C'est entendu.

vendredi 28 mai 2010

[Vise un peu] James Holden - DJ-KICKS ou le Krautrock 2.0

A chaque fois qu'un "DJ-KICKS" sort, c'est un petit évènement en soi dans le milieu de l'électro. Cette idée du label !K7 consiste à donner carte blanche aux grands noms de l'électronique qui piochent dans leurs morceaux préférés pour réaliser une mixtape où se développe une ambiance, une couleur à chaque fois très particulière. Parmi ceux qui y sont passés, on peut citer, excusez du peu, Four Tet, Tiga, Burial ou encore Flying Lotus (le sien devrait paraître bientôt) et j'en passe.

James Holden est un DJ-producteur qui offre un savant mélange d'électro, de techno minimale, de post-rock et de krautrock. Personnage assez atypique, il est le créateur du prestigieux label Border Community (sur lequel est signé le génial Nathan Fake), qui se définit comme étant un label "about dance music that doesn't fit in a category, and about providing djs with tools to inovate" (concernant une dance musique qui ne rentre dans aucun catégorie, et qui fournit à des djs des outils pour innover). Il est aussi l'auteur de l'album "Idiots Are Wining" (2006) où l'on pouvait déjà constater son attrait pour une rythmique recherchée, intelligente et surprenante.

James Holden - Triangle Folds (DJ-KICKS)

Le travail rythmique est d'ailleurs le gros point fort de ce DJ-KICKS. Il ne tombe jamais dans la vulgarité d'un gros beat trop puissant pour être catchy ou d'un rythme trop binaire, gras comme du beurre et subtil comme un sketch de Jean-Marie Bigard. Holden se tient loin de toutes ces facilités que certains pratiquent à l'excès pour la seule raison que "ça fait danser !" (oui mais qui ?). Comme tout bon minimaliste qui se respecte, Holden n'hésite d'ailleurs pas à laisser planer l'auditeur de temps à autre en rendant les basses muettes. Si le rythme est le langage du corps, le sien bouge en finesse, caresse doucement l'air et connaît des phases hyperkinétiques.


"The dance you do lying in bed or driving your car or riding the bus is still a dance"
James Holden


L'autre force de cet album réside dans le choix des chansons. En tant que DJ, Holden a toujours été intéressé par une multitude de styles musicaux (on le voyait, par exemple, ouvrir ses sets avec My Girls d'Animal Collective et les fermer avec une minimale très dense). Sur cet album, on note par exemple la présence de Mogwai avec la chanson The Sun Smells Too Loud (remixée par Holden). Holden offre ici un Krautrock 2.0 un peu comme l'avait fait Henry Smithson en 2008 sous son pseudonyme de Ein Kleine Nacht Musiek (dont je vous recommande vivement l'écoute), la musique envoûte l'auditeur par ses itérations mélodiques soutenues pas des beats hachés et répétitifs. On assiste depuis quelques temps à une renaissance du krautrock, par le biais de ces artistes qui écoutaient Neu! et Can tout en découvrant les possibilités que leur offrait leur ordinateur. Holden enfonce ici un peu plus une porte imaginée par Smithson.

Ce "DJ-KICKS" n'est pas un album facile. L'IDM (Intelligent Dance Music) y est fièrement représentée tant ce disque est écoutable en soirée (pour un public un minimum subtil ceci dit) autant que chez soi, au calme. L'écoute est d'ailleurs un peu plus enrichissante à chaque fois tant le mix de Holden est de qualité (les transitions sont pratiquement invisibles). Voilà un album que beaucoup ne comprendront pas, espérant peut-être y trouver de quoi suer facilement. Les autres saisiront le talent et l'audace de James Holden.


Julien Masure

4 commentaires:

  1. Voilà sûrement la pochette la plus moche du monde !

    Et je ne vois vraiment pas en quoi ce serait une "intelligent" dance music, tellement tout me paraît pauvre dans ce que j'ai écouté. Surtout comparé à des groupes électroniques comme Aphex Twin, Matmos, Soft Pink Truth, Matthew Herbert, LFO ou même The Knife, où on trouve un peu de recherches soit sonores, soit harmoniques ou structurelles sans reprendre directement tous les codes galvaudés de la dance music.

    RépondreSupprimer
  2. Oh tu sais, IDM est un terme générique. Boards of Canada c'est de l'Intelligent Dance Music. Faut pas TROP se fier aux noms de genres.

    RépondreSupprimer
  3. Haaaa je ne suis que très heureux de voir une chronique d'un artiste électronique :).
    Holden, ce geek des plug in et autre Max Msp qui a révolutionné la façon d'envisager et produire la musique électronique avec son label Border Community... grosse référence la!
    Les nom cités ci dessus sont des références, c'est non contestable.. Holden est à rajouter, parmis tant d'autres (Fedaden, Port Royal, Clark etc.)
    Il suffit de le voir jouer pour s'en convaincre. c'est une expérience où l'on perd tous ses repères!
    A écouter également sa première compilation mixée pour la série "At the control" (Agoria ou Mandy on fait la suite).

    RépondreSupprimer