C'est entendu.
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dimanche 29 mai 2011

[Alors quoi ?] Le Festival de Dour 2011 - Dimanche 17 juillet

Après trois jours durant lesquels le corps et l'esprit se seront éreintés lors d'escapades soniques, les festivaliers auront droit à un dernier jour (snif snif) en demi-teinte. Léger, il ne regorgera pourtant pas moins de quelques artistes de qualités tels les anglais de Metronomy ou les discoïdes Hercules and Love Affair. Il faut bien se calmer à un moment (même si Boris ne l'entendra pas de cette oreille).



Metronomy (electropop)

Cela fait maintenant presque cinq ans que l'on suit la carrière en montagnes russes de Metronomy. Voguant entre l'électronique et la pop comme debout sur un surf, chaque nouvel album porte en lui son lot de tubes et de déceptions. Pourtant, "The English Riviera" est l'une des bonnes surprises de cette année. Le dernier album des anglais sent bon le soleil et le sable chaud, et il sera l'un des albums de l'été. Les corps des festivaliers se frotteront les uns contre les autres sur ces mélodies sexy.


Album à écouter : "The English Riviera" (2011)

Jouez à harmoniser sur The Look




Hercules and Love Affair (disco / electropop)

C'est assurément une belle disco-pop qu'offre Hercules and Love Affair. Imaginatives, efficaces et fraîches, leurs pistes se dégustent comme un coït langoureux. Fort du succès de son prédecesseur, leur album éponyme, sorti en 2008, "Blue Songs", leur dernier opus en date, doit confirmer l'audace et le talent des américains.



Album à écouter : "Hercules and Love Affair" (2008)

Écoutez Blind (featuring Antony Hegarty, de Antony and The Johnsons)




Boris (drone metal, heavy rock, experimental, pop, etc.)

Le trio japonais culte Boris partagera sa folie sonique à Dour cette année. Ils sont capables du drone métal le plus lourd et le plus dévastateur comme du heavy rock le plus tonitruant, de pistes expérimentales et, depuis leur dernier album, d'une pop aussi éhontée que réjouissante. On ne sait à quoi s'attendre. Un peu comme si Charles Bukowsky venait sur un plateau tv litéraire, ils sont incalculables et on adore ça. Ils seront la boîte de Pandore de Dour !


Album à écouter : "New Album" (2011)

Une des facettes du groupe aux multiples visages : Pink




The Drums (indie rock)

Voguant sur la mode du revival de la pop des années 80, The Drums est pourtant bel et bien né en 2009 avec l'EP "Summertime" (un nom qui résume à merveille leur musique). Une réverb' vieillotte et des guitares mélodiques donnent à la musique de The Drums cette volupté des machines à voyager dans le temps. Si on doit retourner dans les 80s, autant le faire avec une bande son digne de ce nom !


Album à écouter : "The Drums" (2010)

Courez jusqu'à la plage en gueulant Let's Go Surfing




Cocorosie (freak folk)

Si leur discographie est assez inégale, leur dernière pochette horrible et leur musique déjà pas mal essoufflée, il n'empêche que les freaks de Cocorosie méritent un très sérieux coup d'oreille en live car ces deux filles bizarres n'ont pas dit leur dernier mot.




Album à écouter : "Noah's Ark" (2005)

Écoutez la chanson Noah's Ark



Il faudra aussi garder une oreille sur :

Public Enemy (hip hop east coast)
Popof (techno minimale)
Karma to Burn (stoner experimental)
Busy Signal (reggae)
Pendulum (electro rock)


Julien Masure


(merci à Lamuya-zimina)

mardi 24 mai 2011

[Alors quoi ?] Le Festival de Dour 2011 - Samedi 16 juillet

Les jambes des festivaliers seront lourdes, les acouphènes se seront peut-être déjà immiscées dans leurs lobes. La musique n'en aura cure. Le festival de Dour offre, pour cette troisième journée, une affiche éclectique, du post-punk expérimental de Factory Floor à la disco aérienne de Lindstrom. Le climax de la journée sera atteint avec le beat mouillé de Flying Lotus, c'est le sternum et le cervelet qui seront ici visés.




Flying Lotus (glitch hop/experimental hip hop)

Le jour où le festival de Dour a annoncé, via Twitter, que FlyLo venait à Dour est devenu un jour férié dans les bureaux de la rédaction de C'est Entendu. Il mérite à lui seul le prix de dix tickets et d'un million de coups de soleil. Il est simplement l'un des hommes les plus en vogue sur la scène du glitch hop. Il est l'alchimiste délicieux expérimentant ses tubes à essais avec la folie d'un génie délirant. Sa musique est sans frontière, tantôt douce et voluptueuse, tantôt dubstep cheaptune. Vous pourrez dire à vos enfants "j'y étais !"

