C'est entendu.
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mardi 4 octobre 2011

[Vise un peu] The Field — Looping State of Mind

Axel Willner avait fait sensation avec son premier album en 2007. Ce musicien suédois avait sorti un disque apparemment sans prétention, basé sur un concept simple et réalisé avec peu de moyens : des samples provenant souvent de chansons qu'on entend à la radio (Kate Bush, Fleetwood Mac, Lionel Richie, Coldplay…), découpés, montés en boucle, superposés et entièrement recontextualisés sur de nouveaux rythmes avec quelques sons en plus — le tout réalisé avec un logiciel gratuit et mixé en une seule prise la plupart du temps, sans retravailler quoi que ce soit.

Des myriades d'artistes et bidouilleurs amateurs ont dû essayer de faire de même sans parvenir à un résultat probant, alors que Willner a su s'attirer l'attention des amateurs de musique électronique et les compliments des critiques (souvent même dithyrambiques, au point que l'album fut le mieux noté de l'année 2007 selon Metacritic). Pas que sa musique fût particulièrement riche ni même complètement originale en apparence, mais "From Here We Go Sublime" faisait preuve de nombreux coups de génie, des pistes simples mais qui faisaient mouche (et transcendaient complètement les chansons dont elles étaient tirées) — Over The Ice, Everday ou Silent pour ne citer qu'elles.


(Over The Ice, sur "From Here We Go Sublime")

Pourtant, de nombreux auditeurs ne partagèrent pas l'enthousiasme des critiques — et pour cause : "From Here We Go Sublime" était un disque purement électronique, répétitif, et… trompeur ! Car les beats rapides et entraînants laissaient attendre, après une première écoute, un développement, une structure qui aboutirait à des tubes potentiels ou au minimum à quelque chose de dansant. Or rien de tout cela : cet album s'écoutait réellement comme de l'ambient, le contraste entre les boucles (microstructures) très dynamiques et les (macro)structures lentes, reposantes, enveloppantes, allait complètement à l'encontre de nos attentes et nécessitait un certain temps d'adaptation. Pour ma part, je trouve toujours "From Here We Go Sublime" très bon, les pistes possédant chacune leur propre charme, tenant à la fois de la froideur électronique et de la chaleur pop qui transparaît malgré tout (sans les niaiseries autour). Bon, l'album possède quelques défauts : The Little Heart Beats So Fast a un côté agaçant et je trouve quand même que Willner (ou quelqu'un d'autre) aurait pu corriger le gros bug qui fait un trou dans Sun & Ice. Mais à part ça, l'album est particulièrement réussi, et plus original qu'il n'y paraît.


(Everybody's Got to Learn Sometime, sur "Yesterday and Today")

Le deuxième album de The Field, "Yesterday and Today", avait d'autres qualités mais était aussi plus inégal. L'ouverture I Have The Moon, You Have The Internet n'était pas mauvaise mais un peu longue, et peu remarquable par rapport à ce qu'on avait entendu sur l'album précédent ; le sample d'Elizabeth Fraser des Cocteau Twins sur The More That I Do, quant à lui, avait de quoi taper sur les nerfs (à cause de la répétition, pas de la voix de Fraser — j'aime bien les Cocteau Twins). Mais trois des six pistes de l'album étaient des perles : une étonnante et touchante reprise d'Everybody's Got to Learn Sometime des Korgis, qui présentait à la fois chant et boucles répétitives (mariage réussi) ; le final Sequenced qui, sur un quart d'heure, faisait preuve d'une sorte d'illusion sonore qui donnait l'impression que la piste évoluait beaucoup plus que les autres sans que ça soit réellement le cas ; et l'éclatante Leave It, qui conservait le mode opératoire classique de l'artiste mais reste à ce jour l'une de ses plus belles pistes après Everday (du moins parmi ses albums — j'avoue ne pas avoir encore écouté ses EPs).


