Steve Ellison semble avoir pris un abonnement annuel à la hype tant "Cosmogramma" a été l'un des albums les plus attendus de l'année dans les cercles où l'instrument de choix est un laptop. Proclamé par ses fans comme le nouveau messie de la beat music, Flying Lotus ne se fera pas que des adeptes avec un album aussi dense où les couches de nappes se découvrent au fil des écoutes et qui se prête à toutes sortes d'exercices de fusion de sons et de styles. Il y en aurait pour longtemps à citer tous les courants qu'on peut identifier dans un tel disque, parfois bruitiste comme le jazz qui l'inspire peut l'être, adoptant les évolutions amenées par les derniers courants du dubstep et de la bass music anglaise sur une base ancrée dans le hip hop post-J Dilla. "Cosmogramma" est à la croisée de nombreux chemins, et c'est sa principale différence avec "Los Angeles" (sorti en 2008 chez Warp lui aussi) qui ne peut prétendre à tant d'éclectisme.
Comme à son habitude, Flying Lotus n'aime pas se répéter et les variations des thèmes s'enchainent sans temps mort dans des morceaux très courts qui appellent à être réécoutés encore et encore lorsque le moment de grâce se révèle enfin à nos oreilles. Et pas de suspense ici, il y a de la magie dans cet album. Première vraie percée dans l'univers moite de "Cosmogramma," Pickled! est la superposition d'un synthé aux effets bien modernes sur des lignes de basses sorties tout droit d'un disque de fusion des 70's, façon Jaco Pastorius. Peu après ça sera avec des cordes cinématiques qu'il cherchera l'embrouille sur Zodiac Shit et plus tard avec la voix de Thom Yorke, en l'utilisant juste ce qu'il faut, pour la mélodie et la texture et sans donner l'occasion à ce dernier de trop déposer son empreinte sur l'une des chansons les plus faciles d'accès de ce disque avec la monumentale Do The Astral Plane, plutôt surprenante de prime abord, mais qui se révèle être le gros tube de l'album grâce à sa basse maligne. Pour les plus téméraires, les nombreuses digressions fortement connotées jazz seront loin d'être inintéressantes, rappelant parfois les sonorités de Tortoise (sur Satelllliiiiiiiteee en particulier) ou de Lonnie Liston Smith pour citer quelqu'un d'autre qu'Alice Coltrane (la tante d'Ellison, en hommage de laquelle la harpe est omniprésente).
Do The Astral Plane
Bien entendu, à vouloir proposer un disque narratif avec des beats comme c'est le cas ici, on s'expose toujours à enchainer les transitions. De ce coté-là, Flylo s'en sort bien malgré une certaine perte de vitesse à mi-parcours qui donne cette impression d'alternance entre des passages minimalistes et d'autres un peu bordéliques et je ne suis pas tellement convaincu non plus par la façon dont l'album s'achève. Toutefois, pas de quoi bouder son plaisir, Flylo signe encore là un disque très intéressant qui reste un réussite même si toutes ses ambitions ne sont pas réalisées.
Thomas Goo
You nail it, Thomassss !
RépondreSupprimerC'est ma deuxième écoute là, depuis ce matin, et je dois dire que j'aime beaucoup!
RépondreSupprimerIl est beaucoup moins homogène que Los Angeles, et il y a des choses plus difficiles à avaler (notamment le tout début et surtout Clock Catcher), ce qui fait que j'ai encore du mal à l'envisager pleinement, mais s'il est n'est pas l'épiphanie attendue, soudaine et salvatrice, il n'en est pas moins très bon et intéressant.
RépondreSupprimerMoins simple à aborder que le précédent, mais tout de même très bon. À noter la participation remarquée du monsieur à l'album du tout aussi remarqué Gonjasufi...
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