"What the..?" Je sais, je vous comprends lecteurs, après deux jours de morceaux au potentiel honteux assez contestable, je vous balance ici un bijou issu tout droit des tréfonds de l'horreur, une perle rare au milieu du gouffre sans fond de la culpabilité musicale, je tape sans hésiter dans l'hymne de campagne politique. Il était en effet un temps béni ou non seulement les mariages de couleurs les moins orthodoxes étaient considérés un aboutissement vestimentaire comme vous pouvez le constater ci-contre, mais où chaque grand évènement politique français était marqué par un déluge de créativité et de marketing pour mettre en avant les slogans les plus abrutissants possibles. Et si je confesse être un fan convaincu du zouk midi de "Avec Jean-Marie, je n'ai plus de peine", du pont tribal du "Un pays aux couleurs de la vie" d'Alain Madelin ou même du plus classique "Mitterand Président", il faut bien avouer que le vainqueur toutes catégories de ce genre politico-musical a toujours été et restera toujours "Jacques Chirac, Maintenant", hymne de sa campagne présidentielle de 1981 et véritable plaisir coupable qui ne se savoure qu'entre initiés depuis bien trop longtemps : aujourd'hui, C'est Entendu lui rend l'hommage qu'il mérite bien.
(Jacques Chirac, Maintenant)
Le morceau annonce la couleur d'entrée avec ses notes de violons venues de nulle part avant que la basse ne se lance dans un groove bien rond soutenu par un piano électrique discret. Jusqu'ici rien d'extraordinaire, mais un point de non-retour est franchi alors que, sur des paroles qui semblent être un infini collage ad lib. de quatre ou cinq mots ("Pour tous, Jacques Chirac / Maintenant président / Ensemble maintenant / Jacques Chirac Président", non, vraiment ?) scandées par un chœur comme si une vie en dépendait, on découvre que le morceau se transpose toujours plus vers l'aigu dans une grande envolée lyrique à grands renforts de roulements de toms. Cette montée perpétuelle est sublimée par des arrangements façon Jean-Claude Vannier cheap de cuivres et surtout de violons qui soupirent, s'élancent dans de petites arabesques complètement gratuites, et finissent par faire tout simplement n'importe quoi en donnant des coups d'archet frénétiques, offrant ainsi à ce tube immédiat une coda épique, dévastatrice, qui broie l'auditeur et ses émotions sans ménagement.
Et pensez qu'avec tout ça, Chirac n'a même pas été foutu de se faire élire en 81 ! Franchement, les français sont des veaux.
Thelonius
Nous avons dans notre pays, le pouvoir de changer nos vies. Votons Jacques Chirac !
RépondreSupprimerJacques avait tout bon !
RépondreSupprimerPlus engagé, plus ensoleillé, plus rythmé...
RépondreSupprimer"Strauss Kahn y va gagner" au temps où le directeur, profondément socialiste, du FMI brigué l'investiture pour la présidence 2007.
J'aime !
RépondreSupprimerEncore !
Ah l'horreur, "Strauss Kahn il va gagner" c'est la chienlit de l'hymne politique qui foire totalement sa décontraction et son auto-dérision. En plus d'être une REPRISE bon sang.
RépondreSupprimerun chef d'oeuvre. vraiment. quel morceau. avec ce système de choeurs très puissants et émotionnels, ces violons mélodramatiques et ce groove disco, c'est un peu du proto-Arcade Fire.
RépondreSupprimerEn lisant cet article à mes parents adorés, j'étais de plus en plus décontenancée par leurs sourcils étonnés, interrogateurs, rieurs et aussi très snobs, ouais, tout ca. Bah quoi? je leur dis. Pfff; Chirac président, rien du tout face à nos classiques à nous, qu'ils me répondent, tu connais pas Sernam?! Ah y'a pas à dire, ils savaient y faire niveau promotion dans les années 70, et ca t'animait des soirées entières...
RépondreSupprimerEt voila qu'ils me sortent enthousiastes un 45 tours : "Daniel Bouldoires chante SERNAM".
Géniale, l'hystérie balbutiante des déclamations chiffrées de la grande société de transport française, filiale de la sncf; très vite "aérée" d'un refrain qui joue franchement sur la répétition. Pas de quoi rivaliser avec les choeurs rythmés de Jacquot, mais le synthé vaut le détour. De grands sages mes parents.