(Is This Power, sur "Looping State of Mind")

Quant à ce nouvel opus, "Looping State of Mind", eh bien… force est de constater que c'est le moins bon et le moins intéressant des trois. Pourtant, tout démarre bien : la boucle d'Is This Power, au tempo modéré mais assuré, laisse augurer du meilleur. La piste évolue lentement, comme d'habitude, puis un break vient à mi-parcours et fait prendre de nouvelles formes au rythme ; une structure plus évolutive que d'habitude, tout à fait bienvenue. It's Up There continue sur cette belle lancée, et suit aussi une structure en phases sur une boucle particulièrement dansante et réussie. Mais l'album s'essouffle une fois arrivé à la troisième piste. On revient aux structures habituelles des albums précédents, ce qui n'est pas forcément négatif en soi mais, piste-titre mise à part, tout donne une impression de déjà entendu et même de poussif : Burned Out paraît fatiguée, Then It's White semble vouloir évoquer un paysage de neige mais manque singulièrement d'élégance, Sweet Slow Baby n'a rien de véritablement mémorable… Arpeggiated Love rappelle certaines des meilleures pistes de The Field sans parvenir à les égaler ; seule Looping State of Mind est entièrement convaincante. Ce qui nous laisse trente à quarante belles minutes à garder — mais un album inégal dans son ensemble.


(Burned Out, sur "Looping State of Mind")

"Looping State of Mind" n'est pas l'album d'un artiste fatigué ou qui manquerait d'idées : c'est juste un album mineur, décevant (malgré quelques bons moments), de la part d'un musicien qui a déjà fait ses preuves et gagnerait à sélectionner un peu mieux ses pistes. Espérons que le prochain disque sera meilleur. En attendant, on peut toujours se réécouter "From Here We Go Sublime" !


— lamuya-zimina

jeudi 16 juin 2011

[Vise un peu] GusGus — Arabian Horse

Les Islandais m'ont (encore) eu. Je crois bien qu'en temps normal, si je n'avais pas été fan du groupe depuis "Polydistortion", j'aurais tout de suite rejeté cet album en entendant un son d'une telle vulgarité apparente.

D'ailleurs, plusieurs de mes connaissances vont dans le même sens ("abominable", "[…] avec ces voix atroces, c'est juste pas possible"), tant il est vrai que GusGus met les pieds dans le plat avec ses bottes fluo tout au long d'"Arabian Horse" (réverb, chants grandiloquents, relents de pop commerciale et de dance music omniprésents).


(Deep Inside)

Tout cela n'est pas nouveau : je vous en avais déjà parlé il y a quelques mois avec la sortie de l'excellent "24/7", les disques de GusGus ont depuis plus de dix ans un côté club/rave particulièrement marqué, et une qualité parfois inégale (sur les albums techno "Attention" et "Forever"). Mais "24/7" s'en sortait avec les honneurs en utilisant cette esthétique à dessein et en la subvertissant sur une œuvre à la fois originale, conceptuellement réussie et follement accrocheuse. "Arabian Horse", par contre, nous propose un disque pop tout ce qu'il y a de direct en apparence… et pourtant.


(Within You et Over, jouées lors de l'inauguration d'une nouvelle salle de concert à Reykjavik.)

Pourtant, tout comme avec "24/7", GusGus réussit son coup avec "Arabian Horse", et nous propose à nouveau un disque réussi malgré ses apparences peu recommandables. Pour expliquer ça, il faut vous dire ce qui m'a toujours plu chez GusGus (et qui a fait que j'ai continué à les suivre même dans leur pire période, même quand la voix planante de Dániel Ágúst s'est faite plus rare) : ce groupe d'"electronic soul" a toujours eu, quand il le voulait, l'oreille pour créer des beats entraînants et des basses profondes qui touchent au dancefloor sans tomber dans la banalité. "Arabian Horse" commence par un bel exemple de ce talent avec Selfoss (même si elle prend un tournant inattendu et vire en musique tzigane à la fin… pourquoi pas) ; et si les pistes suivantes peuvent sembler carrément pop, elles sont toutes basées sur des compositions de house minimale dans le plus pur style GusGus — tout en adoptant pour les chants un style inspiré par la synth-pop des années 80.

