C'est entendu.

vendredi 22 octobre 2010

[Vise un peu] Syd Matters - Brotherocean

"Brotherocean" a tout d'un album de Syd Matters : les fans et les détracteurs se rejoindraient au moins sur ce résumé laconique. On pourrait se dire que c'est trop prévisible et paresseusement passer notre tour. Oui, on sait déjà par cœur le mode de fonctionnement de Jonathan Morali, ses mélodies aériennes aux climats changeants. Mais il y a ce truc qui tape derrière la tête : la peur de passer à côté d'un très bon album.

Syd Matters en a épaté plus d'un avec ses trois premiers disques remplis de chansons vêtues d'un habillage folk atmosphérique. Il a aussi un statut privilégié, presque intouchable et chouchou des médias "in", qui peut agacer. Mais le fait est que Jonathan ne s'est jamais assis sur son piédestal et l'a même rejeté pour s'engouffrer sous sa couette : de là, il a accouché douloureusement de "Ghost days".

Loin de moi l'idée de le plaindre, mais il ne doit pas être simple tous les jours d'assumer son rôle de "Syd" national. Eh bien, sur "Brotherocean", il semble qu'il s'affranchisse un peu de ce poids. Il procède comme à son habitude pour créer un univers très imagé à la manière de Midlake ou Robert Wyatt. Mais la composition s'affine et Jonathan paraît moins se compliquer la vie : il s'est "contenté" d'écrire de bonnes chansons. Et il a réussi. Dix fois.

Guitare acoustique, piano et chœurs restent de précieux alliés avec des rythmiques un peu plus vivantes et quelques flûtes. Pas grand chose n'a changé. Il y a toujours des dizaines d'idées à l'intérieur d'un même morceau, mais Jonathan et ses musiciens se sont concentrés sur l'essentiel. Ne vous fiez pas uniquement à Hi-Life, le premier single encore empreint de beaucoup de solennité. Les autres chansons sont beaucoup plus légères et flottantes, comme ma favorite justement nommée I might float.



Sur la pochette dessinée, on peut distinguer des queues de poisson et laisser le reste à notre imagination. On plonge dans "Brotherocean" avec un titre plein de vie, Wolfmother, léger et pétillant comme une eau rafraîchissante, auquel répond comme dans un miroir le poème folk débraillé final Hadrian's wall. D'eau, il est beaucoup question puisque Syd raconte des histoires autour de l'idée de ce Brotherocean, dont l'identité et le parcours restent bien entendu mystérieux.

Si vous aimez Syd Matters, vous écoutez déjà en boucle son quatrième album paru à la fin du mois d'août. Et si vous ne vous êtes jamais affolé devant la bande de Jonathan, ça n'est pas aujourd'hui que cela va se produire. Mais le voyage à travers ce "Brotherocean" est passionnant. Il prouve que même en rêvant tout éveillé, Syd Matters ne s'est pas encore endormi sur ses lauriers.


Béatrice Corceiro

1 commentaire:

  1. Bel article.
    J'ai rapidement écouté l'album après l'avoir lu, ce que je n'avais donc pas fait jusque là. Il faut dire qu'ayant été très fan de son tout premier album à sa sortie, les disques suivants m'avaient un peu déçu. Je ne les trouve pas spécialement mauvais, mais ils retiennent peu mon attention, et me lassent rapidement. C'est aussi la voix de Morali que je trouve trop monotone, son chant me lourde très facilement et, en réalité, je ne reviens jamais sur son premier opus.
    Mais je dois avouer que ce "Brotherocean" passe beaucoup mieux, les chansons m'ont l'air plus riche, et l'écouter me rappelle tout ce qui m'avait charmé quand j'ai découvert Syd Matters, y'a de ça quelques années maintenant..

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