C'est entendu.

vendredi 9 décembre 2011

[Vise un Peu] Stephen Malkmus - Mirror Traffic // The Oscillation - Veils

Stephen Malkmus - Mirror Traffic

Le fait qu’un magazine comme Rock&Folk ait attendu ce disque pour saluer l’œuvre solo de Stephen Malkmus constitue pour moi un mystère absolu tant "Mirror Traffic" se révèle paresseux face à ses illustres prédécesseurs au premier rang desquels se dresse le parfait "Real Emotional Trash". Rien à voir ici avec le cool qu’a toujours incarné la musique de l’ex-leader de Pavement. La faute à la production trop consensuelle du grand Beck ? Stephen Malkmus laisse surtout bien moins de place à son backing-band emprunté aux très bons Quasi –Janet Weiss a d’ailleurs quitté les Jicks après l’enregistrement pour rejoindre les filles de Wild Flag. "Mirror Traffic" laisse ainsi un goût amer de presque bien, en tout cas la certitude d’un gâchis évident à l’écoute de chansons comme All Over Gently, Brain Gallop ou Share The Red qui auraient pu être d’excellents morceaux et qui me perdent en cours de route, honteux d’avoir été incapable de fixer mon attention sur elles plus de quelques minutes. Pour quelques franches réussites (Tigers), beaucoup trop de titres mous et lourdauds s’accumulent à l’image du single Senators qui ne convainc pas malgré toutes les gesticulations de Jack Black.



S’il n’a rien perdu de sa verve guitaristique inégalable (Stick Figures Of Love, Spazz,…) notre homme semble trop souvent évoluer en roue libre. Voilà : Malkmus a l’air plus vieux. C’est dit. Et "Mirror Traffic" n’est au final que l’album mineur d’un artiste majeur. Souhaitons-lui pour son prochain LP le même regain de forme que celui qui a relevé PJ Harvey après son anecdotique "A Woman A Man Walk By". Un disque du calibre de "Let England Shake" pour 2012 ? Cet homme en est absolument capable.



Arthur Graffard







The Oscillation - Veils

L'anglais Demian Castellanos est à l'origine en 2007 du premier album de The Oscillation, "Out of Phase", un excellent condensé de psychédélisme au nom duquel tous les moyens étaient bons. Rejoint par trois autres musiciens pour l'interpréter, Castellanos était passé alors par tous les râteliers et n'en avait ramené que les meilleures idées. "Veils" est la suite logique (après 4 années d'attente tout de même) de ce premier ovni, à ceci près qu'un rétroprojectionniste accompagne désormais le groupe sur scène. Le rock de The Oscillation a beau rappeler parfois le souvenir du psychédélisme anglais tel qu'il se dispensait dans les années 90 (on pense à Spacemen 3), il n'en est pas moins influencé par la fin des années 70, et ce de diverses manières. Il faut comprendre que ça n'est pas un rugissement (métronomique à l'allemande ou pas, d'ailleurs) de guitares qui invoque la transe mais plutôt le travail du son et celui du groove. Cette dernière notion doit son évocation à la basse omniprésente (Telepathic Birdman, Future Echo) et qui dirige tout le mouvement ondulé de la musique. Les percussions et rythmiques d'obédience positivement tribale (Sandstorm, Shake your dreams awake) trimballent leur propre dose de tension limite punk-funk, laquelle est appuyée par des arrangements et une production s'inspirant notamment de la fantômatique réverbération du dub et du tranchant d'une certaine forme de post-punk (Telepathic Birdman).


(Future Echo)

Tâtant tantôt les rondeurs de l'ambient (Veils), tantôt l'épique galbe d'un space-rock quasi gothique (Lament), on a parfois l'impression d'entendre l'aboutissement d'une recherche sur les sons du passé lancée sans grand accomplissement par The Horrors sur leurs deux derniers albums, les popsongs en moins. Plus généralement on se réjouit d'écouter le travail d'un musicien plus doué que nombre de ses pairs, dont le talent de compositeur et d'arrangeur n'a d'égal que son amour pour un grand pan de la musique populaire. En ne se laissant pas bouffer par ses influences multiples, The Oscillation a pris le temps de proposer une orfèvrerie sur mesure, la deuxième d'affilée, qu'il conviendra d'observer dans ses moindres détails afin d'en comprendre toute la finesse mais qui pourra tout aussi bien se déguster comme une grasse ration de rock psychédélique prompt à faire remuer les popotins, les membres (*) et les cervelets.


Joe Gonzalez


(*) : blague à part, s'il existe un "Top 2011 des meilleurs disques pour baiser", celui-ci peut prétendre à y figurer et pas tout en bas.

3 commentaires:

  1. Correction: L'album de PJ Harvey de 2009 s'intitule "A woman a man walked by" et non "A woman a man walk by".

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  2. Tu m'as perdu à le "parfait "Real Emotional Trash" ".

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  3. Ils m'ont l'air bien à la traîne Rock&Folk pour dire ça du dernier Malkmus ! C'est le premier album du bonhomme que j'écoute si peu... Je le relancerai peut-être à la lumière de votre critique.
    En le jugeant à sa juste valeur, je mettrais la même note que vous. J'espère qu'il se rattrapera pour le prochain. :(

    Et je partage totalement votre enthousiasme pour The Oscillation !

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