C'est entendu.

mardi 3 août 2010

[They Live] Les Ardentes de Liège


Les Ardentes de Liège, "je préfère partir plutôt que d'entendre ça plutôt que d'être sourd !"
8, 9, 10 & 11 juillet


Ce qui importe dans un festival, c'est certes son line-up, mais également sa cohérence, sa personnalité. Hier, je vous parlais du Fuse On The Beach à la personnalité si forte, assumée et renforcée, eh bien, c'est sur ce point que pèche le Festival des Ardentes à Liège. J'y ai passé quatre jours de mes vacances et j'ai eu constamment cette impression étrange. L'impression d'être continuellement perdu entre les scènes, les publicités, les kids et tous ces inconnus... aussi égarés que moi. Pourtant ce line-up avait un sacré potentiel !

Au delà des problèmes flagrants d'organisations (plusieurs heures de files pour entrer sur le camping et le site le premier jour) et d'une météo peu favorable (le soleil était accablant), cette édition des Ardentes 2010 a déçu, voire écœuré. Pourtant, une poignée d'artistes nous ont permis, le temps d'un concert, de ravaler notre déception.

Jamie Lidell, ce jongleur sonique, a offert l'un de ses plus beaux concerts au festival. Liège a transpiré au sons funk et soul du britannique. Son dernier album (signé sur Warp Records) laissait présager un concert de qualité mais il a surpassé toutes les attentes. C'était plein d'imaginations, de surprise et d'audace ! Le sommet est atteint lorsqu'il crée de toute pièce une chanson a base de boucles vocales enregistrées en direct. Un grand moment de musique !

Playboy's Bend a été la révélation de ce festival. Au sons de vieux jouets recyclés, ces gens jouent une musique 8-bit expérimentatrice mais pourtant très pop. J'ai eu la chance de les voir dans un cadre encore plus agréable quelques jours plus tard à Dour et ai même pu emprunter quelques minutes de leurs temps pour une interview (à lire dans l'article dédié à Dour).

La prestation de N.E.R.D. n'a laissé personne de marbre. Qu'on aime ou que l'on déteste Pharrell, qu'on ait trouvé risible son "Come on Brussels !" démontrant le peu d'intérêt qu'il avait pour le public liégeois (ndlr. près de 90 km séparent les deux villes et je vous assure qu'en Belgique, 90 km, ça compte), N.E.R.D. a fait souffrir les jambes des festivaliers. Show haut en couleur, la température est montée à des degrés que l'on n'imaginait plus dans ce festival.

Au premières lueurs de la nuit, l'allemand minimaliste Pantha du Prince a plongé Liège dans les tréfonds les plus sombres de sa musique avec un set entièrement live d'une complexité parfois trop lourde et pas assez catchy (du moins pour les quelques néophytes se trouvant dans la salle). Si certains on du trouver ça "un peu mou" d'autre auront compris la profondeur de ce set. Tout le monde s'est mis d'accord lorsque, dans la dernière demi-heure, Hendrik Weber (le vrai nom de Pantha Du Prince) s'est montré plus sexy pour finalement terminer par son Stick To My Side.

Aux petites heures de la nuit, Ellen Alien, suivie de Monika Kruse, a emboité le pas de Pantha Du Prince pour nous plonger dans une techno étourdissante. Plus de quatre heures de beats assommants et puissants. Ces deux femmes ont eu de quoi achever une bien jolie soirée. On en arrive presque a se dire que le reste en valait la peine !

Malheureusement, le retour à la réalité est brutal. Car si ces artistes-là ont pu sauver nos oreilles pendants quelques heures, il a été des moments où l'on aurait préféré avoir des bouchons. Tout d'abord, dans un élan somme toute assez honorable (à priori), Les Ardentes avaient offert une place importante aux groupes belges (liégeois principalement) et ce pour notre plus grand déplaisir. Devant nous se produisaient les groupes vus et revus, entendus et qu'on ne veut plus entendre, clichés comme peuvent l'être les mièvreries de quelques jeunes qui se disent "on va faire du rock, comme ça on se tapera plein de meufs !" Une consternante stagnation musicale proposée par les éternels Tellers, Piano Club, Lucy Lucy, Eté 67 et autres Dan San (nouveaux venus sur la scène des "petits branleurs belges"). Aux jeunes belges qui veulent faire de la musique : arrêtez de croire qu'il n'y a que le rock ou le folk dans la vie ; aux programmateurs : arrêtez de croire que "si c'est Belge, c'est forcément bon !"

A ces futilités qui n'ont sans doute servi qu'a dépoussiérer les amplis, on peut ajouter le risible Saez, les peu subtiles Sound Of Stereo ainsi que les grassouillets Petits Pilous. Il en faut pour tous les gouts je suppose ...

Entre ces très hauts et ces très très bas, de nombreux concerts en demi-teinte. Une Charlotte Gainsbourg, jamais très convaincante ni convaincue, des Midnight Juggernaught qui avaient la tête ailleurs, un Here We Go Magic sans relief, deux Crystal Castle qui ne sont plus qu'une caricature d'eux-mêmes.

Et puis, il y a le public. Rarement là quand on a vraiment besoin de lui. Erykah Badu, par exemple, semblait jouer devant un réunion de mal-entendants. Je me souviens même m'être demandé si le live de Pavement n'était pas un long sound-check ...
Festival peut imaginatif, lieu-commun d'une musique plane, qui n'est plus que l'ombre d'elle même, Les Ardentes peuvent cependant remercier les quelques artistes dont le talent a su, par moments, faire oublier le prix et la lourdeur de ces quatre jours.

Julien Masure


Prochain numéro de ce dossier : Le Festival de Dour.

3 commentaires:

  1. Pauvre garçon qui pleure parce qu'il pleut à Fuse on The Beach et pleure aussi parce qu'il y a du soleil aux Ardentes! Pauvre garçon perdu entre les scènes d'un micro-festival qui est parmi ceux qui en a le moins (trois et pas tout le temps!). Pauvre garçon qui regrette la tradition des groupes locaux et oublie d'aller voir les trucs qui passent ailleurs au même moment(vrai qu'il est perdu entre les trois scènes, le garçon). Pauve graçon qui a oublié de regarder le programme et de jeter une oreille à Sharon Jones, Adam Green, Jose James, Health ou d'autres. Pauvre garçon qui souligne le prix d'un des rares festivals ou on peut bouffer et boire pour pas trop cher...

    Pauvre critique qui n'a même pas perçu les vraies raisons pour assassiner les Ardentes : une affiche qui à force de dispersion dissuade de tout enthousiasme massif du public (Pavement en suite de Cypress Hill, faut le faire, non?) et une propension à en faire une fête locale où on va plus faire ripaille qu'écouter de la musique (ce qui a son charme vu sous d'autres angles!).

    Tout ceci avec un zeste d'humour, bien entendu!

    Ah oui et dans la dispersion de la programmation, Erykah Badu a simplement récolté ce qu'elle méritait...

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  2. J'avoue que faire un compte rendu des Ardentes sans parler d'Adam Green, ça craint.
    Et Ian Brown aussi tiens.

    Et NERD c'était mou et chiant. Cypress Hill c'était beaucoup mieux.

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  3. Et midnight Juggernauts avaient la tête bien à Liège, or personne n'était réceptif à ce qu'ils voulaient faire passer...

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