Le weekend du 21 au 23 octobre 2001, C'est Entendu était au BBMix de Boulogne Billancourt, un festival au tarif démocratique et à la programmation souvent passionnante qui accueillait cette année quelques musiciens particulièrement intéressants. Avant de vous raconter comment c'était, nous vous proposons de vous intéresser de plus près au duo américain Zombi, dont le dernier album en date, "Escape Velocity" a paru il y a quelques semaines. Dans une loge spartiate où seules deux ou trois bouteilles de champagne rappelaient que le rock'n roll n'est pas tout à fait mort, nous avons discuté avec Steve Moore et Anthony Paterra de leurs projets parallèles, la suite du programme pour Zombi, leur conception des tournées et de la difficulté pour un groupe à contre-courant de survivre pendant dix années sur la route.
C'est Entendu - Alors ? Deux concerts seulement puis de retour aux Etats Unis ?
Steve Moore - Oui, ce soir (BBmix Boulogne) et demain soir au festival Supersonic de Birmingham. C'est à peu près tout le temps dont je dispose pour tourner. Nous n'avons pas beaucoup de vacances. Je ne peux pas vraiment me permettre de prendre du temps pour ça sans risquer d'être viré, ce que je ne veux absolument pas.
CE - Combien de temps vous êtes vous éloignés de chez vous cette année ?
SM - A peu près deux semaines seulement.
CE - Est-ce la première fois que vous jouez en France ?
Anthony E. Paterra - Non, nous sommes en venus ici en 2006. Nous avons joué 3 concerts avec Isis et puis nous sommes partis 2 semaines au Royaume-Uni avec Thrones (Joe Preston NDLR)
CE - Vous ne tournez pas beaucoup en Europe n'est-ce pas ?
AEP - Nous n'avons jamais fait une vraie tournée européenne
SM - Hmm… nous avons joué à…
AEP - Amsterdam. Antwerp. Paris.
CE - Mais est-ce par manque de temps, par manque de propositions ? Il y a pourtant pas mal de gens intéressés par ce que vous faites par ici…
AEP - Je pense que ce qui s'est passé, c'est que le moment où cela aurait pu se faire est arrivé alors que nous ne tournions déjà plus. Il y a quelques années, si les opportunités s'étaient présentées nous l'aurions fait. Maintenant, nous en avons la possibilité mais nous ne sommes plus en mesure de nous lancer dans de longues tournées.
SM - Lorsque nous avons commencé il y a 8 ans, nous avons beaucoup tourné entre 2003 à 2006. Si en 2004 ou 2005 nous avions eu les contacts que nous avons aujourd'hui en Europe, nous l'aurions fait. Mais les quelques dates que nous avons faites en Europe n'ont pas été la meilleure expérience qui soit, parce que les gens qui organisaient nos concerts n'avait pas les bonnes connections pour louer les synthétiseurs dont j'avais besoin et nous ne pouvions pas nous permettre de transporter les miens jusqu'ici. Je devais donc amener mon ordinateur portable et utiliser des logiciels pour imiter mes synthétiseurs ce qui n’est vraiment pas aussi amusant qu'avec le matériel… Ce que je veux dire, c'est que les synthétiseurs sont le groupe ! C'est le point central de notre musique… Aujourd'hui, nous recevons des offres de promoteurs qui ont la possibilité d'avoir tel ou tel synthétiseur en location, donc c'est plus simple de dire oui. Mais ce n'est pas pour autant que nous allons faire de longues tournées ici.
CE - Êtes-vous conscients de la presse autour du groupe en Europe, et en France en particulier ?
SM - Je ne crois pas non… Et toi ?
AEP - Non…
CE - Parce qu'elle globalement bonne…
AEP - C'est une bonne chose !
CE - Parlons d'"Escape Velocity", votre dernier album. Il semble beaucoup plus tendu, plus offensif et décisif, plus fort. Est-ce en réaction aux albums précédents ? Est-ce quelque chose dont vous discutez auparavant, une direction sur laquelle vous vous mettez d'accord ?
SM - Je crois que chacun de nos albums est une réponse à l'album précédent, un retour de bâton ou une réaction forte. Nous avons créé ce groupe après avoir chacun passé du temps dans des formations post-punk et no wave, Zombi allait à l’encontre de tout ça. A cette époque, là d’où nous venions ( Pittsburgh, Pennsylvanie NDLR), "prog rock" était un vilain mot… Il y a toujours eu une scène mais bon…
AEP - Il y a eu une brève période où The Mars Volta est devenu vraiment important et où les gens se disaient "peut-être que c'est cool ?".
SM - Mais c'était de toute façon après que nous ayons lancé Zombi…
CE - Mais ce n'est pas vraiment le même rock progessif…
AEP - Absolument. Ce n'est pas la même chose.
SM - Nous venons d'une autre face du prog.
AEP - Mais à l'époque, je me disais que si les gens commençaient à écouter des choses comme ça, ils seraient certainement un petit peu plus ouverts à notre musique.
CE - Le retour des synthétiseurs dans les années 2000 est certainement pour beaucoup dans la visibilité donnée à votre groupe. Depuis 2007, 2008 en particulier.
SM - (rires) Oui. Et à cette époque-là nous étions déjà passés à autre chose. Nous avions arrêté de tourner… Nous n'avons enregistré qu'un seul album depuis. "Spirit Animal" en 2008 (paru en 2009 NDLR). Mais là encore on en revient à cette idée de réaction forte à l'encontre de quelque chose, de retour de bâton. Nous jouions une sorte de synth-math-rock mais nous tournions sans arrêt avec des groupes de shoegaze, de stoner, de metal… (silence) Je crois que c'était aussi une réaction au fait d'être catalogué comme LE duo synth-rock.
