Chez Spacemen 3, trio anglais majeur dans le renouveau psychédélique médicamenteux de la fin des années 80 (aux côtés de Jesus&Mary Chain et autres Flaming Lips et Stone Roses, ce renouveau a notamment permis l'existence des Dandy Warhols, Brian Jonestown Massacre et autres - plus récents - Wooden Shjips, Black Angels et compagnie), l'élément le plus instable était Peter 'Sonic Boom" Kember, tout le monde le sait, et ses sorties suivantes (sous cet avatar ou en tant que Spectrum) ont prouvé que le bruit, le DIY et l'esprit adolescent du trio étaient son tribut (*). De l'autre côté du spectre, c'est Jason "Spaceman" Pierce, alias Spiritualized qui semblait dépositaire des velléités psycho-spatiales du groupe. En clair, s'ils étaient tous deux des enfants légitimes de Lou Reed, l'un était un dealer de crack pour junkies dégueulasses et l'autre préférait fournir la haute société avec des pilules qui vous entourent de coton. Beaucoup considèrent "Ladies & Gentlemen we are floating in space" comme le meilleur disque de Spiritualized, et ils ne sont pas à côté de la plaque. Sorti en 1997, c'était un parfait compagnon de route pour "OK Computer", un autre antidépresseur à s'envoyer massivement pour combattre la tension pré-millénaire. Cependant, l'album le plus abouti de Jason m'a toujours paru être "Lazer Guided Melodies", le premier album de Spiritualized, paru en 1992.
Cinq avant son breakthrough, Spaceman avait déjà tous les éléments en main : un savant dosage de ballades dream-pop, un brin d'ambient mollement rêveur, un tambourin de temps à autres et des guitares qui savent créer une transe psychédélique bruyante, à la façon du shoegaze mais avec un impact plus direct, plus pop. Si en prime la basse peut créer du groove et si les mélodies universelles sont au rendez-vous, que demander de plus à du rock psychédélique en 1992 ? Le succès était assuré, même si Pierce ne devait toucher un public plus large que cinq années plus tard, "Lazer Guided Melodies" amena tout un tas de passionnés de shoegaze vers un disque au son plus élégant, où les arrangements de cordes habillaient les allusions à la drogue, où les douzes morceaux étaient réunis en quatre imposantes suites immersives à souhait, et le shoegaze mourrait d'une belle mort tandis que la musique de Spiritualized illustrait à la télévision anglaise une publicité pour les barres sucrées Toffee Crisp.
Joe Gonzalez(*) : Je triche un peu parce que les sorties de Peter Kember sous l'alias Experimental Audio Research (E.A.R.) sont d'une toute autre trempe : expérimentales, électroniques et plutôt réussies d'ailleurs.
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