Pour moi, parler de la basse dans la musique rock sans évoquer une seule fois Alex James, ce serait comme causer de littérature française du XXème siècle sans évoquer Georges Perec : ça peut être compréhensible, mais sûrement pas excusable. En dehors d'avoir été peut-être le plus beau garçon des années 90 avec sa mèche devant les yeux que les garçons copiaient (ah, le jour où ma mère m'a dit "ah mais en fait, tu veux ressembler au garçon du groupe que t'aimes là, c'est ça?" après avoir vu une photo de James circa 94) et qui faisait fondre les filles, Alex James est probablement l'un des meilleurs bassistes de rock qu'on n'ait jamais entendu, et je dis ça toute fan attitude mise à part, plutôt comme un constat évident que je me dois de répéter dans un objectif plus informatif qu'évangélique. Faites un jour l'expérience simple d'écouter un album de Blur en vous concentrant sur la basse. C'est à tomber par terre. Alex James, c'est le maître de la basse qui groove, de la basse qui ne se contente pas simplement de marquer les harmonies ou d'accentuer le rythme : non, une basse avec lui, ce sont d'abord des mélodies, des tas de mélodies, des petits riffs de partout. Comme s'il ne supportait pas la simplicité, il est toujours en mouvement, sa basse bouge plus que tout, mais sans jamais en faire trop, parce qu'elle se fond avec un naturel époustouflant dans la musique. On est sur une note grave simple, et puis soudain, juste pour occuper une mesure ou deux, il vous lance un arpège dans l'aigu aussi efficace qu'inattendu. On est sur une suite d'accords débiles et rock (cf. le morceau "Movin' On" sur l'album Blur en 1997), mais lui, il fait pas juste "doo-doo-doo-doo" avec des croches toutes régulières, non non, il se lance dans un quasi-solo permanent, mais complètement noyé dans le mixage parce qu'il sait rester à sa place. Des exemples de son génie? Il y en a tant qu'il faudrait plus qu'un Réveille Matin pour en faire le tour. Il faudrait un sujet spécial, voir même un blog entier rien que pour lui (on en reparlera évidemment dans le "alors quoi?" consacré aux bassistes qui viendra en fin de semaine).
(Graham, Alex, Dave, Damon : Blur)
Alors, allez, un peu au hasard, prenons une très bonne face-b de 1994, qu'on trouvait sur le single de Girls & Boys (ce tube qui marche encore tellement bien en soirée et qui avait lui aussi une ligne de basse disco à pleurer) : Magpie. Un morceau méconnu, forcément, et à tort puisque Blur est peut être le groupe dont les faces-b sont au dessus de la moitié des "faces-a" des groupes concurrents à l'époque. Magpie, c'est Blur à mi-chemin entre la pop universelle plus riche qu'elle en a l'air de "Parklife," le côté psychédélique de leurs premières années et un sens si aigu du riff énergique (ah, si un jour on doit causer guitare électrique, Graham Coxon méritera une très gros paragraphe), le tout avec humour. En un mot comme en cent, c'est un chef d'œuvre de pop des années 90. Damon Albarn est égal à lui même : il chante des paroles idiotes (refrain : "and sometimes I.... see magpies!") sur des mélodies qui collent aux tympans. Et au milieu de tout ça, écoutez moi ces lignes de basses d'Alex James. Sur les couplets, c'est à tomber raide de groove. J'entend ça, je danse. Imaginez moi là, tout seul devant mon ordinateur à écouter ça. Et bah je danse sur mon siège. Comment peut-on résister à une ligne de basse pareille ? C'est le genre de détail de second plan qui distingue, pour moi, un très bon d'un excellent morceau. 4 minutes et 15 secondes de génie qui n'ont même pas vieilli ? C'est dans le player ci dessous, et y'a pas mieux pour commencer la journée.
Emilien.
Moi dans le groupe, j'étais plus un fana de Dave Rownthree ! :D
RépondreSupprimerahah, j'étais sûr que quelqu'un allait me sortir ça! et c'est vrai que rowntree est un fameux batteur. je le vois comme un batteur "à la ringo" : y'a aucune virtuosité ni grosse complexité dans son jeu (quoique, parfois, c'est sophistiqué...), mais y'a juste les batteries qui conviennent parfaitement, avec parfois des sortes des riffs de batterie qui sont immenses.
RépondreSupprimerDAVE ROWNTREE, ON T'AIME AUSSI.
Milou, le prends pas mal, mais ça fait deux matins que je me reveille et que je me chope une migraine en lisant pendant 3 plombes tes textes. Le matin j'ai les yeux défoncés, je vois rien, juste la touche "play". Sans compter que je suis arrivé au retard au boulot. 300€ de penalité j'ai pris. Pas top top !
RépondreSupprimerElle est bien, cette chanson! Je ne la connaissais pas. : )
RépondreSupprimerD'ailleurs j'ai envie de dire que cette face B bat la plupart des faces A de Parklife même.
(et oui, la basse est cool dedans — c'est pas plus mal que vous fassiez cette série sur les bassistes, vu que d'habitude je ne connais même pas les noms des musiciens des groupes que j'écoute et je serais incapable de décrire leur jeu...)
Moi non plus je ne la connaissais pas (ou ne m'en souvenais pas, n'ayant pas réécouté les Faces B de Blur depuis bien trois piges), et elle envoie un max, si seguro !
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