AEP - Je ne sais pas ce qui s'est passé sur cet album…
SM - On a juste voulu dire "Tu sais quoi ? Qu’ils aillent se faire foutre. Faisons un gros album de prog rock avec des guitares". Parce que tout le monde disait qu'on ne faisait de la musique qu'avec des synthétiseurs parce qu'on était anti-guitares, ce qui est faux. On a alors enregistré un album avec plein de guitares, qui serait impossible à jouer en live…
AEP - Et c'est effectivement ce qui s'est passé…
SM - Nous n'avons en effet jamais joué les morceaux de l'album sur scène…
AEP - Nous avons tout de même essayé de jouer Cosmic Powers. Ce n'était pas si mauvais… Nous parlions d’engager quelqu'un pour jouer de la guitare avec nous sur scène, mais c'est devenu un cauchemar d'essayer de jouer les morceaux de cet album.
(Spirit Warrior, sur "Spirit Animal")
SM - C’est à la même époque que nous avons fini par ne plus avoir envie de tourner. Nous avons passé des années sur la route et nous ne nous sommes jamais fait un centime. Je me suis tellement endetté à titre personnel… La tournée en elle-même ne nous coûtait pas d'argent, mais une fois rentrés à la maison, les factures s'empilaient. Je n'avais pas d'argent pour payer les traites ou même mes courses alimentaires. J'en suis arrivé à un point où j'ai du me trouver un job pour me remettre à flot.
AEP - Mais nous avons vraiment essayé !
SM - Ça c'est sûr ! Nous avons donné tellement de concerts… En 2006 nous avons participé à environ 200 concerts. L'autre problème, c'est que nous étions la perpétuelle première partie sur tous les shows que nous donnions. Nous n'étions donc jamais bien payés, et nous n'avions jamais l'attention de la presse…
AEP - Le plus ironique dans tout ça c'est que même ces groupes qui étaient mieux payés et avaient meilleure presse ne se faisaient même pas tant d'argent que ça.
SM - Ils se faisaient 4 fois plus d'argent que nous et même ça, ça n'était pas beaucoup. C'est plutôt triste.
AEP - Ça coûte cher d'être un groupe en première partie d'une tournée.
SM - Pour pouvoir évoluer en tant que musiciens professionnels au niveau auquel nous étions à ce moment-là, il aurait fallu être indépendants financièrement et ne pas avoir à se soucier des factures et des traites. Mais comme Tony l'a dit, nous avons mis du cœur à l'ouvrage.
AEP - Pour en revenir à "Escape Velocity"… Le morceau-titre, que Steve a écrit, et que nous avons joué avant de l'enregistrer, était une sorte de modèle pour ce qui allait suivre. J'ai écrit ensuite deux morceaux de mon côté et Steve deux autres. Ça donnait presque 40 minutes de musique, alors on s'est dit qu’on allait essayer de faire un album avec ce que nous avions. Ce n'était pas vraiment prémédité, nous pensions peut-être sortir un EP mais pas vraiment faire quelque chose de plus important…
SM - Nous n'avions rien sorti depuis quelques années et nous avions des compositions prêtes chacun de notre côté qui nous semblaient assez abouties alors…
AEP - Durant ces quelques années, après "Spirit Animal", je ne savais pas si le groupe allait continuer ou s'arrêter. Je doutais que nous puissions sortir un nouvel album ensemble un jour. Mais je suis heureux que nous l'ayons fait, parce que le public l'aime, et moi aussi…
CE - "Escape Velocity" semble plus moderne, plus contemporain et sort de l'univers Carpenter dont vous venez… Cela se traduit notamment à travers le mixage de l'album mais aussi à travers le jeu et le son de la batterie qui est plus imposant, plus rock, moins seventies et mat comme sur "Surface to Air". Est-ce, là encore, quelque chose de prémédité ?
AEP - Je ne crois pas que nous ayons prémédité quoi que ce soit. Les batteries sonnaient comme ça, assez naturelles. Sur l'album, il n'y a pas tant de travail effectué sur les batteries, ce ne sont que des versions améliorées des versions brutes originales.
SM - Mais nous voulions un son lourd naturel…
CE - Oui, il y a beaucoup d'air et d'espace dans ces batteries…
SM - Lorsque nous mixions des albums comme "Surface to Air", je voulais que les batteries sonnent comme celle d'Alex Van Halen ou de Neil Peart. Tu vois ? Avec un "gate" très court, un petit peu d'effets sur la "tail"… On voulait un son très compact façon fin seventies, début eighties. Mais c'était en 2006. Cinq ans ont passé, et nous avons été exposés à beaucoup de nouvelles musiques. De manière consciente ou non, nous avons essayé d'incorporer ces nouvelles idées et non pas de coller au son d'une époque précise. Nous ne recherchions pas le son d'une époque en particulier sur cet album. Nous nous sommes simplement dit "ayons notre propre son, faisons ce dont on a envie et c'est tout".
CE - Est-ce que vous trouvez cet album homogène ? La première face comporte les morceaux de Steve et la seconde ceux d'Anthony. Pourquoi ne pas les avoir mixées ?
AEP - Nous étions conscients que les morceaux sonnaient légèrement différemment, tout simplement parce qu'ils ont été enregistrés de manière différente.
SM - Nous avons également vécu dans des villes différentes ces dernières années…
AEP - Vis à vis du tracklisting, c'est tout simplement comme ça que cela sonne le mieux.
SM - Sans tenir compte de qui a écrit quoi, l'ordre des titres sur l'album ressemble à l'idée que nous nous faisons du tracklisting d'un album de Zombi, dans sa structure. Je crois qu'en général nous utilisons ce même type de séquence…
AEP - Ce n'est pas vraiment le cas pour "Spirit Animal" ceci dit…
SM - Mais encore une fois, "Spirit Animal" était l'album qui disait "J'emmerde Zombi".
