On le croyait un peu bougon, entretenant sa relation amour-haine avec la musique, enterré dans son appart' à Tokyo à mater des films de Wakamatsu entre deux improvisations avec Keiji Haino, mais Jim O'Rourke a étonné tout le monde il y a quelque mois lorsqu'il a annoncé la sortie d'un album collectif, produit, enregistré et en majorité interprété par lui, moins d'un an après la sortie du voyage sonore qu'était l'excellent "The Visitor" (8ème de notre top 2009 pour mémoire). Mais il y avait encore plus intrigant que ce timide retour aux affaires : le projet était de faire des reprises de Burt Bacharach. Vous ne connaissez pas Burt? Oh si, forcément, sans doute sans le savoir : géant de la chanson populaire américaine, on lui doit des standards repris à outrance et un sens de la composition indéniable, tendant vers un easy listening aussi agréable qu'aguicheur. What The World Needs Now Is Love, I Just Don't Know What To Do With Myself, What's New Pussycat?, I Say a Little Prayer ou Raindrops Keep Fallin' on My Head, voilà autant de classiques surannés et délicats composé par ce grand monsieur auquel O'Rourke a voulu rendre un hommage salutaire, après l'avoir déjà repris sur son album "Eureka" en 1999 (souvenez vous : Something Big).
Le résultat, c'est "All Kinds of People ~ Love Burt Bacharach ~", un hommage de haute volée pour lequel, sur des arrangements soignés, Jim a invité plein d'amis à lui : Glenn Kotche de Wilco a la batterie, et les voix de l'excellente Kahimi Karie, de Yoshimi de Boredoms et même de légendes comme Haruomi Hosono (fondateur de Happy End et du Yellow Magic Orchestra). C'est à la fois tout à fait cosy et passionnant, une sorte de chemin de traverse très agréable dans la carrière bordélique de Jim qui lui permet d'étaler encore une fois au grand jour son talent d'arrangeur méticuleux tout en prêtant allégeance à l'un de ses pères musicaux. Pour vous réveiller ce matin, je vous propose l'interprétation la plus drôle du projet, une rencontre curieuse qui aboutit en un remake génial : d'un côté, Always Something There to Remind Me, une torch song aussi romantique que mélancolique, popularisée par Sandie Shaw, la grande Dionne Warwick ou Eddy Mitchell. De l'autre, Thurston Moore, héros du rock noisy pour toujours. Le résultat ? Sans doute le morceau le plus propre auquel Thurston ait jamais participé (si on exclut les très amusants passages distordus), et un petit bijou de pure pop qui finalement rend le plus bel hommage possible à son créateur, démontrant ainsi que ses chansons n'ont pas pris une ride en 50 ans. Oui, toutes sortes de gens aiment Burt Bacharach. Et ils ont raison.
Emilien Villeroy.
O'rourke + Burt Bacharach + Thurston Moore = c'est assez,overdose, moi plus capable, désolé ne m'insultez pas j'en fait pas exprès !!! Bel article soit dit au demeurant.
RépondreSupprimerahah, oui, c'est vrai que c'est beaucoup. mais quand on aime les trois, c'est un peu LE PARADIS.
RépondreSupprimerhey non Bacharach c'est quand même la loose royale plus kitsh tu meurs ! Il me fait trop penser à Austin Power, je suis incapable de prendre sa musique au sérieux, c'est sirupeux au boute !
RépondreSupprimerMoi je trouve cette chanson vraiment naze. Pardon de le dire mais sincèrement ça m'ennuie, ça me lourde. La voix, la mélodie, le rythme, on a déjà entendu exactement ça dix milliards de fois qui étaient autant de souffrances et d'apathie. Délivez-nous de la soupe.
RépondreSupprimertrouver bacharach kitsch, sérieusement, c'est être d'une aigreur folle. bien sûr, c'est mielleux, c'est délicatement surannée (mais pas kitsch hein, non non), c'est du foutu easy-listening. mais c'est justement parfait dans ce genre là. c'est de la chanson populaire qui vaut de l'or.
RépondreSupprimerensuite, si vous êtes des rockeurs qui n'aiment pas le bon songwriting à l'ancienne, je suis le premier à vous plaindre ahah.
ça me fait vachement penser à un album de The Aluminum Group, déjà produit par O'Rourke, genre la chanson "Rrose Selavy's Valise".
RépondreSupprimerJe trouve pas cette chanson très mémorable, à part ça. Elle illustrerait bien un prochain film de Sofia Coppola.
Un peu dans le même genre, je préfère la montagne près de chez mes vieux : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pech_de_Bugarach
RépondreSupprimerTrivia : Le réalisateur américain Steven Spielberg lors d'un séjour à Bugarach fut inspiré par le lieu pour l'écriture de son film d'auteur Rencontre du troisième type réalisé en 1977 avec François Truffaut, Richard Dreyfus et Melinda Dillon. On y voit d'ailleurs le pic de Devil Tower dans le Wyoming qui rappelle de façon troublante le Pech du Bugarach dont il se serait inspiré.
J'aime bien les vieilles chansons populaires, je les aime d'autant plus qu'elles sont vieilles. Les reprendre pour en faire un truc sans saveur et niais, reprendre ces tubes mémorables voire inoubliables pour en faire des chansons fantômes oubliables dans la seconde, c'est ça l'exploit.
RépondreSupprimerahah, vous êtes jamais contents quand même!
RépondreSupprimerBenoît Jacquot (félix?) : oui, et the aluminium group est influencé par Bacharach en plus, donc la boucle est bouclée.
Je trouve que la voix de Thurston, la surprise passée, s'accorde étonnamment bien avec le style pop sucrée facile.
RépondreSupprimerJe connais pas l'originale mais celle là je l'aime bien. C'est vrai qu'on peut trouver ça inutile et oubliable, je préfère dire rafraichissant et sans prétention.
@Emilien : oui ça m'étonne pas. :)
RépondreSupprimeralbum magnifique, je vais en parler très bientôt !
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