C'est entendu.
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mercredi 23 juin 2010

[Réveille Matin] The Television Personalities - A Picture of Dorian Gray

Que Dieu pardonne à Dan Treacy. Qu'il prenne en pitié ce pauvre garçon fatigué qui n'aurait jamais dû vieillir. Qu'il ai une clémence infinie pour ce type qui aurait voulu boire du thé avec Syd Barrett et passer sa vie chez lui à composer des jolies chansons. Un peu de compassion s'il vous plaît pour ce songwriter un peu maudit, un peu triste, qui aura passé sa vie à essayer de survivre avec ses morceaux surannés et inspirés des 60's qu'il aurait voulu connaitre, au sein d'un projet bancal qu'il avait appelé les Television Personalities. Et s'il a sorti une pléthore d'albums ennuyeux, s'il est allé en prison pour vol après des années sans domicile dans les années 90, s'il n'est plus aujourd'hui sur scène que l'ombre de lui-même, donnant de tristes concerts mou, plats et alcoolisés où il massacre ses vieux chef d'oeuvre sous un bonnet miteux, Dan Treacy reste tout de même ce teenager à la voix fluette et un peu fausse qui a sorti, en 1981, un petit chef d'oeuvre lo-fi et bancal de pop douce qui résonne encore, après toutes ses années, dans de nombreuses chambres à coucher de jeunes gens pas très beaux et maigrichons qui lisent trop et ne sortent que rarement de chez eux : cet album s'appelle "...And don't the kids just love it", et il résonne à l'instant même chez moi, avec en lui les fantômes d'une jeunesse morte qui vibre encore au son des guitares électriques pas trop distordues et des suites d'accords pop.

Cette vision de la pop, elle est aujourd'hui devenue une culture commune pour beaucoup de gens, ayant lancée avec elle tous les groupes twee et C-86, mais aussi pas mal de petits ensembles lo-fi et amateurs qui n'ont pas eu peur d'enregistrer avec presque rien. Cet album, c'est l'expression la plus pure et douce-amère d'une jeunesse passée à trop rêver, à trop attendre, à trop lire, à trop croire en des choses qui ne sont pas arrivées. Mais si les paroles vont parfois dans des domaines sombres et déprimants, le ton général est plutôt à la joie, douce et un peu triste, un espèce de sourire niais mais tout à fait honnête venu d'un type à fleur de peau. Sur A Picture of Dorian Gray, Dan nous explique que quand il aura acheté un manoir, il y invitera plein de gens, et que tout le monde pourra y rester, à boire du thé citronné, manger des sandwichs aux concombre au bord de la rivière, et regarder un portrait de Dorian Gray, celui qui aurait voulu ne jamais vieillir, celui qui aurait voulu rester toujours beau, celui qui aurait voulu que le temps s'arrête pour toujours. C'est mélancolique et pourtant joyeux, le son un peu baveux et sale offrant une aura étrange à l'ensemble, l'inscrivant dans une époque inconnue, impénétrable, mélodies provenant d'un ailleurs littéraire plus beau dans lequel on voudrait ou aurait voulu parfois vivre un peu.

Emilien Villeroy.

lundi 25 janvier 2010

[Réveille Matin] Jeffrey Lewis with Jack Lewis and Anders Griffin - If you Shoot the Head you Kill the Ghoul

On parlait d'antifolk l'autre jour, et il est impossible de citer le mouvement (sous-genre du punk incluant des éléments de la musique folk américaine) sans citer Jeffrey Lewis et l'un de ses nombreux avatars, surtout pour nous autres français que Jeffrey a pris l'habitude de visiter à raison d'une ou deux tournées nationales par an.

En 2003, accompagné de son frère et du batteur Anders Griffin, il enregistrait son deuxième LP.

Ce qui rend Jeffrey Lewis si attachant, ça n'est pas son faciès étrange mais la fascinante combinaison de ses talents de songwriter folk (dans la plus pure tradition post Dylanienne), de son amour pour la pop culture américaine (les comic books, notamment, il est d'ailleurs lui-même dessinateur et expose sur scène ses œuvres, illustrations visuelles de ses chansons) et le débit de son chant monotone, grave et le plus souvent faux.