(Miracle - Sunshine Hall, sur "Fluid Window", 2011)
CE - Vous avez tous les deux de nombreux projets parallèles… Commençons par le plus récent. Miracle (nrd: Steve Moore + Daniel O'Sullivan, membre de Guapo, Miasma and the headless carousel, Sunn o))), Ulver AEthenor, etc.) ? Ce soir, en même temps que votre concert à Paris, a lieu un concert de Miracle à Londres ? Comment se fait-il que tu n'y sois pas Steve ?
SM - En fait, ce soir est une première pour Daniel, il donne un show de Miracle en solo. Je n'ai plus vraiment le temps de faire des tas de concerts. J'ai un boulot et un enfant d'un an et demi à la maison. Mes priorités sont ailleurs. Daniel est un musicien professionnel à plein temps, il a 4 ou 5 groupes, joue tout le temps, n'a pas de boulot à côté… Il va continuer à donner beaucoup de concerts de Miracle en solo. Miracle est une collaboration en termes d'écriture. Je me concentre plus sur la production et l'incarnation live de Miracle ne m'inclut pas.
CE - Est-ce que Miracle a prévu de sortir quelque chose d'autre que "The Visitor", votre EP de début d'année ?
SM - Oui, nous travaillons sur un album, la plupart des morceaux sont terminés, mais nous ne sommes pas encore sûrs de ce que nous voulons en faire. Peut-être allons nous sortir un deuxième EP avec quelques titres, en gardant le reste de côté, et nous verrons ce qui se passera ensuite…
CE - Et toi, Anthony, où en es-tu avec tes projets ?
AEP - Nous lançons un label de cassettes audio, appelé VCO Recordings… Avec un peu de chance, lorsque nous rentrerons, les cassettes de notre première sortie (Majeure, le projet solo de Tony Paterra, NDLR), seront arrivées chez moi. C'est une cassette de trois morceaux dont un titre sur lequel nous avons un peu collaboré tous les deux… Steve va aussi sortir certaines de ses compositions et nous sommes également en discussion avec d'autres personnes. C'est plutôt amusant de s'occuper de tout ça…
SM - Nous avons aussi quelques autres sorties cools de prévues… Nous n'avons pas vraiment commencé à faire la promotion de VCO.
AEP - C'est excitant, amusant, pas cher et très facile de sortir une cassette. Et puis c'est un objet physique… Majeure va également sortir un split avec Steve Moore sur Temporary Residence.
SM - Est-ce qu'on a une date de sortie pour ça ?
AEP - Je crois que ça sera après 2011… Fin février ou un peu plus tard.
SM - On vient juste de recevoir les masters. Ça va être un bon disque.
AEP - Ça va être très cool.
SM - Super artwork…
CE - Comme toujours…
SM - C'est une personne différente (de celle qui a réalisé les artworks de Zombi) puisque ce n'est techniquement pas un disque de Zombi, bien qu'on n’en soit pas si éloigné, j'imagine.
AEP - Il y a tout de même une division des titres qui est très claire (entre Majeure et Steve Moore) dans le son des morceaux. En dehors de ça, avec Majeure, j'ai beaucoup de choses en cours mais ça me prend tout simplement un temps infini à terminer.
(Maserati - Pyramid of the Sun)
CE - Est-ce que tu joues toujours avec Maserati ? (Steve Moore a joué sur le dernier album en date "Pyramids of the Sun", et Anthony E Paterra a accompagné le groupe sur la tournée qui a suivi, en remplacement de feu Jerry Fuchs).
AEP - Non, c'était juste pour ces dernières tournées. Ils voulaient que je devienne membre du groupe à plein temps. J’ai préféré consacrer plus de temps à ma propre musique. J'aime énormément leur groupe mais ce n'est pas MON groupe. Pour moi, ce sera toujours celui de Jerry, et leur musique n’est pas celle sur laquelle j'ai envie de jouer de la batterie à plein temps. Mais de ce que j'en sais, ils ont de nouveaux morceaux… Je ne suis pas sûr qu’ils aient trouvé quelqu'un d'autre pour jouer dessus…
CE - En effet. A un moment ils n'étaient même pas certains de continuer après cette dernière tournée…
AEP - Oui, mais ils pensent finalement poursuivre, et c'est une bonne chose.
SM - Je crois que Matt s'est acheté un Oberheim DX (boîte à rythmes du début des 80's, NDLR)…Ca serait énorme s'il l’utilisait avec Maserati ! Ça serait trop bon de voir un gros groupe de rock en tournée avec juste une boîte à rythmes au fond de la scène.
AEP - Hmmm, je ne sais pas si ça marcherait…
SM - Mais ça serait énorme.
(Lovelock - Pino Grigio)
CE - Steve, des projets avec Lovelock ? Vas-tu enfin sortir un album entier ?
SM - Oui, enfin. Il sortira fin février 2012 sur le label de Prins Thomas, International. Il sera précédé et succédé par des 12". L'un est un edit de Maybe Tonight avec un remix génial de Morgan Geist qui a déjà été publié sur la compilation "Dj Kicks" de Chromeo. Morgan Geist est un producteur phénoménal et ce qu'il a fait de mon morceau est vraiment orienté dancefloor. Et l'autre 12" contient un remix par Romain Turzi avec qui j'ai joué à New York il y a quelques temps et nous sommes restés en contact. Un gars talentueux et un très bon producteur.
CE - Connaissez-vous les autres artistes à l'affiche ce soir ?
