C'est entendu.

lundi 10 octobre 2011

[Vise un peu] The Horrors - Skying / The Psychic Paramount - II

The Horrors - Skying

Je l'ai dit et je le répète, j'éprouve de la sympathie pour Faris Badwan. Une tendre pitié. Une charitable tendresse. J'éprouve de la difficulté à croire qu'un jour The Horrors publieront un classique, un grand album, un disque qui compte. Mais ce ne sont pas de mauvais bougres, pas du tout, au contraire même. Je loue leurs efforts et vous invite à faire de même. Ces jeunes gens ont commencé par lancé leur propre scène, dans une petite ville anglaise, et puis leurs propres soirées underaged, et les voilà qui continuent, quatre ou cinq ans plus tard à explorer ce que la musique a de mieux à leur offrir et ça n'est pas un retour au garage des débuts mais bien la suite logique de "Primary Colours" qui est arrivée cette année dans les bacs. Et par suite je n'entends pas redite. Badwan et ses horreurs découvrent l'histoire de la musique populaire, à leur rythme et à rebours, ce qui fait qu'après le shoegaze empreint de post-punk d'il y a deux ans, on a aujourd'hui abordé une sorte de pop psychédélique vivement influencée par les mouvements gothiques de la première moitié des années 80 (Chameleons, The Birthday Party) et par les géants de la Big Music de la même période (U2 et surtout Echo & the Bunnymen).


(I can see through you)

Il reste encore à cette musique suffisamment d'inventivité pour ne pas sombrer dans l'arnaque. Quelques refrains amusants (I can see through you), quelques morceaux de pop plutôt bien foutus (Changing the rain), d'autres tendant vers la transe psychédélique (Moving further away), le tout avec une base rythmique toujours au garde-à-vous, et c'est grâce à tout cela que l'on ne s'ennuie pas en ré-entendant des plans imaginés il y a déjà une trentaine d'années par d'autres avec plus d'authenticité. Avec un son plus massif, des ambiances plus variées, les Horrors peuvent viser un public encore plus large et tant mieux pour eux, mais il est vrai que si l'album n'est pas raté il n'apporte absolument rien de neuf. C'est un essai plus constant mais plus consensuel aussi que "Primary Colours", une tentative de plus pour ce groupe de fanatiques de musique pop. L'attitude mérite le respect, le résultat peut se targuer d'être décent, mais où est l'ambition ? Où sont les idées ?










The Psychic Paramount - II

Les rues de New York ne sont plus les mêmes aujourd'hui qu'elles n'étaient en 1979. Elles sont plus propres, on y croise moins de clodos, de drogués et de grandes folles et forcément le noise-rock d'aujourd'hui s'en ressent. Le bruit new-yorkais n'est plus non plus aussi sale qu'auparavant, plus aussi négatif, il n'est à vrai dire plus négatif du tout. Si l'on prend The Psychic Paramount comme exemple de ce vers quoi a tendu le bruit, alors il ne s'agit plus du tout de faire hurler des guitares à l'agonie en signe de révolte, mais comme la pochette de "II" le sous-entend, c'est davantage dans une démarche psychédélique et détendue que les volumineuses strates vagabondes d'électricité se déploient en 2011. Du noise-rock joué par des putains de hippies.


(DDB)

Dans une formation classique, avec des progressions rythmiques et mélodiques empruntant notamment au post-rock, au psychédélisme 70's et au non-sens propre à des confrères bruitistes (tels les Branca, Rallize Dénudés et autres amateurs de déflagrations guitaristiques - mais pas Sonic Youth ! Ou alors sur les S.Y.R. à la limite...), ce groupe ne propose rien d'autre qu'une bonne dose de raffut mental, que l'on se doit d'écouter à un volume maximal pour en apprécier la qualité (sinon ne perdez même pas votre temps, vous n'y entendrez rien), à vocation psychédélique ou d'exutoire. Bien que plutôt réussi dans son genre, ne vous attendez pas à trouver en ce disque un double-fond ou une couche supplémentaire de violence, il n'y en a pas, ça n'est pas prévu au menu. En 2011 voilà ce que l'on appelle un "bon" disque de noise-rock. Faut-il s'en réjouir ?






Joe Gonzalez

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