C'est entendu.

lundi 7 février 2011

Microcosme #5 - Février 2011

par Joseph Karloff
art par Jarvis Glasses


Mollesse de cette interminable fin d'hiver, quand il ne neige plus depuis longtemps mais que ce con de froid persiste à vous saisir la gueule comme pour vous piquer vos lunettes. Alors on dit qu'on est malade, et on reste à la maison pour écouter ce que les autres malades ont fait.

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Microdisques

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BARF.

Je n'sais pas. Moi que les gusses comme Katerine fatiguent, me voilà en train de vous parler de Petit Fantôme. Outre le propos ultra naïf, le principal blocage, récurrent chez moi, tient au chant en français ; ô incompréhensible mais néanmoins épidermique difficulté d'aborder sa langue natale sous l'angle de la chanson populaire !

Et pourtant, me voilà en train de prendre un peu de mon temps pour vous inciter à écouter Petit Fantôme. Et pour cause : si j'ai évoqué Katerine en préambule, cet ectoplasme aussi niais que chouette hante plutôt les terres anglo-saxonnes, faisant des guilis sous les bras de The xx et des petits "bouh" mignons pour faire peur (pour de faux) à Animal Collective.



(Partons)

Petit Fantôme, ça pourrait être le titre d'une BD de Joann Sfar, ce dessinateur au talent indéniable qui n'est jamais vraiment parvenu à faire un bon bouquin, la faute à une certaine propension à se noyer dans la complaisance narcissique la plus totale (sans parler de ses affinités avec Dionysos). J'extrapole à mort, mais le parallèle a du sens pour moi : aussi, espérons que Petit Fantôme ne rencontre JAMAIS Mathias Malzieu.


J.K.



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Macrodisques

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Doux confort des 90's. Les années 80 ont violé la musique sans le moindre lubrifiant, et puis on s'est dit que finalement c'était peut-être pas une bonne idée toute cette réverb' sur la caisse claire, et PAF, le rock alternatif est né. Un confort disparu dont The Martingales est visiblement nostalgique puisque ce groupe a décidé de faire de la musique en faisant comme si les noughties n'avaient pas encore eu lieu.

C'est donc un sentiment curieux qui domine à l'écoute de "Space & Sound" : celui d'entendre un groupe qui a digéré tout le pop/rock de ces années-là, y compris les pires trucs genre Manic Street Preachers ou Stereophonics. Le résultat aurait dû être abominable, mais The Martingales a quelque chose de bancal dans l'interprétation (volontaire, involontaire ?) qui donne à l'ensemble ce charme que les productions clinquantes des groupes susnommés n'ont jamais eu.



(Vous vous rappelez comment dans ces années-là, même l'album le plus varièt' avait toujours une chanson de 6+ minutes supposée expérimentale ? Bref, Salt And Sea dure sept minutes et est d'assez loin la meilleure chanson de l'album)



J.K.




Muffins au drone
Pour 22147 personnes
Difficulté : *


Dans un grand sampler, versez délicatement 500g de drone en veillant à en renverser un peu à coté (c'est du drone, après tout, faut que ça tâche un peu). Vaporisez-y ensuite 20ml d'ambient, tout en remuant bien à l'aide d'un e-bow, afin que la pâte reste bien aérée.

Pendant que la pâte repose, saupoudrez-là d'une pincée de prétention, d'une once de fainéantise et d'un peu de nombrilisme. Écoutez-la réagir, c'est votre composition, mon dieu ça y est, vous êtes un véritable artiste.


(A Silent Day)

Prenez votre courage à deux mains maintenant, car ce bébé, votre bébé, catalyseur de vos angoisses fondamentales que vous venez de traduire en sons avec tellement de sincérité, vous allez devoir le mettre au four. De longues minutes.

En larmes, sortez les petites choses cramées du four. Enveloppez-les dans un fichier zip drapé d'un artwork flou, hébergez sur un site introuvable, et faites en sorte que peu de gens l'écoutent. Un peu de respect, merde.



J.K.




Impossible de trouver la moindre info sur cet album, diffusé via un obscur concours sur un non moins obscur "concurrent" de Magiska. Kneckt ne donne rien sous Google, même pas le moindre petit artwork (*) pour égayer cet article, par-dessus le marché. C'est que ça doit être tout pourri, non ?





(Incentives)

Eh bien non, c'est même tout à fait bath, et l'ensemble rappelle The Avalanches en plus smooth (on parle bien d'electro, alors on a le droit de se lâcher sur les termes cheesy). L'aspect ludique que l'on peut retrouver dans ces exercices de samplage massif (au hasard, plein de gens chez Ninja Tune) est ici relégué au second plan, ces collages étant entrecoupés de plages IDM (Nightwalker) tendance house (3 O'Clock Beach, presque une B-side de "The Eraser") qui participent à donner à l'album une vraie contenance. "Everything Was Better When Everything Was Worse" est le genre de découverte totalement improbable dont on ne sait plus trop si on l'écoute parce que c'est vraiment bien ou parce que c'est nous qu'on l'a trouvé en premier... Je prends le risque (le fou !) et vote pour la première option.


J.K.


(*) Ce mignon petit Chichi n'est là que pour décorer, même si le titre de l'album lui va comme un gant.

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