SM - J'ai joué avec Richard (Pinhas) il y a quelques mois… Et Tony a joué avec Étienne (Jaumet) de Zombie Zombie.
AEP - Oui, j'ai joué avec lui dans un festival ici en France en Février mais je ne me souviens plus lequel…
CE - Mo'Fo ?
AEP - Oui ! C'était ma première tournée avec ce projet, nous avons fait 6 dates, c'était plutôt cool.
CE - Quels artistes appréciez-vous sur Relapse Records, votre label ?
SM - Je ne sais même pas ce qu'ils sortent aujourd'hui…Je dois être honnête et dire que je ne suis pas au courant de la musique qui sort aujourd'hui. Lorsqu'on a signé sur Relapse, j'aimais vraiment le métal. J'aimais le métal à la fin des 80's comme tous les mecs au lycée.
CE - Ce n'était pas vraiment le même métal...
SM - Non, bien sûr… Je parle évidemment de Megadeath, Metallica, Obituary, Slayer, ce genre de groupes. Et quand on a signé chez Relapse, j'ai eu comme un regain d'intérêt pour cette musique. Mais je ne suis plus vraiment au courant de ce qui se fait.
CE - Zombi ne représente ni la même musique, ni le même état d'esprit qui unit les autres groupes Relapse.
SM - Absolument.
AEP – J’avoue ne pas savoir ce qu'ils sortent aujourd'hui chez Relapse. Mais, ils s'occupent bien de nous et sortent nos albums...
SM - Pour diverses raisons, nous sommes également un groupe intéressant pour eux.
AEP - Et ce n'est pas comme si tout le monde venait nous proposer de sortir nos disques.
CE - Relapse sort aussi les disques de Titan (autre groupe de Steve).
SM – Oui et Titan colle effectivement mieux à Relapse que Zombi. Relapse sort quelques groupes plus progressifs et il se trouve que Titan est particulièrement "stony". Nous avions un album tout prêt qu’un autre label devait sortir mais le deal est tombé à l'eau, j'ai donc proposé qu'on se tourne vers Relapse et ils ont été intéressés ! Mais le groupe est ensuite arrivé dans une impasse. Nous sommes dispersés partout dans le pays, ce qui n’arrange rien…
CE - Mais, dans le fond, il nous semble que Zombi ne choque pas tant que ça au milieu des groupes majoritairement metal de Relapse. A nos yeux, votre image n’est pas celle du groupe « à part » dans le roster du label.
AEP - Pour le premier disque, nous étions tout simplement heureux de pouvoir le sortir, mais après plusieurs années j’ai commencé à m’interroger : "Je ne sais pas, ça me paraît étrange, on essaie de faire des choses vraiment différentes de ce que font tous leurs groupes". Nous n'étions pas particulièrement enthousiasmés par la musique qu'ils sortaient, et pourtant c'est aussi un peu ce que tu recherches dans un label qui sort tes disques : avoir un intérêt pour ce qu'ils sortent.
SM - On a fait des shows avec Pig Destroyer !
AEP – Ce sont vraiment des gens biens et sympathiques. Mais il y a effectivement eu une sorte de lutte pendant une période, une quête d'identité. Aujourd’hui ça n'a plus aucune importance.
CE - Ça ne serait de toute façon pas évident de trouver un label qui colle à 100% avec Zombi.
AEP - Hmm… Certains, peut-être. Nous avons par exemple envoyé notre dernier album à Warp Records pour voir ce qu'ils pourraient en penser. Mais de toute façon, nous ne vendons pas assez d'albums et nous ne tournons presque pas… Je ne suis pas sûr que nous serions intéressés par tout ce que les groupes de ces labels ont à faire : des tournées, des vidéos… Et puis le truc c'est que les groupes veulent des labels qui vont leur donner beaucoup d'argent en avance, mais ils ne réalisent pas qu'ils vont devoir rembourser tout cela d'une manière ou d'une autre.
SM - Après 10 années d’existence, dont 8 avec Relapse, ce n'est qu'aujourd'hui que Zombi commence à faire des bénéfices. Nous sommes maintenant complètement mariés à Relapse.
AEP - Donc si jamais nous sortons un nouvel album de Zombi, nous devrions le sortir avec eux...
CE - Donc vous pensez sortir un nouvel album de Zombi ?
SM - Nous aimerions, oui.
AEP - Nous en discutons.
CE - Alors, quelle sera la réaction de ce prochain album vis-à-vis du précédent ?
SM - C'est une très bonne question. Peut être cela sera-t-il un album de soft rock !
AEP - Je ne sais pas… Je crois que nous ne voudrons pas refaire quelque chose qui soit si droit, si carré, si dansant, en 4/4 comme "Escape Velocity". Cet album est vraiment un plaisir à écouter mais ça ne me dérangerait pas d'en faire un peu plus à la batterie !
SM - Ce n'est pas un album amusant à jouer. Les rythmes sont simples mais les basses sont toutes séquencées, donc je n'ai pas grand chose à jouer. Nous avons joué le morceau Escape Velocity quelques fois en live, et je crois que ça sonnait bien, mais c'était vraiment long et chiant à jouer. Pour ce soir et les dates de cette tournée, nous ne jouons que des morceaux de l'époque de "Cosmos" et "Surface to Air". Donc, peut être que le prochain album sera plus ancré dans cette musique là, plus math, plus prog, différentes structures, des signatures rythmiques étranges… Mais qui sait ? Ça ne sera peut-être pas ça du tout.
AEP - En gros, on verra ce qui va sortir de nos cerveaux pendant l'année qui vient…
SM – Sinon on a toujours des trucs soft rock qu'on n’a jamais enregistrés…
CE - Vous devriez y consacrer un nouveau projet !
