Découvertes tardives et trop nombreuses, manque de temps, manque de mots face à un disque complexe à assimiler ou au contraire trop simple, ou encore appartenant à un genre que l'on connaît peu… autant de raisons qui nous laissent parfois avec un paquet d'albums "en retard" à traiter. Surtout en décembre et janvier, avec certains tops qui peuvent nous faire découvrir dix albums en même temps (pas vraiment dans les "tops collectifs", trop consensuels, mais dans certains tops personnels).
Parce qu'un ou deux paragraphes peuvent parfois suffire à faire une belle découverte, voici une petite sélection de bons disques sortis en 2011, découverts au hasard des listes et des recommandations : noise-rock, jazz, ambient, sludge, expérimental, quelques albums majeurs, quelques disques certes mineurs mais intéressants, il y a un peu de tout là-dedans. Y compris certains des meilleurs disques de l'année selon moi ! Mais jugez par vous-mêmes :
Gum Takes Tooth – Silent Cenotaph
Vous aimez le noise-rock, les surprises et les musiques hybrides ? Vous êtes bien parti pour aimer "Silent Cenotaph" ! Ce premier album particulièrement étonnant du duo londonien démarre d'une façon violente et hurlante (qui rappelle tout de suite Lightning Bolt) avant de bifurquer vers un étrange passage électronique, d'introduire des saxophones, de se rapprocher de Tobacco sur une troisième piste et de virer à l'ambient tribal de façon totalement inattendue sur une quatrième… Moins frénétique que Lightning Bolt, certes, mais tout à fait réjouissant et prometteur, "Silent Cenotaph" est un très bon album !
Tartar Lamb II – Polyimage of Known Exits
Tartar Lamb II est un side-project de membres de Kayo Dot, mais ce n'est pas ce qui m'a fait découvrir le groupe : à vrai dire, je n'ai jamais vraiment accroché à Kayo Dot. "Polyimage of Known Exits" est un disque hybride à tendances jazz et dark-ambient, qui n'est pas sans rappeler (comme l'a fait justement remarquer un auditeur) Bohren & Der Club of Gore en plus expérimental… Bohren faisait lentement apparaître des reflets cuivrés dans une nuit d'un noir d'encre ; Tartar Lamb II, lui, joue une musique plus crépusculaire, plus inattendue, avec des influences variées. Voyage de nuit à travers divers paysages éclairés d'une même lumière, "Polyimage of Known Exits" est un très bel album, riche et séduisant, à recommander vivement pour les écoutes nocturnes.
Altar of Plagues – Mammal
Il y a quelques mois, la découverte de cet album m'a sérieusement donné envie de me mettre au black-metal (et j'en ai effectivement écouté pendant des semaines). Aujourd'hui, je ne m'y connais toujours que trop peu en black-metal pour vous en parler correctement, mais je ne peux que vous dire du bien de ce deuxième album des Irlandais d'Altar of Plagues : une musique noire, violente, mais baignée dans une ambiance quelque part paisible et triste… qui, quelque part, m'a rappelé celle d'"Oceanic" d'Isis. Pour être honnête, malgré les classifications utilisées par la plupart des auditeurs, Altar of Plagues me paraît tout aussi — sinon plus — proche du sludge que du black-metal (où ils se retrouvent sans doute classés parce que leur son ressemble aussi à celui de Wolves in the Throne Room). Mais qu'importent les classifications, après tout ! "Mammal" est un excellent album, qui débute par deux pistes violentes et atmosphériques comme il se doit — qui ne préparent pas au choc de la troisième, When the Sun Drowns in the Ocean, où le metal s'efface entièrement pour laisser la place à un chant gaélique irlandais dans un environnement à la fois beau et incroyablement sinistre…
(Neptune Is Dead)
Rale – Some Kissed Charms That Would Not Protect Them
Le minimalisme possède une beauté particulière qui peut être étonnamment évocatrice. Sur cet album de Rale (William Hutson), ce sont de belles et puissantes vagues, d'un son pur, qui ouvrent le tableau ; d'abord une seule, suivie d'un long silence, puis un concert où chaque note semble s'épanouir à son rythme, dans toute son ampleur. Et puis, au fil du disque, des parasites se mettent à troubler cette danse : une vie apparaît, des insectes ou bactéries affluent, grouillent, crissent, ravinent ces ondes (aidés par le format du disque lui-même : les minimes bruits de surface, grains de poussière, qui peuvent se déposer à la surface du vinyle font partie intégrante de l'œuvre) et changent irrémédiablement le cours de la musique… On peut penser à la paradoxale beauté que peuvent avoir la pollution, la patine ou la rouille, ou repenser à l'aphorisme de René Char « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » (je n'ai jamais été entièrement d'accord avec… mais il y a tout de même quelque chose à en tirer). Toujours est-il que le seul défaut de ce disque est qu'il se finisse bien trop tôt. (Pour se procurer le disque et en découvrir d'autres du label Isounderscore, c'est ici !)
Steven Wilson – Grace for Drowning
Je sais bien que certains vont froncer les sourcils en voyant cet album mentionné dans une liste où vous vous attendiez sans doute à trouver des disques moins connus. Pourtant, je l'ai découvert exactement comme les autres albums de cette sélection, en toute naïveté — et surtout en parfaite ignorance du fait qu'il s'agissait d'un album solo du leader de Porcupine Tree. Ce qui n'est sans doute pas plus mal, vu que je n'ai jamais accroché à ce groupe ; alors que ce "Grace for Drowning" m'a enchanté dès la première écoute et n'a cessé de tourner dans ma platine depuis. Ce qui est paradoxal sur "Grace for Drowning", c'est que, peut-être plus encore que ses explosions rock et jazz (sur Sectarian), malgré ses structures pourtant loin des chansons pop habituelles et malgré le côté sombre voire glauque de certaines pistes (Index, Remainder the Black Dog), c'est avant tout la douceur du son, chaud, planant qui me séduit, et ses mélodies parfaites qui me font très facilement oublier le côté un peu grandiloquent de certains passages. "Grace for Drowning" divise au sein de la rédaction, et il faut sans doute aimer le prog-rock pour l'apprécier ; mais pour moi, c'est l'un des tous meilleurs albums de 2011.
(Sectarian)
A Winged Victory for the Sullen – A Winged Victory for the Sullen
Un bel album d'ambient, avec piano, violoncelle et autres instruments classiques, tout en blancheur et en douceur… parfois, c'est exactement ce dont on a besoin. Pas besoin d'en dire beaucoup plus : "A Winged Victory for the Sullen" est un album qui parle de lui-même, avec ses atmosphères à la fois extrêmement douces et en même temps élégiaques, parfaites pour les calmes journées d'hiver — mais aussi pour apaiser un spleen ou se remettre d'une grande tristesse. Il s'agit d'un projet d'Adam Wiltzie (membre de Stars of the Lid, ce qui s'entend tout de suite) et de Dustin o'Halloran.
(Steep Hills of Vicodin Tears)
Avez-vous trouvé votre bonheur quelque part sur ces six albums ? Que ce soit le cas ou non, n'hésitez pas à revenir bientôt : on continue cette série très vite avec six autres disques !
— lamuya-zimina
— lamuya-zimina
je vous aime !
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