C'est entendu.

lundi 6 juin 2011

Microcosme #9 - Juin 2011

par Joseph Karloff
art par Jarvis Glasses

Ce mois-ci dans Microcosme, une bande de bruns au zouk décoloré, un oiseau estival qui n'est pas ce qu'il semble être, un Américain pour qui Jonathan Morali compte, et des super héros qui mettent leur slip par-dessus leurs chansons.

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Microscope

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Il ne vous aura pas échappé que le zouk fait un retour en force dans les charts, il n'est donc pas étonnant que l'on assiste à la naissance de son alter ego rebelle, l'indie zouk.

Blondette's (ou les Blondettes, ou je sais pas quoi, mettez-vous d'accord bordel, pensez à votre business plan !) est un quatuor quasi-lyonnais quasi-nouveau qui commence à truster les bonnes places en première partie de leurs cousins éloignés (TuNe-YaRdS) ou tellement germains que ç'en devient assez dégueulasse (Deerhoof). On retrouve d'ailleurs chez eux pas mal de caractéristiques propres à Deerhoof, comme la chanteuse timbrée qui chante dans une langue pleine de syllabes (ici, l'espagnol) ou le batteur mutant génial.

Mais Blondette's surpasse largement Deerhoof sur le registre ludique : on s'amuse comme des petits fous à chercher le fil de leur musique construite sur plusieurs niveaux. Je ne parle pas de niveaux de lecture comme avec le petit Nicolas ou Alice au pays des merveilles, mais de levels à la Super Mario Bros ou Ghost'n'Goblins, où l'on se perd avec réjouissance en sautant sur les dissonances et en cherchant les warp zones au fond des fûts.



J.K.



Oubliez l'immonde Let's Go Surfing que les nazes de The Drums nous avaient imposés l'an dernier, voici une vraie summer song, de celles qui laissent place à la rêverie et au romantisme niais. Hibou est un jeune trio de Seattle qui dispose de tous les atouts pour séduire le hipster moderne : le nom en français, le style vestimentaire de bûcheron métrosexuel, et une certaine insolence à la Vampire Weekend dans le ton de Shaii.

La chanson lorgne néanmoins plutôt du coté de Beach House, une wet dream-pop juste assez courte et rafraichissante pour ne pas nous noyer dans la marée qu'elle ne cesse de faire monter. Seule et unique chanson proposée actuellement par Hibou, on guettera avec attention les futurs oeufs de ce jeune volatile.




J.K.

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Macrodisques

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De sa voix haut perchée, toujours à deux doigts d'abandonner, Mesita reprend là où il nous avait laissés l'an dernier. Ses petites guitares, ses petites percussions, tous ses petits bidules gentils sont toujours là, pas de virage metal à l'horizon depuis son EP "Living/Breathing", la formule n'a pas trop bougé mais le jeune songwriter James Cooley monte définitivement en puissance avec cet album.

Alliant la légèreté et la méticulosité d'un Shugo Tokumaru à une douce folie Deerhoofesque (encore eux), l'album impressionne aussi par sa production très soignée. Et si Mesita est fan de Syd Matters (oui, il y a des gens qui écoutent Syd Matters en dehors de nos frontières hexagonales, moi aussi ça m'a surpris), cela s'entend surtout dans les défauts de l'album, notamment dans une certaine redondance (pour ne pas dire complaisance) des sonorités et des atmosphères explorées.


Originaire de Littleton, la pop-folk (ou plutôt l'anti-pop-folk) de Mesita aurait pu être un bon préambule au terrible massacre jadis perpétré dans le lycée local, car il y a dans ces mélopées quasi caribéennes un fatalisme profondément pesant.




J.K.



Superhumanoids est un groupe ambitieux, ça se sent. Pas tellement sur le plan musical, non ; mais on sent que ce second EP est un coup de bélier dans la porte des grosses maisons de disques (s'il en reste), après le timide mais plus réussi "Urgency", sorti il y a tout juste un an.

Non pas que ce "Parasite Paradise" soit sans qualités : en fait, il a toutes les qualités d'un bon CD promo. Quatre titres accrocheurs, présentant les facettes les plus cool du groupe : ici un titre catchy accompagné par une voix masculine, là un morceau revival 80's porté à son tour par une chanteuse, chaque chanson fait penser à un groupe indie à succès. C'est simple, s'il fallait envoyer dans l'espace une capsule contenant les quatre chansons qui définissent la musique de 2011, "Parasite Paradise" serait le candidat idéal. Espérons que Superhumanoids saura se rappeler que ce genre d'exercice est un moyen et non un but. "Tout vient à point à qui sait attendre"(*), disait le regretté président Woodrow T. Wilson, qui détestait qu'on lui serve un steak saignant.


(Mirrors)


J.K.



(*) En fait la citation complète est "Tout vient à point à qui sait attendre, pourvu que l'on sache ce que l'on attend" ; ce qui est plus intelligent certes, mais cela cassait un peu le rythme de ma blague finale.

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