AEP - Ouais ! Mais Steve peut faire ça tout seul…
SM - Oui, Lovelock est presque un projet soft rock. (rires)
AEP - Tout est là. Donne-moi des morceaux sur lesquels jouer de la batterie, et je le ferai…
Steve Moore - Oui, ce soir (BBmix Boulogne) et demain soir au festival Supersonic de Birmingham. C'est à peu près tout le temps dont je dispose pour tourner. Nous n'avons pas beaucoup de vacances. Je ne peux pas vraiment me permettre de prendre du temps pour ça sans risquer d'être viré, ce que je ne veux absolument pas.
CE - Combien de temps vous êtes vous éloignés de chez vous cette année ?
SM - A peu près deux semaines seulement.
CE - Est-ce la première fois que vous jouez en France ?
Anthony E. Paterra - Non, nous sommes en venus ici en 2006. Nous avons joué 3 concerts avec Isis et puis nous sommes partis 2 semaines au Royaume-Uni avec Thrones (Joe Preston NDLR)
CE - Vous ne tournez pas beaucoup en Europe n'est-ce pas ?
AEP - Nous n'avons jamais fait une vraie tournée européenne
SM - Hmm… nous avons joué à…
AEP - Amsterdam. Antwerp. Paris.
CE - Mais est-ce par manque de temps, par manque de propositions ? Il y a pourtant pas mal de gens intéressés par ce que vous faites par ici…
AEP - Je pense que ce qui s'est passé, c'est que le moment où cela aurait pu se faire est arrivé alors que nous ne tournions déjà plus. Il y a quelques années, si les opportunités s'étaient présentées nous l'aurions fait. Maintenant, nous en avons la possibilité mais nous ne sommes plus en mesure de nous lancer dans de longues tournées.
SM - Lorsque nous avons commencé il y a 8 ans, nous avons beaucoup tourné entre 2003 à 2006. Si en 2004 ou 2005 nous avions eu les contacts que nous avons aujourd'hui en Europe, nous l'aurions fait. Mais les quelques dates que nous avons faites en Europe n'ont pas été la meilleure expérience qui soit, parce que les gens qui organisaient nos concerts n'avait pas les bonnes connections pour louer les synthétiseurs dont j'avais besoin et nous ne pouvions pas nous permettre de transporter les miens jusqu'ici. Je devais donc amener mon ordinateur portable et utiliser des logiciels pour imiter mes synthétiseurs ce qui n’est vraiment pas aussi amusant qu'avec le matériel… Ce que je veux dire, c'est que les synthétiseurs sont le groupe ! C'est le point central de notre musique… Aujourd'hui, nous recevons des offres de promoteurs qui ont la possibilité d'avoir tel ou tel synthétiseur en location, donc c'est plus simple de dire oui. Mais ce n'est pas pour autant que nous allons faire de longues tournées ici.
CE - Êtes-vous conscients de la presse autour du groupe en Europe, et en France en particulier ?
SM - Je ne crois pas non… Et toi ?
AEP - Non…
CE - Parce qu'elle globalement bonne…
AEP - C'est une bonne chose !
CE - Parlons d'"Escape Velocity", votre dernier album. Il semble beaucoup plus tendu, plus offensif et décisif, plus fort. Est-ce en réaction aux albums précédents ? Est-ce quelque chose dont vous discutez auparavant, une direction sur laquelle vous vous mettez d'accord ?
SM - Je crois que chacun de nos albums est une réponse à l'album précédent, un retour de bâton ou une réaction forte. Nous avons créé ce groupe après avoir chacun passé du temps dans des formations post-punk et no wave, Zombi allait à l’encontre de tout ça. A cette époque, là d’où nous venions ( Pittsburgh, Pennsylvanie NDLR), "prog rock" était un vilain mot… Il y a toujours eu une scène mais bon…
AEP - Il y a eu une brève période où The Mars Volta est devenu vraiment important et où les gens se disaient "peut-être que c'est cool ?".
SM - Mais c'était de toute façon après que nous ayons lancé Zombi…
CE - Mais ce n'est pas vraiment le même rock progessif…
AEP - Absolument. Ce n'est pas la même chose.
SM - Nous venons d'une autre face du prog.
AEP - Mais à l'époque, je me disais que si les gens commençaient à écouter des choses comme ça, ils seraient certainement un petit peu plus ouverts à notre musique.
CE - Le retour des synthétiseurs dans les années 2000 est certainement pour beaucoup dans la visibilité donnée à votre groupe. Depuis 2007, 2008 en particulier.
SM - (rires) Oui. Et à cette époque-là nous étions déjà passés à autre chose. Nous avions arrêté de tourner… Nous n'avons enregistré qu'un seul album depuis. "Spirit Animal" en 2008 (paru en 2009 NDLR). Mais là encore on en revient à cette idée de réaction forte à l'encontre de quelque chose, de retour de bâton. Nous jouions une sorte de synth-math-rock mais nous tournions sans arrêt avec des groupes de shoegaze, de stoner, de metal… (silence) Je crois que c'était aussi une réaction au fait d'être catalogué comme LE duo synth-rock.
AEP - Je ne sais pas ce qui s'est passé sur cet album…
SM - On a juste voulu dire "Tu sais quoi ? Qu’ils aillent se faire foutre. Faisons un gros album de prog rock avec des guitares". Parce que tout le monde disait qu'on ne faisait de la musique qu'avec des synthétiseurs parce qu'on était anti-guitares, ce qui est faux. On a alors enregistré un album avec plein de guitares, qui serait impossible à jouer en live…
AEP - Et c'est effectivement ce qui s'est passé…
SM - Nous n'avons en effet jamais joué les morceaux de l'album sur scène…
AEP - Nous avons tout de même essayé de jouer Cosmic Powers. Ce n'était pas si mauvais… Nous parlions d’engager quelqu'un pour jouer de la guitare avec nous sur scène, mais c'est devenu un cauchemar d'essayer de jouer les morceaux de cet album.
