C'est entendu.

mardi 4 janvier 2011

Microcosme #4 - Janvier 2011

par Joseph Karloff
art par Jarvis Glasses

Histoire de bien démarrer l'année, revenons un instant sur ces disques sortis l'an passé dans l'indifférence quasi générale, faute de plan com' acéré et d'envoi massif de CD promos. Pas seulement parce que l'esprit de Noël est toujours en nous et qu'on a envie d'être de bons chrétiens, mais surtout parce que ces albums en valent la peine. Jugez-en par vous-mêmes !

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Microdisques

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  • Botibol – "Born From a Shore" (LP, 2010)

Les mecs, qui a touché à ma France ? Celle qui pue des pieds et qui parle anglais comme un québécois parle français ? Particulièrement à Bordeaux, où même Black Desire s'y est cassé les dents. C'est pourtant le fief de Vincent Bestaven alias Botibol, un pseudo ridicule qui sonne tout de suite mieux quand on sait qu'il provient d'une nouvelle de Roald Dahl. Et si les références à Grizzly Bear ou Fleet Foxes sont inévitables à l'écoute de "Born From a Shore", ce n'est que pour souligner combien ce disque est soigné, tant sur le plan des harmonies vocales que sur celui de la composition (quoique, Through The Mountains est presque effrayante tant on dirait une collab entre les deux groupes).


(Friends)

Je ne voudrais cependant pas vous décourager en disant ça, et que vous passiez au disque suivant en pensant "Ok, du réchauffé, merci bien" ; réduire la musique de Botibol à ces deux groupes serait une erreur. Certains morceaux comme We Were Foxes révèlent une fibre plus pop que folk et apportent une fraîcheur bienvenue à ce premier album très réussi. J'en fais mon petit chouchou du mois, au même titre que Popular Mechanics en Décembre.

Par contre, il faut aimer la reverb'.


J.K.
[Rectificatif : l'album de Botibol sort officiellement le 28 février 2011]


  • The Delano Orchestra - Now That You Are Free My Beloved Love (LP, 2010)

Je vous avais déjà touché un mot de The Delano Orchestra, pas pour en dire que du bien d'ailleurs. La voix de leur chanteur m'irrite toujours autant (j'ai pas aimé l'Arnacœur non plus, il doit y avoir un rapport mais lequel ?), mais je me doutais que la magie du studio pouvait atténuer cet état de fait.


(le chokeborien Not An Ending)

En réalité, c'est pas toujours le cas, vu que le gars semble vraiment aimer sa façon de gémir, ruinant presque un joli morceau comme Someone I Could Hurt en singeant Mark Linkous de manière assez pathétique. Le reste du temps, il est heureusement plus discret : comme en live, les meilleurs moments offerts par The Delano Orchestra sont instrumentaux, et de ce coté-là, on est servis. Un peu trop servis même. Certes, les moments de bravoure, c'est bien ; mais avec trop de moments de bravoure, on devient U2 ; et quand il n'y a que ça, on touche au film de Mel Gibson. "Now That You Are Free..." n'en reste pas moins un bon album, simplement, il donne à l'auditeur peu de raisons d'espérer obtenir un jour un grand disque de The Delano Orchestra.


J.K.



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Macrodisques

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  • Mesita – "Living/Breathing EP" (EP, 2010)

Malgré ses 21 ans, le jeune Mesita affiche une maturité impressionnante à travers sa musique. Ce "Living/Breathing" n'est rien de moins que son troisième album, et pour une fois, le terme multi-instrumentiste que l'on trouve sur toutes les pages Myspace des folkeux qui utilisent le toy piano n'est pas galvaudé. Percussions, cuivres, cordes : ce garçon sait vraiment tout faire, et pas qu'un peu. Pas de violon cependant, mais ça n'est pas cela qui empêche de penser à Owen Pallett, sur Cowards Run par exemple.


(In Crisis)

D'Owen Pallett, Mesita partage aussi la méticulosité des compositions, ainsi que la difficulté à canaliser son songwriting. En résulte une sensation bizarre : tout semble en place mais il manque ce petit quelque chose qui permet à un album de décoller, ou du moins ce quelque chose arrive trop tard (oui, la dernière piste, In Crisis, je juge que c'est trop tard). Du coup, on réécoute l'EP du début, on retrouve cette ambivalence, puis arrive le dernier morceau. Du coup on le réécoute une troisième fois, etc.


J.K.



  • The Complete Short Stories – "Perfectly Still" (LP, 2011)

Toutes ces vieilleries terriblement 2010 commencent à me fatiguer. Ça tombe bien, j'ai sous la main un disque qui n'existe pas encore, hahaha. Je ne comprends pas bien l'intérêt que l'on a, quand on est sans label, à proposer une écoute en streaming de son album depuis fin 2010 tout en clamant qu'il est prévu pour avril : ou comment singer le comportement d'une maison de disques quand on n'en a pas. Cela serait dommage de s'arrêter à ça, car "Perfectly Still" est un chouette album pop dans la lignée d'"In Case We Die" d'Architecture In Helsinki, le coté 100% fun en moins.


(No Direction)

Aussi, je ne pense pas me tromper en annonçant que ceux que le pompeux sérieux de groupes comme Arcade Fire gonfle n'iront pas plus loin que la première piste. Pour les autres, foncez : les Anglais de The Complete Short Stories sont d'une efficacité redoutable, et toutes les cases de la checklist indie-rock sont cochées. Malheureusement, ils ne renoncent pas à quelques facilités (le closer Two Acrobats est plus embarrassant qu'émouvant à mes oreilles), des facilités qui gâchent un peu notre plaisir d'indie kids, honteux à l'idée d'écouter des descendants de U2.


J.K.

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