Album à écouter : "Los Angeles" (2008)

Le tout récent Kill Your Co-Workers (ci dessous) ou le délicieux Camel (ici)

Lisez aussi nos chroniques de l'album "Cosmogramma" (2010) et de l'EP "Pattern+Grid World".




House Of Pain (West Coast hip hop)

Après Cypress Hill, le premier jour, on retrouve un autre monument hip hop : House Of Pain. On les connait, on a tous sauté au son de leur tubesque Jump Around. Après leur dissolution en 1996, ils se reforment et nous donnent un pretexte pour enfiler nos maillots de basket afin de zoner à la cool. Cimer les soos' !

Album à écouter : "House Of Pain" (1992)

Jump Around ... jump jump jump jump !




Booka Shade (live) (tech house)

Les deux allemands de Booka Shade jouent une techno à toute épreuve. Surfant sur la corde fine de la tech house expérimentale, ils sont ce que la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) allemande peut offrir de meilleur. Auteurs d'un "Dj Kicks" de qualité en 2007, ils serviront des rêveries soniques aux oreilles des festivaliers.



Album à écouter : "Movements" (2006)

Écoutez Night Falls




Lindstrom (live) (space disco)

Le froid norvégien a lui aussi sa disco. Lindstrom s'est fait connaître en 2008 avec "Where You Go I Go Too" dont le single n'a pas tardé à faire le tour de la blogosphère. Riche et pourtant éthérée, la musique de Lindstrom évoque la fraiche après-midi des plaines glacées de son pays nordique. On y danse pour oublier qu'on a froid.



EP à écouter : "Where You Go I Go Too" (2008)

Écoutez le très long Where You Go I Go Too




Factory Floor (electronic/post-punk)

Voilà une musique qui renifle le smog londonien dont elle est issue. Factory Floor donne la place à une poussière sonique, un spleen acide. Ces anglais proposent, sur une rythmique presque noisecore, un post-punk qui n'est pas sans évoquer les mancuniens Joy Division et à propos duquel Angus, de Liars, ne tarit pas d'éloge. Le sol du festival, en pleine tachycardie, y fera sa crise d'épilepsie mélancolique.



Disque à écouter : "Lying / A Wooden Box" (2010)

l'obscure Wooden Box




Saul Williams (hip hop)

Saul Williams, c'est le hip hop qui se met à la poésie, c'est un véritable talent et un amour des mots. L'américain fera une lecture sur beat de ses lyrics politiques et prosaïques. Saul Williams marie avec brio ses deux amours : la musique et les lettres. Méconnu, l'américain donnera à cette édition du festival ses lettres de finesses ... d'un swag ravageur.



Album à écouter : "Saul Williams" (2004)

Le groovy List of demands (reparations)



Il faudra aussi garder une oreille sur :

Suede (britpop)
Joker (grime)
The Gaslamp Killer (hip hop experimental)
Architecture In Helsinki (twee pop)
Aeroplane (nu-disco)
Erol Alkan (electro)

vendredi 20 mai 2011

[Alors quoi ?] Le Festival de Dour 2011 - Vendredi 15 juillet

Après un premier jour tout en beats et en sueur, le festival de Dour entame une deuxième journée de haut vol. De la britpop de Pulp à la techno de Joy Orbison en passant par le délicieux r'n'belge de Hoquets, vous risquerez l'hyperactivité sonique.



Pulp (britpop)

A moins d'avoir été complètement sourd durant les années quatre-vingt dix ou d'être né après la chute du mur de Berlin, vous avez déjà dansé frénétiquement sur les tubes britpop de Pulp. Le groupe anglais refait surface 10 ans après leur dernier album. Ce sera avec quelques rides mais sans, on l'espère, les doigts ankylosés, que ces "common people" feront leur retour sur la scène de Dour.


Album à écouter : "Different Class" (1995)

Le tube Common People




Hoquets (r'n'belge)

Nos chouchous belges seront, évidemment (non ?), présents sur la scène de Dour. On vous a parlé et reparlé de ce groupe imaginatif et audacieux. La plus belle description, le plus beau poème, les plus belles mélodies belges actuels, c'est à eux qu'on les doit. Avec leurs instruments "home made", on fait le pari (sans risque) qu'ils mettront dans leur poche les festivaliers.


