Bonjour à tous ! J'ai décidé de continuer sur la lancée d'hier et de vous embringuer dans une nouvelle histoire de morceaux boiteux, et pour cela, je rappelle à votre bon souvenir ce cher vieux Philippe Katerine, qui avait quand même été un sacré poids lourd du tube "en français" aux côtés de TTC et Cali aux alentours de 2005-2006. Souvenez-vous, il était King of French Pop il y a seulement quatre ans, et c'est comme si c'était au siècle dernier.
Il y a une sorte de paradoxe temporel autour des sorties pop de 2005, d'ailleurs, c'est un fait avéré, et les meilleurs spécialistes se sont penchés sur la question et en sont arrivés à la conclusion que 2005 était la première année depuis 1987 à avoir vu ses sorties pop sombrer aussi vite (en l'espace d'un an et demi MAX') dans la ringardise et le désir d'oubli. En effet, si tout le monde dansa sur Girlfriend de TTC (avec pour mémoire les paroles mémorables : "Suce-moi bien pétasse / Prend des initiatives / Moi j'n'hésite pas / Car direct j'te sodomise !"), et moi le premier, personne aujourd'hui ne peut se targuer de scrobbler* cette chanson plus de 0.1 fois par an en moyenne, tout comme plus personne aujourd'hui n'écoute Katerine et son Marine Le Pen, qui faisait tant rire il y a quatre ans et qui aujourd'hui semble si daté (alors que vous devriez tous jeter un œil au travail préalable à "Robots, après tout," et surtout l'album "Mes mauvaises fréquentations," daté de 1996 et dont l'humour et les arrangements exquis n'ont pas pris une ride).
Cependant, loin, très loin de moi l'idée de rejeter en bloc un album dont les singles ont peut-être perdu de leur pouvoir de séduction mais dont les textes plus intimistes restent tout aussi intelligents et prenants. Ce Titanic évoque dès son titre ce dont je vous parlais hier matin, à savoir la déglingue qui l'anime : une énergie molle, un rythme branlant, un chant faux la moitié du temps, et par moments (le piano arrive) des regains d'inspiration, comme le morceau naissant et se mettant petit à petit en place dans l'esprit du musicien. Les paroles elles-même peuvent être perçues comme une mise en abime, ou quelque distanciation, lorsque Katerine chante son trajet de retour matinal - celui-là même pendant lequel, encore en proie à quelque substance ou manque de sommeil, il commence à visualiser la chanson, qu'il marmonne, et dont le procédé de construction prend fin lorsqu'il arrive au bout de sa pensée et passe à autre chose ("Ça m'est égal et je ne pense plus à ça").
Ce Titanic peut sembler vaguement futile à l'auditeur distrait, mais il revêt néanmoins pour moi l'universalité de cette chanson que tout le monde (vous aussi) a un jour chantonné, à partir de paroles toutes plus quelconques et banales les unes que les autres. La chanson du quotidien, celle qui nous vient sans rien, et qui disparait aussitôt nos lèvres closes.
Vous pourrez dire tout le mal que vous voudrez de Philippe Katerine, mais en ce qui me concerne il a le mérite d'avoir enregistré cette chanson-là.
Joe
* scrobbler, dans le langage internet des geeks musicaux, est un terme lié à l'utilisation du logiciel LastFM, dont le principe consiste à enregistrer dans une banque de données disponible en temps réel la somme des fichiers lus par un ou plusieurs lecteurs défini(s) par l'utilisateur. En clair, "scrobbler" de la musique c'est écouter de la musique sur un ordinateur et ainsi faire évoluer ses charts. Cependant, "scrobbler" est passé (faut-il croire) dans le langage "courant" et peut signifier tout simplement "écouter de la musique."
P.S. : Si plusieurs d'entre vous ne se reconnaissent pas dans le portrait dressé de ces gens ayant aimé Katerine ou TTC avant de les laisser tomber, et si ceux-là parmi vous ont plutôt en tête quelque chose comme "Ja-Mais de ma VIE, je n'ai dansé là-dessus, j'ai toujours trouvé ça bon à ger-ber," passez outre et considérez plutôt la chanson avec une oreille neuve, et si vous ne l'aimez toujours pas, passez-vous un vieux disque de Chet Baker, faites vous un thé et lâchez-nous les baskets !
Katerine ouais, mais TTC..... J'ai jamais pigé et je pigerai jamais.
RépondreSupprimer