C'est entendu.

vendredi 2 décembre 2011

[Vise un peu] Frànçois & the Atlas Mountains - E volo Love

La séduction était automatique en 2009 car Frànçois, en plus d'être un beau garçon à la voix sucrée, trimballait avec lui un très beau disque ("Plaine Inondable"), un joli single au refrain transmissible (Je suis de l'eau), un statut d'outsider indépendant sachant chanter le français sans se vautrer et pour couronner le tout des apparitions publiques intimes et impressionnantes (je me souviens notamment d'une soirée dans le minuscule local de la Médiathèque Associative de Toulouse, avec les pied nus, des choristes basques, un public familial et une énergie incroyable). En 2011, les Atlas Mountains ont suivi Frànçois sur le prestigieux label Domino qui invitait là ses premiers frenchies à signer pour une meilleure distribution et une plus grande visibilité.


(Soyons les plus beaux)

C'est d'ailleurs la principale information à retenir pour appréhender "E Volo Love". Cette signature sur un label "majeur" et anglophone de surcroit entraine son lot de contraintes et d'ouvertures de champ. La théorie échafaudée lors du festival des Inrocks et selon laquelle Domino aurait "imposé" au groupe de proposer sur cet album une majorité de titres en anglais, qu'elle soit attestée ou pas, se traduit par l'absence au tableau de certaines chansons en français que l'on entend à chaque concert et qui font défaut ici de par leur grande charge émotionnelle. Pas que les chansons ici présentes soient dénuées de sentiment ou de force, mais la plupart sont plus légères et moins personnelles. A choisir, on préfèrera mille fois le Frànçois de Bail Éternel aux Atlas Mountains de City Kiss (qui fait office de tube indie-pop facile calibré pour MagicRPM et consorts).

"E Volo Love" est un album de musique pop et chacune de ses chansons a pour vocation d'être fredonnée, de contaminer les esprits en s'y insinuant. Alors, tout comme la pop du groupe s'oriente vers une séduisante psychédélisation "à l'américaine" (pensez Animal Collective pour les prestations live - mais un AnCo à visage humain), Frànçois lui-même joue de sa voix tendre et chaleureuse comme le ferait un charmeur de serpents, sachant quels boutons pousser pour forcer les oreilles à s'installer confortablement à ses côtés. Il redonne une fluide superbe à la langue de Molière qui ne s'était pas trouvé un si bon chantre depuis la disparition de Bashung et la pré-retraite de Dominique A. Le chanteur remet aussi à plat l'idée de refrain pop en français. Avec "Soyons les plus beaux" et "Allons à la piscine demain" comme affirmations communautaires (le "nous" revient évidemment) et bien de leur temps.



(Piscine)


Mais cette séduction opère bien mieux en Français, voire lorsque les langues sont mêlées (Azrou tune) et lorsque l'Anglais est à l'honneur, c'est davantage l'instrumentation qui attire l'oreille, des percussions africaines (Edge of Town) aux claviers mellow (Slow love) en passant par l'inévitable son clair de la guitare de Frànçois, dont les arpèges charpentent le son du groupe. Les écueils ne sont pas tous évités (la trop simple Buried Treasures, qui hésite entre le Creep de Radiohead et le soft rock américain) et on se demande encore pourquoi un titre italien et une pochette aussi étrange, mais puisque le passage vers un nouvel horizon (et un bien plus large public) n'a pas ravagé les rangs, endormi la créativité (le final osé et bandant de Piscine est là pour le prouver), ou rangé des voitures ce qui est l'un des meilleurs groupes français aujourd'hui (c'est encore plus vrai sur scène), nous pardonnerons bien vite à cet album d'être imparfait et nous souviendrons surtout qu'il est bourré de talent et de bonnes et belles chansons.


Joe Gonzalez

10 commentaires:

  1. le titre de l'album, le nom du groupe, la pochette... autant d'éléments qui font que jamais j'écouterai ce truc!

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  2. Ben écoute les deux morceaux proposés, ça te coûte queud et c'est pas la peine de fouiller. :D

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  3. J'ai tenu 1 minute sur le premier extrait et 30 secondes sur le second. J'ai été pris d'une envie d'exploser mon iMac tout neuf.
    Faut flinguer les hippies, ils bougent encore.
    Bon, il est où le liens de ce matin sur Anal Cunt déjà ? Ah oui, ça y est...

    Non mais sérieux, CETTE POCHETTE !!!!!!!! Même un vieux groupe de prog italien n'oserai pas !!!! MERCI POUR RIEN MGMT !!!! Bordel.

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  4. Ah, et l'accent grave sur le "a". So chic.

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  5. C'est vrai qu'il y a un peu de MGMT là-dedans. Mais moi qui n'aime pas les hippies d'habitude, je me suis d'emblée laissé séduire par Frànçois, il y a deux ans. Je lui trouve un charme et une plume qui me parlent.

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  6. Tu me tends une perche terrible avec le mot "plume", mais je ne vais pas risquer de fàcher le rédac-chef.;)
    (ce qui fait que je me marre tout seul de mes conneries, j'ai l'air fin !)

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  7. Ce mélange Animal Collective / Gérard Lenorman ne me parle pas du tout... Et c'est con mais j'ai vraiment un gros problème avec la tête du chanteur, ses fringues, sa façon de bouger. On dirait un amalgame de tout le casting de Premiers Baisers.

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  8. Y a un petit côté Christophe Rippert...
    La vraie question est, est-ce que Thomas Burgel aime ?

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  9. La grosse inspiration Burgalat ne peut que me faire bander.
    Je viens d'écouter 'E Volo Love' en entier et les textes qui balancent entre Anglais et Français sont très efficaces.
    Un bon petit disque quoi, pas la peine de s'exciter ou de détruire ton computeur.

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