C'est entendu.

vendredi 6 janvier 2012

[45 Tours] Thrill Jockey Records, Bilan 2011

Thrill Jockey s'est montré hyperactif en 2011 avec des sorties somme toute dans la tradition artistique du label, d'autres concentrées sur les extrémités de la musique folk, et d'autres encore plus inhabituelles et (du coup) beaucoup plus empreintes de hype. Cependant, si l'on ne devait se souvenir que d'une signature, ce serait de celle de The Skull Defekts. Ce groupe suédois, dont nous avons exploré les mystères et découvert les origines et les projets à travers une récente interview lors du festival BBMix 2011, a en effet publié deux disques de rock psychédélique de très grande qualité. Le premier, l'album "Peer Amid" a été une véritable surprise et l'occasion de découvrir ces prolixes créateurs de transes grâce à leur collaboration avec l'un des vieux de la vieille du label chicagoan, Daniel Higgs, le chanteur de Lungfish. Avec Higgs au chant, les guitares percussives et les rythmes envoûtants du quintet avaient trouvé le parfait parangon de leur message mystique, une sorte de réponse post-techno au Bauhaus des débuts, avec en rab' une énergie électrique digne des grands moments du noise-rock au début des années 90 (What Knives, What Birds). Donner envie de remuer de façon brutale, typiquement "rock", voilà de quoi il s'agit ici (et sur scène, d'ailleurs !), et pour ce faire, The Skull Defekts inventent des cercles concentriques de riffs simplissimes pour une efficacité magnifiée par les textes mystérieux de Higgs, qu'il psalmodie parfois comme un véritable gourou (Join the True).



(What Knives, What Birds)


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(Un mix de Children of the Skull Defekts et de son image miroir)

Plus tard dans l'année, le disque que le groupe nous avait mis entre les mains pendant l'interview au BBMix a paru sans faire grand bruit, un très bel EP de six titres intitulé "2013-3012" dont la seconde face consistait en des versions miroirs (comprendre : passées à l'envers) des trois chansons de la première. Cette fois-ci, le groupe (dont Higgs faisait partie intégrante) était rejoint par Asa Osborne (guitariste de Lungfish et officiant sur le même label sous le pseudonyme Zomes), qui n'est sans doute pas étranger à la présence en plein cœur de l'EP d'une composition minimaliste et plus ou moins dronée. Évidemment, l'exercice de style est bien moins passionnant que "Peer Amid" et les morceaux tête-bêche n'apportent pas plus qu'un galet à l'édifice (autant dire qu'on s'en cogne), mais l'existence-même de ce bel objet est une manifestation de l'existence prolongée de ce nouveau groupe agrandi qui continuera sans doute à produire à un rythme soutenu des pépites de noise-rock psychédélique dans les mois qui viennent. De quoi alimenter encore et encore le carnet de sorties d'un label qui ne se laisse pas vieillir et c'est tant mieux !


Joe Gonzalez

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