J'aime bien leurs têtes, ils ont de bonnes têtes les musiciens de Vampire Weekend. J'aime bien leurs pochettes aussi et la pub ouverte pour les polos Ralph Lauren ne me dérange pas. J'ai même adoré Cousins, le premier simple issu de "Contra" au point d'en faire ma chanson préférée de Janvier 2010, et depuis la sortie de "Contra," en attendant d'être sûr de l'avis que je portais sur le LP, j'ai religieusement admiré les vidéos live délivrées par le groupe (Blogothèque et compagnie) sans pouvoir m'empêcher de trouver Ezra Koenig s y m p a malgré son inaptitude à atteindre la moitié des notes des mélodies vocales qu'il a du passer beaucoup de temps à enregistrer. Pourtant je n'écoute pas beaucoup "Contra" et je le trouve raté.
(Taxi Cab)
(Taxi Cab)
La semaine dernière j'étais de passage à Biarritz et longeant la côte en voiture, j'ai eu envie de passer "Contra" - chose qui ne m'était plus arrivée depuis un moment - histoire de lui donner une nouvelle chance à l'aune d'un décorum propice à le faire sonner juste. J'en suis ressorti avec la même conviction déçue que Vampire Weekend était un bon groupe qui prenait les mauvaises décisions (artistiquement s'entend puisqu'apparemment commercialement ils décrochent le gros lot).
Entouré d'un petit comité, le groupe joue une session acoustique pour La Blogothèque.
Finalement, qu'attend-on de ce groupe ? Pour ma part, je n'attends pas d'eux une soit-disant percée expérimentale. Je n'attends pas d'eux qu'ils aient une mauvaise influence sur d'autres groupes (Yeasayer, Surfer Blood, etc), je n'attends même pas qu'ils soient le groupe le plus cool du Monde, chose rendue impossible par leur look de doctorants et la cabale d'une partie du public et des médias contre eux. La seule chose que je leur demande est de composer, enregistrer et interpréter de BONNES chansons, sans les grimer pour les rendre plus attirantes, elles n'en ont pas (souvent) besoin : Koenig est un bon chanteur et Vampire Weekend sait écrire. Lorsque Cousins est parue je me suis mis à espérer que l'album ne serait pas ce que le premier simple, Horchata, laissait craindre et que le groupe privilégierait la simplicité de leur songwriting à des arrangements too much. Évidemment, c'était naïf de ma part et il n'en fut rien, Cousins faisant office de pomme frite isolée au milieu d'un plat de nouilles carbonara saupoudrées de jus de noix de coco. L'engouement du groupe pour les rythmes, instruments et mélodies caribéens, s'il n'est pas révolutionnaire pour deux sous (Paul Simon et David Byrne ont déjà eu l'idée de piocher en Afrique et dans les îles dans les années 80) n'en reste pas moins rafraichissant et plutôt sympathique lorsqu'il est joué de façon légère et inoffensive donnant l'occasion à Koenig de lancer son falsetto tel un cerf-volant (White Sky, en écoute sur vote gauche), ou lorsque le groupe fait du ska, ce genre lourd et plombant, une occasion de se dandiner élégamment (Holiday). Malheureusement, les heures passées en studio à réfléchir à ce qui pourrait bien succéder au succès de "Vampire Weekend" (2008) ont semble-t-il fini par accoucher d'une idée aussi stupide que celle d'intégrer de l'autotune (la pire chose arrivée à la Musique avec un grand M) sur une chanson qui n'est pourtant pas si mal (California English, cf la session acoustique sans effet malvenu proposée par la Blogothèque ci-dessus). Que cela soit de l'opportunisme (il est en effet hype de nos jours d'utiliser l'autotune, triste Monde...) ou simplement du mauvais goût, le mal est fait. Un album sur lequel une chanson intègre de l'autotune n'est PAS un bon album. C'est un axiome. C'est des maths. En faisant ça, Vampire Weekend s'auto-relègue au rang du petit garçon devant son cahier de coloriage qui n'utilise pas les bonnes couleurs et qui déborde de partout. Comme sur le troisième single, le très vilain Giving up the Gun, Vampire Weekend, porté par des ambitions qui ne devraient pas être les siennes, ne boxe pas dans sa catégorie et se prend les pieds dans le tapis.
Le clip de la très vilaine Giving up the Gun.
Tantôt touchantes (Taxi Cab) tantôt terriblement ennuyeuses (I Think you're a Contra), les ballades sont à l'image d'un groupe qui cherche sa formule tout en voulant donner l'impression de l'avoir trouvée. Le problème est qu'en produisant des LPs de dix ou onze chansons (dont une bonne moitié feraient aussi aisément office de faces B) tous les deux ans, ces mecs-là n'avancent pas assez vite pour nous proposer quelque chose de peut-être moins bien emballé mais de plus efficace. Tout comme "Vampire Weekend" avant lui, "Contra" est un disque inégal, qui aurait pu devenir un classique de pop transcontinentale et qui n'est finalement qu'une preuve de plus que Vampire Weekend est l'un des groupes les plus décevants de ces dernières années.
Joe
Y a Jack Guinélol dans le clip de giving up da gun !
RépondreSupprimerj'aime bien ta review, mais ça m'étonne qu'il n'y ait aucune allusion à leur premier album.
RépondreSupprimeret c'est quoi ta chanson préférée de février 2010 ? :D
Pourquoi aurais-je parlé du premier album ? Je veux dire, ma conclusion le cite, et c'est tout ce que j'avais à en dire. Ou alors tu as une idée que je n'ai pas eue, fous-la moi sous les yeux :D
RépondreSupprimerMa chanson préférée de Février ça doit être Lewis Takes off his Shirt de Owen Pallett (début de mois) à égalité avec Good Intentions Paving Company de Joanna Newsom pour ces derniers jours.
Ptêtre davantage les comparer. Mais bon j'avoue avoir dit de la merde ! :D
RépondreSupprimerRien à voir mais moi aussi j'ai mon groupe de la honte. Ces jours-ci, disons depuis deux bonnes semaines, j'écoute beaucoup (euphémisme) le dernier album de Hexes and Ohs (OMG), Bedroom Madness. Ce que j'admire surtout dans cet album c'est comment il fait fi du passé. Tout y est déjà entendu mille fois, et on utilise une ryhtmique disco pour faire danser, des son cheap pour plaire au club, des lignes de basse groovy pompées sur n'importe quel morceau pop-rock et on le fait avec une candeur si pure que ça en devient... presque beau. Cette candeur me touche. J'ai l'impression que, pour Hexes et Ohs, il n'y a qu'eux qui existent. Comme deux amoureux. Tout ce qui paraissait idiot et futile (le refrain de Suspicion, quoi "Everything is allright" répété sans cesse faut oser) devient COOL quand on est amoureux. C'est un peu ça Bedrooms Madness. C'est la même honte qu'on peut avoir en pleurant devant Titanic.
RépondreSupprimerJe ne conseille pas vraiment l'album même si j'ai décidé de le mettre dans mon futur TOP 5 de l'année 2010 aveuglément en pariant qu'il n'y aura rien d'aussi naïf jusque là.
b.
En tout cas merci pour cette chronique express inattendue et de rigueur, cher b !
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