C'est entendu.

mercredi 14 décembre 2011

[Réveille-Matin] Alexander Tucker - His arm has grown long // Glenn Jones - Of its own kind

Si Thrill Jockey est avant tout un label connu pour la rencontre de l'indie-rock, du post-rock et de l'électronique dans la musique de ses artistes (Tortoise, Trans Am, Pit Er Pat, The Fiery Furnaces, The Sea and Cake...), la porte n'est pas fermée à des genres musicaux extérieurs à ces codes. Qu'ils soient black-metalleux épiques ou bien amateurs de grands espaces naturels et de folk gambadeuse. Voyez plutôt à quoi ressemblent les verts pâturages sponsorisés par le label chicagoan.



(Alexander Tucker - His arm has grown long)

A la fin des années 60 et pendant quelques années, le Royaume Uni a débordé de folkeux progressistes (Robert Wyatt, Fairport Convention, Comus, Keith Cross & Peter Ross et pléthore d'autres). Il n'y avait que ça. Depuis, le centre d'intérêt des artistes anglais a invariablement changé et l'on aurait bien du mal à trouver en plein âge punk, house, techno, dubstep, footwork, un représentant en recherche d'absolu par voie d'instruments acoustiques, de sublime naturel et de raffinement. Alexander Tucker débarque alors à point nommé pour chasser ces idées reçues et imposer avec "Dorwytch", son quatrième LP, comme une sérieuse proposition de ne pas borner la jeunesse anglaise à la stupide pop pour adolescents ou aux danses électroniques incessantes. Tout n'est pas digne de votre attention, certes, mais une bonne moitié du disque abrite d'intéressantes variations sur l'idée du mélange de violons (en guise de cerf-volants à l'ombre oppressante), d'une batterie imposant le rythme d'un voyage par monts et par vaux, et d'une voix désireuse de communiquer la quête de grandeur de l'artiste. Comme dans tout voyage, il arrive à Tucker d'arrêter de courir la campagne et de regarder les choses interagir autour de lui (Matter), ou d'envisager leur magie (l'électronique surgit sur Half Vast ou Dark Rift / Black Road) et c'est dans ces moments-là que la recherche est la plus intéressante et que l'on reconnait en Tucker un folkeux certes bien loin du niveau de subtilité de ses ainés (ou de leurs codes stylistiques) mais tout de même valeureux de s'être imposé (certes sur un label américain) comme un digne descendant de cette belle époque.


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(Glenn Jones - Of its own kind)

Ex-guitariste au sein de feu Cul de Sac, un groupe de rock expérimental de la région de Boston actif entre 91 et 2006, Glenn Jones n'en est pas à son premier essai en solo. "The Wanting" est son quatrième album mais il est le premier à paraitre sur un label de la taille de Thrill Jockey. Depuis ses débuts en 2004, ses motivations n'ont pas bougé d'un pouce : suivre la voie dessinée par John Fahey et digresser, guitare ou banjo en main, sur le thème du primitivisme américain dans son plus simple appareil (ou presque, quelques percussions se font entendre ici et là). On ne peut pas reprocher grand chose à Jones, qui fait montre de bien moins de clairvoyance que son maître (avec lequel il a joué à la fin des années 90, lorsqu'il était dans Cul de Sac) mais ne se laisse pas pour autant aller à se perdre dans ses motifs, qui expriment des tableaux précis et qui séduiront les amateurs de synesthésie géo-touristique autant que les amoureux de la corde sonnante qui ne trébuche jamais.


Joe Gonzalez

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