C'est entendu.

mercredi 24 août 2011

[Réveille-Matin] Cat Power - American Flag

Profitons de ce tardif retour caniculaire pour revenir deux minutes sur un cas particulier. Chan Marshall a incarné plusieurs rôles au fil de sa carrière : mignonne et jeune indie girl, emo à souhait, se trimballant à ses débuts la réputation de donner des concerts désastreux à cause de la timidité et de l'alcool elle a aujourd'hui acquis le statut d'un couguar finement "refait". La plupart de ses admirateurs d'antan, ceux qui se pougnaient le cerveau devant le film naturo-musical "Speaking for trees" où on la devinait, au loin, derrière des buissons, nous chanter des folksongs, ceux-là n'encaisseront jamais ni ses deux derniers disques (de soul à l'ancienne avec force instrumentation - pas dégueulasses mais des disques "pour mamans"), ni qu'elle ait lâché la guitare, ni qu'elle ait tourné avec Jude Law, ni même qu'elle ait cessé d'être "timide" et se soit réveillée, la quarantaine, et marre de se planquer derrière ses cheveux.


Je ne vous cache pas que je lui pardonne bien volontiers ses récents errements. D'abord parce que l'attitude de gamine émotive ça ne marche plus passé l'âge et ensuite parce qu'avec sa belle voix chaude de femme du Sud, elle était destinée à suivre cette voie-là. Je vais même aller plus loin et vous confier que je trouve bien plus agréables ses chansons soul, et même ses reprises, que les brouillons lo-fi assez risibles des tous débuts. Bref la question n'est pas là puisque ça n'est ni du départ ni de l'arrivée que je souhaite vous parler mais bien de la parenthèse enchantée (96-2003 pour faire vite) dans l'intervalle de laquelle Chan a été l'une des musiciennes les plus passionnantes (et les plus belles) à avoir jamais fait rêver les indie kids que nous étions ou sommes encore. Mon point culminant à moi, le sommet de ce pic créatif, c'est l'album "Moon Pix" (1998), sur lequel Mick Turner et Jim White, respectivement guitariste et batteur du trio australien Dirty Three, accompagnaient Chan.



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Cet album n'est pas seulement un chef d’œuvre, il est aussi empreint d'une ambiance que j'associe invariablement à la chaleur de l'été. Cette ambiance homogène se retrouve dans la moiteur du rythme lent de No sense, dans le son de guitare cristallin comme un ruisseau et les flutes bucoliques de He turns down, dans la sécheresse du riff de Cross Bones Style (aaaah ce clip, Chan y était si belle !) mais aussi et surtout dans le sample (inversé) du Paul Revere des Beastie Boys par-dessus lequel est enregistrée la guitare farniente d'American Flag, et qui évoque d'entrée de jeu le chant des cigales. A l'écoute de ce disque, rien ne vous fera plus envie qu'une sieste les pieds en éventail sur un transat' orienté plein Ouest.


Joe Gonzalez

7 commentaires:

  1. Indeed ! C'est d'assez loin son meilleur album je trouve, même s'il y a des choses cool sur The Greatest. Et le clip de Cross bones style me fait toujours son petit effet.

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  3. Tu m'as donné envie de le réécouter illico, Joe. :)

    Tu oublies You are free, Simon, non ? :O

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  4. Plus belle chanson de la terre de cette époque, chantée par la plus belle nana de la terre de cette époque.

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  5. Et sinon, les concerts désastreux c'était un peu éparpillé suivant les périodes de dépression, cad pas forcément qu'à ses débuts. Il y a de chouettes extraits de performances 90's qui trainent sur Youtube. Je l'ai vue sûrement la pire année (2004), c'était vraiment la honte, un vrai déchet.

    En fait elle va mieux depuis que ses chansons sont (presque) toutes pourries. C'est triste.

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  6. Félix > oui You Are Free est top, je parlais juste de The Greatest pour dire qu'il y a quand même quelques trucs à sauver dans sa dernière période, qui est en effet globalement méga chiante.

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