On vous a pas mal parlé du collectif Odd Future Wolf Gang Kill Them All (caricaturé ci-dessus), ces derniers temps. Mais pas encore de l'album solo d'Earl Sweatshirt, l'un des meneurs de la meute, en passe d'accéder au stade de guide spirituel depuis sa disparition assez soudaine on ne sait où (apparemment en maison de redressement dans les îles Samoa, placé là par sa maman qui n'aimait pas les paroles de son disque). Tyler The Creator s'est d'ailleurs exprimé à ce sujet lors de la conférence de presse d'OFWGKTA le 5 mai dernier (avant le concert du soir au Social Club accompagné de Hodgy Beats, de Left Brain et de Syd, la MC), en disant qu' Earl était mort.
(Earl)
Earl Sweatshirt, de son vrai nom Thebe Kgositsile, est né en 94 et est comme qui dirait le spécialiste du flow monotone, traînard et paresseux sur fond d'instrumentations minimalistes changeantes, parfois sombres et glauques, parfois tout l'inverse. Son album, très simplement nommé "EARL" (2010) est l'une des merveilles rap de cette première décennie. Beaucoup de morceaux forts, une vraie richesse dans la composition et toujours ce travail impeccable en binôme avec Tyler, monstre sacré de production et de chant. Au niveau de l’atmosphère, "EARL" est extrêmement prenant et très intense, car il tient en 25 minutes et des broutilles. J'en parlais avec Émilien Villeroy (qui écrivait sur C'est Entendu fut un temps, ndlr) qui s'est exclamé: "nan mais pour s'emmerder en écoutant "EARL" faut vraiment, vraiment le faire exprès". Il n'y a pas de creux, pas de fissure dans la construction, l'ensemble de l'album semble comme culminer au sommet du début à la fin, ce qui est assez rare pour être souligné.
Earl est en quelque sorte la "force tranquille" d'Odd Future. Jamais ou presque un mot plus haut que l'autre, et pourtant l'album est, dans le fond, ô combien virulent, et reflète une imagerie du ghetto armée d'une dimension gangsta indéniable. Thebe rappe sans que l'on puisse jamais le contredire, le flow impose de lui-même son lot de sexe, de drogues, d'alcool et d'insultes contre le système établi et/ou les bonnes mœurs ; des thèmes traditionnels dans le rap, me direz-vous, mais ils sont ici abordés avec cette voix fainéante et détachée qui leur donne une toute autre résonance.
(Stapleton)
Depuis son Twitter perso, Tyler ne se cache plus de compter les jours avant le retour tant espéré de son meilleur pote : (9 avril) "But When He Does Return. OFWGKTA Will Rule The World." Selon l'un de ses camarades de la Coral Reef Academy (cet établissement pénitentiaire pour jeunes à Samoa) qui prétend le connaître et bien s'entendre avec lui, à l'instant même où il sortira, Earl se replongera dans la musique. (*)
En définitive, Earl Sweatshirt est une énigme. Quand reviendra-t-il ? Que deviendra Odd Future à son retour ? Et surtout, comment parvient-il, si jeune (il a tout juste 17 piges), à produire un rap aussi mature ? À cette dernière question, je ne peux que proposer comme réponse le mot "génie". C'est peut-être naïf, voire niais, mais à mon avis ce type a un recul et une approche que personne d'autre n'a et a pigé certaines choses qui font que l'on ne peut pas seulement apprécier sa musique, ou même y rester indifférent. À condition de l'écouter avec l'attention qu'elle mérite, soit on la déteste, (trop bizarre, trop glauque ?) soit on l'adore. Deux écoles. J'ai d'ailleurs un peu le même ressenti vis à vis de la musique de son alter ego, Tyler. J'imagine que vous avez pigé dans quel camp je me trouve, en tout cas. "Yo, I'm a hot and bothered astronaut, crashing while jacking off".
Hugo Tessier
(*) : Tout ça se trouve ici.
En définitive, Earl Sweatshirt est une énigme. Quand reviendra-t-il ? Que deviendra Odd Future à son retour ? Et surtout, comment parvient-il, si jeune (il a tout juste 17 piges), à produire un rap aussi mature ? À cette dernière question, je ne peux que proposer comme réponse le mot "génie". C'est peut-être naïf, voire niais, mais à mon avis ce type a un recul et une approche que personne d'autre n'a et a pigé certaines choses qui font que l'on ne peut pas seulement apprécier sa musique, ou même y rester indifférent. À condition de l'écouter avec l'attention qu'elle mérite, soit on la déteste, (trop bizarre, trop glauque ?) soit on l'adore. Deux écoles. J'ai d'ailleurs un peu le même ressenti vis à vis de la musique de son alter ego, Tyler. J'imagine que vous avez pigé dans quel camp je me trouve, en tout cas. "Yo, I'm a hot and bothered astronaut, crashing while jacking off".
Hugo Tessier
(*) : Tout ça se trouve ici.
"EARL PUTS THE ASS IN ASSASSIN". Grand album, ouaip.
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