C'est entendu.

vendredi 6 août 2010

[They Live] Dour Festival 2010

Dour Festival, que demande le peuple ?
15, 16, 17 & 18 juillet


Photos par Julien Masure

Dour est bien plus qu'un festival, c'est un événement fédérateur. C'est un amour d'été auquel on pense pendant nos hivers glacés. Quatre jours de musique en continu sur six scènes différentes, c'est tout simplement ce qui se fait de mieux en matière de festival en Belgique et cette édition (même si on pouvait avoir quelques réserves sur le line-up avant de s'y rendre) ne déroge pas à la règle. Vous imaginez bien qu'avec presque soixante heures de musique (voire plus si l'on compte la "tente after") au programme, il serait vain de prétendre être exhaustif. Vice inhérent à tous les festivals (ou presque), la notion de choix reste le dilemme de tout un chacun. Dour et ses six scènes font rêver d'ubiquité. Laissez-moi cependant vous raconter les meilleurs moment de ces quatre jours de musique, de chaleur, d'alcool et de découverte musicale tel que j'ai pu les vivre !

Si cette édition a été de qualité, ce fut dès son ouverture. Il n'est que 14 h, le premier jour et je me dépêche. Playboy's Bend, groupe belge 8-bit/bruitiste ouvre les festivités. J'avais pu les voir quelques jours auparavant aux Ardentes. Bidouilleurs nostalgiques, ils retouchent leurs vieux jouets et s'en servent comme véritables instruments. Au delà de la simple anecdote, ce groupe développe une véritable bit-pop fraiche et originale. La Belgique, ce n'est pas que les Tellers et autres Eté 67 trop peu imaginatifs ! Le public l'avait compris et était plus que présent, ce, malgré l'heure prématurée de ce concert. Je les ai recroisé plus tard pour leur poser quelques questions (leurs réponses seront lisibles ici-même avant la fin de la semaine).




A peine une demi-heure de repos et Peter Digital Orchestra installe ses platines sur la même scène. Dandy aux moustaches old-school, il enflamme la tente et fait danser ceux qui hésitaient encore. Avec une House influencée par le Hip-Hop et la 8-Bit (lui aussi), Peter Digital Orchestra fait partie de ces découvertes agréables qui confirment la réputation du festival. Je regarde ma montre, il est à peine 17 heures...







Hypnotic Brass Ensemble a été le souffle jazzy du festival. Même si les neuf musiciens de Chicago n'avaient rien de novateur ni de subversif, leur jazz-hip hop s'est imposé de lui-même. On y passe, on y reste et une fois fini, on les quitte, le baume au cœur. Dan Le Sac vs Scroobius Pip ont, quant à eux, enfoncé le clou hip-hop avec qualité. Le point fort de ce concert reste le problème technique qui a obligé Dan Le Sac (le chanteur) a meubler quelques minutes avec un flow a capela des plus épiques (au point qu'on en a eu la chair de poule).



Autant vous le dire tout de suite, le plus grand moment de ce festival, peut-être même le plus grand moment de mes vacances d'été, fut le "concert" de Chris Cunningham. Pour ceux qui ignorent encore qui est cet homme (trop) étrange, il n'est autre que l'un des plus grands réalisateurs de clip vidéos (il a également réalisé des courts, des publicités ainsi que, je suppose, d'autre choses obscures). Il est l'auteur du très fameux clip de windowlicker, par exemple.

Ce show visuel était attendu par beaucoup ! Trois écrans et des lasers étaient au service de l'anglais pour un concert mêlant angoisse à excitation. Chris Cunningham, avec l'aide de divers types de musiques (ambients abstract) et de quelques expérimentations, donne une nouvelle dimension au mariage du son et de l'image. Les beats complexes prennent sens lorsque la vidéo leur fait écho et l'amoncellement d'images devient cohérent avec la musique. Les histoires qu'il nous conte font froid dans le dos, nous échauffent la bile ou bien excitent nos muscles. On y retrouve la "femme à la grosse tête" (qui est devenue encore plus étrange), bien connue de la pub pour Playstation où encore "Rubber Johnny," l'humanoïde terrifiant. Le tout est bien évidemment retravaillé, reformulé et bien plus immersif (ainsi que le montre cet extrait ou encore celui-ci). Beaucoup ne semblent cependant pas comprendre l'originalité de ce concert. J'ai pu entendre des "Oh, t'as vu y a des écrans !" ou encore les exaspérants "alllllééééé" pour appeler les basses (sic). L'immersion est telle qu'on les oublie vite pour se plonger totalement dans la tête mindfuck du freak. Ce sera une reprise magnifique du New-York is Killing Me de Gil-Scott Heron imprimé sur des images des rues New-yorkaises qui achèveront ce live unique. On ressort déboussolé de ce concert, perturbé. Plus qu'un show, ce fut une expérience.


