C'est entendu.

vendredi 26 mars 2010

[Réveille Matin] James Murphy - Please Don't Follow Me

Vous savez ce que j'aime beaucoup avec James Murphy, tête pensante de LCD Soundsystem (entre autres choses) ? C'est que c'est un mec qui triche pas. Qui assume à mort. Je veux dire, y'a des types, quand ils ont envie de pomper New Order, ils montent des groupes de rock à l'esthétique très réfléchie et ils sortent des albums médiocres qui ne plaisent qu'au NME. Lui, il fait un pastiche qui reprend tous les gimmicks possibles du groupe et dépasse finalement les originaux : All My Friends, l'un des meilleurs singles de la décennie passée. Bon, là, l'exemple est fort, mais James Murphy est un type qui aime bien ce qui n'est pas vraiment de l'hommage, ni même du plagiat, juste une espèce de filiation affirmée. Et si au sein de LCD Soundsystem, les artistes cités étaient plutôt du domaine du groove sec, de l'electro qui envoie ou du rock & roll classique, il est intéressant de voir que ses influences sont bien plus larges que ça et vont aussi se nicher dans le domaine de la pop la plus pure. La preuve en est la bande originale qu'il a composée pour Greenberg, énième film pseudo-indé venu des USA où Ben Stiller fait le traditionnel "rôle dramatique touchant joué par un acteur comique pour lui donner une crédibilité en plus et qu'on cite parfois son nom sérieusement."



Que ce soit Suicide post-premier album, le John Lennon période "Plastic Ono Band" ou Elliott Smith, tous les morceaux sont comme des résumés d'albums déjà existants sur lesquels la voix de Murphy semble parfois complètement étrangère. Sérieusement. Par moment, j'oublie que c'est lui qui les a enregistrés tant ils ressemblent à d'autres. Mais qu'on ne prenne pas ce que je dis pour un reproche, parce que le résultat est plutôt bien fichu, et les chansons les plus développées sont même, malgré une certaine maladresse, de formidables duplicatas. Pour exemple, le morceau qu'on imagine parfait pour le générique de fin, Please Don't Follow Me. Ne cherchez pas, que ce soit Harry Nilsson, Paul McCartney ou n'importe quel type qui faisait de la pop au piano avec une trompette derrière lui au début des 70's, ce morceau vous dira quelque chose, parce qu'il appartient presque à un patrimoine de la musique populaire avec sa descente harmonique au piano émouvante, son petit rythme syncopé et sa batterie qui martèle. Murphy utilise donc le même procédé que lorsqu'il reprend les batteries de l'ESG, les guitares de The Fall ou les voix de David Bowie avec son groupe mais d'un point de vue pop, et apparait encore et encore comme un véritable geek musical, un type qui se dit qu'il ferait bien un truc à la manière de ses artistes préférés, juste pour le plaisir de jouer simultanément de la musique qu'il aime et de la musique à lui, en ne séparant jamais vraiment les deux. Un peu comme un gosse qui serait super heureux de trouver un riff d'enfer sur sa guitare sans se rendre compte que c'est super connu. Sauf que James Murphy s'en rend compte. Nous aussi. Et c'est cool comme ça.

Emilien.

nb : Devinez quoi? Au moment où j'ai fini d'écrire ce réveille matin, le premier single du prochain album de LCD Soundsystem qu'on attend comme le messie à la rédaction (enfin, surtout Joe et moi) est apparu en écoute sur l'internet. Ça s'appelle Drunk Girls, et c'est un tube trop bon qui est pompé sur White Light/White Heat du Velvet Underground pour les chœurs, et qui rappelle le Bowie de "Lodger", entre autres. J'imagine que c'est à ce moment là que je dis CQFD.

4 commentaires:

  1. wah la classe les mecs avec un "name dropping" pareil je me dis que vous avez quand même de bons goûts des fois !!!

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  2. Moi aussi je l'attends !

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  3. djeep : oui, c'est un peu un réveille matin "vincent delerm" avec tant name-dropping. mais on est obligé avec james murphy.

    anonyme : héhé, on est donc pas seuls. je dois bien avouer que j'écoute un peu "drunk girls" en boucle depuis hier soir. ahem.

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  4. J'ai jamais compris l'engouement autour de ce gars, et de son album "sound silver" que j'ai jamais été capable d'écouter de bout en bout. La dernière chanson sur New York est une horreur, aux riffs très laids, tout juste bonne à illustrer une pub ou une série télé minable.

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