Pour le pire ou pour le meilleur, le groupe d'Adam Granduciel s'est calmé. "TAME !" comme disait Franck Black. Paradoxalement, depuis que Kurt Vile a quitté le navire (officiellement, car en réalité il reste le meilleur ami de Granduciel et a collaboré à l'enregistrement de l'album), le son de The War on drugs semble s'être exponentiellement rapproché de celui de son ex-guitariste. En réalité c'est seulement la mise à l'écart de deux éléments parmi les trois qui faisaient la réussite de "Wagonwheel Blues" (2008) qui est responsable de ce rapprochement sonore.
Adios lo-fi pour commencer, certainement parce que le groupe s'est dégoté un meilleur matos et on n'aura donc pas droit à un nouveau Barrel of Batteries grinçant. Adios adolescence ensuite, certainement parce qu'en trois ans le groupe a eu le temps de grandir et ça implique une maturation des paroles et aucun "before we grow o o o o o o ld" lancé vers l'infini, même si quelques batteries endiablées résonnent encore (Your love is calling my name). Sans Vile, le groupe reste cependant un grand bastion de la guitare et avec un bond en avant de la qualité du son, la beauté des guitares acoustiques et électriques, parfois accompagnées d'un très beau piano (I was there) éclate au grand jour et rapproche le groupe de la trinité guitaristique de cette année (Thurston/Mascis/Vile).
(Come to the City)
Cet éloignement d'un psychédélisme folk lo-fi était déjà sensible sur l'EP paru en 2010, en même temps qu'une envie de faire muter les envolées lyriques en implosions contrôlées dans des bulles d'ambient. Cette fois-ci par contre, le titre "Slave Ambient" peut se révéler trompeur et c'est davantage dans la direction du shoegaze que les musiciens de Philadelphie ont fait évoluer leur musique. Si ambient il y avait dans l'idée de départ, le groupe en a fait son esclave, sa chienne, et l'a transformé en mur de son (Original Slave) métissé par un harmonica récurrent, toujours réminiscent de Springsteen.
(Black Water)
(Black Water)
Les amateurs d'americana guitaristique enveloppée dans le son comme dans un duvet pour aller camper sur les hauteurs risquent d'être déçus mais même pour un amoureux des débuts lo-fi comme moi, cette évolution semble logique. La différence entre The War on Drugs et beaucoup de descendants du folk-rock ou du shoegaze tient à deux choses primordiales : Granduciel sait écrire des chansons et lui et ses comparses, dans la lignée de leur ancien guitariste, font montre d'un talent certain pour les enregistrer. Ce "Slave Ambient" est un petit bijou de guitares entrelacées et superposées, mineur certes, mais réussi.
Joe Gonzalez
On est d'accord. :) C'est un des bons albums de l'année !
RépondreSupprimerAu début je trouvais qu'il payait vraiment pas de mine, puis au fil des écoutes, les qualités dont tu parles fort bien me sont apparues évidentes.
Presque synchro avec Pitchfork mec ! On les aura un jour.
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