"Arabian Horse" peut avoir de faux airs de retour aux sources, l'album étant le premier depuis un bout de temps à être basé sur des chansons au format quasi-radio (comme sur "Polydistortion" et "This Is Normal") ; mais plutôt que de retourner vraiment à leurs gloires passées (ce qui serait d'ailleurs difficile vu le changement de line-up), le groupe a plutôt assimilé les bons éléments de leurs disques de techno (si, si, il y en avait) pour les inclure dans un album hybride, entre synth/dance-pop et house minimale, ce que GusGus n'avait jamais vraiment fait avant. (Leur album qui combinait le plus pop et électro dansante était "This Is Normal", mais l'ambiance était sensiblement différente, moins synthétique, moins électronique, le son nettement plus 90s et les percussions n'avaient rien à voir.)


(Arabian Horse)

Et ça marche. Le style est assuré, affirmé, les compositions tiennent la route et ne sont pas dénuées d'émotions (souvent étonnamment en retenue d'ailleurs — même si la plupart des pistes les plus réussies sont également les plus dansantes, comme Deep Inside, Over ou la piste-titre). L'album n'est pas sans reproche (la fin de l'album, justement très posée, est moins mémorable que le début), mais c'est un nouveau pas en avant bienvenu pour le groupe et un disque plus original qu'il n'y paraît. S'en sortir avec une telle esthétique quand le groupe semblait si mal parti il y a quelques années et parvenir à se renouveler par la même occasion, finalement, ça inspire même un certain respect… non ?


(… du moins si on arrive à passer outre leurs goûts vestimentaires.)


— lamuya-zimina


P.S. : Si vous avez toujours rêvé de découvrir des groupes islandais qui ne sont pas Sigur Rós, ce lien devrait vous ravir.

mercredi 19 janvier 2011

[Fallait que ça sorte] GusGus — 24/7

Attention : le disque dont je vais vous parler aujourd'hui a probablement tout pour vous déplaire. Six pistes (dont deux sont des reprises) d'électro à progression lente, blindée de sons qu'on jurerait sortis d'une compile genre "Ultimate Rave Party vol.372" et de réverbération, des paroles comme "I wanna make you happy 'cause I like you a lot" ou "I'm feeling hateful because you piss me off", une pochette qui… enfin, jetez un œil sur votre droite... Le disque d'aujourd'hui est aussi sorti après deux albums qui avaient déçu voire dégoûté quasiment tous les fans du groupe, et cette fois-ci la chanteuse qui sauvait encore quelques meubles sur ces deux albums n'est plus là ; un disque qui en prime aborde un sujet qu'on préférerait franchement oublier… vous en voulez encore ? Allez, cerise sur le gâteau : si j'en crois les commentaires laissés sur YouTube, l'un des singles de l'album s'est fait connaître en figurant dans un film du nom de "Monster Cock Craving Sluts" (sic). On fait difficilement plus classe.

Et pourtant, je peux affirmer que c'est un album convaincant, entraînant et osé, qui tourne en boucle dans mon lecteur depuis des mois (bien que je n'aie jamais mis les pieds dans une boîte de nuit et que je ne compte pas le faire de sitôt).

Mais remettons les choses dans leur contexte… GusGus, à l'origine, était un collectif d'acteurs islandais comprenant une douzaine de membres. Si leur carrière cinématographique n'a semble-t-il jamais décollé, ils ont sorti un excellent album orienté trip-hop sur le label 4AD en 1997, intitulé "Polydistortion" (à l'atmosphère feutrée parfois ambiguë, menée par la voix planante mi-angélique mi-lascive de Daníel Ágúst Haraldsson), suivi d'un LP plus dansant, tour à tour pop et électronique : "This Is Normal". Le collectif avait déjà perdu trois membres entre les deux albums, mais en 2000, c'est la débandade : quasiment tout le monde quitte le groupe et il ne reste plus que Birgir Þórarinsson (a.k.a. Biggi Veira) et Stephan Stephensen (a.k.a. President Bongo) sur le navire. Qu'à cela ne tienne, les deux membres engagent une chanteuse du nom d'Urður Hákonardóttir (a.k.a. Earth), tout à fait honorable et qui deviendra l'un des points forts du groupe (même si on sera également heureux de retrouver Daníel Ágúst sur une ou deux pistes en invité), et sortent un album de techno ("Attention") qui, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, déçoit quasiment tout le monde. Tout n'est pas à jeter dessus, les deux premières pistes sont même de sacrés tubes, mais il est vrai que le disque est inégal — et que ses beats et ses sons franchement orientés dancefloor (voire carrément putassiers) ne sont pas forcément au goût des fans de GusGus de la première heure. L'album suivant, "Forever", continue dans la même veine et s'aventure même encore plus loin. Évidemment, presque personne ne l'aime (sauf moi, mais c'est presque un plaisir coupable). Quand Earth quitte le groupe, on est prêts à enterrer GusGus au fond d'un tiroir…


