C'est entendu.

mercredi 13 octobre 2010

[Vise un peu] Deerhunter - Halcyon Digest

Je vais être franc avec vous : "Microcastle", le précédent LP de Deerhunter, est à mon sens l'un des tous meilleurs disques de ces dernières années, et je pense que la rédac' ne me contredira pas sur ce point...
Ah, on me fait signe que si.
Pff.
Qu'importe.

Si en plus j'ajoute que j'ai beaucoup aimé le dernier album solo de Bradford Cox - aka Atlas Sound - aka le leader de Deerhunter, vous imaginez dans quel état j'étais quand j'ai enfin réussi à mettre la main sur une copie de "Halcyon Digest". Un peu comme Giscard au moment où il a cru voir Lady Di lui faire de l'œil, alors qu'elle essayait juste de se remettre d'un roastbeef-curry un peu trop chargé. Pensez donc : 2010 regorge de bons albums, mais pour ce qui est de désigner LE album de l'année, j'en suis encore à essayer de me persuader que c'est "The Suburbs". Vous voyez où j'en suis.



(Earthquake)

Le moins qu'on puisse dire est que ce "Halcyon Digest" ne fait de l'œil à personne, lui. Ça commence par du glitch crado décidément très à la mode en ce moment chez les indie rockers - cf Sufjan Stevens, qui en use et abuse sur "The Age Of Adz" - avant qu'entrent en scène les inévitables arpèges atmosphériques. Mais que deviendrait Bradford Cox si on lui piquait sa pédale de delay ?


L'échec principal de cet album est son tracklisting, qui fait presque volontairement tomber à plat les moments où la sauce semble prendre. Et ça se sent dès le deuxième morceau, du dream rock balourd, qui vient ruiner l'atmosphère précédemment posée. L'album prend une autre direction, plus légère, avec le très bon single Revival, hop, c'est frais, on respire, et PAF, Sailing perd notre attention avec son coté B-side d'Atlas Sound pas finie, le genre de truc lo-fi qu'il poste habituellement sur son blog perso.



(Coronado)

Arrêtez-moi si je me trompe, mais j'ai l'impression de gonfler tout le monde là, avec toutes ces références au passé de Deerhunter et à ses tentacules. Alors quoi, il faudrait connaitre toute l'œuvre de Bradford Cox sur le bout des doigts pour pouvoir s'intéresser à ce nouveau Deerhunter ?

...

Franchement, oui. Je ne vois pas qui d'autre qu'un fan de Deerhunter pourrait s'enthousiasmer un tant soit peu devant cet amas de chansons, plutôt bonnes certes - voire très bonnes si l'on parle de Helicopter ou de la chanson-biographie sur feu Jay Reatard He Would Have Laughed, mais présentées comme une salade d'endives : une fois qu'on a mangé les noix, les bouts de jambon, le comté et les croûtons, on n'a plus envie de toucher à l'assiette.


Joseph Karloff

6 commentaires:

  1. Tiens, voilà bien par excellence la définition de la subjectivité : j'adore les endives et je les mange à la belge sans garniture. Noix, croutons, Comté, Wat is dat voor een recette? Beeeeeek!

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  2. Jamais été vraiment à fond dans Deerhunter (jamais vraiment fait l'effort en fait mais ça viendra peut-être) mais je comprend en l'écoutant que ça soit décevant pour les fans, un tiers de bons morceaux et le reste bof bof...inégal et un peu lourd, en fait assez anecdotique par rapport au souvenir que j'avais de leur musique

    Pour le disque de l'année même si ça rime pas à grand chose je penche quand même pas mal pour le dernier Working For a Nuclear Free City.

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  3. Des en...endives s...sans ga...garniture ? Mais quelle est cette folie ? Tu m'étonnes que ce soit le foutoir en Belgique.

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  4. Je suis assez d'accord. Il y a à boire et à manger, mais finalement, je trouve davantage mon compte avec ce disque-là qu'avec n'importe quel autre sorti après l'EP inaugural. La dernière piste et Revival sont même très cools.

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  5. Je l'ai pas mal écouté tout de suite après l'avoir découvert, lors de ce qui m'apparait finalement comme un feu de paille, parce que je n'ai plus vraiment envie d'y revenir à présent. J'aime beaucoup Revival, Helicopter et He Would Have Laughed, et il m'arrive de les réécouter à l'occasion. Mais le reste...
    A l'opposé, une chanson comme Desire Lines ressemble assez bien à tout ce que je ne supporte plus d'écouter aujourd'hui, trop lassé par ce genre de recettes qui désormais me foutent la gerbe et ne me font à aucun moment décoller, mais plutôt m'enterrent, sous une lourdeur sans nom. Une chanson comme Nothing Ever Happened, sur l'album précédent, fonctionnait immédiatement pour moi, mais là... ça me semble plus mécanique, forcé, et donc beaucoup moins réussi.

    Cet album m'apparaît surtout bien moins cohérent que Microcastle. Et je rejoins la critique de CE sur bien des points. Je pourrai me risquer à une nouvelle métaphore culinaire, mais je préfère vous en passer.

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