Sur cet album, la chanson la plus cool est celle que vous trouverez dans le lecteur sur votre gauche, et qui est la vision rock bancale et excitée d'un film de George A. Romero. L'arrivée de la basse après le premier couplet n'est pas grand chose, mais au sein d'un trio, elle me fait le même effet que si un quatuor de trombones avait joint la parade freak formée par ces trois idiots, qui nous expliquent comment se sortir de l'impossible situation que serait l'avènement des morts vivants.


Joe

mardi 10 novembre 2009

[Réveille Matin] Holy Shit - Maul is missing

Je vais vous dire, le problème avec Ariel Pink, c'est que malgré son statut de gourou underground de toute la nouvelle scène psychédélique de la Côte Ouest des États Unis, il n'en reste pas moins qu'il a encore besoin de changer d'avis sur le concept-même du lofi. Non parce que bon, c'est bien beau d'être un chaman poids lourd sur scène, encore faudrait-il sortir des disques écoutables ! A quoi bon composer de si fameuses envolées sonores si c'est pour les laisser planquées sous des couches de poussières sur CHACUN de ses disques ?
Chacun ? Non, j'exagère. D'abord parce que, Jésus m'en est Témoin, je ne les ai pas tous écoutés (ils sont pléthore) et ensuite parce que j'en connais au moins deux qui ont été enregistrées comme il faut, et je vous parle là des deux premières pistes de l'album "Stranded at Two Harbors" de Holy Shit, l'un des groupes dans lesquels Ariel a trainé ces dernières années, et qui était un trio composé de lui-même, de Matt Fishbeck et de Christopher Owens, alias le guitariste et chanteur de Girls. Le groupe n'enregistra d'ailleurs qu'un unique album, plutôt bon, mais comme d'habitude englué (à partir de la troisième piste donc) dans "le lofi."


On a dit ça et là que le prochain album d'Ariel, quel que soit l'avatar sous lequel il le signera, serait enregistré comme il faut, et croyez-moi quand je vous dis que je vais l'attendre la bave aux lèvres, parce que lorsque l'on connaît le potentiel de ses chansons et ce que cela peut donner avec un son de qualité, on peut s'attendre à un grand disque. J'en veux pour preuve la chanson de ce matin, Maul is Missing, qui est l'exemple parfait de ce dont nous parlions il y a quelques semaines : une musique bancale, qui semble avancer à tâtons, pas convaincue de sa destination, comme si les musiciens n'arrivaient pas à décider quel instrument ils comptaient utiliser (orgue ? guitare ?), quel tempo devait adopter la boîte à rythme, et à quel moment l'interrompre pour attraper un tambourin. De la musique de branleurs, gentiment psychédélique, totalement instrumentale, avec une seule guitare (lasse et cradingue) pour soutenir l'ensemble et un final très sobrement orchestral. Certains parmi vous auront du mal à comprendre ce qui en fait un bon morceau, ou tout simplement en quoi c'en est un, alors je vous réponds tout de suite que je ne vous donnerai pas de réponse. Je suis trop un branleur.


Joe

jeudi 15 octobre 2009

[Réveille Matin] Pavement - Debris Slide

"We're Only in it for the Money". Ils l'ont pas dit comme ça, mais on voit bien que c'est pas par pure bonté de coeur que Pavement a décidé de se reformer pour une longue série de concerts à travers le monde qu'on imagine forcément sold out en 2010. C'est en tout cas ce que semble dire implicitement Bob Nastanovich (vous savez, le mec qui joue de plein d'instruments et qui gueule dans le fond) quand il sort des phrases en interview du genre "C'est une reformation unique", "On ne se voit jamais, je pense pas qu'il y aura de problèmes" ou "Ce n'est pas moi qui déciderai des morceaux qu'on jouera". Un peu comme si les 00's n'avaient jamais existé, revoilà nos ex-branleurs sur scène, par le bon vouloir de Malkmus qui avait du temps libre, et annonçant haut et fort que ça ne sera suivi d'aucun autre album (et c'est tant mieux).


En attendant ces grandes messes musicales qui vous rappelleront que le temps passe et que, foutre, ils ont plus de 40 ans, on peut se souvenir de l'année 1991, juste avant l'explosion du groupe, quand Pavement n'était qu'un petit groupe de post-ados qui sortaient des e.p. en dilettantes sur Drag City, qui était alors un minuscule label dont Pavement était la première signature, l'époque où Gary Young était leur turbulent batteur et que leurs concerts étaient un peu bordéliques, l'époque où l'on entendait encore pas mal qu'ils aimaient bien The Fall. L'époque où sortait leur 3ème e.p., l'excellent Perfect Sound Forever.


