C'est entendu.

mardi 17 août 2010

[Vise Un Peu] PVT - Church With No Magic (2010, une année Warp Records)

Warp Records fait partie de ces madeleines musicales, celles qui évoquent tout de suite chez tout un chacun une chanson, une ambiance, une écoute. Pour ceux qui l'ignoreraient encore, en vingt ans, ce label indépendant anglais est devenu l'un des plus reconnus au monde. Les premières années, Warp se donnait pour objectif d'offrir une électro expérimentale, subversive et déroutante (Aphex Twin, LFO, Autechre, etc) et s'est ouvert progressivement à différents genres pour finir par créer ce qui semble être la "Warp Touch" : une musique à part, hors des formatages actuels et qui n'est complexée par aucun style.


L'année 2010 a rappelé à tout le monde que ce statut de "label référence" était plus que légitime. En effet, les derniers albums de Gonjasufi, Nice Nice, Jamie Lidell, !!!, Autechre ou encore Flying Lotus colorent déjà l'année 2010 aux teintes du globe et de son éclair et c'est avec un appétit monstre qu'en cette période morne de vacances, PVT (anciennement Pivot) a mis au monde le profond "Church With No Magic", un album sombre et puissant !


Bien sûr, les sorties Warp sont maintenant sujettes à beaucoup de hype (succès oblige) et ce dernier album de PVT ne fait pas exception à la règle. Il y a quelques semaines, les aficionados du web musical ont pu découvrir le single Window, tube mélangeant les codes de l'électro et d'un certain rock, avec brio. Les trois minutes et trois secondes du morceau sont portées par d'inlassables "Oh Oh Oh" au souffle alerte et aux tonalités variantes. Efficace et énergique, ce premier single et sa rythmique hypnotisante annonçait un album prometteur.



Pivot était principalement connu pour jouer un math-rock électronique relativement bon mais peut-être trop obscur et trop peu accessible. Malgré la qualité non négligeable de "O Soundtrack My Heart" (2008), on peut lui reprocher un manque de rythme et une certaine opacité. Le tour de force de ce "Church With No Magic" est justement d'avoir réussi, tout en gardant une certaine épaisseur, à se rendre plus sexy et accessible comme le démontre une chanson telle que "The Quick Mile" ou encore la chanson éponyme de l'album. La structure rythmique de la première et les nappes sonores de la seconde voyagent en des lieux encore trop méconnus. La grande qualité de cet album est son rythme. Dix chansons qui ne s'essoufflent pas et qui n'imposent jamais un course que l'on peinerait à suivre (là où le précédent album pêchait justement).


En fin de compte, ce "Church With No Magic" est un album qui, à l'image de son label, propose une musique complexe, subtile, mais qui ne sombre jamais dans un nombrilisme élitiste. Sa densité sonore et sa recherche sonique l'empêchent de se laisser aller à quelque égo-trip ou autre introspection abusive. Accessible mais aventureux, PVT donne naissance à l'album que l'on attendait d'eux... et on est tout de même surpris !



Julien Masure

6 commentaires:

  1. Pour ceux que ça intéresse, l'album peut s'écouter en streaming sur le site web du groupe :

    http://pvtpvt.net/stream-our-record-church-with-no-magic-in-full

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  2. Très bon et bientôt dans une des meilleures salles belges (la merveilleuse Rotonde du Botanique). Impatient d'y être...
    L'étiquette post-rock électronique ne me choque pas, mais j'aurais plutôt mis en avant "post-rock". Ah, les étiquettes!!!
    :-D

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  3. Et C'est Entendu fera tout pour y être (à la Rotonde) ;)

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  4. Merci beaucoup pour cette découverte, j'écoute l'album en boucle depuis le jour où j'ai eu la bonne idée de regarder la vidéo de Window sur CE et je le trouve absolument grandiose. J'avais rarement entendu des synthétiseurs aussi beaux, profonds et si bien mis en valeur que dans cet album. Et ce n'est qu'un des nombreux détails vraiment géniaux.

    WUNDERBAR!

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  5. Tu ne peux pas me rendre plus heureux ! :)

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