…surtout qu'en 2008, l'Islande se retrouve carrément dans la mouise. La crise économique aura touché le pays d'une manière particulièrement violente, et si je n'ai pas tout suivi de l'histoire (rassurez-vous, je ne vais pas vous faire de cours d'économie — j'en serais d'ailleurs bien incapable), on peut imaginer que tous les Islandais n'étaient pas d'humeur à danser gaiment pour célébrer leur nouvelle précarité. C'est dans ce contexte que sort "24/7"… et l'une des raisons pour lesquelles l'album est une réussite est le fait que, plutôt que d'ignorer ou de fuir cette conjecture, le groupe la confronte carrément. Bongo, Daníel et Biggi répondent à la crise par un album de dance music sombre, ironique et cynique, une rave party désabusée qui pourtant n'abandonne pas un certain hédonisme, comme pour dire "OK, on est dans la merde. Maintenant voyons ce qu'on peut en tirer".


(Thin Ice)

Les chansons de "24/7" parlent donc de plaisirs temporaires, de rancœur et de boulots harassants, sur fond d'électro minimale qui, sous des airs de vulgarité crasse au niveau de certains sons et effets, est plus fine qu'il n'y paraît et se révèle réellement intéressante au niveau des structures et des textures sonores (l'album est sorti sur le label Kompakt, après tout). Surtout, la musique trouve un équilibre étonnant entre expressions d'amertume et d'hédonisme. Ainsi Thin Ice ouvre l'album sur une série de décharges électriques presque agressives, la seule mélodie venant du chant mélancolique de Daníel (heureusement de retour dans le groupe), avant que la basse ne se décide à sortir de son état catatonique après deux minutes, que la piste ne s'arrête puis reparte sur une boucle plus rythmée mais toujours sombre — et qu'enfin, après cinq minutes, le chant décolle, devienne dansant, irrésistible, avec un chœur et un beat qui viennent enfin nous sortir de ce marasme glacé et nous donner sérieusement envie de danser. La progression n'est pas qu'efficace, elle était indispensable. La seconde piste, Hateful, est nettement plus directe, et si elle garde un son qui exsude toujours la froideur et le spleen, c'est bien de haine sans ambages dont parle la chanson, exutoire particulièrement réussi qui n'explose ni ne s'épuise jamais pendant la dizaine de minutes qu'il dure. Le sourire que l'on esquisse en entendant Daníel (qui n'avait jamais mis un mot plus haut que l'autre jusqu'à présent) entonner "If you can't tolerate my kind, you can kiss my fucking ass" provient autant du ridicule de la phrase que de l'énergie négative, transformée en défouloir par le groove de la piste, qui transparaît à travers elle. Peut-on être à la fois ridicule et convaincant, vulgaire et fin, déprimé et entraînant ? GusGus semble bien prouver que oui…


(Hateful)