Rainbow Arabia a, malgré la maigreur du public présent dans sa tente, offert un live de qualité. La belle et énergique Tiffany Preston (la chanteuse et guitariste du groupe) ferait presque oublier, par ses postures suggestives, que Rainbow Arabia est non seulement un duo mais que ces deux-là sont mariés. Les mélodies exotiques mélangées à un rock assez frais produisent un concert complet, sans être pour autant transcendant.

L'électro fut, comme chaque année à Dour, de très haut niveau. Impossible cependant d'être exhaustif et j'ai, par exemple, du occulter le grand Carl Craig à mon plus grand regret. Trois noms sortent cependant du lot. Jesse Rose a proposé un set de sa meilleure micro-house. Dave Clarke, le très connu Dj-Producteur a assommé le festival d'une techno puissante et étourdissante. Enfin, Renaissance Man, le duo finlandais, a joué tout simplement le meilleur set qu'il m'ait été donné de voir depuis très longtemps. De Aphex Twin (un remix de Windowlicker hypnotisant) à Animal Collective (le remix non officiel de Mike Monday), ces quelques 90 minutes de set n'auraient jamais dû se finir ! On pourra noter également le concert de De La Soul qui a bien sûr rassemblé et mis tout le monde d'accord. Sans être pour autant exceptionnel, ce set a porté la foule et a réveillé le hip hop nineties qui s'était assoupi en nous. Le concert s'achève avec un clin d'œil à Gorillaz, ils confirment leur place de tête d'affiche et l'assument à merveille ! Sur une note plus critique, Gui Boratto et Agoria ont déçu. L'un comme l'autre n'ont jamais pu décoller. La faute peut-être au fait que Gui Boratto s'est produit après Jesse Rose et Agoria après Dave Clarke, une relève difficile.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre concernant Los Campesinos! Leur dernier album "Romance is Boring" n'est pas inintéressant mais j'avais des réserves concernant sa portée sur une scène. Elles se sont confirmées une fois que le groupe a entamé son premier morceau. Plat, sans la chaleur que pouvait transpirer l'album, les gallois ont déçu. Ce fut le cas également (et c'était prévisible) pour Uffie. L'américaine, lavée à la hype-o-matic, s'est montrée telle qu'on pouvait l'imaginer : vide, formatée et inintéressante. On s'est empressé de passer son chemin.

Ce qui fait la force de Dour, c'est sa philosophie (il reste l'un des rares grands festivals qui a refusé de se faire racheter par le géant Clear Channel), son ambiance, son affiche de qualité, ses découvertes. Ces choses qui font que c'est plus qu'un festival. C'est Entendu est rentré comblé de ces quatre jours de musique en tous genres. On remet une croix dans le calendrier pour l'édition 2011 !


Julien Masure

Prochain numéro : quelques autres festivals et la conclusion du dossier.

2 commentaires:

  1. tu as passé ton chemin pour uffie c'est normal et je comprend . mais au meme moment de crécy hypnotisait tt le monde sur le last arena . apres uffie ta zappé breakbot cependant ..
    rien sur kalkbrenner, moderat, A TRAK bordel !!
    et buraka som sistemaaaaaaa !!!!!!!!!!
    nessbeal qui invite orelsan aurait aussi mérité un clin d'oeil ;)

    sur ce a l année prochaine sur la plaine de la machine a feu !!

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  2. Je n'ai simplement pas pu être partout ...

    Et surtout, je n'ai pas pu parler de tout. Moderat (et les autres donc je ne parle pas ici) ne m'ont ni déçus ni vraiment surpris, c'est pourquoi je ne l'ai pas reporté. A Trak, je suis désolé mais ça, je n'arrive pas, je pense que c'est viscéral ! ;)

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