Album à écouter : "Belgotronics" (2011)

Remuez votre Couque de Dinant




Deerhoof (indie rock / noise pop)

Difficile de ne pas tomber sous le charme des arrangements inventifs de Deerhoof. Porté par la voix zarbi de Satomi Matsuzaki, le groupe de San Francisco mêle à merveille l'audace et la pop. Après un très bon "Deerhoof Vs. Evil", leur passage à Dour était aussi attendu que nécessaire pour nos oreilles. Déguisez-vous en panda et allez suez devant ces talentueux artistes.



Album à écouter : "Friend Opportunities" (2006)

Devenez fou avec Panda Panda Panda




Claude Vonstroke (microhouse / tech house)

Patron du label Dirtybird, Claude Vonstroke propose une microhouse pêchue et fine. Depuis 2006 et son premier LP ("Beware Of The Bird"), l'homme de Détroit réinvente une tech minimale drôle et subtile. L'utilisation de la voix dans sa musique est fraiche, audacieuse et addictive. Ses mélodies ne peuvent laisser indifférents même les plus apathiques d'entre vous.


Album à écouter : "Beware of the Bird" (2006)

L'emblématique Vocal Chords




Joy Orbison (future Garage / dubstep / techno)

Joy O fait partie de cette nouvelle vague anglaise qui s'amuse a déjouer les codes du dubstep. Intelligent et efficace, il surfe cependant sur différents styles, ce qui le rend presque intaggable. Depuis 2009, il ne cesse d'intriguer. Ses prestations scéniques laissent le public en sueur et en admiration. Il reste pourtant tout à découvrir de cet artiste surprenant.


EP à écouter : "The Shew Would Have Cushioned The Blow" (2010)

Écoutez Hyph Mngo




Bibio (electronic set) (électrofolk / IDM)

Les nappes aériennes de Bibio sont relax et feutrées, dans l'esprit de celles des confrères/inspirations Bords Of Canada. Bibio offre une IDM enivrante et colorée. Dans un set electro, l'anglais transformera la plaine de Dour en théâtre sonique et dessinera ses grands espaces étrangement rassurants voguant entre pop et expérimentation.



Album à écouter : "Mind Bokeh" (2011)


Écoutez The Ephemeral Bluebell




Syd Matters (singer-songwriter / pop folk)

Une folk aérienne et inspirée, c'est ce que propose Syd Matters. Le parisien s'est révélé en 2003 avec l'album "A Whisper and a Sigh" et enivrera le festival de ses nappes mélodieuses. C'est la curiosité qui poussera les festivaliers à pénétrer avec langueur l'univers sonique riche et varié de Syd Matters. Avec les chansons de "Brotherocean", le groupe nourrira les aficionados des belles balades.


Album à écouter : "A Whisper and a Sigh" (2003)

Écoutez Black & White Eyes



Il faudra aussi garder une oreille sur :

Ellen Allien (techno)
Mogwai (post rock)
Das Pop (indie pop)
Rusko (dubstep / dub-techno)
Klaxons (dance-punk / indie rock)
Vitalic (V mirror live) (électro house)
Riva Starr (house)
Len Faki (minimal / techno)

mardi 17 mai 2011

[Alors quoi ?] Le Festival de Dour 2011 - Jeudi 14 juillet

Dès le premier jour du festival de Dour, la plaine de la Machine à Feu s'inonde de musique. Du hip hop West Coast le plus culte au dubstep le plus fin, le lineup de ce premier jour donne déjà au festival tout son crédit.



Channel Zero (thrash metal)

Ces derniers mois ont été marqués par le retour sur scène du groupe bruxellois Channel Zero, le thrash métal à son meilleur. Après 13 ans d'absence, le groupe mondialement connu s'époumonera sur des guitares survitaminées et des grosses caisses assourdissantes pour un retour triomphal à Dour. Qu'on aime le métal ou pas, Channel Zero mérite une oreille, ne serait-ce qu'en l'honneur de leurs grandes années. Et qui sait, vous vous retrouverez peut-être à hocher la tête rageusement au rythme des mélodies acerbes de ces talentueux métalleux.

Album à écouter : "Black Fuel" (1999)

la chanson Black Fuel


Kyuss Lives ! (stoner rock)

Kyuss est souvent considéré comme le groupe fondateur du stoner rock. Josh Homme, guitariste du groupe jusqu'à sa dissolution en 1996 (et absent de la formation réunie cette année), fondera d'ailleurs Queens Of The Stone Age et plus tard Them Crooked Vultures, dans la droite lignée de Kyuss. Doté d'une imagination sonique hors norme, ces américains décrasseront les oreilles des festivaliers avec leurs sons étranges, pervers et efficaces. Leur retour sur scène est un événement en soi, les rater serait une erreur pour soi.