(Spirit Warrior, sur "Spirit Animal")
SM - C’est à la même époque que nous avons fini par ne plus avoir envie de tourner. Nous avons passé des années sur la route et nous ne nous sommes jamais fait un centime. Je me suis tellement endetté à titre personnel… La tournée en elle-même ne nous coûtait pas d'argent, mais une fois rentrés à la maison, les factures s'empilaient. Je n'avais pas d'argent pour payer les traites ou même mes courses alimentaires. J'en suis arrivé à un point où j'ai du me trouver un job pour me remettre à flot.
AEP - Mais nous avons vraiment essayé !
SM - Ça c'est sûr ! Nous avons donné tellement de concerts… En 2006 nous avons participé à environ 200 concerts. L'autre problème, c'est que nous étions la perpétuelle première partie sur tous les shows que nous donnions. Nous n'étions donc jamais bien payés, et nous n'avions jamais l'attention de la presse…
AEP - Le plus ironique dans tout ça c'est que même ces groupes qui étaient mieux payés et avaient meilleure presse ne se faisaient même pas tant d'argent que ça.
SM - Ils se faisaient 4 fois plus d'argent que nous et même ça, ça n'était pas beaucoup. C'est plutôt triste.
AEP - Ça coûte cher d'être un groupe en première partie d'une tournée.
SM - Pour pouvoir évoluer en tant que musiciens professionnels au niveau auquel nous étions à ce moment-là, il aurait fallu être indépendants financièrement et ne pas avoir à se soucier des factures et des traites. Mais comme Tony l'a dit, nous avons mis du cœur à l'ouvrage.
AEP - Pour en revenir à "Escape Velocity"… Le morceau-titre, que Steve a écrit, et que nous avons joué avant de l'enregistrer, était une sorte de modèle pour ce qui allait suivre. J'ai écrit ensuite deux morceaux de mon côté et Steve deux autres. Ça donnait presque 40 minutes de musique, alors on s'est dit qu’on allait essayer de faire un album avec ce que nous avions. Ce n'était pas vraiment prémédité, nous pensions peut-être sortir un EP mais pas vraiment faire quelque chose de plus important…
SM - Nous n'avions rien sorti depuis quelques années et nous avions des compositions prêtes chacun de notre côté qui nous semblaient assez abouties alors…
AEP - Durant ces quelques années, après "Spirit Animal", je ne savais pas si le groupe allait continuer ou s'arrêter. Je doutais que nous puissions sortir un nouvel album ensemble un jour. Mais je suis heureux que nous l'ayons fait, parce que le public l'aime, et moi aussi…
CE - "Escape Velocity" semble plus moderne, plus contemporain et sort de l'univers Carpenter dont vous venez… Cela se traduit notamment à travers le mixage de l'album mais aussi à travers le jeu et le son de la batterie qui est plus imposant, plus rock, moins seventies et mat comme sur "Surface to Air". Est-ce, là encore, quelque chose de prémédité ?
AEP - Je ne crois pas que nous ayons prémédité quoi que ce soit. Les batteries sonnaient comme ça, assez naturelles. Sur l'album, il n'y a pas tant de travail effectué sur les batteries, ce ne sont que des versions améliorées des versions brutes originales.
SM - Mais nous voulions un son lourd naturel…
CE - Oui, il y a beaucoup d'air et d'espace dans ces batteries…
SM - Lorsque nous mixions des albums comme "Surface to Air", je voulais que les batteries sonnent comme celle d'Alex Van Halen ou de Neil Peart. Tu vois ? Avec un "gate" très court, un petit peu d'effets sur la "tail"… On voulait un son très compact façon fin seventies, début eighties. Mais c'était en 2006. Cinq ans ont passé, et nous avons été exposés à beaucoup de nouvelles musiques. De manière consciente ou non, nous avons essayé d'incorporer ces nouvelles idées et non pas de coller au son d'une époque précise. Nous ne recherchions pas le son d'une époque en particulier sur cet album. Nous nous sommes simplement dit "ayons notre propre son, faisons ce dont on a envie et c'est tout".
CE - Est-ce que vous trouvez cet album homogène ? La première face comporte les morceaux de Steve et la seconde ceux d'Anthony. Pourquoi ne pas les avoir mixées ?
AEP - Nous étions conscients que les morceaux sonnaient légèrement différemment, tout simplement parce qu'ils ont été enregistrés de manière différente.
SM - Nous avons également vécu dans des villes différentes ces dernières années…
AEP - Vis à vis du tracklisting, c'est tout simplement comme ça que cela sonne le mieux.
SM - Sans tenir compte de qui a écrit quoi, l'ordre des titres sur l'album ressemble à l'idée que nous nous faisons du tracklisting d'un album de Zombi, dans sa structure. Je crois qu'en général nous utilisons ce même type de séquence…
AEP - Ce n'est pas vraiment le cas pour "Spirit Animal" ceci dit…
SM - Mais encore une fois, "Spirit Animal" était l'album qui disait "J'emmerde Zombi".
(Miracle - Sunshine Hall, sur "Fluid Window", 2011)
CE - Vous avez tous les deux de nombreux projets parallèles… Commençons par le plus récent. Miracle (nrd: Steve Moore + Daniel O'Sullivan, membre de Guapo, Miasma and the headless carousel, Sunn o))), Ulver AEthenor, etc.) ? Ce soir, en même temps que votre concert à Paris, a lieu un concert de Miracle à Londres ? Comment se fait-il que tu n'y sois pas Steve ?
