Cette semaine, j’ai décidé de ressortir un classique du début du siècle, l’un des albums hip hop les plus réputés en matière de sampling et d’arrangements : je veux parler de "Since I Left You," du duo australien The Avalanches.
Avec une première sortie (australienne) en novembre 2000, puis une seconde en 2001 pour le Royaume-Uni et l’Amérique du nord, "Since I Left You" s’était propagé au point de devenir l’un des albums les plus populaires de l’année.
Du haut de ses 18 morceaux, "Since I Left You" offre un vaste spectre d’exploration musicale. Bien que le style dominant soit clairement le hip hop, on retrouve par petites touches une multitude d’ambiances différentes, finement insérées dans les morceaux, qui s'en trouvent souvent chargés, mais sans aucune problème de lourdeur. Ils semblent plutôt se prolonger les uns les autres, et se répondre d'une façon homogène.
Techniquement, l’album est très riche en arrangements de toutes sortes. Les deux australiens sont bel et bien passés maîtres dans l’art du réaménagement de chansons originales au sein d’un cadre totalement différent. Ainsi, le hip hop se mélange à de petites guitares bossa nova, à du funk (Radio) ou à du blues. Sans oublier bien sûr un peu d’electro (Two Hearts in 3/4 Time) et même un (bon gros) accent gangsta (sur Avalanche Rock). Agrémentés de sons variés, tels que le chant des oiseaux, entre autres, "Since I Left You" semble se reposer dans sa douce omniprésence, embrasser d’un regard une urbanité marquée, les ambiances de fêtes branchées des lofts New Yorkais, mais il suggère également des havres de paix, de temps à autre, temporisant ainsi l’écoute. La prépondérance revient tout de même à l’urbanité, il faut le dire, l’auditeur est comme englobé dans cette sphère "party," et il s’y sent très bien.
The Avalanches, en concoctant son premier album, a pointé différents aspects intéressants. Les deux australiens se sont tout d’abord révélés être empreints d’un grand sens du détail. "Since I Left You" est tout sauf foutraque, ce n’est pas une masse de bruits, non, l’album relève au contraire d’une maîtrise des plus précises, c'est en quelque sorte un élégant patchwork possédant un fil conducteur solide. En cela, je trouve que l'entreprise ressemble un tantinet à celle de La Classe Américaine, ce film-détournement des films de la Warner, réalisé par Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette (à la propre initiative de WB), composé de centaines de scènes extraites de leurs contextes. Les deux œuvres développent en effet une manière assez semblable d'atteindre le but recherché: réutiliser des "morceaux," des "parties" d'un tout, pris hors de leur contexte, et leur donner un nouveau rôle, cohérent et original. Donner une seconde vie à John Wayne, alias Georges Abitbol, passé du cowboy stoïque à l'homme le plus classe du monde, ou offrir une seconde vie au Saïan Supa Crew, ce collectif de rap/reggae français alors en pleine actualité en 2001, et que l'on peut entendre sur Flight Tonight.
(le fameux clip du morceau éponyme, qui mixe lui aussi des éléments spatiotemporels différents en un tout attachant et séducteur)
"Since I Left You" est un album dynamique mais il sait aussi calmer le jeu, se poser le temps de quelques morceaux. Ainsi, l'auditeur pourra se décontracter au son de Tonight, de ETOH ou encore de Summer Crane et d'Extra Kings, situés davantage en fin d'album. Il en va de même pour Little Journey, titre assez cosmopolite qui regroupe certains des multiples visages de l'album à lui seul.
(Little Journey)
(Little Journey)
The Avalanches livre un travail d'une grande richesse, emblématique d'une certaine vision hype des expériences de clubbing, et surtout très ouvert. C'est agréable, tonique et cosy. Je ne sais pas vous, mais personnellement j'y retourne.
Hugo
un grand album de la décennie écoulé (9ème de mon top 50 quand même!). On attend toujours le petit frère, souvent annoncé.
RépondreSupprimerIl est bien, cet album.
RépondreSupprimerEnfin, je crois. Je ne l'ai écouté qu'une fois alors que je l'ai depuis peut-être 5-6-7 ans.
C'est comme Thunder, Lightning, Strike! de The Go! Team, j'en garde un bon souvenir mais il est tellement joyeux que je ne l'ai écouté qu'une seule fois! (Je dois avoir un côté gothique ou je sais pas quoi.)
Alors, je te conseille, si l'envie t'en prend, d'y apporter une deuxième écoute, car là on est face à l'album type qui nécessite qu'on y retourne plus d'une fois, selon moi. C'est cette foule de détails qui a toujours des secrets à livrer, en fait. Et ce sont toujours de bons moments.
RépondreSupprimerQuand tu l'auras réécouté pour la deuxième fois, si tu le fais, alors tu pourras même te le repasser une troisième fois, ahah, et tu verras sans doute que des petites choses passées inaperçues se feront encore jour!
Ah mais je le réécouterai quand je serai dans l'humeur, aucun souci là-dessus : )
RépondreSupprimerC'est juste que ça ne m'est pas encore arrivé!
Avant d'avoir l'album je me passais Electricity (et une ou deux autres pistes aussi) en boucle sinon.
Oui oui oui et mille fois oui, Electricity est trop bien, et l'enchainement sur Tonight est parfait de chez parfait! J'adore ces deux-là.
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