Ce gros son (de basse, souvent) est une attaque frontale (contre le "Mal" ? J'essaierai d'en savoir plus auprès de Greg en Avril) qui fait très mal et Deerhoof en use pour se frayer un chemin vers une acceptation publique plus large sans oublier jamais son crédo guitaristique. Sur The merry barracks, divisé mais jamais divisible, Deerhoof se montre comme rarement en tant que GROUPE, le chant partagé entre Satomi et Greg, les guitares sachant se faire discrètes lorsque Satomi a besoin de s'exprimer mais n'hésitant pas à crisser pour rappeler leur présence.
En ne se dispersant pas (douze chansons, deux de moins que sur "Offend Maggie"), Deerhoof a surtout réussi à ne publier que de bonnes chansons, toute affaire d'arrangements et d'énergie mise à part, et pour ne rien gâcher, ces dernières ne se ressemblent pas vraiment. Du rock nouvelle façon de The merry barracks, on passe tout de suite à l'étrange No one asked to dance, toute en guitares classiques baroques, sur laquelle Satomi fait penser à Arielle Dombasle appelant son chevalier, au loin, depuis le sommet d'une tour médiévale dans un film d'Eric Rohmer (ne voyez pas là une critique acerbe, Rohmer était mon cinéaste français favori) après quoi l'on enchaine directement sur une courte instrumentale débordant d'une énergie incroyable avant de retomber sur la pop de Super duper rescue heads. Impossible de s'ennuyer, surtout si l'on s'amuse des détails inattendus : l'atmosphère de brouillard en plein milieu d'I did crimes et ses claps claps antagonistes, le chant de Quid dorm, només somia, en basque, ou les arrangements magnifiques de la très belle Must fight current, qui voit Satomi expliquer qu'il ne faut pas l'épouser car elle n'est qu'un rêve...
J'ai commencé cet article en disant que Deerhoof était de plus en plus facile à écouter, et ça n'est pas entièrement vrai. Je dois avouer que la première fois que j'ai entendu cet album, je l'ai trouvé raté, voire laid. Je devais m'attendre à autre chose, mais je ne vois pas bien quoi puisque "Vs. Evil" est dans la droite lignée des cinq ou six derniers disques sortis par le groupe depuis une dizaine d'année. Il faut certes apprivoiser les nouvelles nuances sonores et se faire à l'idée d'un groupe certes moins rock'n roll que par le passé mais dont le virage pop est une réussite totale, grâce à des talents de composition hors du commun, à une énergie sans faille et à quelques gadgets propres à ces musiciens-là, comme le clavitariff (un riff mélodique joué par les guitares et le clavier en même temps) de Secret mobilization, qui fait le lien avec le passé. Je ne sais pas où ira Deerhoof après ça, mais ils ont entamé 2011 avec un très grand disque de musique pop. Écoutez-le !
Joe Gonzalez
Oh yeaaaah ! Parfaitement d'accord, c'est un grand disque pop, d'un grand groupe...pop ?
RépondreSupprimerEnfin, peu importe, c'est une merveille ce disque.
Evidemment quand je dis "pop", le "indé" est sous entendu. Surtout parce que je trouve ça moche et ridicule "indé". Indépendant, c'est le label qui l'est, pas la musique. La pop indé s'adresse au "public type de la musique produite par les groupes qui souvent sont signés sur des labels indépendants". Mais cette formule est trop longue. Et comme de toute façon, la pop "non indé", on (vous lecteurs de CE et moi) n'en écoute pas beaucoup (Muse, sérieusement ? Patrick Bruel really ?), je me dis que "pop" tout court, c'est très bien, on est entre nous, on se comprend.
RépondreSupprimerJe m'excuse d'avance auprès de Barnaboum !
RépondreSupprimerOui je me doute bien, c'est ce que j'entendais aussi en utilisant le mot pop... :)
RépondreSupprimer(mon point d'interrogation était plus une référence à la question du genre musical, les membres de Deerhoof ayant du mal avec leur identité pop/pas pop - cf plusieurs interviews -)