Sur On the Job, le groupe joue d'une ironie particulièrement grinçante, Daníel prenant une voix éraillée (autant qu'elle puisse l'être), fatiguée et faussement enthousiaste pour nous dire à quel point il est dévoué à son travail 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (le groupe semble ici tester les limites de son esthétique : un peu plus et la piste se casserait la figure — et pourtant, malgré tout, elle tient). Le ton de l'album s'éclaircit un peu sur la seconde moitié du disque, avec une reprise étonnante de Take Me Baby de Jimi Tenor (que l'on peut décrire comme une chanson d'amour robotique bizarre ; Jimi est signé chez Warp et donne lui-même de la voix sur la reprise de GusGus) qui évolue vers l'entraînante Bremen Cowboy, instrumentale réminiscence de certaines pistes d'Underworld au début des années 90, et qui repose finalement un peu de tout ce vague à l'âme et de tout ce cynisme. Enfin, l'album se termine sur Add This Song, à la fois la chanson la plus ouvertement kitsch et l'une des plus prenantes de l'album, qui accumule les clichés de mauvais goût, "euro-trance pop" ou tout ce que vous voudrez, mais qui arrive à sonner sincère malgré tout, plaisir temporaire mais certain qui vient tout éclairer… du moins jusqu'à ce que la piste (dans sa version album) finisse par se dissoudre lentement dans des boucles techno abrasives. Le sentiment d'élation ne dure qu'un instant et il n'en reste qu'un écho à la fin — mais le souvenir est toujours là, et une fois le disque fini, si le quotidien paraît toujours aussi sombre, GusGus a atteint son but : nous redonner envie de profiter vraiment de la vie autant que possible, nous donner envie de danser même au cœur de la crise, de l'hiver et de la dépression.


(Add This Song)

Bref — "24/7" est une réussite, un disque mine de rien hors du commun, et le meilleur album que GusGus ait sorti depuis "Polydistortion". Le groupe vient de publier une compilation pour fêter ses quinze ans et la sortie de leur prochain album est annoncée pour le 25 avril… Pour la première fois depuis quelque temps, on peut l'attendre avec un réel enthousiasme !


— lamuya-zimina

mercredi 25 août 2010

[Réveille Matin] Jürgen Paape - Mensch Und Maschine

Vous voyez, l'Allemagne, le froid, la techno, la minimale ? Aujourd'hui, vous allez vous réveiller comme on se couche à 8 h du matin, fatigué avec des acouphènes. Aujourd'hui, votre réveil va être techno, bruitant et complexe. Vous allez passer pour un intellectuel "de mes deux" auprès de vos ami(e)s. Aujourd'hui vous allez entendre une chanson au titre aussi allemand qu'imprononçable d'un artiste aussi allemand que bizarre. Dites "hallo !" à Jürgen Paape et son Mensch Und Maschine.


Cette track est présente sur la compilation fraîchement sortie des studios Kompakt, à savoir "Kompakt Total 11" dont on va vous parler en détail dans quelques jours mais si vous l'ignorez, Kompakt est simplement l'un des labels allemands (basé à Cologne) les plus prestigieux. Les "Kompakt Total" ont toujours été une sortie attendue et ce numéro 11 ne fait pas exception. Comme je vous l'ai dis, gardez un œil et une oreille sur C'est Entendu, on va vous en reparler en long et en large.





Cette chanson (peut-on encore parler de chanson ?) a quelque chose de très particulier. Elle n'a pas le groove le plus spectaculaire ou entrainant de l'histoire de la musique techno (on n'est pas du tout là), d'ailleurs, elle n'est même pas dansante. Elle est juste hypnotique et est le manifeste parfait du mariage entre la techno et la musique concrète. Je vous en parlais dans mon Nerd Auditif, la musique concrète est cet art musical qui consiste a utiliser des sons non-toniques (par exemple une machine) pour les intégrer sous une forme musicale. La perversion réside dans le fait que le son perd sa notion première (le son d'une machine évoque l'objet lui-même) pour devenir un son en soi (le son n'évoque plus rien de précis). Ce Mensch Und Maschine (homme et machine) balade l'oreille dans des pièces étranges où, sur un beat carré comme peut l'être la musique allemande, des bruits (véritablement) chantent et s'expriment. On est dérouté, perverti, on ne comprend pas mais on n'en décolle pas. Bienvenu en Allemagne !



Julien Masure