Album à écouter : "Welcome To The Sky Valley" (1994)

la chanson Green Machine



Cypress Hill (West Coast hip hop)

Sarieux les mecs, je dois vous parler de Cypress Hill ? Comment ne pas connaître ce groupe plus célèbre qu'un mariage de Kate et William ? Vous êtes fous dans votre membrane ? Cypress Hill c'est le hip hop nineties qui enfile des casquettes et balance des beats à la cool en fumant tarpé sur tarpé. Le soleil de LA s'importe jusqu'à Dour cette année et non sans amener son lot de chanmé et de ghetto-blaster ! Ils viendront jouer leur dernier album "Rise Up" pour notre plus grand plaisir. West Coast bro !

Album à écouter : "Black Sunday" (1993)

l'über connu Insane In The Brain




Foals (indie rock / math rock)

Le rock anglais s'est renouvelé ces derniers années. Foals en est l'une des figures de proues. Sans être excellents, sans prétendre changer la face du monde, les cinq d'Oxford proposent une musique aérienne et mélodieuse qui ne sombre heureusement pas trop souvent en mielleuse sucrerie. Avec leur pas trop mauvais "Total Life Forever", naviguant entre l'indie rock nouvelle génération (initié par Bloc Party) et le math rock, Foals sera la bière fraîche de ce premier jour.

Album à écouter : "Total Life Forever" (2010) (lisez en notre review ici)

La chanson Spanish Sahara




Gold Panda (electro pop / chillwave)

En 2010, Gold Panda surfait tranquillement sur la vague hype de la chillwave avec son album "Lucky Shiner" et en particulier la chanson You qui marqua pas mal la blogosphère. Le londonien souffle ses nappes aériennes sur des beats lo-fi avec légèreté et mélancolie. On ne sait que peu de choses de cet homme mais il mérite votre attention auditive, lui qui arrive à offrir quelque chose d'inattendu dans un style qu'on pensait déjà essoufflé.

Album à écouter : "Lucky Shiner" (2010)

l'ensoleillé You



Kode9 & The Spaceape (live) (dubstep)

Le dubstep est, comme toujours, joliment mis à l'honneur à Dour. Cette année, les festivaliers auront la chance de recevoir le fondateur du label Hyperdub et l'un des plus talentueux producteur dans ce domaine : Kode9. Sa collaboration avec The Spaceape a abouti à deux albums de qualité où le dubstep se réinvente en poésie. Ce live est le rendez-vous à ne rater sous aucun prétexte, on y promet de l'audace et de la superbe !

Album à écouter : "Memories Of The Future" (2006)

la chanson 9 samurai



Laurent Garnier (LBS) (techno, electro, nu jazz)

On peut écouter tous les albums de Laurent Garnier, on ne pourra pas pour autant prétendre connaître sa musique. Car c'est bien en live que le français donne du sens à son œuvre. Pour lui, le Dj mix ne prend son sens que lorsqu'il est étiré sur plusieurs heures. Le français d'ajouter que c'est trop facile de préparer un set de deux heures, l'excitation ne nait que dans l'imprévu et l'improvisation sonique. C'est pour cette raison qu'il offrira à Dour un set de plus de 300 minutes non-stop. On en a déjà des sueurs chaudes.

Album à écouter : "Mix at the Rex Club" (2003)

Écoutez Gnanmankoudji (live)



Il faudra aussi garder une oreille sur :

Pierre (techno, DJ résident du très renommé FUSE Club)
I'm From Barcelona (indie Pop / twee Pop)
Body King Of Nowhere (folk belge)
TC (drum & bass)
Proxy/tiga/Sound of Stereo/Boys Noize/D.I.M./Djedjotronic (electro house)


A très vite pour le détail du 15 Juillet.

Julien Masure

[Alors quoi ?] Le Festival de Dour 2011

Le festival de Dour est l'événement belge des vacances d'été. A l'opposé des festivals globophages écœurants où la musique importe moins que le bénéfice qu'elle génère, Dour est LA référence festivalière. Une sélection éclectique s'y étale durant quatre jours sur pas moins de sept scènes, le tout pour un prix démocratique. Si vous ne le connaissez pas encore (sait-on jamais), vous pouvez toujours consulter nos archives et découvrir ce qu'il en était l'année passée. Le secret de Dour ? Un esprit, un amour de la musique et surtout, un lineup audacieux !



