J'ai rencontré Joe Chicago par l'entremise d'amis communs. C'était juste après la soirée de lancement de l'œil Sourd, en Mars dernier. Je n'ai fait que le croiser mais le lendemain matin, les rescapés de la fête, dont je faisais partie, s'assemblèrent pour écouter l'album de Joe, "Surfing Cuties", publié par ses propres moyens en 2010 et crédité à "Joe Chicago & The Supercherries". Je vous avoue que nous ne nous attendions pas à ça. Le bonhomme avait l'air plutôt sympathique mais n'ayant pas vraiment parlé avec lui, je pensais entendre quelque indie folk niaiseuse comme on en entend partout depuis quelques années.
"Surfing cuties" ne manqua pas de nous surprendre. Un hymne acoustique limite hippie en anglais par-ci, une vocifération (en français dans le texte) idéologique outrée par-là, du saxophone, des chœurs baroques en allemand et de gros restes de cosmogonie hindoue (avec le tube new wage Kali Yuga) et au milieu de tout ça, l'amour de la musique pop en exergue. Des chansons qui se renvoient l'une à l'autre, un emprunt à toutes les branches du grand arbre des genres musicaux et des cultures (de Scott Walker à Nico en passant par T-Rex, dont on sent quelque influence sur Starfish, le single glamusant de l'album) et des refrains que subliment la présence d'un homme, menant sa barque tel un Anton Newcombe nouveau, comme l'a d'ailleurs prouvé le concert du 6 juin dernier à l'OPA Bastille dont la minuscule scène était envahie par une dizaine de musiciens, se relayant dans un certain imbroglio non-déplaisant.
(Les tenues/cheveux de Joe Chicago ne tiennent pas en place, la preuve avec le clip de Starfish)
Sauf que Joe Chicago, s'il a certainement un ego aussi prononcé que Newcombe, se voit moins en génie incompris qu'il ne se rêve en dandy meneur d'hommes, en idole glam digne de son héros Bowie, menant une révolution à ciel ouvert afin d'éradiquer le niveau zéro de l'Art qui régit la pop mainstream d'aujourd'hui. C'est en tout cas ce qu'il m'a confié il y a quelques jours. Le temps dira jusqu'où son aventure ira, mais en attendant, cette revigoration de l'idéal glam selon lequel la révolution se fera à travers des idoles (à condition qu'ils aient du talent et une vision), ça me parle. Je suis plutôt punk de nature, mais ça n'a rien à voir. L'esprit punk contestataire vise (par défaut) à créer une nouvelle sous-culture éphémère afin de pouvoir y respirer un temps, loin des affres du consensus. Le glam, finalement, est un peu plus ambitieux que ça, et que des mecs comme Joe Chicago entretiennent cette flamme ne peut que nous faire du bien.
Joe Gonzalez
Peut-on considérer que Joe Chicago est le premier chansonnier Naavi ? (cf. la deuxième tof).
RépondreSupprimerOn peut :D
RépondreSupprimerC'est un plaisir de lire un article sur le trop discret Joe Chicago. C'est une personne tellement charmante et talentueuse. Son album est étonnant je vous conseille vivement de l'écouter. C'est un voyage fascinant de bout en bout et l'œuvre d'un seul homme! Merci Joe...
RépondreSupprimerLise