C'est entendu.

mercredi 14 décembre 2011

[Vise un peu] The Dø - Both Ways Open Jaws / The Luyas - Too Beautiful To Work

  • The Dø - "Both Ways Open Jaws"


(Gonna Be Sick)

Eh oui, The Dø. On My Shoulders, single sorti en pleine vague pop/folk française, a en quelque sorte plombé durablement la carrière de ce groupe en la mettant sur les mauvais rails, le rapprochant "médiatiquement" (la seule chose qui compte) de l'énervante clique des Cocoon et autres Coming Soon. Même leur premier album, largement sous-estimé, n'a pas bénéficié de cette popularité soudaine, et c'est encore plus le cas avec ce nouvel album.


Logique, d'une certaine manière, car l'amateur de folk/pop (il a pas honte lui ?) ne pourra qu'être déçu par un "Both Ways Open Jaws" qui se situe plutôt dans la droite lignée de "Two Suns", l'excellent deuxième album de Bat For Lashes : de la pop sombre qui se permet d'être surprenante et de gratter là où on ne s'y attend pas, tout en étant globalement plus lumineuse que les productions de Natasha Khan. Parfois trop lumineuse d'ailleurs : du coup, sur The Calendar (la seule chanson vraiment mauvaise de l'album) ou les cuivres gnan gnan de Too Insistent, on ferme les yeux et on subit, déterminé à faire confiance à un album qui avait si bien démarré. Car l'enchainement liminaire Dust It Off/Gonna Be Sick/The Wicked And The Blind place la barre très, très haut. Une hauteur que "Both Ways Open Jaws" ne retrouvera pas, tout en continuant à prouver au fil des chansons (voir l'intro de Slippery Slope) que The Dø, bien que classique sur la forme, sait être un peu barré. Comme son nom l'indique.



Jøsef Kärløffsen


  • The Luyas - "Too Beautiful To Work"


(Too Beautiful To Work)

The Luyas, comme son nom ne l'indique pas, est un nouveau "nouveau groupe canadien" qui, à défaut d'être connu, bénéficie déjà d'un gros réseau : l'un des membres, Pietro Amato, joue pour Arcade Fire et Bell Orchestre ; Sarah Neufeld, membre de ces deux groupes, les a accompagnés en tournée ; Owen Pallett et Colin Stetson (*) ont participé à l'enregistrement de cet album, et j'en passe... Bref, ils sont venus, ils sont tous là, toute la camorra Montréalaise est derrière "Too Beautiful To Work" et il pourrait vous arriver des bricoles si vous n'y prêtez aucune attention. Un flacon de sirop d'érable pourrait se briser dans votre sac, sans parler d'une éventuelle agression gratuite et inopinée à coups de pancakes.

Ce name-dropping aura sûrement fait fuir plus d'un lecteur, et c'est bien dommage car figurez-vous que "Too Beautiful To Work" ne ressemble en rien à toutes ces productions indie dont le Canada nous a inondé ces dernières années (et dont, je dois bien l'avouer, je raffole). S'il faut chercher une filiation, c'est du coté de Deerhoof qu'elle se trouve, pour la (dé-)structure des morceaux, la voix naïve de la chanteuse et le goût général du groupe pour l'instabilité et la bizarrerie. Leur plus gros travers n'est d'ailleurs pas étranger à Deerhoof non plus : "Too Beautiful To Work" part dans tous les sens, contient tous les sons, tous les instruments du monde, toutes les mélodies possibles, tous les rythmes qui existent, et tient absolument à tous les placer là, maintenant, tout de suite. L'auditeur se prend ce raz-de-marée sonique dans la tronche et doit faire constamment le tri pour ne pas s'y noyer. "Too Beautiful To Work", trop beau pour vraiment fonctionner de bout en bout : on ne pourra pas dire qu'on ne nous avait pas prévenus. Mais pour avoir vu la magie opérer en live, je ne peux que vous encourager à aller prendre votre place au prochain concert de The Luyas voir ce curieux robot foutraque prendre vie.


Joseph Karloff

(*) : A ce propos, il faudrait compter le nombre de disques sortis cette année sur lesquels figurent Colin Stetson, Owen Pallett ou un membre de The National : le résultat serait effrayant.

2 commentaires:

  1. Bien d'accord à propos de The Do, On My Shoulder est typiquement le tube qui plombe. Ca et être hypé par Julien Doré. Le groupe vaut beaucoup mieux que ça. Malentendu. Vu avant la sortie de leur premier album, juste avant que la chanson ne soit partout à la radio, à la Flèche d'Or, quand c'était encore gratuit, et ils étaient excellents sur scène. Faut leur souhaiter de ne plus faire de tube.

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  2. The Do a aussi sorti Both Ways Open Jaws "extended", qui revisite l'album façon live, avec comme l'indique le nom de l'album, des chansons ralongées. Certaines perdent un peu de leur beauté (dust it off par exemple), d'autres gagnent considérablement en puissance (slippery slope). En combinant les deux albums il y avait moyen de peut etre sortir l'album de l'année.

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