Le Lineup du festival :







Participez au concours pour gagner des goodies du festival.

mercredi 27 avril 2011

[Vise un peu] Hoquets - Belgotronics (ou "Belgium will never die !")

"Les moules, les frites, le chocolat, la bière, ... mais la Belgique, c'est bien plus compliqué que ça !" C'est sur ces paroles ô combien sages que le trio bruxellois Hoquets ouvre "Belgotronics", un premier album talentueux, drôle, et par-dessus tout important, ce vis à vis de la Belgique. Car "Belgotronics", c'est le livre "la Belgique pour les nuls", c'est la nouvelle Muette de Portici, c'est comme le bain de foule fédérateur des Diables Rouges de 1986, c'est une nouvelle brabançonne dont nos ministres connaitraient les paroles, c'est l'équivalent d'un coup d'Etat de Yan Bucquoy, d'un entartage de Noel Godin ou encore d'un dessin de Philippe Geluck mais plus que tout, cet album atypique, c'est un stoemp (accompagné d'une bière d'abbaye) !


(Le Stoemp : simple (même si brouillé), délicieux et possède un nom imprononçable pour ceux qui ne maîtrisent pas le "belge". Un plat typique qui, comme Hoquets, raconte la Belgique)

(Stoemp)


L'élan des Hoquets est profondément terroiriste, celui d'aimer son pays tel qu'il est, même s'il s'avère être parfois complexe, absurde et ridicule, qu'importe la grise mine des millions d'autres habitants. Car l'identité belge se fane, s'effrite (sans jeu de mot)... Le Belge semble oublier de plus en plus la beauté et la grandeur de son pays, miné par l'impuissance de ses élites à créer un gouvernement, par un nationalisme flamand grandissant (mais pas unanime non plus), par une famille royale qui n'a plus de sens que pour les quinquagénaires, j'en passe.

Pourtant, ainsi que nous le chantent Hoquets, la Belgique est belle, drôle, mélodieuse, poétique et hors-du-commun. Il est des plaisirs que seuls les belges connaissent. Celui, par exemple, de se casser les dents sur une couque de Dinant, dure comme la pierre ; de visiter "cette jolie ville de Bruges" et tomber amoureux de la Venise belge ; ou encore de s'enivrer à l'Orval, cette bière d'abbaye délicieuse. Ce sont ces plaisirs, ces fiertés belges que racontent Hoquets, de la victoire contre Napoléon en 1815 (la naissance de la Belgique en somme), jusqu'à un portrait ironique de l'OTAN (dont le siège se trouve à Bruxelles), en passant par un hommage à Benny B (belge, pour rappel).


(Béni B)

L'album n'est d'ailleurs pas seulement audacieux sur le fond (prendre pour point de départ de toute trame de chanson la Belgique, vous trouvez ça vendeur ?), il l'est également sur la forme. "Belgotronics" est bien évidement un hommage aux "Congotronics" (pour rappel, le Congo était une colonie belge), dont le principe, simple, consiste à la récupération d'objets divers en instruments de musique. Ainsi les arrangements sont frais, originaux, profondément pop dans la structure, entrainants et fédérateurs et ceci grâce également aux voix des trois bruxellois, mélodieuses et drôles. L'accent anglophone de Mc Cloud, le chanteur, et les paroles parfois en anglais, ajoutent une dimension nouvelle, amusante et percutante, une ironie inattendue de la part d'un groupe dépeignant le plus célèbre des plats pays, probablement un clin d'oeil à toutes les batailles linguistiques que connait la Belgique ? Car après tout, l'unique langue que tout le monde semble capable de parler dans ce pays... c'est l'anglais.

(Ci-dessus, la carte de la Belgique vue par TF1 (26 avril 2010))

(3 Régions 3 Communautés)

"Belgotronics" est un album important pour la Belgique, et ce pour plusieurs raisons : il est la profession de foi d'un groupe qui deviendra l'un de ses plus fervents ambassadeurs. C'est aussi l'une des plus jolies odes modernes à ce pays minuscule, mêlant le grotesque à la poésie. Mais il s'agit avant tout de la plus belle réponse que l'on pouvait imaginer aux prémices de balkanisation qui hantent la Belgique. Si les discours politiques formatés ne font que renforcer les à priori, si les préjugés semblent pulluler dans les crânes de plus en plus de belges, la musique des Hoquets, elle, rassemble, rassure. Car elle est un langage adressé volontairement et intelligemment à tous les belges, qu'ils soient wallons, flamands ou bruxellois. Vous admettrez que c'est plutôt rare.


