C'est entendu.
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mardi 7 décembre 2010

[Réveille-Matin] Sea Oleena - Winter Wonder Land

C'est l'hiver. On se gèle les nougats, tous les jours c'est la fin du monde pour les uns (les cons) et la perspective de joies simples pour les autres (mes chouchous), tandis que les voitures roulent au pas en arborant fièrement la coupe de cheveux de Lionel Jospin.

On s'en fout nous, on est à l'intérieur. Installons-nous donc au coin du feu. Tout près, si près qu'on se brûle presque le visage. Laissons l'odeur du bois nous pénétrer, remonter jusqu'au cerveau.

Près de la cheminée, il y a un piano. Une jeune fille s'y installe, et comme dans les films, se met à jouer, fredonnant un air de Noël qui arrête le temps. Sauf que ce Noël-là a quelque chose de néo-psychédélique. Le chant de Noël en question étant une reprise des fous furieux d'Animal Collective.


Et là où l'original est complètement hystérique et insensé, cette version est une grasse matinée de mélancolie sereine, celles où l'on reste au lit en regardant le plafond avec un petit sourire aux lèvres. Elle permet aussi de s'arrêter sur un texte incompréhensible dans la bouche d'Avey Tare, et d'en révéler la beauté pure et naïve. Je vous laisse, le chocolat chaud de ma mamie va refroidir.


Joseph Karloff

P.S. : trois articles mentionnant Sea Oleena en 3 mois, appelez-ça de l'obsession)

mardi 2 novembre 2010

[Vise un peu] Avey Tare - Down There (et antécédents)

L'année 2009 était celle d'Animal Collective. "Merry Weather Post Pavillon" était sur toutes les lèvres et masturbait le cerveau de la moitié de la blogosphère. On a beau adorer cet album, on ne peut que détester la hype qui s'est agglutinée comme de la vermine sur un plat copieux resté trop longtemps sur la table de jardin. Aux jours crépusculaires de l'an nouveau, ils sortaient "Fall be Kind" qui achevait d'un coup sec et puissant 12 mois de sur-médiatisation. L'année 2009 était bien leur année.


Forts de ce succès, Avey Tare et Panda Bear (les deux voix d'AC) décidèrent donc tous deux de sortir en 2010 des disques sous leurs noms propres. Si Noah Lennox (Panda Bear) préfère distiller son œuvre single après single, Avey Tare propose un LP complet (de 34 petites minutes ceci dit), "Down There", un album agréable mais qui manque cruellement d'audace, le principal atout d'Animal Collective.

Pour mieux le comprendre, il faut revenir trois ans en arrière et écouter son premier album solo (l'album a été réalisé avec Kria Brekkan) d'Avey Tare, "Pullhair Rubeye" (2007). S'il est rapidement tombé dans l'oubli, cet album mérite une oreille attentive. La plage d'ouverture (à titre d'exemple) interpelle et surprend avec ses mélodies étrangement inquiétantes composées de sons inversés. C'est bien un disque hors du commun qui est né des expériences chimiques d'Avey Tare. Sans mériter pour autant une place de choix dans votre sonothèque idéale, cet album a de quoi retourner le cerveau de ceux qui l'écoutent.

"Down There" est loin de ces élucubrations funambulesques (souvent futiles, il est vrai). Les rythmiques triangulaires, les mélodies répétitives, les voix bourrées d'échos et de variations de pitch, les handclaps entraînants et les lignes de basses à la limite de la perversion régissent une collection de chansons davantage tournées vers les formules éprouvées par "Merriweather Post Pavillion" et "Person Pitch" (de Panda Bear). Et pourtant, on a l'impression de ne rien découvrir de neuf, de réécouter des chansons qu'on a déjà adoré, de tourner en rond.


(Oliver Twist)

Oliver Twist, le single de l'album est, certes, une bonne chanson mais semble n'être qu'une pâle copie de ce que l'on découvrait en 2007 avec "Person Pitch". On passe au travers de l'album avec un sentiment mitigé, celui d'écouter une musique agréable mais plane, dépourvue des paysages vallonnés que l'on attend d'elle. A l'image de "ODDSAC" (dont on va vous parler bientôt), on a droit ici à un album inégal, un disque qui se prend les pieds dans les marécages merry-weather-post-pavillioniens.

(3 Umbrellas)

Après tout, n'est-ce pas ce que l'on demandait à Avey Tare ? Faire du Avey Tare (comprendre : du Animal Collective bis) ? Ces derniers mois, Panda Bear nous a proposé deux singles en provenance de "Tomboy" (son prochain album). Ces quatre chansons réussissent globalement à faire le pas que "Down There" n'imagine même pas, virant de bord vers un freak folk beaucoup plus psyché et lo-fi.

La force d'Animal Collective et de ses membres était ce déséquilibre constant (il suffit de comparer "Feels", "Stranberry jam" et "MPP"). La crainte que l'on peut avoir est celle de la répétition, d'une redondance stérile et malade. Une musique qui se veut expérimentale comme celle-ci se doit d'avancer, de se renouveler, de se chercher, d'être en cohérence avec le temps qui passe. "Down There", malgré quelques chansons agréables à l'oreille, tombe dans les miasmes d'une musique trop consensuelle, trop prévisible.


Julien Masure

lundi 1 mars 2010

[Réveille Matin] Animal Collective - What Would I Want ? Sky (ou : comment j'ai appris à ne plus m'en faire et à aimer la hype)

Bonjour tout le monde. Aujourd'hui, je vous propose un article un peu spécial : le Réveille Matin de la honte ou devrais-je dire mon Réveille Matin de la honte (ce sera le thème de la semaine). Cette matinée, vos paupières vont s'ouvrir aux joyeuses mélodies des gars d'Animal Collective avec le d'ores et déjà culte What Would I want? Sky.

Oui ! Vous avez bien lu : Animal Collective! Vous vous souvenez surement que vous avez offert le prix de "Pire Truc de 2009" aux 4 freaks de Brooklyn (et C'est Entendu a plus ou moins acquiescé). Alors imaginez : demain, quand j'arriverai à la rédaction, que tout le monde aura lu cet article, j'irai à la machine prendre mon habituel petit café noir on me dira : "Ah ah ! Un café noir! Tu le bois comme ça parce que Pitchfork a dit que ça aussi c'était génial?" Qu'importe, je vous offre tout de même cette magnifique ballade.

What Would I Want ? Sky est issue du dernier EP en date du Collectif Animalier joliment intitulé "Fall Be Kind" et sorti quelques mois à peine après le fameux "Merriweather Post Pavillion." On notera également sur cet EP le très (très) surprenant Graze, qui ouvre avec brio ce disque et dont les derniers minutes laissent place à une flute de pan digne des plus joyeuses fêtes Hobbites. La fin de l'EP est, quant à elle, beaucoup plus sombre et froide. Je ne peux que vous conseiller de l'écouter. What Would I Want ? Sky s'installe avec un peu plus 3 minutes de sons atmosphériques, saupoudrés de quelques "good dreams" obscurcis (le temps de doucement quitter vos rêves justement). Ce n'est qu'au premier "Sky" lancé par Panda Bear que s'éveille la batterie. Peut alors prendre place le chant d'Avey Tare et les entremêlements vocaux entre les deux chanteurs, si familiers à ce groupe. Il suffit dès lors de se laisser porter.

Mais en fin de compte, lorsque Avey Tare nous demande "Do you get up up up ?", on ne peut que se dire que se réveiller aux cotés d'Animal Collective ce n'est pas si honteux.


Julien