SM - En fait, ce soir est une première pour Daniel, il donne un show de Miracle en solo. Je n'ai plus vraiment le temps de faire des tas de concerts. J'ai un boulot et un enfant d'un an et demi à la maison. Mes priorités sont ailleurs. Daniel est un musicien professionnel à plein temps, il a 4 ou 5 groupes, joue tout le temps, n'a pas de boulot à côté… Il va continuer à donner beaucoup de concerts de Miracle en solo. Miracle est une collaboration en termes d'écriture. Je me concentre plus sur la production et l'incarnation live de Miracle ne m'inclut pas.
CE - Est-ce que Miracle a prévu de sortir quelque chose d'autre que "The Visitor", votre EP de début d'année ?
SM - Oui, nous travaillons sur un album, la plupart des morceaux sont terminés, mais nous ne sommes pas encore sûrs de ce que nous voulons en faire. Peut-être allons nous sortir un deuxième EP avec quelques titres, en gardant le reste de côté, et nous verrons ce qui se passera ensuite…
CE - Et toi, Anthony, où en es-tu avec tes projets ?
AEP - Nous lançons un label de cassettes audio, appelé VCO Recordings… Avec un peu de chance, lorsque nous rentrerons, les cassettes de notre première sortie (Majeure, le projet solo de Tony Paterra, NDLR), seront arrivées chez moi. C'est une cassette de trois morceaux dont un titre sur lequel nous avons un peu collaboré tous les deux… Steve va aussi sortir certaines de ses compositions et nous sommes également en discussion avec d'autres personnes. C'est plutôt amusant de s'occuper de tout ça…
SM - Nous avons aussi quelques autres sorties cools de prévues… Nous n'avons pas vraiment commencé à faire la promotion de VCO.
AEP - C'est excitant, amusant, pas cher et très facile de sortir une cassette. Et puis c'est un objet physique… Majeure va également sortir un split avec Steve Moore sur Temporary Residence.
SM - Est-ce qu'on a une date de sortie pour ça ?
AEP - Je crois que ça sera après 2011… Fin février ou un peu plus tard.
SM - On vient juste de recevoir les masters. Ça va être un bon disque.
AEP - Ça va être très cool.
SM - Super artwork…
CE - Comme toujours…
SM - C'est une personne différente (de celle qui a réalisé les artworks de Zombi) puisque ce n'est techniquement pas un disque de Zombi, bien qu'on n’en soit pas si éloigné, j'imagine.
AEP - Il y a tout de même une division des titres qui est très claire (entre Majeure et Steve Moore) dans le son des morceaux. En dehors de ça, avec Majeure, j'ai beaucoup de choses en cours mais ça me prend tout simplement un temps infini à terminer.
(Maserati - Pyramid of the Sun)
CE - Est-ce que tu joues toujours avec Maserati ? (Steve Moore a joué sur le dernier album en date "Pyramids of the Sun", et Anthony E Paterra a accompagné le groupe sur la tournée qui a suivi, en remplacement de feu Jerry Fuchs).
AEP - Non, c'était juste pour ces dernières tournées. Ils voulaient que je devienne membre du groupe à plein temps. J’ai préféré consacrer plus de temps à ma propre musique. J'aime énormément leur groupe mais ce n'est pas MON groupe. Pour moi, ce sera toujours celui de Jerry, et leur musique n’est pas celle sur laquelle j'ai envie de jouer de la batterie à plein temps. Mais de ce que j'en sais, ils ont de nouveaux morceaux… Je ne suis pas sûr qu’ils aient trouvé quelqu'un d'autre pour jouer dessus…
CE - En effet. A un moment ils n'étaient même pas certains de continuer après cette dernière tournée…
AEP - Oui, mais ils pensent finalement poursuivre, et c'est une bonne chose.
SM - Je crois que Matt s'est acheté un Oberheim DX (boîte à rythmes du début des 80's, NDLR)…Ca serait énorme s'il l’utilisait avec Maserati ! Ça serait trop bon de voir un gros groupe de rock en tournée avec juste une boîte à rythmes au fond de la scène.
AEP - Hmmm, je ne sais pas si ça marcherait…
SM - Mais ça serait énorme.
(Lovelock - Pino Grigio)
CE - Steve, des projets avec Lovelock ? Vas-tu enfin sortir un album entier ?
SM - Oui, enfin. Il sortira fin février 2012 sur le label de Prins Thomas, International. Il sera précédé et succédé par des 12". L'un est un edit de Maybe Tonight avec un remix génial de Morgan Geist qui a déjà été publié sur la compilation "Dj Kicks" de Chromeo. Morgan Geist est un producteur phénoménal et ce qu'il a fait de mon morceau est vraiment orienté dancefloor. Et l'autre 12" contient un remix par Romain Turzi avec qui j'ai joué à New York il y a quelques temps et nous sommes restés en contact. Un gars talentueux et un très bon producteur.
CE - Connaissez-vous les autres artistes à l'affiche ce soir ?
SM - J'ai joué avec Richard (Pinhas) il y a quelques mois… Et Tony a joué avec Étienne (Jaumet) de Zombie Zombie.
AEP - Oui, j'ai joué avec lui dans un festival ici en France en Février mais je ne me souviens plus lequel…
CE - Mo'Fo ?
AEP - Oui ! C'était ma première tournée avec ce projet, nous avons fait 6 dates, c'était plutôt cool.
CE - Quels artistes appréciez-vous sur Relapse Records, votre label ?