Julien Masure

lundi 9 août 2010

[Alors quoi ?] Playboy's bend, l'interview

En 1989 Nintendo créa le Game-boy et avec lui une horde de geeks qui allaient s'acclimater l'oreille aux sons de la console portable. Plus de vingt ans plus tard, ces sons Lo-Fi (Low-Fidelity, opposé au Hi-Fi), calqués sur les mélodies 8-bit, redonnent un second souffle à nos vieilles consoles "démodées." Les Playboy's bend, chirurgiens nerds, trafiquent, customisent, réarrangent les vieux jouets de notre enfance pour nous plonger dans une pop chiptune et bruitiste des plus nostalgiques. Comme aime le dire le pompier moustache : "Let's go !"

Playboy's Bend - Popkid 2000


Pendant les quatre jours du Festival de Dour, j'ai eu la chance de croiser ces recycleurs de jouets hors-pair et de leur poser quelques questions.



"Après tout, la musique, c'est aussi un jeu"


C'est Entendu : Bonjour Caroline, bonjour Xavier. J'ai eu la chance de vous voir aux Ardentes de Liège il y a quelques jours et ici à Dour. Vous tournez de plus en plus et pourtant vous restez atypiques dans le paysage musical belge. Comment définiriez-vous votre style pour les lecteurs de C'est Entendu ? Un 8bit Lo-Fi ?


Xavier : En fait, on utilise des sons Lo-Fi oui mais avec un coté expérimental. On peut dire qu'on est un groupe de Pop-Synthé/électro à la fois bruitante et expérimentale. Notre but, c'est de faire de la pop mais tout en gardant une originalité sonore, une pop un peu décalée en quelque sorte.


CE : Experimentale et bruitante ? Ça parait fort élitiste dit comme ça …


Xavier : Non justement, on n'est pas élitiste du tout, je peux te dire qu'on a donné pour ça. Notre première volonté c'est de plaire ! D'ailleurs, l'interface des jouets nous permet de toucher plus directement les gens. Ils voient les jouets et se disent "oh c'est sympa, c'est inoffensif" et nous, on en sort des sons très noise ! Et je trouve qu'ils ont raison, c'est vrai que c'est sympa les jouets, plus que de rester derrière un ordinateur…


"Pika pika !"


CE : Justement, ces instruments/jouets incroyables, vous les trouvez-où?


Xavier : Un peu partout : brocantes, seconde main ou encore les parents désabusés par leurs enfants qui appuient trop sur le bouton (rire) ! Les petits rien aussi …


CE : Cette idée peu banale de trafiquer d'anciens jouets, elle vous est venue comment ?


Xavier : En fait, parallèlement à mes cours d'électronique, j'ai découvert sur Youtube des américains qui faisaient ça (ndlr ça s'appelle du "circuit bending"), j'ai passé des heures à regarder ça et j'ai trouvé ça délirant. J'ai tout de suite acheté un ou deux jouets, j'en ai grillé deux ou trois (rires) ! Et puis, au fur et à mesure, je me suis dis "pourquoi pas en faire un projet musical ?"



CE : On a souvent l'impression que ceux qui font, comme vous, du Lo-Fi et du 8-Bit sont d'anciens grands joueurs de jeux-vidéo qui veulent redonner une deuxième jeunesse à leur passion !


Xavier : Moi j'étais un champion à Pacman (rires) ! Vraiment ! Ceci dit, c'est vrai que je ne joue plus aux jeux actuels, alors que j'adore reprendre un vieux Game-Boy et y rejouer.

Caroline : Moi aussi, j'ai juste un vieux Game-Boy et une GameCube avec seulement Mario Kart.



CE : Comment expliquez-vous cette nostalgie des jeux "old school" et cette naissance du chiptune dans la musique ?


Xavier : Je crois qu'aujourd'hui, on est tellement dans le Hi-Tech, ça a un coté chirurgical. Je ne pense pas que ce soit avec une technologie plus développée qu'on s'amuse plus. On revient à des trucs plus simples, comme des Game-Boy… Le jeu-vidéo, ça ne doit pas être compliqué pour être amusant ! Et là justement, on est arrivé à des choses trop sophistiquées.

Caroline : Je crois aussi que c'est un retour de mode, un retour vers les eighties.


CE : Il y a quelques heures, vous étiez sur une scène de Dour, le concert s'est bien passé ? Le public ici, vous le trouvez comment ?


Xavier : Je crois que c'est le concert où on s'est le plus amusé, on reviendra (rires) !


