Tout ce que j'ai retenu de ce nouvel album de Neon Indian c'est qu'Alan Palomo s'était coupé les cheveux. C'est peut-être triste à lire mais je crois qu'avec les boucles rassemblées en une mèche tombant devant son front plutôt qu'éparpillées de chaque côté de son crâne, il est beaucoup plus sexy. Ça lui fait donner d'air à Matthew Broderick. Un Ferris Bueller chicano. En dehors de ça, et comme prévu, rien de neuf sous le soleil, ou plutôt sans le soleil puisque "Era extraña" a semble-t-il été enregistré en Finlande par un Palomo solitaire qui a pu y consigner peines de cœur et considérations vaguement humanistes.
(Polish Girl)
Entendons-nous bien, ça n'est pas un disque raté. Il s'agit de musique pop jouée sur des synthétiseurs, plus-ou-moins apparentée à la chillwave originelle, des nappes froides jouées avec entrain sur des beats noyés dans la réverbération. Et Palomo d'y exprimer sa mélancolie finnoise sans jamais pour autant sombrer dans le sadcore. Au contraire, même, paroles mises à part, ces chansons semblent presque aussi naïves que celles qui les avaient précédées en 2009. Les compositions sont plutôt bien menées, crédibles et le résultat escompté par l'auteur est obtenu : ça n'est plus aussi chillwave qu'avant (fuir ce mot à tout prix est devenu le sport favori de ceux par qui il est arrivé, Palomo le premier) et donc moins lo-fi (ce qui revient à dire "plus vendeur"). Un album de transition, réussi, pas mal, passable, ennuyeux. Il faut tout de même l'avouer. On a parfois l'impression d'entendre un "Psychic Chiasms" dépourvu de beats passionnants, de l'excitation juvénile qui l'animait et de ses tubes (Foolish Girl et Fallout sont de bons singles, mais ne rivalisent pas avec Deadbeat Summer et Should have taken acid with you). S'éloigner des clichés, d'accord, mais pour aller vers quoi ?
(Fallout)
Il y a chez Palomo quelque chose qui rappelle immanquablement le psychédélisme étrange de Wayne Coyne (Flaming Lips) et leur collaboration d'il y a quelques mois n'aura d'ailleurs étonné personne, mais on aurait pu espérer davantage d'influence sur le jeune Palomo de la part de Coyne. Au lieu de ça, le psychédélisme, que l'on entend certes sur quelques titres pointer le bout de son nez (Suns Irrupt et surtout Future Sick, les deux meilleurs morceaux du lot, de très loin) fait place à une molle idée d'indie pop peu enthousiasmante (comme sur le rip-off de Jesus&Mary Chain qu'est Blindside Kiss).
Le plus alarmant dans tout ça reste le discours de Palomo, qui dans une interview accordée à Pitchfork déclarait : "You can’t always just put color filters in 80s aerobic videos or take stuff from public-access and look at it in this very ironic, self-conscious way. That only takes you so far." (*1) et "There’s this really amazing quote from Jim Jarmusch about celebrating your theft that I think has become more and more prominent in music: “It’s not where you got it from, it’s where you take it.” To me, that’s just an integral part of why I even bother making music." (*2) Que personne ne le répète à Alan Palomo, sans quoi il arrêterait la musique sur le champ, mais sa première affirmation le met personnellement hors-jeu, lui qui continue à puiser dans l'imagerie et le son des années 80, jusqu'à des extrémités ahurissantes. Comme pour une majorité de ses contemporains, ça n'est pas d'où Palomo tire son inspiration qui compte mais ce qu'il en fait. Et comme une majorité de ses contemporains, Palomo tire sa substance du même puits rétromaniaque et n'en fait pas grand chose de neuf. Tant pis pour ses idéaux. Restent quelques bonnes chansons psyché-synthétiques à se mettre sous la dent, oeuvres d'un songwriter talentueux qui n'a pas encore démontré s'il était digne de sa propre ambition.
(Fallout)
Il y a chez Palomo quelque chose qui rappelle immanquablement le psychédélisme étrange de Wayne Coyne (Flaming Lips) et leur collaboration d'il y a quelques mois n'aura d'ailleurs étonné personne, mais on aurait pu espérer davantage d'influence sur le jeune Palomo de la part de Coyne. Au lieu de ça, le psychédélisme, que l'on entend certes sur quelques titres pointer le bout de son nez (Suns Irrupt et surtout Future Sick, les deux meilleurs morceaux du lot, de très loin) fait place à une molle idée d'indie pop peu enthousiasmante (comme sur le rip-off de Jesus&Mary Chain qu'est Blindside Kiss).
Le plus alarmant dans tout ça reste le discours de Palomo, qui dans une interview accordée à Pitchfork déclarait : "You can’t always just put color filters in 80s aerobic videos or take stuff from public-access and look at it in this very ironic, self-conscious way. That only takes you so far." (*1) et "There’s this really amazing quote from Jim Jarmusch about celebrating your theft that I think has become more and more prominent in music: “It’s not where you got it from, it’s where you take it.” To me, that’s just an integral part of why I even bother making music." (*2) Que personne ne le répète à Alan Palomo, sans quoi il arrêterait la musique sur le champ, mais sa première affirmation le met personnellement hors-jeu, lui qui continue à puiser dans l'imagerie et le son des années 80, jusqu'à des extrémités ahurissantes. Comme pour une majorité de ses contemporains, ça n'est pas d'où Palomo tire son inspiration qui compte mais ce qu'il en fait. Et comme une majorité de ses contemporains, Palomo tire sa substance du même puits rétromaniaque et n'en fait pas grand chose de neuf. Tant pis pour ses idéaux. Restent quelques bonnes chansons psyché-synthétiques à se mettre sous la dent, oeuvres d'un songwriter talentueux qui n'a pas encore démontré s'il était digne de sa propre ambition.
Joe Gonzalez
(*1) : "Vous ne pouvez pas éternellement apposer des filtres de couleur sur des vidéos d'aérobic des années 80 ou vous servir de matériau en accès public pour y jeter un regard très ironique et complexé. Ça ne vous amène pas très loin."
(*2) : "Jim Jarmusch avait cette phrase vraiment géniale à propos de la célébration du vol, qui est je crois devenu de plus en plus évident dans la musique : "Ca n'est pas là où tu t'es servi qui compte, c'est comment tu vas t'en servir." Pour moi c'est tout simplement une part intégrale de la raison pour laquelle je fais de la musique."
C'est cool, j'aime bien.
RépondreSupprimerLa trad de la phrase de Jarmusch ça serait pas plutôt : "Ca n'est pas là où tu t'es servi qui compte, c'est où tu vas l'emmener / ce que tu vas en faire" ?
RépondreSupprimerDans les cordes le Master Capello ! J'te fais une soumission !
C'est une autre façon d'exprimer exactement la même idée, oui, fais toi plaise !
RépondreSupprimerPas du tout, bâtard ! Le peuple jugera !
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