereolab, alors qu'ils sont essentiels au message délivré par l'album : "vous croyiez me connaitre... me voici vraiment". Il est alors tout naturel de trouver là trois reprises. On ne peut pas oublier que, même avec vingt ans de carrière derrière elle, Lætitia ne délivre ici que son tout premier album personnel, et quoi de plus normal, de plus naturel pour un premier LP que d'enregistrer des reprises ? Cela participe des présentations : je suis Lætitia Sadier, je sonne comme ceci, je pense comme cela, je ressens ceci et j'écoute cela. L'évidence d'enregistrer des reprises n'excluant pas le bon sens de ne pas donner dans le cliché, ce ne sont pas des chansons de Neu!, Françoise Hardy ou Antonio Carlos Jobim qui sont jouées, mais de façon plus étonnante, le Summertime de Gershwin, By the sea par Wendy & Bonnie et surtout une amusante ré-interprétation d'un titre peu connu des Rita Mitsouko, Un soir, un chien.
(One million year trip)
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On a pu voir Lætitia lors de sa tournée française il y a quelques semaines, et toute annoncée entourée d'un groupe comprenant notamment April March qu'elle était, c'est bel et bien seule, toute seule, qu'elle a joué ses chansons. Encore plus décharnées que sur "The Trip", celles-ci tenaient néanmoins debout et Lætitia existait. Sans Tim Gane (ex-partenaire privé et co-leader de Stereolab), sans April March, sans sa sœur et sans groupe, mais avec un public acquis à ses sourires enjôleurs, à ses chansons touchantes et à ses remarques contestataires (contre Nicolas Sarkozy, notamment) tapées du pied et ponctuées d'un "ça n'est pas parce qu'on joue de la pop que l'on n'a pas le droit de se plaindre !".
Ceci est le cœur de Lætitia et dans son cœur il y a les mots et la poésie d'une femme qui depuis plus de vingt ans s'exprime par le biais de la musique et on espère que ça n'est que le début.
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Joe Gonzalez
très bon album en effet, tout comme le dernier Stereolab que certains ont trouvé bof, mais qui, pour ma part, m'a convaincu.
RépondreSupprimerpremier album personnel, c'est vrai évidemment, mais le 1er Monade elle l'a fait seule, et les 2 suivants elle était clairement le leader et la principale compositrice et auteure même si elle a aimé en faire un projet collectif.
RépondreSupprimersi je dis ça, c'est pas pour critiquer, c'est juste que je trouve qu'elle tient elle-même un discours un peu trop modeste et sévère sur son rôle dans Monade, d'autant que si on compare fab four suture et le dernier Monade, le stereolab ne soutient pas la comparaison (not music est bien, en revanche, j'ai poussé un ouf de soulagement)
enfin bon, je suis fan de sadier, et notamment de cet album solo, mais ça tu le sais déjà ^^
Cela dit, je te rejoins entièrement pour la comparaison entre le dernier Monade et FFS. Y'a pas photo.
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