CE : Vous avez eu un petit soucis de guitare apparemment ! (ndlr la guitare/jouet a planté pendant le solo de Caroline, le public a alors repris en chœur le thème qu'elle jouait)


Caroline : C'était impressionnant !

Xavier : Ici le public n'a pas peur !


CE : Ça vous arrive souvent que vos instruments plantent comme ça ?


Xavier : Ça fait partie du jeu ! On joue avec des puces "Made In China," très cheap. J'essaie d'optimiser pour que ça plante le moins possible mais quand ça arrive on se dit "c'est pas grave !"

Caroline : On ne vient jamais à un concert sans piles (rires) !

Xavier : Et puis la prise de risque, c'est excitant ! Tout ça, ça fait partie du Lo-Fi, ça joue beaucoup sur l'aléatoire. Ca fait partie du jeu … c'est juste une histoire de jeu. Après tout, la musique, c'est aussi un jeu !



Playboy's Bend, ça n'est pas seulement deux grands enfants avec des jouets sur scène, mais bien un groupe à l'inventivité (trop) rare dans ce plat pays. Ce duo aux influences multiples et intéressantes (on a par exemple aperçu Caroline au concert de Chris Cunningham) sortira bientôt un nouvel album. C'est Entendu va garder l'oreille tendue vers ces deux liégeois, il y a fort à parier qu'ils nous réservent de jolies surprises.


Le site officiel du groupe

Le Myspace

La page Facebook




Julien Masure

vendredi 6 août 2010

[They Live] Dour Festival 2010

Dour Festival, que demande le peuple ?
15, 16, 17 & 18 juillet


Photos par Julien Masure

Dour est bien plus qu'un festival, c'est un événement fédérateur. C'est un amour d'été auquel on pense pendant nos hivers glacés. Quatre jours de musique en continu sur six scènes différentes, c'est tout simplement ce qui se fait de mieux en matière de festival en Belgique et cette édition (même si on pouvait avoir quelques réserves sur le line-up avant de s'y rendre) ne déroge pas à la règle. Vous imaginez bien qu'avec presque soixante heures de musique (voire plus si l'on compte la "tente after") au programme, il serait vain de prétendre être exhaustif. Vice inhérent à tous les festivals (ou presque), la notion de choix reste le dilemme de tout un chacun. Dour et ses six scènes font rêver d'ubiquité. Laissez-moi cependant vous raconter les meilleurs moment de ces quatre jours de musique, de chaleur, d'alcool et de découverte musicale tel que j'ai pu les vivre !

Si cette édition a été de qualité, ce fut dès son ouverture. Il n'est que 14 h, le premier jour et je me dépêche. Playboy's Bend, groupe belge 8-bit/bruitiste ouvre les festivités. J'avais pu les voir quelques jours auparavant aux Ardentes. Bidouilleurs nostalgiques, ils retouchent leurs vieux jouets et s'en servent comme véritables instruments. Au delà de la simple anecdote, ce groupe développe une véritable bit-pop fraiche et originale. La Belgique, ce n'est pas que les Tellers et autres Eté 67 trop peu imaginatifs ! Le public l'avait compris et était plus que présent, ce, malgré l'heure prématurée de ce concert. Je les ai recroisé plus tard pour leur poser quelques questions (leurs réponses seront lisibles ici-même avant la fin de la semaine).




A peine une demi-heure de repos et Peter Digital Orchestra installe ses platines sur la même scène. Dandy aux moustaches old-school, il enflamme la tente et fait danser ceux qui hésitaient encore. Avec une House influencée par le Hip-Hop et la 8-Bit (lui aussi), Peter Digital Orchestra fait partie de ces découvertes agréables qui confirment la réputation du festival. Je regarde ma montre, il est à peine 17 heures...







Hypnotic Brass Ensemble a été le souffle jazzy du festival. Même si les neuf musiciens de Chicago n'avaient rien de novateur ni de subversif, leur jazz-hip hop s'est imposé de lui-même. On y passe, on y reste et une fois fini, on les quitte, le baume au cœur. Dan Le Sac vs Scroobius Pip ont, quant à eux, enfoncé le clou hip-hop avec qualité. Le point fort de ce concert reste le problème technique qui a obligé Dan Le Sac (le chanteur) a meubler quelques minutes avec un flow a capela des plus épiques (au point qu'on en a eu la chair de poule).