(Debris Slide)

Brut mais plus précis que sur leurs précédents essais, Pavement apparait dans les 7 morceaux de cette petite déflagration de 12 minutes comme un groupe à la fois en devenir et ayant déjà trouvé son style. Ces morceaux sont du pur Pavement, guitares cool mais molles qui font des solos, rythmiques qui groovent, Malkmus qui déblatère des textes flous, tout est là et pourtant tout est à venir. Et si le groupe ne peut s'empêcher de mettre deux petits interludes noise pas très convaincants pour rire, il sort aussi ses premiers classiques : Heckler Spray est un instrumental absolument génial, From Now On est parfaite et braillarde, Home a les meilleures guitares. Et puis il y a Debris Slide, le tube, avec ses guitares sur-mixées et sa batterie ultime qui mènent inexorablement vers un refrain dont les "pa, pa, padapa (debris slide!)" sont nés pour être entêtants. C'est bruyant, c'est bancal, c'est un peu n'importe quoi, mais c'est d'une efficacité redoutable. C'est Pavement quoi. Le meilleur groupe de rock des 90's. Venez vite en France les mecs. Je sais que vous jouerez pas ce morceau et que ce sera sûrement au foutu Zenith, mais je suis prêt à faire avec.


Emilien.

jeudi 27 août 2009

[Réveille Matin] The Slits - Instant Hit

Bonjour à tous ! J'espère que vous n'en avez pas encore assez du "Rock'n Fall" matinal parce que ça n'est pas encore fini ! Aujourd'hui je veux vous parler des Slits, un, non LE girls band anglais de la fin des années 70. Copines de John Lydon et de pas mal d'autres post punks londoniens à l'époque, ces gamines sortent en 1979 leur premier album culte, "Cut" en y mélangeant le dub, le reggae, le punk et l'afrobeat tout en arborant une posture féministe (et infantile) assez appuyée qui marqua forcément l'Histoire du Rock.




Instant hit, premier morceau de "Cut," porte ironiquement un titre qui ne semble pas fait pour lui.

Ici, la question que l'on peut se poser est "à quoi tient ce morceau ?" En effet, on est en présence d'un dépouillement proche de celui d'un morceau de dub dont la guitare minimaliste et la batterie omniprésente sont directement inspirées, créant toutes deux un rythme syncopé caractéristique, suivi d'un break, le tout en une boucle infinie, sur laquelle se pose uniquement une maigre flute. En réalité c'est à se demander si ce sont les voix qui empêchent le morceau de sembler trop branlant. ou si l'inverse est vrai. Bien que le chant ne soit pas réellement mis en avant, les mots scandés par Ari Up et repris en canon semblent faire avancer la chanson (autrement très répétitive et quasi uniquement rythmique) et à la fois l'embourbe dans un nouveau cycle multiple qui donnerait presque le tournis - la flute semble alors avoir pour but d'éveiller un serpent musical tournoyant hors de son pot - ce qui semble être le propos de la chanson, qui évoque un garçon prenant de l'héroïne et qui se perd dans une divagation bipolaire "amour/haine."

Ou quand des gamines inventent le tournis dépouillé médicamenteux. Voici une vidéo accompagnant la chanson (attention la qualité de l'image est affreuse) :




Joe

mercredi 26 août 2009

[Réveille Matin] David Bowie - D.J.

Bonjour à tous ! La chanson de ce matin est certes moins adaptée à un réveil en douceur que les deux précédentes - elle évoque d'avantage le monde de la nuit - elle n'en reste pas moins tout aussi représentative du thème de la semaine.

Remettons-nous dans le bain, voulez-vous ? On est en 1979 et Bowie sort le troisième volet de ce qui sera appelé sa "trilogie berlinoise," soit l'une des trinités les plus cultes de l'Histoire du Rock, avec deux premiers volets ("Heroes" et "Low") sortis tous deux en 1977, et révolutionnaires de surcroit. "Lodger," troisième et dernier épisode, est cependant plus excentré et s'il continue une exploration des possibilités de la pop à l'aube des années 80, il zieute bien moins vers l'expérimentation que vers une approche plus directe du TUBE pop tel que les années 80 le concevront.