SM - Je ne sais même pas ce qu'ils sortent aujourd'hui…Je dois être honnête et dire que je ne suis pas au courant de la musique qui sort aujourd'hui. Lorsqu'on a signé sur Relapse, j'aimais vraiment le métal. J'aimais le métal à la fin des 80's comme tous les mecs au lycée.
CE - Ce n'était pas vraiment le même métal...
SM - Non, bien sûr… Je parle évidemment de Megadeath, Metallica, Obituary, Slayer, ce genre de groupes. Et quand on a signé chez Relapse, j'ai eu comme un regain d'intérêt pour cette musique. Mais je ne suis plus vraiment au courant de ce qui se fait.
CE - Zombi ne représente ni la même musique, ni le même état d'esprit qui unit les autres groupes Relapse.
SM - Absolument.
AEP – J’avoue ne pas savoir ce qu'ils sortent aujourd'hui chez Relapse. Mais, ils s'occupent bien de nous et sortent nos albums...
SM - Pour diverses raisons, nous sommes également un groupe intéressant pour eux.
AEP - Et ce n'est pas comme si tout le monde venait nous proposer de sortir nos disques.
CE - Relapse sort aussi les disques de Titan (autre groupe de Steve).
SM – Oui et Titan colle effectivement mieux à Relapse que Zombi. Relapse sort quelques groupes plus progressifs et il se trouve que Titan est particulièrement "stony". Nous avions un album tout prêt qu’un autre label devait sortir mais le deal est tombé à l'eau, j'ai donc proposé qu'on se tourne vers Relapse et ils ont été intéressés ! Mais le groupe est ensuite arrivé dans une impasse. Nous sommes dispersés partout dans le pays, ce qui n’arrange rien…
CE - Mais, dans le fond, il nous semble que Zombi ne choque pas tant que ça au milieu des groupes majoritairement metal de Relapse. A nos yeux, votre image n’est pas celle du groupe « à part » dans le roster du label.
AEP - Pour le premier disque, nous étions tout simplement heureux de pouvoir le sortir, mais après plusieurs années j’ai commencé à m’interroger : "Je ne sais pas, ça me paraît étrange, on essaie de faire des choses vraiment différentes de ce que font tous leurs groupes". Nous n'étions pas particulièrement enthousiasmés par la musique qu'ils sortaient, et pourtant c'est aussi un peu ce que tu recherches dans un label qui sort tes disques : avoir un intérêt pour ce qu'ils sortent.
SM - On a fait des shows avec Pig Destroyer !
AEP – Ce sont vraiment des gens biens et sympathiques. Mais il y a effectivement eu une sorte de lutte pendant une période, une quête d'identité. Aujourd’hui ça n'a plus aucune importance.
CE - Ça ne serait de toute façon pas évident de trouver un label qui colle à 100% avec Zombi.
AEP - Hmm… Certains, peut-être. Nous avons par exemple envoyé notre dernier album à Warp Records pour voir ce qu'ils pourraient en penser. Mais de toute façon, nous ne vendons pas assez d'albums et nous ne tournons presque pas… Je ne suis pas sûr que nous serions intéressés par tout ce que les groupes de ces labels ont à faire : des tournées, des vidéos… Et puis le truc c'est que les groupes veulent des labels qui vont leur donner beaucoup d'argent en avance, mais ils ne réalisent pas qu'ils vont devoir rembourser tout cela d'une manière ou d'une autre.
SM - Après 10 années d’existence, dont 8 avec Relapse, ce n'est qu'aujourd'hui que Zombi commence à faire des bénéfices. Nous sommes maintenant complètement mariés à Relapse.
AEP - Donc si jamais nous sortons un nouvel album de Zombi, nous devrions le sortir avec eux...
CE - Donc vous pensez sortir un nouvel album de Zombi ?
SM - Nous aimerions, oui.
AEP - Nous en discutons.
CE - Alors, quelle sera la réaction de ce prochain album vis-à-vis du précédent ?
SM - C'est une très bonne question. Peut être cela sera-t-il un album de soft rock !
AEP - Je ne sais pas… Je crois que nous ne voudrons pas refaire quelque chose qui soit si droit, si carré, si dansant, en 4/4 comme "Escape Velocity". Cet album est vraiment un plaisir à écouter mais ça ne me dérangerait pas d'en faire un peu plus à la batterie !
SM - Ce n'est pas un album amusant à jouer. Les rythmes sont simples mais les basses sont toutes séquencées, donc je n'ai pas grand chose à jouer. Nous avons joué le morceau Escape Velocity quelques fois en live, et je crois que ça sonnait bien, mais c'était vraiment long et chiant à jouer. Pour ce soir et les dates de cette tournée, nous ne jouons que des morceaux de l'époque de "Cosmos" et "Surface to Air". Donc, peut être que le prochain album sera plus ancré dans cette musique là, plus math, plus prog, différentes structures, des signatures rythmiques étranges… Mais qui sait ? Ça ne sera peut-être pas ça du tout.
AEP - En gros, on verra ce qui va sortir de nos cerveaux pendant l'année qui vient…
SM – Sinon on a toujours des trucs soft rock qu'on n’a jamais enregistrés…
CE - Vous devriez y consacrer un nouveau projet !
AEP - Ouais ! Mais Steve peut faire ça tout seul…
SM - Oui, Lovelock est presque un projet soft rock. (rires)
AEP - Tout est là. Donne-moi des morceaux sur lesquels jouer de la batterie, et je le ferai…
Propos recueillis par Mx et Joe Gonzalez. Interview préparée par Mx et Joe Gonzalez.
interview très intéressante merci
RépondreSupprimermais sur le reste du festival ?
un avis ? merci!
Le reste de nos impressions sur le festival arrive bientôt. Dans les jours qui suivent nous vous raconterons les concerts et publierons deux interviews supplémentaires.
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