Après la pop/folk/bossa (en résumé) de la dernière fois, ce coup-ci, c'est au tour du hip-hop d'investir les lieux. Expérimental, instrumental, qu'importe la forme qu'il revêt du moment qu'il est là, avec ses beats destructeurs où au contraire apaisants et cette fascinante capacité à nous faire voyager, à nous impliquer. Cet inventaire touchera bien entendu aux rivages anglo-saxons, mais également à la vague plus ou moins récente venue d'Asie.
Tout d'abord, il y a MF Doom. Grand ponte du hip-hop indé et ami inséparable de Madlib, Daniel Dumile de son vrai nom est un musicien influencé par nombre d'expériences : ses différents déménagements (né à Londres, il partira pour New York puis Atlanta), la mort de son frère, ou encore ses difficultés avec l'industrie du disque. Son œuvre est ainsi variée et profondément personnelle, à l'image de "MM Food", son deuxième album daté de 2004. Samples, cassures rythmiques, bon gros rap avec cette voix à mi-chemin entre l’agression et la tape amicale, et le tout sur fond d'insurrection sociale et de magouilles politiques. Un tourbillon d'informations, de données qui vient abreuver nos tympans pour notre plus franc plaisir. "We shall now vote for our new world leader !"
(Kon Keso)
On embraye direction l'archipel nippon. Shigeto (Zachary Saginaw) a choisi son nom de scène d'après celui de son grand-père, et rien que ça, à mon sens, c'est franchement cool de sa part. Il suffit ensuite d'écouter l'EP "What We Held On To" (2010), et vous aurez pris le phénomène en pleine face, dans son intégralité. Cinq morceaux, cinq histoires, parfois quelques mots prononcés de-ci de-là en français (le bougre doit avoir un faible pour la langue de Molière), en somme, une abstraction quasi totale menée par des arrangements soignés, bien évidemment des samples et une rythmique élaborée, parfois même déroutante, mais dans le bon sens du terme. Le travail de Shigeto est peut-être la bouffée d'oxygène dont on a tous besoin le soir venu, ou alors ce qui va guider notre être indécis dans ses premiers pas vers le sommeil, ou encore le compagnon d'un long après-midi d'oisiveté. À vous de choisir. Mystique.
(Spring Textures)
Pendant qu'on est au Japon, autant rentabiliser le voyage au maximum et jeter une oreille sur un autre prédicateur hip-hop: Eccy. Copain de Shing02, il fait partie de toute une clique de DJs indépendants assez talentueux et très peu médiatisés qui multiplient les featurings et les collaboration en cercle fermé. "Floating Like Incense", sorti en 2007, est un incontournable pour tout amateur de hip-hop, RnB et rap anticonformistes. Un album avec du relief et sur lequel des piliers d'efficacité inébranlables cohabitent avec des ornements plus discrets (on retrouve à toute berzingue le schéma de construction tubes/interludes), et au final, on en ressort enthousiasmé. Allons, pas de manières entre nous, goûtez-y et finissez l'assiette avec les doigts.
(Bluebird Classic feat. Haiiro de Rossi)
Il est temps de quitter les japonais, mais ne vous en faites pas, on ne part pas bien loin: le temps de traverser la Mer du Japon, et on se retrouve en Corée ! Rendez-vous est pris avec Tokimonsta (Jennifer Lee), coréenne ET américaine dont on vous avait déjà touché deux mots. "Cosmic Intoxication", sorti en 2010 tout comme le reste de la discographie de l'artiste (2010 est vraiment l'année qui l'a révélée et durant laquelle elle a commencé à s'exprimer) s'inscrit parfaitement dans la ligne directrice du travail de la charmante dame : expérimentations électroniques sur fond de hip-hop métaphorique. On peut dire que le le lapin (toki en coréen)-monstre sait nous faire planer. Ajoutez à cela un mixage précis, et il semble que tout soit réuni pour faire de "Cosmic Intoxication" un album riche de par sa présence sonore et ses multiples références, Flying Lotus en pôle position.
(Doing It My Way)
Son nom a été prononcé, vous me connaissez : c'est que je vais forcément vous parler de Flying Lotus, et de son premier album, "1983", sorti en 2006. Comme toujours, de l'abstraction, des constructions à étages multiples, et un fantastique boulot sur l'expérimentation, la prise de risque et le son. "1983" est un album assez cosmique, et peut-être un peu moins facile à écouter que ses successeurs "Los Angeles" et "Cosmogramma", bien que les précédant de quelques années. C'est une œuvre qui fait doublement sens pour Ellison, puisque 83 correspond à son année de naissance, et que certains morceaux sont agrémentés de sons nintendo/sega vintage au gré desquels l'homme a grandi. En plus de nous éclairer quelque peu sur les racines de l'angeleno, "1983" est tout simplement un très bon moment musical, n'allons pas chercher midi à quatorze heures pour dire les choses telles qu'elles sont !
J'ai préféré ce clip de 1983 au lecteur Youtube habituel.
C'est tout pour l'instant, les amis, j'espère que vous aurez pu y trouver votre compte d'une manière ou d'une autre, et si un album un seul vous convainquait, sachez que j'en serais le plus heureux !
Hugo Tessier
Ca y est ! De la pub !
RépondreSupprimerMF Doom, c'est cool !
Un peu mon n'veu !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup la pochette de Tokimonsta, et la musique aussi. Et puis ça m'a fait réécouter MF Doom, ce qui est cool.
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