C'est entendu.

mercredi 11 novembre 2009

[Vise un peu] Neon Indian - Psychic Chiasms

Si l'on récapitule tous les trucs que je vous ai conseillé d'éviter depuis quelques mois, vous vous souvenez certainement que je n'avais pas été tendre avec la bit-pop et que je n'ai jamais cessé de creuser la tombe de cet affreux mouvement shitgaze qui est possiblement six pieds sous terre à l'heure qu'il est (je vous en dirai plus après avoir vu Wavves, le mois prochain), son chant du cygne étant alors le seul bon disque du lot, je parle bien sûr du dernier album de Times New Viking.

Eh bien, traitez moi de faux-jeton parce que Neon Indian c'est un peu tout ça et c'est foutrement bien.


Deadbeat Summer

Allez non, remballez vos vannes parce que j'exagère forcément. Du shitgaze, il n'y en a pas vraiment dans "Psychic Chiasms." Le son des synthés est assez dégueulasse tout du long, et comme la boite à rythme, ils donnent l'impression d'avoir été enregistrés 20 mille lieues sous les Mers, certes, mais à aucun moment le mixage de l'album n'a été lo-fi-isé pour le simple plaisir privé de celui qui l'a enregistré. Ou en tout cas c'est comme ça que je le conçois. Par contre, c'est de la bit-pop dans les faits, inutile de le nier. Alors pourquoi ne pas recycler ma vieille chronique de Passion Pit et hurler au scandale ? Je vous le donne en mille : la différence entre un bon et un mauvais groupe, quel que soit leur domaine d'action, ne tient souvent qu'à une chose et c'est la capacité de ce groupe à écrire des chansons.

«J'espère vraiment que le medium utilisé pour écrire une chanson ne sera pas la seule chose qui aura de l'intérêt dans cette chanson.»
Alan Palomo, en interview
A vrai dire, je ne sais quasiment rien d'Alan Palomo, le mec derrière Neon Indian, si ce n'est qu'il est de Brooklyn, que sa musique devait au départ servir à un projet multimédia et illustrer les vidéos de son comparse texan et qu'il est signé sur le minuscule label Lefse. Je sais néanmoins qu'il a l'avantage certain sur beaucoup d'autres amateurs de textures 8 bits de savoir composer de bonnes chansons. Sa pop synthétique et sale le rapproche surtout de Washed Out, une autre découverte synth-pop lo-fi millésimée 2009, un autre type plutôt malin d'ailleurs, mais là n'est pas le sujet et la facilité avec laquelle Palomo compose de si bonnes mélodies pop, il faut le dire, est renforcée par le goût avec lequel il choisit ses sons et ses beats – celui de Deadbeat Summer est tout de même l'un des meilleurs de l'année.

Mais aussi et surtout, ce qui fait de "Psychic Chiasms" l'un des disques de l'année, c'est son incursion dans l'avant-garde des instrus électro/hip-hop. Des samples de Laughing Gas au beat de Mind, Drips en passant par l'électro assumée d'Ephemeral Artery, des liens de parenté avec DâM FunK ou Hudson Mohawke commencent à apparaitre, et on se laisse aller à penser que ce Palomo, qui n'oublie pas de glisser de chouettes guitares là où il faut, qui sait écrire des tubes (6699 (I don't know if you know)) et qui ne se la raconte pas, c'est peut-être l'un des artistes les plus prometteurs de l'année, au bas mot.


Joe



Photo © thecoolhunter.com.au

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