Autant vous le dire tout de suite, le plus grand moment de ce festival, peut-être même le plus grand moment de mes vacances d'été, fut le "concert" de Chris Cunningham. Pour ceux qui ignorent encore qui est cet homme (trop) étrange, il n'est autre que l'un des plus grands réalisateurs de clip vidéos (il a également réalisé des courts, des publicités ainsi que, je suppose, d'autre choses obscures). Il est l'auteur du très fameux clip de windowlicker, par exemple.

Ce show visuel était attendu par beaucoup ! Trois écrans et des lasers étaient au service de l'anglais pour un concert mêlant angoisse à excitation. Chris Cunningham, avec l'aide de divers types de musiques (ambients abstract) et de quelques expérimentations, donne une nouvelle dimension au mariage du son et de l'image. Les beats complexes prennent sens lorsque la vidéo leur fait écho et l'amoncellement d'images devient cohérent avec la musique. Les histoires qu'il nous conte font froid dans le dos, nous échauffent la bile ou bien excitent nos muscles. On y retrouve la "femme à la grosse tête" (qui est devenue encore plus étrange), bien connue de la pub pour Playstation où encore "Rubber Johnny," l'humanoïde terrifiant. Le tout est bien évidemment retravaillé, reformulé et bien plus immersif (ainsi que le montre cet extrait ou encore celui-ci). Beaucoup ne semblent cependant pas comprendre l'originalité de ce concert. J'ai pu entendre des "Oh, t'as vu y a des écrans !" ou encore les exaspérants "alllllééééé" pour appeler les basses (sic). L'immersion est telle qu'on les oublie vite pour se plonger totalement dans la tête mindfuck du freak. Ce sera une reprise magnifique du New-York is Killing Me de Gil-Scott Heron imprimé sur des images des rues New-yorkaises qui achèveront ce live unique. On ressort déboussolé de ce concert, perturbé. Plus qu'un show, ce fut une expérience.


Rainbow Arabia a, malgré la maigreur du public présent dans sa tente, offert un live de qualité. La belle et énergique Tiffany Preston (la chanteuse et guitariste du groupe) ferait presque oublier, par ses postures suggestives, que Rainbow Arabia est non seulement un duo mais que ces deux-là sont mariés. Les mélodies exotiques mélangées à un rock assez frais produisent un concert complet, sans être pour autant transcendant.

L'électro fut, comme chaque année à Dour, de très haut niveau. Impossible cependant d'être exhaustif et j'ai, par exemple, du occulter le grand Carl Craig à mon plus grand regret. Trois noms sortent cependant du lot. Jesse Rose a proposé un set de sa meilleure micro-house. Dave Clarke, le très connu Dj-Producteur a assommé le festival d'une techno puissante et étourdissante. Enfin, Renaissance Man, le duo finlandais, a joué tout simplement le meilleur set qu'il m'ait été donné de voir depuis très longtemps. De Aphex Twin (un remix de Windowlicker hypnotisant) à Animal Collective (le remix non officiel de Mike Monday), ces quelques 90 minutes de set n'auraient jamais dû se finir ! On pourra noter également le concert de De La Soul qui a bien sûr rassemblé et mis tout le monde d'accord. Sans être pour autant exceptionnel, ce set a porté la foule et a réveillé le hip hop nineties qui s'était assoupi en nous. Le concert s'achève avec un clin d'œil à Gorillaz, ils confirment leur place de tête d'affiche et l'assument à merveille ! Sur une note plus critique, Gui Boratto et Agoria ont déçu. L'un comme l'autre n'ont jamais pu décoller. La faute peut-être au fait que Gui Boratto s'est produit après Jesse Rose et Agoria après Dave Clarke, une relève difficile.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre concernant Los Campesinos! Leur dernier album "Romance is Boring" n'est pas inintéressant mais j'avais des réserves concernant sa portée sur une scène. Elles se sont confirmées une fois que le groupe a entamé son premier morceau. Plat, sans la chaleur que pouvait transpirer l'album, les gallois ont déçu. Ce fut le cas également (et c'était prévisible) pour Uffie. L'américaine, lavée à la hype-o-matic, s'est montrée telle qu'on pouvait l'imaginer : vide, formatée et inintéressante. On s'est empressé de passer son chemin.

Ce qui fait la force de Dour, c'est sa philosophie (il reste l'un des rares grands festivals qui a refusé de se faire racheter par le géant Clear Channel), son ambiance, son affiche de qualité, ses découvertes. Ces choses qui font que c'est plus qu'un festival. C'est Entendu est rentré comblé de ces quatre jours de musique en tous genres. On remet une croix dans le calendrier pour l'édition 2011 !


Julien Masure

Prochain numéro : quelques autres festivals et la conclusion du dossier.