Dans l'œil de ce cyclone brassant les influences et les sons, D.J. emprunte autant au funk qu'au post-punk et à l'électronique et est probablement la chanson la plus mythomane que nous vous proposerons cette semaine. Prenez-le dans le sens qui vous plaira : l'étrange melting pot des influences, l'étonnante (sur) occupation de l'espace, le chant tantôt travaillé (sur la fin du premier refrain par exemple) tantôt venu des tripes (sur la fin : "He used to be my boss and millions of puppet dancer / I am a D.J. and I got believers"), les paroles même, évoquant un disc jokey totalement obnubilé par son occupation principale ("I am a D.J. / I am what I play"), mono-maniaque et coupé de la réalité ("I've got a girl out there I suppose / [...] / I think she's dancing, what do I know ?"), tout cela évoque la déglingue la plus totale et pourtant la maitrise nécessaire au groupe pour réussir le morceau est assez dingue.

Et vice versa.

La direction de la chanson et ses arrangements ne sont pas laissés au hasard et il n'est pas aisé d'arriver à un tel résultat. Si vous croyez que les violons au tout début sont là par hasard, détrompez-vous. Ils sont une marque de goût et ne réapparaissent jamais par la suite, un moyen efficace de provoquer le besoin de les réentendre. Si vous croyiez que Prince avait inventé le coup des "smack smack" avec son tube Kiss, ravisez-vous, il l'a piqué à Bowie. Si vous n'avez pas remarqué que le morceau était bâti assez classiquement, finalement, avec des refrains, une accalmie suivie d'une montée explosive, dites-vous bien que Bowie en faisant le D.J. sait exactement où il va : si une chanson valait un rôle, il aurait l'Oscar.

Libre à vous maintenant, de juger de sa performance d'acteur en regardant le clip qui vous attend ici. A demain, pour une nouvelle chanson.


Joe

mardi 25 août 2009

[Réveille Matin] Katerine - Titanic

Bonjour à tous ! J'ai décidé de continuer sur la lancée d'hier et de vous embringuer dans une nouvelle histoire de morceaux boiteux, et pour cela, je rappelle à votre bon souvenir ce cher vieux Philippe Katerine, qui avait quand même été un sacré poids lourd du tube "en français" aux côtés de TTC et Cali aux alentours de 2005-2006. Souvenez-vous, il était King of French Pop il y a seulement quatre ans, et c'est comme si c'était au siècle dernier.


Il y a une sorte de paradoxe temporel autour des sorties pop de 2005, d'ailleurs, c'est un fait avéré, et les meilleurs spécialistes se sont penchés sur la question et en sont arrivés à la conclusion que 2005 était la première année depuis 1987 à avoir vu ses sorties pop sombrer aussi vite (en l'espace d'un an et demi MAX') dans la ringardise et le désir d'oubli. En effet, si tout le monde dansa sur Girlfriend de TTC (avec pour mémoire les paroles mémorables : "Suce-moi bien pétasse / Prend des initiatives / Moi j'n'hésite pas / Car direct j'te sodomise !"), et moi le premier, personne aujourd'hui ne peut se targuer de scrobbler* cette chanson plus de 0.1 fois par an en moyenne, tout comme plus personne aujourd'hui n'écoute Katerine et son Marine Le Pen, qui faisait tant rire il y a quatre ans et qui aujourd'hui semble si daté (alors que vous devriez tous jeter un œil au travail préalable à "Robots, après tout," et surtout l'album "Mes mauvaises fréquentations," daté de 1996 et dont l'humour et les arrangements exquis n'ont pas pris une ride).



Cependant, loin, très loin de moi l'idée de rejeter en bloc un album dont les singles ont peut-être perdu de leur pouvoir de séduction mais dont les textes plus intimistes restent tout aussi intelligents et prenants. Ce Titanic évoque dès son titre ce dont je vous parlais hier matin, à savoir la déglingue qui l'anime : une énergie molle, un rythme branlant, un chant faux la moitié du temps, et par moments (le piano arrive) des regains d'inspiration, comme le morceau naissant et se mettant petit à petit en place dans l'esprit du musicien. Les paroles elles-même peuvent être perçues comme une mise en abime, ou quelque distanciation, lorsque Katerine chante son trajet de retour matinal - celui-là même pendant lequel, encore en proie à quelque substance ou manque de sommeil, il commence à visualiser la chanson, qu'il marmonne, et dont le procédé de construction prend fin lorsqu'il arrive au bout de sa pensée et passe à autre chose ("Ça m'est égal et je ne pense plus à ça").

