Si vous avez envie de délicatesse et d'harmonies douces en cette belle matinée de mai, passez votre chemin — le réveille-matin d'aujourd'hui ne fait pas dans la dentelle. Sinon, dites bonjour à Al Jourgensen, Paul Barker et leurs acolytes !
Histoire de faire les présentations, Ministry était à ses débuts un groupe de synthpop, et a sorti deux premiers albums que Jourgensen a pratiquement renié aujourd'hui (apparemment, le genre leur avait été plus ou moins imposé par leur maison de disques). Si l'on pouvait déjà discerner des traces d'EBM sur le deuxième album, "Twitch", on était encore très loin du coup de poing que Ministry allait nous administrer avec "The Land of Rape and Honey" — et surtout Stigmata, le single qui ouvre le disque et démarre véritablement la carrière du groupe en tant que force majeure du métal indus. Le genre de force qui fonce à toute blinde sans s’embarrasser de subtilités (selon les albums, ça passe ou ça casse).
Stigmata est une piste incroyablement simple : deux riffs (voire un seul, l'un étant la version "longue" de l'autre), trois notes, des paroles répétitives ; il ne manque plus qu'une batterie qui cogne, un sample mécanique infatigable, une dose de bruit et le tour est joué ! La simplicité de la piste ne fait que la rendre plus percutante, et la frustration qui s'accumule dans chaque couplet pour se déverser en flots de bile dans chaque "You've run out of lies !" du refrain en rend la répétitivité carrément jouissive. Stigmata est un parfait défouloir, un torrent d'énergie négative chargée à bloc, et dans le genre, peu de chansons lui arrivent à la cheville.
… et si la version studio ne vous suffit pas, l'album live "In Case You Didn't Feel Like Showing Up" vous balance une version massive de dix minutes, qui culmine en une tirade débilo-jouissive de "Fuck me ! Fuck you ! Fuck everyone ! Fuck the church ! […] Fuck George Bush (*1) ! Fuck his ugly wife ! […]" ad libitum — aussi fine qu'un bulldozer dans une boutique de porcelaine et donc tout à fait appropriée.
Toutes les pistes de "The Land of Rape and Honey" (*2) ne sont pas aussi efficaces, et si l'album vaut le coup d'être écouté, on remarque que le groupe tâtonnait encore un peu par moments ; si vous voulez ce qui est à mon avis le meilleur album de Ministry, je vous recommande "ΚΕΦΑΛΗΞΘ" (surnommé "Psalm 69"), bourrin à souhait et avec aussi quelques idées bien trouvées. En attendant, je vous souhaite une bonne journée !
— lamuya-zimina
(*1) : Père (on est en 1988). Le fils a, lui, tellement énervé le groupe qu'ils ont carrément sorti une trilogie d'albums sur (ou plutôt contre) lui avant de se saborder.
(*2) : Pour l'anecdote, il s'agit de la véritable devise de la ville de Tisdale au Canada, qui se vante ainsi de sa production de colza ("rape" ou "rapeseed" en anglais) et de miel… je ne sais pas s'ils ont l'esprit tordu ou s'ils sont vraiment innocents là-bas.
— lamuya-zimina
(*1) : Père (on est en 1988). Le fils a, lui, tellement énervé le groupe qu'ils ont carrément sorti une trilogie d'albums sur (ou plutôt contre) lui avant de se saborder.
(*2) : Pour l'anecdote, il s'agit de la véritable devise de la ville de Tisdale au Canada, qui se vante ainsi de sa production de colza ("rape" ou "rapeseed" en anglais) et de miel… je ne sais pas s'ils ont l'esprit tordu ou s'ils sont vraiment innocents là-bas.
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