Ce Titanic peut sembler vaguement futile à l'auditeur distrait, mais il revêt néanmoins pour moi l'universalité de cette chanson que tout le monde (vous aussi) a un jour chantonné, à partir de paroles toutes plus quelconques et banales les unes que les autres. La chanson du quotidien, celle qui nous vient sans rien, et qui disparait aussitôt nos lèvres closes.
Vous pourrez dire tout le mal que vous voudrez de Philippe Katerine, mais en ce qui me concerne il a le mérite d'avoir enregistré cette chanson-là.


Joe


* scrobbler, dans le langage internet des geeks musicaux, est un terme lié à l'utilisation du logiciel LastFM, dont le principe consiste à enregistrer dans une banque de données disponible en temps réel la somme des fichiers lus par un ou plusieurs lecteurs défini(s) par l'utilisateur. En clair, "scrobbler" de la musique c'est écouter de la musique sur un ordinateur et ainsi faire évoluer ses charts. Cependant, "scrobbler" est passé (faut-il croire) dans le langage "courant" et peut signifier tout simplement "écouter de la musique."



P.S. : Si plusieurs d'entre vous ne se reconnaissent pas dans le portrait dressé de ces gens ayant aimé Katerine ou TTC avant de les laisser tomber, et si ceux-là parmi vous ont plutôt en tête quelque chose comme "Ja-Mais de ma VIE, je n'ai dansé là-dessus, j'ai toujours trouvé ça bon à ger-ber," passez outre et considérez plutôt la chanson avec une oreille neuve, et si vous ne l'aimez toujours pas, passez-vous un vieux disque de Chet Baker, faites vous un thé et lâchez-nous les baskets !

lundi 24 août 2009

[Réveille Matin] Silver Jews - Trains across the sea

Bonjour à tous ! Ce matin, je vous propose la première chanson du premier album ("Starlite Walker," 1994) de Silver Jews, le groupe de David Berman, dont le dernier album était si chouette, et était aussi probablement le dernier, vu que David a annoncé il y a quelques mois qu'il mettait un terme à sa carrière pour se lancer dans le dessin et la politique.

Rien de tel qu'une balade à bicyclette pour lancer ma carrière de politicien !




Quoiqu'il en soit, je voulais dire à ceux qui trouveraient ce morceau insipide que si je l'aime tant, c'est parce qu'il est bancal : la batterie semble parfois perdre le rythme, le piano au début est un peu lâche, et le chant de Berman (faux, la moitié du temps) ne tient qu'à un bout de ficelle usagé. C'est le genre de morceau qui me parle parce qu'il me semble réaliste, c'est à la fois comme si n'importe qui pouvait le jouer et comme si c'était moins le résultat d'une session d'enregistrement que le déroulement en temps réel de la création du morceau dans le cerveau déglingué de son auteur, lequel, sentant venir la mélodie au fur et à mesure qu'elle lui vient, fredonne sans conviction les paroles qui trainent dans les recoins de son subconscient adjacents au T1bis accueillant cette mélodie nouvelle. En cela, ce morceau bancal m'en rappelle trois autres, que j'aime énormément : DJ, par David Bowie (sur "Lodger," 1979), Dirt, par Lou Reed (sur "Street Hassle," 1978) et Titanic, par Katerine (sur "Robots, après tout," 2005), et je trouve que ce genre de chanson sied parfaitement à une matinée difficile, comme j'envisage que celles de cette semaine le seront (je parle pour moi, en tout cas). D'ailleurs, il y a des chances pour que je vous passe les trois autres morceaux dans les jours qui viennent. Ou peut-être pas.
En tout cas, pour les fanatiques du groupe, ou juste ceux qui auraient aimé cette chanson, la voici jouée en Janvier dernier, lors du concert d'adieu du groupe, avec un son très moyen, cependant :





Joe